Les transports et l’énergie…

… sont les deux mamelles qui font plier les gouvernements (*). Si vous détenez ces leviers, vous avez le Pouvoir. Et pas n’importe quels leviers : les conducteurs de trains, pas les comptables ou les lampistes. Si le syndicat CGT (SUD, FO, etc…) Ebénistes & Tapissiers avait les moyens de faire mettre une grosse réforme à la poubelle, ça se saurait…

Tout ça pour dire que le noeud gordien est là : depuis moult années, les syndicats ex-révolutionnaires (de fonctionnaires et assimilés d’abord, et puis l’énergie) se sont appliqués à structurer des noyaux durs là où est le plus fort pouvoir de nuisance ; et ça marche, ça fonctionne. Prendre les Français en otages et les emmerder un max – en tout bien tout honneur et pour la bonne cause  😉  puisque c’est, paraît-il, légal ; ça fait des tas de réformes pourtant indispensables qu’ils ont ainsi vidées de leur substance ou carrément renvoyées aux calendes grecques.

Les calendes grecques, voilà ce qui attend donc la Grosse Réforme annoncée, qui ne toucherait pourtant, aux dires du Philippe Premier, que les futures générations. Et avec ce stupide âge pivot, agité comme un chiffon rouge, histoire de faire kss-kss aux syndicats les plus modérés. Bosser, c’est le temps qu’on y a passé qui compte, pas l’âge atteint ; avec les éventuels coefficients de pénibilité pour corriger le tir, histoire que les ouvriers sidérurgistes puissent passer quelques années à taquiner le gardon, comme les autres. Et puis que les régimes spéciaux financent donc leur propres retraites, sans piquer dans les caisses des autres, puisqu’ils sont spéciaux ; et puis inscrivons dans la loi la liberté de circuler, avec les moyens ad hoc pour la faire respecter : ce sera déjà un début de commencement dans le bon sens.

(A me relire, ça pourrait faire une liste pour le Père-Noël…)

Tibert

(*) comparaison probante, c’est d’abord avec les transporteurs – avant les mitrailleuses – qu’au Chili la clique de Pinochet avait saboté le socialisme enthousiaste, foutraque et irréfléchi de Salvador Alliende.

Peaux de saucissons

Hier jeudi 5 décembre j’ai acheté deux beaux saucissons artisanaux – excellents, une tuerie, selon les termes en vogue chez les chroniqueurs gastronomiques : mon boucher n’était pas en grève. Alleluïa.

L’épicier non plus, qui vendait ses salades et ses boîtes de petits pois, et puis le pharmacien, les deux boulangers, le bistrotier d’à côté qui tirait des mousses derrière son comptoir. Les guichets de l’autoroute n’étaient pas en grève, et j’ai fait le plein de gasoil (*). L’usine d’injection de pièces plastique fumait… bref : des Français bossaient.

A la radio, en revanche, c’était sens unique : les grévistes, les grévistes, la grève, la grève… durera, durera pas ? grave question, et d’évoquer les mânes de 1995. Voilà qui va faire de la copie, là, coco. Mais personne n’a interviouvé mon boucher, pourtant remarquable avec ses saucissons, ni moi d’ailleurs. J’aurais pu déclarer deux-trois trucs dans le micro baveux du journaleux, mais je suppose que ça aurait été coupé au montage : l’antienne standard c’était d’encenser la grève et de faire ksss-ksss.

Deux-trois trucs donc, pas plus… Premio,  traiter d’abord le plus gros, hiérarchiser les problèmes, pas tout en même temps ! Un truc aveuglant, évident, un éléphant dans un couloir : les Français sont plus qu’excédés des grèves SNCF-RATP, depuis des lustres, à tout bout de champ, pour un oui ou un non, une grille de roulements pas trop chouette, un pet de travers, paf ! les Français privés de train, de métro.  Un pays « de merde » brocardé partout à l’étranger, invivable, quasi légendaire. Il est essentiel et urgent de faire la peau au « système SNCF », au « système RATP », usines à prises d’otages. Il est d’autres régimes spéciaux, certes, la Comédie Française, les clercs de notaires… il peuvent attendre deux-trois ans de plus, nous survivrons. Oui les régimes spéciaux sont  inégalitaires et largement injustifiés de nos jours, mais il y a des petites pailles, et des grosses poutres !

Deuxio, si l’on s’attaque, ENSUITE,  à la refonte de la retraite… on débat, on écoute, on prend le temps. C’est super-important, anxiogène, vital. Le parlement, le patronat et les syndicats – minables syndicats, archi-minoritaires ailleurs que dans l’administration – n’y suffisent pas. Les GJ ont bien contraint Macronious et ses ouailles à descendre de leur cheval et dans l’arène, à débattre avec les Français, à les entendre : c’est un excellent exercice ! ça assouplit les articulations et ça permet de coller au réel. Il faut continuer, et surtout pour un sujet comme celui de la retraite. On va perdre un temps fou ? ben oui, c’est comme ça… mais les bruits et les n’importe quoi qui entourent le projet actuel sont insupportables.

