Les « bienveillantes » en V.O.

On suit cette affaire de fête de la musique à Nantes, fête localement fort bruyante (de la techno, avec des murs de son – en français, sound system ), prolongée au delà des bornes horaires, et qui a vu un jeune gars disparaître – et refaire surface, si j’ose dire, au fond d’un bras de la Loire. Les flics étaient intervenus pour faire respecter les règles, etc etc… vous connaissez le débat. Une enquête est en cours sur les causes de la mort de Steve – noyade, agression, suffocation, crise cardiaque ou autre – puisque c’est ainsi qu’il se prénommait. Mourir pour du boum-boum-boum lancinant qui fait vibrer la peau du ventre et rend sourd, c’est idiot, on est d’accord.

Mais Le Monde a la réponse ! je cite : « … à deux pas du quai Wilson, où Steve Maia Caniço a perdu la vie à la suite d’une intervention policière controversée« . C’est donc à la suite de…, lien de causalité évident. L’enquête ? bof… ils savent, eux. Bien renseigné, Le Monde !!

Dans l’abondant et contrasté courrier des lecteurs qui suit cet article, j’ai trouvé ce commentaire d’un / une signé Euménides, commentaire que je vous soumets tel quel, car je le trouve pertinent et lucide. On en fera ce qu’on voudra, mais il met, selon moi, le doigt là où ça fait mal… « Effectivement depuis 30 ans petit à petit une tradition de la violence et du non respect du droit en toute impunité a émergé. Cela a commencé par les agriculteurs incendiant ou déversant du fumier sur les préfectures; les routiers qui bloquent le pays et les raffineries; des rodéos nocturnes tolérés en ville ; les nomades s’installant dans des complexes sportifs municipaux; des squats illégaux; des déboutés d’asile non expulsés; des bidonvilles tolérés ; des teufs ne respectant pas les engagement pris par les organisateurs; des ZAD au moindre prétexte. Tout cela fait en toute impunité et tout le monde s’est habitué . Plus personne n’est choqué que toutes les manifestations légales soient noyautées par des casseurs et se terminent par un saccage . Nous vivons dans une collectivité nécessitant du respect mutuel qui a disparu. La démocratie est fragile et elle est basée sur le respect du droit. La France s’en éloigne progressivement et devient une fédération d’individualismes. »

Pcc : Tibert

Au fait : Euménides (littéralement, les Bienveillantes) c’étaient chez les Grecs anciens les déesses des remords ! on les nommait ainsi pour ne pas se les mettre à dos, par antiphrase en quelque sorte.

Finasseries et débine des « aux »

Quasi personne n’utilise le pluriel de l’ail. Même celles-et-ceux qui préparent des aïolis, où il faut DES, pluriel, gousses. Et la fête de l’ail rose de Billom, dans le 6-3… C’est pourtant beau, les aulx ! Ma si, pas les eaux (*), ni les os, ni les zoos, mais les aulx ! Les ails, c’est d’un laid… et incorrect. Mais les équarrisseurs de langue, implacables et rabat-joie, feront la peau aux aulx : l’appeau et les zoos…

Ceci dit, je lis dans le Monde, à propos d’un petit progrès dans la protection de notre vie privée (les emmerdeurs-harceleurs au téléphone n’auront plus le droit de nous emmerder par leurs méthodes actuelles), je lis, donc : « le gendarme des télécoms espère protéger les utilisateurs finals contre les nuisances« . Les utilisateurs finalsfinaux, non ? cheval canal festival (oups, pas lui), fanal… fanal-fanaux, final-finaux, ça tombe sous le sens, non ?

Je consulte donc les ayatollahs de la langue (Julie La Rousse, en l’occurrence), et je lis ceci : « Les deux formes finals ou finaux sont admises au pluriel« . Façon de s’en laver les mains… plus loin, La Rousse explique pourquoi, je cite :

« il est préférable d’utiliser finals pour éviter une ambiguïté ou un calembour involontaire avec finauds : après élimination des candidats moins rapides ou moins chanceux, demeurent en lice les concurrents finals ».

Mais c’est justement ça qui était marrant ! Les candidats finaux… pour une fois qu’on pouvait sourire d’une phrase par ailleurs très ennuyeuse. Un calembour involontaire ? mais la langue se nourrit, précisément, de calembours ! Vive donc le calembour voulu, pourvu qu’il soit bon et à point (un bon calembour au lait cru, élevé sous la mer, moulé à la louche…). Je vous concède que « comment vas-tu-yau de poële ? » est assez pénible, mais au second degré, ça passe très bien : n’oublions pas le second degré, qui permet de recycler pas mal de calembours fatigués – et les utilisateurs finauds. 

Tibert

(*)  Clin d’oeil à Massy-Palaiseau, ville dont je me contrefous par ailleurs…