Hara qui rit froid

Je voudrais aujourd’hui, chers auditeurs, faire ici un peu de politicaillerie, glosant sur les productions littéraires de la semaine dernière – sur l’une d’elles en fait – le désormais fameux bouquin intitulé Un président ne devrait pas dire ça… (les secrets d’un quinquennat). Bien plus fort que le « Casse-toi pov’ con » qui fit hurler les vierges effarouchées – bien sûr qu’un président doit s’abstenir de dire ça… – voici les aphorismes façon Normal, on pourrait presque dire Normaliens.

D’abord, il est écrit sur la page de titre, et je recopie servilement, « président », pas « Président ». Un président normal, donc, pas un Président-Majuscule. Et puis il est question d’ UN quinquennat, pas deux… voilà qui est clair, non ? ça ne vous éclaire pas ? alors enfonçons le clou, c’est là où je veux vous amener, c’est la pierre de touche de mon propos : Normal-Président nous livre là son « Salut les gars« , « Ciao ragazzi« , « See you » etc. S’il avait estimé avoir l’ombre d’une chance de rempiler victorieusement pour un deuxième mandat, évidemment qu’il aurait mis le holà à la publication de ses croustillants, cyniques, lucides, désabusés, consternants… commentaires sur la vie politique de ces quatre années écoulées. Il sait blaguer à froid, Normal, et – j’ai déjà eu l’occasion de vous le confier – j’apprécie chez lui cette forme d’humour, que je pratique moi-même plus modestement. Mais là si blague à froid il y a, c’est très très fort, et je lui tire mon chapeau : personne n’a l’air d’apprécier, ce qui est le fin du fin pour le blagueur à froid, le private joke du feu de dieu.

Voilà… ceci est une des pièces de son testament, apocryphe évidemment puisqu’il ne l’a point rédigé lui-même, mais avec son imprimatur, ça c’est sûr. Et que cela consterne dans son camp – son camp-panier de crabes, où des tas d’ingrats jusqu’auboutistes lui ont savonné la planche alors qu’ils lui doivent leur bifteck – me réjouit profondément. C’est un joli pavé dans le marigot que Normal nous lègue là. Cynique ? certes, contestable, oui bien sûr, mais dépouillé de toute langue de bois, et ma foi, rafraîchissant.

Tibert, in petto épaté

5 thoughts on “Hara qui rit froid”

  1. Assez d’accord sur cette analyse… d’autant que Hollande est dans l’idée que Sarko ne passera pas à la primaire de la droite et tutti quanti : Sarko présent, il aurait tenu à y être pour se battre, question de principe, mais là, Juppé probablement, c’est cool. Alors il peut partir en paix, Hollande, lâcher la rampe, mais pas sur la pointe des pieds. D’où cette bordée de pétards.

    1. Bordée de pétards, pas de tarpés, ne confondons pas. Sur les motivations de FH vous pourriez être dans le vrai. Et puis Hollande-Sarkozy en « replay » ce serait assez casse-bonbons, sinon désespérant ! Attendons pour voir…

  2. … Depuis un certain temps – sinon un temps certain ! – toute élection présidentielle se résume en France à un « choix » (si l’on peut appeler ça un « choix ») entre la peste et le choléra. Autant dire, une tentative désespérée de trouver la sortie de secours. Le plus grave restant qu’au lieu d’imputer cette impasse à l’insondable médiocrité (pour ne pas dire pire…) de sa classe politique tous horizons confondus, une bonne partie du bon peuple se trompe une fois de plus de cible (faut reconnaître qu’on l’y aide beaucoup !) et en rend responsable le système lui-même ; autrement dit la démocratie.
    Certes, la démocratie compte pas mal de défauts majeurs – Churchill l’avait d’ailleurs parfaitement souligné en son temps -, mais on a suffisamment vu (et on risque hélas de commencer à le revoir à l’Est de l’Europe un des ces jours ! ), on a suffisamment vu, disais-je, ce que donnait les autres formes de gouvernement à l’usage.
    Alors quoi ? Je pense qu’il est plus que nécessaire de faire un grand ménage et de passer à la sixième République : après tout, de Gaulle n’a rien fait d’autre en imposant, en 58, une nouvelle constitution  » de guerre » qui répondait à une situation précise. Le plus curieux restant que par la suite, chaque fois qu’il a proposé de la faire évoluer, cette foutue constitution – il était conscient que les temps avaient changé et qu’ayant rendu les services qu’il attendait d’elle, la Vème devait se réformer pour répondre à des situations nouvelles – le « bon peuple », une fois de plus soigneusement manipulé par sa chère classe politique, a renâclé, voire l’a congédié tout court ! Pourquoi voudriez-vous que nos nains égotiques d’aujourd’hui dénoncent l’espace de pouvoir totalement déraisonnable que laisse à leurs ambitions mesquines une constitution taillée sur mesure pour un géant intègre ? Et s’il vous plaît, ne me faites pas plus gaulliste que je ne suis : de Gaulle n’est pas mon Dieu !

    1. Sombre tableau… Une suggestion : que la 6ème république appelée de vos voeux fasse moins dans le decorum, taille dans les effectifs, entame un programme-minceur. Comme ils disent outre-Manche, « make it simple and sensible ». Je traduis : si on pouvait enfin faire simple et raisonnable !

  3. Simple ET raisonnable ??? Vous vous gaussez je suppose, cher Tibert ? Ce sont deux épithètes qui, pas plus qu’ « impossible », ne sont français ! Les accoler, en sus…

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