Extrêmes guerriers

Monsieur et madame Poutine ont divorcé…

Un tennisman professionnel français va jouer aujourd’hui un match important…

Non mais on s’en fout ! on s’en fout… la France entière ne bruit que de ça : un skinhead a tué un étudiant unanimement connu comme étant d’extrême-gauche, lors d’une bagarre « de rue ». Il l’a tué, ou il l’a frappé très violemment, et, bref, le résultat est le même. Voilà… (*)

Bon, grand branle-bas de combat anti-fasciste (prononcer « fâchiste », de même que fascination se prononce « fâchination », et ascenseur, « achenseur ») dans Paris et toute la France. Slogans guerriers, le Premier Ayrault se fend d’une déclaration belliqueuse : il veut « tailler en pièces » – mais légalement, rassurez-vous – les groupes d’extrême-droite. Monsieur Bergé veut un million de manifestants, et un peu partout fleurissent des accusations comme quoi ce serait la faute à la « Manif’ pour tous », qui aurait inspiré, suscité, encouragé ce débondage des extrêmistes de droite.

Sur ce on aperçoit dans une vidéo madame NKM, qui a eu l’initiative courageuse et quelque peu imprudente, voire saugrenue, de manifester son émoi à ce propos, se faire très violemment insulter par de jeunes manifestants – elle n’a pris aucun coup, grâce aux flics et services d’ordre vigilants, mais c’était très chaud. Elle est « de droite », modérée mais de droite, DONC elle est coupable, haïssable, à abattre. De multiples photos montrent également des jeunes et des moins jeunes brandir le poing fermé et levé, dans une gestuelle pas vraiment pacifique. On pourrait presque les entendre chanter, sur un air connu, des textes traitant vraisemblablement de combat terminal : pas un chant de Bisounours .

Voilà… bien évidemment c’est horrible qu’une jeune vie en plein devenir soit fauchée comme ça, dans la rue, pour des remarques, des insultes ou des regards, ou juste des fringues trop identitaires. C’est horrible, et surtout c’est terriblement con, dans un pays où l’expression des opinions est en principe libre, à part quelques limitations (racisme, anti-sémitisme, blasphèmes autres qu’anti-chrétiens, négationnisme, j’en oublie peut-être…).

L’enquête dira qui a commencé à provoquer, qui a prononcé des mots insupportables pour l’autre bord, ou commencé à cogner. Elle dira si on a frappé pour tuer ou juste pour faire mal, si c’est un assassinat ou un meurtre, etc. Mourir pour des mots, c’est injuste et révoltant. Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente, chantait quelqu’un de moustachu.

Mais on découvre assez unilatéralement, à cette occasion, un fait permanent : les extrêmes, gauche et droite, se sont toujours affrontés, et violemment !  le Quartier Latin des années 60-70 voyait les militants de l’Unef, les Jeunesses Communistes, les abonnés à « Clarté » (le canard des étudiants du PCF), etc, arpenter le pavé pour, littéralement, « casser du faf' » ; les membres des chapelles opposées, Fane, Occident, la fac’ de Droit d’Assas… en voulaient autant à l’encontre des précédents ; d’innombrables colleurs d’affiches nocturnes et sauvages, des deux bords, se sont fait casser la gueule ; les manif’s se peuplaient de pancartes dont les supports n’étaient pas de frêles baguettes de sapin, mais de robustes manches de pioches, etc. Les extrêmes se rejoignent, oui, mais la plupart du temps ce n’est pas pour se faire du bien.

Résumons-nous : foin des oeillères idéologiques à sens unique, ce qui fait mal, ce que la démocratie doit craindre et combattre, c’est l’ extrême-, pas les suffixes qu’on lui accole.

Tibert

(*) Un tic qui s’installe dans les débats, conversations, bavardages… « et voilà, et… » : écoutez bien, ça fait un tabac.