Lapsus de gauche et de gauche

Je lis les propos de madame Marie-Noëlle Lienemann (disons MNL, pour faire court), sénatrice PS version de gauche-gauche, et ma foi ils sont réjouissants. Il se trouve que monsieur Macron se lance ces temps-ci à faire des propositions, ébauchant l’esquisse de l’esquisse d’un programme, prudent… et bien entendu madame  MNL flingue, flingue forcément ce traître au parti de Normal-1er : « Macron est de droite et de droite », lance-t-elle, en écho au « ni de droite ni de gauche » du Macron en question.

Elle étoffe et poursuit sa diatribe anti-Macron… il se trouve que « Manu » Macron propose que les démissionnaires d’un boulot puissent bénéficier des indemnités de chômage (actuellement, nada ! il faut être licencié pour pouvoir profiter du chômage, et moult pseudo-licenciements du genre « on ne s’aime plus » sont en fait des démissions arrangées en ce sens). Je cite texto les propos de MNL :  » «Ce qui fait peur aux salariés, ce n’est pas de quitter leur emploi, mais d’en trouver !».

Voili voilà… donc selon MNL, ce qui fait plutôt peur au salarié, c’est de trouver du boulot !! Le RMI, pardon le RSA, les indemnités de chômage, les allocs diverses et variées, c’est tellement plus peinard. Allez, soyons sympas, disons qu’elle a fait un malheureux lapsus, madame MNL, mettons ça sur le compte de la fatigue. Elle est surmenée, madame Lienemann : vous pensez, le boulot au Sénat !

Tibert

PS : Et Leonard Cohen ? ce poète discret et classieux vient de nous tirer son feutre étriqué, et j’aurais cent fois préféré apprendre le décès d’un tas de pousseurs de chansonnettes franchement pas indispensables.  Il s’exprimait en anglais, Leonard, certes, mais lui articulait sans gesticuler connement, et ne poussait pas des fadaises ineptes en yaourt. Allez, sobrement :  So long, Leonard, we miss you.

6 thoughts on “Lapsus de gauche et de gauche”

  1. La pauvre MNL ! Tellement surmenée que bientôt, elle se saura plus comment elle s’appelle !
    Bon, le boulot devient – et deviendra ! – de plus en plus rare. OK. Mais vous êtes-vous déjà posé la question de savoir ce qu’est exactement que le boulot ? Et s’il vous plaît, ne me répondez pas la vieille blague sur « tripalium », l’origine du mot qui et que, etc. J’ai fait au moins autant de latin que vous tous – et même du grec ! – ; malgré mon grand âge, j’ai encore l’échine solide et faut autre chose que ça pour venir à bout des emmerdeurs dans mon genre.
    Mais je m’éloigne…
    Bref. Quand j’étais gamin, à l’école publique (laïque, gratuite et obligatoire, si-si…), on nous enseignait quelque chose qui a complètement disparu en même temps que l’artisanat – la faute à l’industrialisation forcenée… – et le développement des syndicats : la satisfaction du travail bien fait. Pourquoi les syndicats ? Parce que leur étroitesse d’esprit, pour la plupart, a consisté à considérer le travail comme une simple monnaie d’échange, en tout et pour tout : tu bosses pour moi et je te paie, point barre. Plus tu bosses, plus je te paie et plus tu la fermes : tes sous, t’en fais ce que tu veux (que tu crois !) mais dans un système mercantile bien compris comme le nôtre, ils me reviennent tôt ou tard. Donc t’es doublement baisé, gnagnagnèèèèreeuuuhhh…
    Et la satisfaction du travail bien fait là-dedans ?
    – La quoiiiii ???