Tibert

(*) Je sais, je suis un pollueur, affreux ! ma bagnole pollue, particules fines NO2 gnagnagna. J’ouvre donc une cagnotte de de financement populaire (oups ! de crowdfunding) pour m’acheter enfin et au plus vite un modèle vertueux. Mon n° de compte bancaire : 45678HGJ7643-347.  C’est à vous.

Oui-Oui s’envoie en l’air

( J’en ai marre de Jill et John, ras le béret. On doit en être à neuf morts depuis le début du truc ; Mai 68 fut bien moins sanglant. Il faudra bien un jour remettre les choses à l’endroit : 1) bloquer les ronds-points c’est illégal, et ça fout logiquement tout les gens bloqués en pétard. 2) Moi je prends peu ma voiture, je suis emmerdé mais ponctuellement – notez, ça ne me rend pas les obstinés « on ne lâche rien » de la palette flambée plus sympathiques. Mais les routiers, qui galèrent de blocage en blocage à longueur de journée ? eh bien il y en a qui pètent les plombs, qui tentent de passer en force, d’où les morts récents. C’est lamentable ? c’est lamentable, des deux côtés. )

Mais bon… on a reçu ça, de la SNCF la coquine, la SNCF qui a augmenté méchamment ses tarifs planchers TGV depuis octobre, profitant qu’on avait le dos tourné – exemple de 25 euros à  35, du 40 %… et le pouvoir d’achat ? ben le pouvoir d’achat, plouf ! La SNCF, donc, merci pour ces délicates attentions tarifaires, après la journée des femmes, des mamans, des secrétaires, du patrimoine, des crêpes, des… bref, la SNCF nous annonce la journée de l’orgasme ! et la nuit la plus longue de l’année.

Vous saisissez le rapport (consenti, bien entendu) ? la nuit du solstice d’hiver est effectivement très looonnnngue, et donc ? dois-je vous faire un dessin ? sachant qu’un mâle moyen-normal a besoin d’environ six-sept minutes, préparatifs compris, pour conclure, puis se tourne poliment du côté de sa table de nuit pour roupiller après avoir marmonné  » alors, heureuse ?  » (*), à quoi ça sert que la nuit soit super-longue ? il n’y a d’ailleurs quasiment plus aucun train de nuit – pas rentable – pour fricoter avec la madone des sleepings. Oui-SNCF essaye en fait de nous vendre du voyage, hôtels, séjours, transports… que ne nous les propose-t-il aux tarifs d’avant octobre ?  ce ne serait pas franchement orgasmique, mais follement excitant.

Tibert

(*) Réponse classique :  » ah oui… heureuse que ce soit fini ! )

Pinard rural et désertification

Le Firagots d’hier soir nous le contait : deux gosses de huit ans à vélo ont été fauchés-écrasés-tués sur la route par un tracteur-remorque qui a mal visé entre les quatre vélos : le conducteur était bourré…. aux dernières nouvelles on n’avait pas encore pu lui expliquer la gravité de son rodéo, il n’avait pas suffisamment dégrisé. Commentaire d’un lecteur adepte de la marche à pied : « C’est encore la preuve que la vitesse ET l’alcool sont deux ennemis à abattre« . Eh oui, comprenez, les gamins roulaient trop vite, c’est « de base » la faute à la vitesse, mettez-vous bien ça dans la tête ; d’ailleurs notre premier ministre, qui a flashé (c’est de l’humour) sur le charisme quasiment hypnotique de madame Perrichon, vous le dit : c’est que ça doit être vrai ! 80 km/h, pas plus, sinon panpan-cucul – sauf pour les imbibés, jamais empêchés de nuire, et les fêlés du volant, qui vous font des appels de phares en vous collant au cul pour vous signifier, pauvre larve, votre lamentable, votre exaspérante lenteur à 90 km/h, et qui vous doublent dans un vrombissement rageur, ligne continue ou pas, dès que la voie d’en face semble vaguement libre. Enfin.. bon… (soupir…) c’est comme ça…

Et puis un témoignage que je pense lourd de sens… il était une fois un couple qui devait se rendre par train de Vichy à Paris (Paris, what else ?) samedi dernier ; ils avaient pris des billets bien à l’avance, mais il y avait grève SNCF, alors forcément, leur Intercités étant comme de juste annoncé manquant, ils se rendirent à la gare de Thiers dans le 6-3, la plus proche de leur domicile – 20 minutes de bagnole (*) tout de même ! – pour aller voir si l’on pouvait leur trouver deux places dans le dernier convoi du soir (il y avait en principe un convoi du soir, alleluïa). Thiers, sous-préfecture paisible et pentue, gare accueillante et ouverte, avec un gars avenant derrière le guichet vitré, et une affiche qui stipulait que « à compter du premier mai 2018, il n’y aura plus de vente de billets à ce guichet : les voyageurs disposent d’une borne informatique pour ce faire« . Le cas à traiter n’était bien entendu pas prévu par la borne informatique, et le pauvre guichetier privé de son matériel de vente confirma : il ne pouvait rien faire, « allez échanger votre billet à Clermont ou à Vichy » (soit 50 minutes de voiture aller et autant au retour).

