Pinard rural et désertification

Le Firagots d’hier soir nous le contait : deux gosses de huit ans à vélo ont été fauchés-écrasés-tués sur la route par un tracteur-remorque qui a mal visé entre les quatre vélos : le conducteur était bourré…. aux dernières nouvelles on n’avait pas encore pu lui expliquer la gravité de son rodéo, il n’avait pas suffisamment dégrisé. Commentaire d’un lecteur adepte de la marche à pied : « C’est encore la preuve que la vitesse ET l’alcool sont deux ennemis à abattre« . Eh oui, comprenez, les gamins roulaient trop vite, c’est « de base » la faute à la vitesse, mettez-vous bien ça dans la tête ; d’ailleurs notre premier ministre, qui a flashé (c’est de l’humour) sur le charisme quasiment hypnotique de madame Perrichon, vous le dit : c’est que ça doit être vrai ! 80 km/h, pas plus, sinon panpan-cucul – sauf pour les imbibés, jamais empêchés de nuire, et les fêlés du volant, qui vous font des appels de phares en vous collant au cul pour vous signifier, pauvre larve, votre lamentable, votre exaspérante lenteur à 90 km/h, et qui vous doublent dans un vrombissement rageur, ligne continue ou pas, dès que la voie d’en face semble vaguement libre. Enfin.. bon… (soupir…) c’est comme ça…

Et puis un témoignage que je pense lourd de sens… il était une fois un couple qui devait se rendre par train de Vichy à Paris (Paris, what else ?) samedi dernier ; ils avaient pris des billets bien à l’avance, mais il y avait grève SNCF, alors forcément, leur Intercités étant comme de juste annoncé manquant, ils se rendirent à la gare de Thiers dans le 6-3, la plus proche de leur domicile – 20 minutes de bagnole (*) tout de même ! – pour aller voir si l’on pouvait leur trouver deux places dans le dernier convoi du soir (il y avait en principe un convoi du soir, alleluïa). Thiers, sous-préfecture paisible et pentue, gare accueillante et ouverte, avec un gars avenant derrière le guichet vitré, et une affiche qui stipulait que « à compter du premier mai 2018, il n’y aura plus de vente de billets à ce guichet : les voyageurs disposent d’une borne informatique pour ce faire« . Le cas à traiter n’était bien entendu pas prévu par la borne informatique, et le pauvre guichetier privé de son matériel de vente confirma : il ne pouvait rien faire, « allez échanger votre billet à Clermont ou à Vichy » (soit 50 minutes de voiture aller et autant au retour).

Voilà… les cheminots grévistes abusent des voyageurs-clients, c’est clair, et leur délétère culture de la grève à tout propos et hors de propos nous les fait détester. Ceci étant, la SNCF, sans tambours ni trompettes, met en place un désert de service pour les bouseux. Le cadre dynamique en première dans unTGV, ça oui ! quant au client provincial, TER, Intercités, petites gares… il peut bien crever.

Tibert

(*) à 80 km/h ou 90, c’est du kif : on ne saurait rouler raisonnablement à plus de 60-70 sur ces petites routes étroites et virevoltantes. Mais, équarissage pour tous : 80 pas plus ! j’veux pas l’savoir !

6 thoughts on “Pinard rural et désertification”

