De la crucifixion des fraudeurs

Je ne l’ai pas cru, c’était louche : « il se crucifie pour protester contre l’administration qui lui réclame 1,5 million »… comment peut-on se crucifier soi-même ?

Bon, vous vous trouvez un marteau costaud, quatre gros clous, une croix, vous vous installez peinard dans votre garage, dans la lingerie… vous vous plantez, toujours calmement, deux clous dans les pieds (aïe !) ; vous êtes droitier, supposons, donc vous empoignez derechef votre marteau et vous vous clouez la paume gauche, à gauche. Attention à  tenir le clou bien droit avec la main gauche pour les premiers coups de marteau.

Et maintenant, malin, comment vous faites pour vous clouer la main droite avec le marteau dans la main droite ? hein ? un miracle, peut-être ?

Donc, c’est bidon, ou il y a un truc, ou un complice, ou vous avez programmé une machine-outil, bref : c’est impossible tout seul.

Remarquez, le Thomas Thevenoud, le météoritique secrétaire d’état qui avait « oublié » de déclarer ses revenus, lui a très bien compris qu’il ne pourrait pas se crucifier tout seul le jour où il recevrait son avis de redressement fiscal : il a donc abandonné cette idée sottte et grenue – et maso, disons-le !

Non, lui n’est pas maso, et considère que si oublier de déclarer ses revenus c’est négligent, certes, il regrette, si si, il regrette, et si ça mérite, bon, soit, à la rigueur, de se faire foutre dehors du gouvernement, en revanche ça ne justifie pas du tout de démissionner d’un vrai beau mandat de député.

En gros donc, député c’est moins exigeant que ministre : la morale de député est moins dure, plus élastique que celle de ministre. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, c’est encore plus vrai si on est député. Non mais, pourquoi que je démissionnerais, nous dit monsieur Thevenoud ? ministre je peux plus, soit, ils m’ont foutu dehors, mais député, j’ai le droit, nananè-reu.

( Et n’oublions pas que la morale, c’est toujours la morale des autres )

Tibert.