A Marseille aussi, « ça trompe énormément » !

( Un coup de chapeau, vous l’aurez senti dans le titre, à Claude Brasseur, qui, avec un nom difficile à porter – quel acteur que son père ! – s’en est pas mal tiré du tout, c’est une litote. Je le regrette, on va le regretter, évidemment. Un grand théâtreux, aussi, ce qui n’est pas donné à tous ceux qui se cantonnent prudemment au cinoche ! Je garde un souvenir ému de ce « Dîner de cons » où j’avais pu le voir et l’écouter, avec le regretté Villeret, et d’autres. On est dans les rubriques nécrologiques jusqu’au cou, ma parole !)

Mais ça y est, à Marseille, tour de passe-passe, « pour raisons de santé » la maire en titre devient première adjointe : elle merpute – oooups ! pardon, elle permute avec le premier adjoint, qui devient maire. Vous suivez ? elle se sent faible, eh oui, pas la force d’assumer cette charge écrasante, gnagnagna. Par contre, en seconde position, c’est nettement plus léger ! pas de souci, ça va rouler. Et puis le Conseil Municipal a dit oui, tout est réglo donc, cette bouillabaisse est habilement ficelée. Le PS, illustre parti aux anciens glorieux – Guy Mollet, Benoît Hamon et Pépère, rien que ça ! – en sort grandi, aux manettes d’une ville qui, d’un pied ferme, jette un regard confiant vers l’avenir que etc etc…, vous complèterez aisément vous-mêmes ce genre de discours « tagada-tsoin-tsoin ». Soixante-six-mille électeurs du « Printemps marseillais » pourront légitimement se poser des questions. Mais, à quoi bon, hein ?…

Tibert

De quoi se montrer septique…

Le Fig’haro du matin-matin publie une vibrante profession de candidature aux Municipales 2014 de monsieur Gaudin, 74 ans aux châtaignes. Lisez ça, mes amis, c’est beau comme un discours d’homme politique. L’avenir est radieux et l’adversaire calamiteux, etc etc. Lui et son équipe en ont déjà fait beaucoup pour les Marseillais, si si, mais attendez de voir, vous n’avez encore rien vu…

Justement, après ce publi-reportage Gaudinien, allez donc jeter un cil  au courrier des lecteurs qui suit l’article : l’un des conseillers municipaux UMP de l’actuel Gaudin, monsieur G. Chenoz,  y apporte sa pierre vigoureuse à la prose auto-laudative et à la profession de candidature du maire : »Si changement il doit y avoir, c’est sur l’accélération de tous ces projets qui font de notre ville une vrai capitale du Sud. (*) Et en ce qui concerne les interrogations (peu élégantes d’ailleurs) sur son âge, je conseille aux septiques (c’est moi qui souligne, NDLR) de venir passer une journée entière avec lui » (…et vous verrez comme il est dynamique, un monstre de travail, etc etc).

Hélas, ce serait bien volontiers mais notre emploi du temps ne nous permet pas d’aller passer une journée entière avec monsieur Gaudin, nous sommes très pris actuellement. Une autre fois peut-être ?

Hélas aussi, le correcteur orthographique du Figaro s’est montré incapable de rectifier un amusant dérapage sémantique ; il aurait fallu un « renifleur orthographique de contexte » pour choisir entre septique (qui produit de la putréfaction) et sceptique (qui doute), et s’agissant de politique marseillaise…

Mais revenons à l’essentiel : monsieur Gaudin, après 18 annnées et 3 mandats de mairie, en voudrait un quatrième. Et pas un mot, dans sa déclaration, sur son statut de sénateur : il est aussi sénateur, eh oui, et avec quelle énergie, paraît-il, et ce depuis 1989 ; et il va pourtant devoir choisir, qui sait, entre sénateur jusqu’en 2017 (78 ans) ou maire jusqu’en 2020 (81 ans) – si du moins Normal-Premier finit par arriver à mettre en route l’interdiction du cumul des mandats, serpent de mer de la moralisation de la vie publique, chimère de la démocratie à la gauloise.

Ce qui serait élégant, justement, cher Maire des Marseillais et… [longue liste de fonctions], ce serait de passer la main, de permettre aux jeunes de faire leurs preuves, de ne pas obstruer le futur, de ne pas se cramponner à ses hochets. Ce qui serait élégant – et normal, sans majuscule – ce serait de ne pas se moquer des électeurs en leur faisant croire qu’on bosse à 100 % pour les Marseillais, alors qu’on est évidemment ailleurs, et souvent, et qu’on  NE PEUT PAS bosser à 100 % pour les Marseillais avec un agenda de cumulard, de président de ceci et de vice-président de cela.

Au fait, ça ferait aussi UN chômeur de moins. C’est peu, je sais, mais par les temps qui courent…

Tibert

(*) (NDLR : On notera que des « capitales du Sud », il y en a de tous les goûts, du Caire à Tripoli en passant par Athènes et Naples.