    Passons.
    Dans le tournant des années 80/90, la ville de Mazamet, la « Genève de la Montagne Noire »* m’a demandé une étude approfondie sur les raisons de son déclin, et notamment de son déclin culturel… Quel rapport ? C’est que dans un univers où la quantité de travail se rétrécit comme une peau de chagrin (une image qui frappait d’autant plus les mazamétains qu’outre le délainage, il en fabriquaient des tonnes, des chamoisines…), l’accès au travail devient de plus en plus difficile ; même que ça a pas l’air parti pour s’arranger. Deux conclusions : laissons-donc le travail à ceux qui l’aiment et pour lesquels c’est souvent leur seul moyen de réalisation. Et d’une. Et cherchons ailleurs un autre « gisement d’emplois », comme ils disent. Y’en a pas trente-six, et la culture est le principal. Or, si elle a des défaut (en général, elle paie pas lerche. Sauf exceptions, qui ne sont pas souvent – hélas… – synonymes de qualité…), elle a d’indéniables qualités côté satisfaction de soi. En outre (en peau de zébi made in Mazamuche, voir plus haut) ce genre de satisfaction a un avantage HENAURME, c’est qu’il détourne d’autant les gens de l’envie de se faire la guerre pour un oui pour un non. Entre autres ! En tout état de cause, va bien falloir en arriver là un jour ou l’autre : on va fabriquer de plus en plus d’inactifs ; le Ouèbe et les jeux vidéos ne résoudront pas tout, loin s’en faut ; on a commencé à voir ce que ça pouvait donner (l’anniversaire d’aujourd’hui, 13/11…), va falloir trouver aut’chose.
    Quant au salaire minimum gratos pour tous, c’est indéniablement la proposition la plus stupide et la plus méprisante que j’aie jamais entendue de toute ma carrière : du grain jeté à des pintades pour leur faire oublier le four qui les attend. Vous savez où c’est pratiqué depuis bien longtemps ce truc, le fric à gogo sans rien d’autre à faire que de se baisser pour le ramasser…? et encore !? Dans les réserves des quelques Indiens d’Amérique qui survivent, histoire de les faire se tenir tranquilles après qu’on les a eu exterminés presque tous et fauché leurs meilleures terres. Allez voir le résultat sur place, vous m’en direz des nouvelles : alcoolisme, drogues dures, obésité monstrueuse et suicides à la chaîne.
    Bon, j’arrête sinon tonton Tibert va râler que je lui pique toute la place, et il aura raison ! On en reparlera ? j’ai encore des choses à suggérer…
    Bon dimanche tout de même !

    * En 1951, la Banque de France de Mazamet avait un chiffre d’affaire SUPERIEUR à celui de la BF de Paris !!! Et c’est pas du pipeau : j’ai vérifié, millediou ! (ah non, zut, « millediou » c’est chez les gascons, du côté d’Eauze et du bas-Armagnac ; pas à Mazamet, Eglise Réformée oblige…)

    1. Dans toute l’Occitanie, c’est « putaing cong » en tapant sur l’estomac du mec en face. En Provence c’est « Fann de puteu ! ». Mais passons, Brassens a déjà chanté les divers jurons envisageables. Je vous rejoins sur deux points :
      – vous l’avez perçu, faire court est bien vu, quoiqu’il faille argumenter solidement ;
      – le « revenu d’existence » (ouaf ouaf !) cher à l’inénarrable Benoît Hamon, immortel inventeur de l’indemnisation du « burn-out » au boulot (surmenage professionnel, en français) est une co.. euh une ineptie. Tout comme l’indemnisation du « burn-out » au boulot, puisque du boulot, comme vous le soulignez, il y en a de moins en moins : plus de boulot, plus de surmenage ! Et je vais pouvoir concocter un nouveau billet, enfin.

  2. … Ahhhh, je l’ai retrouvé : à Mazamet, le juron officiel, c’est « Macarelle ! »
    Je vais mieux dormir, du coup.

  3. Tiens, à propos de la culture et bien que le rapport immédiat ne soit pas aussi évident qu’il y paraît :
    « L’identité d’un peuple ou d’une civilisation se reflète et se résume dans l’ensemble des créations spirituelles qu’on appelle d’habitude « culture ». Si cette identité est mortellement menacée, la culture devient la valeur vivante autour de laquelle tout le peuple se regroupe »
    (Milan Kundera)
    … Et dans nos jolie sociétés post-indutrielles si chatoyantes, qu’est-ce qui peut menacer plus mortellement leur identité que la raréfaction/disparition du socle dur sur lequel elles reposent toutes sans exception : le taf ? (Comme disent mes petits neveux, qui n’en sont pas du tout des partisans inconditionnels… Je veux parler du taf. Après tout, c’est peut-être leur génération qui sauvera le monde ? Pour moi, non : j’ai déjà donné.)

    1. Attention terrain miné ! vous employez le terme « identité », glissant, pentu et verglacé. Rappelez-vous que selon les saintes évangiles actuelles il n’existe pas plus de races, de statistiques ethniques ou d’identité d’un peuple que de scènes de fesses (je mets au pluriel, ça va en principe par paires) dans l’Indicateur Chaix – qui d’ailleurs n’existe probablement plus.
      Note : le « taf » c’est réducteur. Le travail, le travail !

  4. … Eh, ohhhh ! C’est pas moi qui l’emploie, « l’identité », c’est Kundera !!! Je sais, c’est d’une insoutenable légèreté. J’en parlerai à ma descendance par frangin interposé. Mais pour l’instant, y sont sur le Ouèbe (ouf ! cinq minutes de tranquillité…)
    Non seulement, faut faire attention à tout ce qu’on dit, aujourd’hui… mais peut-être encore plus à ce qu’on ne dit pas !!!
    « Père, gardez-vous à gauche ; père, gardez-vous à droite… »
    ‘Oulez qu’j’ous dise ? Tout ça me fatigue.

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