Logement, saison III – Rue de Rivoli (de service)

Chers auditeurs, au cours de nos veillées à thème « urbanisme et galettes de blé noir », nous avons papoté – moi surtout, vous je sais pas – sur les lamentations des Parigots, prisonniers d’un Haussmannisme figé et maintenant bloquant et mortifère (saison 1) ; constaté que le maillage du territoire est débile et indigne de gens supposés intelligents, coincé sur son schéma parigo-centriste coûteux, injuste, contre-productif (saison 2) ; voyons voir à pointer du doigt une autre ânerie bien de chez nous, le « paraître » au détriment du « vivre ».

J’étais hier à Paris, avenue Victoria juste sur le flanc Nord du théâtre du Châtelet, visitant un su-per-be immeuble Haussmann pur beurre, parquets-moulures-cheminées…parquets délabrés, et le reste à l’avenant. Une entreprise y réhabilite une « courette » : euphémisme pour un puits étriqué, noirâtre, nauséabond, en piteux état. En revanche, je me répète, la façade, alors là, ma-gni-fi-que ! l’ennui, c’est que les cuisines, les sanitaires, les couloirs… donnent sur la courette ! Evidemment, de l’extérieur, « ça en jette », mais il faut y vivre, ma brave dame…

Je me suis par ailleurs baguenaudé à Montréal, non pas dans le Gers, mais au Québec : chaque avenue a son double « de service ». Ainsi l’artisan qui répare un chauffe-eau (mais à Paris les chauffe-eau ne sont jamais réparables, on les change d’office), le camion-poubelle, le livreur de chez YUPS… passent et garent là, laissant l’avenue libre pour y lécher les vitrines, magasiner, circuler, trottiner. C’est un schéma classique dans les pays neufs, et où il y a de la place. Mais à Paris, Lille, Lyon etc… le livreur « je travaille moi monsieur » met ses feux de détresse et plante son véhicule au milieu de la chaussée : quoi faire d’autre ? il n’a pas d’alternative.

La place ? il y en a. Quand les sièges sociaux des grosses boîtes se décideront – se résigneront, pour leurs dirigeants (*) – à s’installer là où l’on peut enfin fonctionner, vivre, circuler, respirer. Quand on admettra enfin les outils de télétravail comme des outils de travail.

Allez, du balai, Haussmann de façades et immeubles cacochymes ! de l’air, des voies de service pour le côté pratique, des immeubles de notre époque – avec des plafonds d’au moins 2,70 m – les sièges sociaux « au cul des usines », et tout le monde vivra mieux.

Tibert

(*) Le Fouquet’s va leur manquer, c’est là le vrai problème ! essayez de priver les PDG ‘s et leurs z’épouses des vitrines de l’avenue Montaigne, des petits restos du XVème… trop dur !

Tibert

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