Sensible, compliqué…

( Un collègue et voisin me contait avoir tenté, lors d’une balade en France, de prendre rendez-vous chez un dentiste de la ville visitée, pour confirmer-infirmer un possible abcès dentaire. C’était mi-novembre… à moins de faire partie des déjà-clients – pas de chance, il était de passage – rien avant janvier ! Mais « allez donc aux urgences dentaires » , lui fut-il répondu partout. Déserts médicaux, déserts dentaires, misère de l’artisanat, pénurie de main-d’oeuvre, et 2 millions de bénéficiaires du RSA. Remarquez, convertir un allocataire du RSA en dentiste, ça ne se fait pas en 5 minutes sur un parking de supermarché. C’est sans doute plus « compliqué » ! Trop, probablement. )

Compliqué… c’est en passe, et l’on se demande pourquoi, de supplanter d’autres adjectifs, au premier chef « difficile » . Difficile, il faut admettre que c’est difficile, donc pas assez facile, allez hop, ça devient compliqué. Quelle complication ? allez savoir, ça n’est jamais explicité. Et ce matin, je trouve dans Le Parigot un autre usage de cet adjectif « couteau suisse » si commode : à propos de la soirée sanglante de Crépol, dans le 2-6, un mort et des tas de blessés. Il est assez incroyable qu’on n’ait pas encore identifié les agresseurs, d’ailleurs, vu les indices laissés sur place, les véhicules utilisés, les vidéos enregistrées. Le Parigot, donc, relate à propos des hypothèses sur l’origine de cette agression, que « certains évoquent tout de suite le quartier de la Monnaie, quartier compliqué de Romans-sur-Isère » . Qu’a-t-il de compliqué, ce quartier ? une brève vidéo de 1′ 43″ nous le présente : des barres d’immeubles très typiques des années « cités », des paraboles aux balcons ou aux fenêtres, des pelouses pas trop moches, des avenues à angle droit. Rien de compliqué, rien à voir avec un entrelacs de ruelles tortueuses !

J’ai poussé mes investigations dans la traque de ces supposées « complications » … Voilà des chiffres :

– Le revenu moyen par habitant dans ce quartier, soit 6.486 €, est en gros le 1/3 de la moyenne nationale : 20.590 €.

– La part de la population au chômage (17,7%) y est 2 fois supérieure à la moyenne nationale, soit 8%.

Pas fameux, hein ? en fait, le terme classiquement utilisé est « quartier sensible » (délicat euphémisme) : c’est sans doute compliqué à admettre.

Tibert

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