  1. Mon pôv’ Tibert…. Y’a des jours, j’ai pas du tout envie de rire dans les commentaires… celui-ci en est un. Et encore, vous ne vivez pas dans une région à double code de la route en vigueur ! Moi si : le 32 et le 31. Double ? ben oui : si vous êtes d’ailleurs – comme moi immatriculé 67, par ex. -, c’est le code « normal » qui joue et vous avez intérêt à faire gaffe : là, y’a un gendarme planqué derrière chaque platane pour guetter votre moindre faux-pas. Par contre, si vous êtes du coin – 31 ou 32 ; pour ne rien dire des 40, les plus nocifs !!! -, y’a « particularité locale » : TOUT est permis ; brûler les priorités, les stops et les feux rouges ; couper la route au ras du capot de la bagnole qu’arrive en face pour tourner à gauche ; rouler au beau milieu de la route (et de préférence pas à plus de 15km/h dans ce cas là ; le plus souvent avec des conducteurs octogénaires déliquescents marinés-Armagnac* et dont on distingue à peine la casquette – Aah, les conducteurs à casquette ! – posée sur le volant tellement le mec est effondré sur son siège. La faute au Tariquet**) ; quand on roule à vélo entre copains, former un bouchon de trois ou quatre cyclistes de front, histoire de se raconter la dernière bien bonne ; vous arrêter n’importe où et n’importe quand (de préférence juste après un virage aveugle ; une spécialité bien féminine… ) pour tchatcher pendant 10 minutes par la fenêtre avec votre copain/ine sur le trottoir – quand c’est pas dans la voiture qui vient d’en face, garée côte à côte histoire de boucher complètement la chaussée ! – rouler à plus de 110/120 sur un chemin départemental tortueux (et là encore, au beau milieu de la route…) ; lancer des tracteur de 300cv hauts comme des cathédrales avec 20 tonnes de maïs au cul à fond la caisse (plus de 90 km/h) en pleine ville… et par dessus-tout, engueuler les autres QUAND C’EST VOUS QUI ÊTES EN TORT ! Non mais, ferait beau voir que les « estrangers » viennent faire la loi chez nous !
    Et je ne dis rien des ronds-points remontés à contre-sens pour aller plus vite. Ça doit être ça qu’on appelle « le contre-point », en musique.
    Quant aux motards n’en parlons pas : ici, c’est le Bol d’Or tous les jours ! Pas plus tard qu’hier a.m., j’ai vu un « quad » accélérer dans un hurlement de moteur assourdissant pour parvenir certainement à + de 120/130 en moins de 300m… de voie urbaine, coupée par deux intersections et un stop !
    Bon, j’arrête ; je sens que je vais me faire du mal.
    Pour le reste, la desserte SNCF ?? Vous voulez aller à Paris ? (Ç’t’idée, aussi… on est si bien ici…), z’avez d’abord une bonne heure 1/2 et des de bus jusqu’à Agen pour attraper le TGV au vol. Une minute d’arrêt. Vous avez bien lu : 60 secondes. Z’avez intérêt à vous manier (magner ?) et pas rater la marche ! Après ça, à vous d’arpenter les voitures pour trouver où peut bien percher le siège « Voiture 2, place 34 côté fenêtre » : ça vous occupera un moment. Manque de bol, elle est déjà occupée ; pourtant c’est bien écrit sur votre billet qu’elle VOUS était réservée. Maintenant il ne vous reste plus qu’à partir à la recherche du chef de train pour lui demander de jouer les Salomon…
    L’année dernière, histoire de me titiller la nostalgie, j’ai demandé un billet pour le Capitole… au guichet de Matabiau. On m’a regardé avec des yeux ronds : y’en a bien encore un, mais il ne circule plus… qu’une fois par semaine, ze ouiquende et en été. « Avec une Pacific 231 ? », ai-je demandé… mais le jeune peigne-cul qui me répondait savait même pas ce que c’était ! « … Une Passy quoi ? »
    Au demeurant, depuis 17 ans que je vis (+ ou – régulièrement…) ici, j’ai vu entre 15 et 20 commerces « de proximité » mettre la clef sous le paillasson : le « centre-ville », désert, est complètement à l’abandon au profit de Carrouf et de lAdi. Et c’est encore rien : d’ici quelques moi, la « rocade » en construction – travaux pharaoniques, au vu du profil du terrain, entre autres. – permettra d’éviter Gimont pour gagner environ 7 minutes entre Toulouse et Mont-de-Marsan. Un progrès inappréciable !
    Vous savez quoi : on finira bien par crever de toutes ces conneries ; mais vu mon âge canonique, je ne serai plus là pour assister au bouquet final, et c’est pas dommage !

