Billard à trois bandes

Je m’en voudrais de ne pas vous signaler, mes bien chers auditeurs (*) ce superbe article du Monde, libre d’accès –  allélouïa – et au contenu d’une grande richesse : « L’élimination de Nicolas Sakozy à la primaire de la droite prive François Hollande de son meilleur adversaire« . L’article, bof, on peut le parcourir, c’est à vous de voir ; mais le courrier des lecteurs subséquent est un grand moment. La richesse des analyses, des supputations, des élucubration s’y révèle inouïe ; le délire des constructions machiavéliques proprement confondant. Les scénarios les plus fous, les manoeuvres les plus tordues… tenez, juste un échantillon, un lecteur de très-à-gauche qui a participé au vote, signant effrontément la charte de la droite et du centre :

« Je lis sans cesse à droite que les gauchistes soutiennent Juppé. Ce n’est pas le cas, comme tous mes amis de gauche, je suis allé voter hier, pas pour soutenir Juppé mais pour faire disparaître Sarkozy. Aucune attirance pour Juppé, vieux, ringard, coincé. Si je veux voter pour un libéral humaniste, on a mieux avec Macron. Je n’irai d’ailleurs pas voter dimanche prochain, laissant mes amis de droite choisir leur candidat, dans les 2 que nous avons sélectionnés pour eux ».
Bon sang mais c’est bien sûr… ce sont quatre millions de gauchistes, donc les frondeurs du PS  alliés aux Mélenchonistes, qui ont fait capoter le scénario Juppé-Sarkozy. Limpide ! Et sachant que Hollande a téléguidé Macron pour saboter la candidature de Valls – ah bon, vous n’étiez pas au courant ? – sans oublier Cécile Duflot en embuscade comme recours et lot de consolation suite à la branlée que les restes des Verts vont prendre, en déduire la circonférence du cercle vicieux.

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Tibert

(*) « auditrices et auditeurs« , dirait Emmanuel Macron, qui en est fatigant à écouter, tant il a systématisé ce tic politicard de nommer explicitement les deux sexes – en attendant les LGBT etc… piétinant ainsi les règles de grammaire .

Deux balles et un gros mensonge

Une « alerte » du Monde me dilate assez la rate ce soir, et je ne résiste pas à la joie de vous permettre de dilater la vôtre itou. Tenez :

« Près de 10 % des électeurs de gauche se disent prêts à voter à la primaire de la droite. Ils expliquent au « Monde » pourquoi. Une majorité d’entre eux veulent apporter leur soutien à Alain Juppé, face à l’inquiétude de devoir choisir entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. »

Tout d’abord c’est mal formulé : les électeurs de gauche, que je sache, ne se poseront pas la question de choisir entre Sarkozy et Le Pen : comme Chirac en 2002, ils éliront très certainement et massivement, la mort dans l’âme,  « le moins pire », comme on dit à Québec. Je reformule donc : « Près de 10 %  (…)  à la primaire de la droite : une majorité d’entre eux veulent apporter leur soutien à Alain Juppé, afin d’éliminer l’hypothèse terrible où ils devraient voter Sarkozy au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen. »

Mais c’est grandiose, ça ! ça veut dire que le 20 novembre 2016 et possiblement le 27,  des milliers d’électeurs bien ancrés à gauche vont, la corde au cou et la tête couverte de cendre, se présenter aux simili-bureaux de vote  de la Droite, donner les deux euros du mensonge – ceux qui on leur carte d’adhérents LR, MODEM… ne paieront pas, c’est la moindre des choses – et signer un papier comme quoi ils adhèrent, évidemment qu’ils adhèrent !  aux valeurs de la Droite et du Centre. Ensuite ils pourront voter, les féministes pour NKM, les durs de durs pour Copé, les prudents pour Juppé, les autres pour n’importe qui sauf Sarkozy.

Tout ça est assez réjouissant, donne un éclairage cocasse sur les forces en présence, et le Roi de l’Anaphore « Moi-Président gnagnagna… » devrait percevoir, lui qui affectionne la blague à froid comme je l’aime, tout l’humour de cette information : « Notre idée de la France » (*) comme dit son slogan, c’est une France de gauche qui pense à sauver les meubles.

Tibert

(*) Quel slogan crétin : quelle idée ? où elle est, l’idée ?