Voilà… les cheminots grévistes abusent des voyageurs-clients, c’est clair, et leur délétère culture de la grève à tout propos et hors de propos nous les fait détester. Ceci étant, la SNCF, sans tambours ni trompettes, met en place un désert de service pour les bouseux. Le cadre dynamique en première dans unTGV, ça oui ! quant au client provincial, TER, Intercités, petites gares… il peut bien crever.

Tibert

(*) à 80 km/h ou 90, c’est du kif : on ne saurait rouler raisonnablement à plus de 60-70 sur ces petites routes étroites et virevoltantes. Mais, équarissage pour tous : 80 pas plus ! j’veux pas l’savoir !

Des mots en -trisme

Les cloches ayant déblayé le terrain après les lâchers de chocos au lait – beurk… – on peut traiter d’autres trucs plus passionnants. Tenez, les amis proches de madame Aubry la bassinent pour qu’elle rempile aux Municipales de 2020 à Lille : des amis, ça ? elle aura soixante-dix (septante) balais à cette époque, des perspectives d’atteindre soixante-seize (septante-six) à la fin de ce mandat, 1) – si elle l’emporte en 2020, 2) – et si elle ne casse pas sa pipe en cours de mandat. Et Alzheimer qui rôde… non, madame Martine, vous avez régné sans partage à Lille et sur Lille depuis 2001 : basta cosi, comme on dit à Bologne. Il faut savoir s’arrêter, sagement, passer la main. Place aux jeunes, pas vrai ?

Et puis, et puis ZE sujet, les grèves SNCF. Ayant zappé, fatigué de ce quasi marronnier journalistique (encore des grèves à la SNCF, quoi de plus rengaine ? ) entre TF1 et France 2, j’ai pu admirer comme on nuance les faits, et dans quel sens, pour manipuler le téléspectateur. Sur la 2 c’était un ancien combattant anti-Juppé de 1995 : « J’y étais, moi monsieur, et on gagné, allons-y rebelote les p’tits gars« , et puis UN micro-trottoir unique et orienté vers Montreuil (*) : « Ah oui c’est difficile mais on est avec eux, on les soutient« . L’interviouvée bien choisie n’était sans doute pas une lectrice du Firagot, où le classique sondage pour-contre donnait 75 % contre. Chez TF1, nettement plus de recul : on ne militait pas. On craignait, simplement… aïe aïe aïe… mais on est quand même passé ensuite au dernier petit vitrier ambulant de Villedieu-les-Embrumes, dans le Tarn-et-Meuse.

Que dire de plus ? On a accusé Macroléon de « passage en force ». Certes ! comment devrait-il s’y prendre ? demander poliment ? peut-on imaginer UNE seconde que les cheminots syndiqués accepteraient une modernisation « en douceur » et l’abandon bien volontiers de leur spécial statut ? l’emploi à vie, comme en RDA sous Walter Ulbricht ? la retraite bonifiée ? largement en déficit, mais maintenue : déficit financé par le régime général. Contexte archi-connu, la grève et les emmerdes pour les voyageurs – pas pour le gouvernement – comme chantage urbi et orbi dès l’ombre d’une contrariété… et des syndicats jusqu’auboutistes, puisque largement noyautés à gauche-toute et au delà.

On connaît par coeur les données de ce problème récurrent, qui n’a pas bougé d’un iota depuis des décennies. La France encroûtée façon « avantages acquis » dans sa splendeur… les lutteurs de foire montrent derechef leurs biscottos… et nous, pauvres pommes, nous dégustons.

Tibert

(*) La Mecque du cheminot CéGéTiste.

SNCF, mais si c'est possible, suffit de raquer

34 centimes par minute, si pas InternetLe reflet sur la vitre protégeant le panneau ici photographié, sur le quai de la gare SNCF de Cap d’Ail, Alpes-Maritimes, montre qu’il fait beau, ce jour là. Casquette, ciel bleu, c’est le printemps sur la Riviera. On va au marché du vendredi à Vintimille.

Mais…. mais la gare est close, verrouillée, ce jour de vendredi de semaine ordinaire : pas le moindre employé. Pas de guichet, de guichetier. Débrouillez-vous avec l’automate distributeur de billets sur le quai : il ne prend que les pièces et les cartes bancaires, pas les billets… et si vous ne comprenez ni le français ni l’anglais, tant pis pour vous. Allez-y à pied.

Mais… ce panneau ici photographié vante, pour les salariés, la carte « abonnement salarié » pour aller au travail sans stress, par le TER : fort bien. Mais tant pis aussi pour celui qui n’a pas Internet : ce sera 34 centimes la minute au téléphone. Racket, donc, petit racket minable mais racket.

Mais… gag, le TER qui devait nous embarquer pour Vintimille est entré en trombe dans la gare, a freiné très tard, passé les quais, s’est arrêté en catastrophe 50 mètres trop loin – le chauffeur devait être distrait ? – et nous avons dû cavaler le long des voies pour aller chercher fissa fissa le dernier wagon. Merci la SNCF.