    (*) « Propre Récolte », comme on dit chez nous, en Alsace.
    (**) le Tariquet est une production locale pas désagréable, genre « Tokay » hongrois. À consumer avec Mode & Ration, toutefoi (Gras de canard)

    1. …Avec Mode & Ration ; ou avec Parcimoni (c’est un Corse) et Bonessian, l’Arménien… bon, je vois que nous tarpageons le même point de vue sur la déliquescence du tissu territorial et social. Nous ne verrons d’aileurs jamais le bouquet final, je le suppose ; à moins que les appels pressants de Méluche à un Front Populaire et de la pasionaria de Lutte Ouvrière à un « nouveau mai-juin 68 » ne trouvent un écho à travers les « larges masses populaires », comme ils disent au PCF – ou ce qu’il en reste !

  2. Je passe – joker, comme dit Collomb – sur la désertification du train : il y a bien longtemps que c’est engagé. Jusqu’où ça ira ? à la limite on supprime le train, comme ça la question des cheminots devient sans objet ! Mais cet « accident » de tracteur – homicide par imprégnation alcoolique – me fait bondir : voici un pompier professionnel de 27 ans qui « rentrait d’un banquet familial » : comment ses proches ont-ils pu le laisser repartir comme ça ? Ils savaient, pas tous peut-être, mais ils savaient que ce type était ivre et dangereux avec un volant. Ils devaient l’empêcher de repartir comme ça – même avec un tracteur, on a vu ce que ça a donné ! Il manque des dispositions à la loi pour ce genre de négligence quasiment criminelle.

    1. Je vous comprends ! si les participants encore lucides à cette fête avaient contraint ou persuadé ce gars de rester tranquille quelque temps pour dessoûler, de se faire reconduire, de dormir sur place… bref de ne pas repartir bourré, 2 gosses seraient vivants aujourd’hui, et lui n’aurait pas foutu sa vie en l’air. Si ma tante en avait deux… mais je ne suis pas juriste, j’ignore si ce dont vous parlez peut constituer une « non assistance à personne en danger »…de faire une très grosse connerie. L’idée est pourtant bonne : il FAUT EMPECHER les gens imbibés de conduire, c’est clair et évident. Mettons ça dans une loi… et comme d’hab’ on constatera qu’elle n’est pas appliquée, ou a posteriori, donc trop tard : c’est une spécialité française.

  3. … Y’a des années de ça, en Suède, j’avais vu des porte-clefs de Volvo équipés d’un petit labyrinthe à 3 ou 4 billes. Si le type s’avérait incapable de mettre les quatre billes dans leur trou, impossible de mettre le contact. Aujourd’hui, avec tous les progrès – et l’informatique notamment -, on devrait pouvoir concevoir ce genre de truc en âchement plus élaboré, non ? Par exemple, reconnaissance faciale obligatoire avec un alcootest incorporé dans la commande de démarreur ? Ca a l’air idiot comme ça ; néanmoins, je suis sûr que ça éviterait un bon nombre de chauffards avec plus d’alcool que de sang dans les veines. Mais c’est comme les armes en vente libre aux States : faut surtout pas fâcher l’électeur !
    En tous les cas, il y a plus de 50 ans, j’ai eu un terrible accident de bagnole parce que j’étais bourré. Je n’ai tué personne, Dieu merci, mais aujourd’hui encore j’en garde les séquelles (surdité monolatérale, vertiges incoercibles, migraines féroces, douleurs articulaires intenses dans les anciennes fractures… et ça jusqu’à la fin de mes jours.)
    Depuis, je n’ai jamais repris un volant si je n’étais pas sûr de ma sobriété.
    Efficace, mais risqué.

    1. On est d’accord sur ce point. Plutôt que de durcir encore – et toujours en vain, vu que les contrôles d’alcoolémie sont rarissimes avant l’acccident – il faut automatiser le contrôle. Le hic, c’est 1) que le Français, fraudeur en l’âme, trompera le zinzin en faisant réaliser le test anti-alcool (souffler dans le ballon, labyrinthe, test d’élocution… ) par un copain ou une copine sobre. Et 2) quid des tracteurs ? des quads ? des motos etc ? là c’est avec un tracteur qu’on a dégommé deux gosses. Y a pas, il faut que les gens sobres empêchent – amicalement, évidemment 😉 – les ivrognes de conduire et nuire.

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