Sainte Probité et ses trois copines

Madame Lebranchu, ministre de la Fonction Publique et de la VGM, la Vieille Garde Mittérandienne, se confiait il y a peu à un chat du monde.fr. Je Un chat ? miaou miaou ? meuuh non, prononcez un « tchatt‘ », une tchatche, quoi. Nous avons ce délicieux mot d’argot pour « bavardage », « causerie », les Québecois aussi, « placotage« , mais non, faut qu’on nous colle le « chat », l’anglais chat, the rosbif cat, maoww. Et que disait-elle, madame Lebranchu ? allez-y voir, aux dernières nouvelles le lien fonctionne encore, j’ai trouvé cette causerie fort intéressante, instructive, pleine d’informations.

Notons au passage que la refonte des structures empilées Etat-Régions-Départements-Sous-préfectures-Cantons-Regroupements de communes-36.000 communes (excusez du peu) c’est pour les Calendes Grecques, car « on ne supprime pas les départements en période de crise« . Et quand ça ira mieux, à l’horizon 2014 ( le mieux était annoncé pour 2013 mais l’horizon recule, vous voyez ?) on trouvera une autre excuse.

Voyons ce que raconte madame Lebranchu… gnagnagna… ah, tenez : « Il restera toujours un statut différent pour la fonction publique« . Moi personnellement ça ne me choque pas, la question étant : qu’est-ce qu’englobe la fonction publique ? si c’est le policier le juge le contrôleur du fisc le douanier l’inspecteur du Travail, je vote pour. Personnel assermenté, tout ça, rien à dire, ça ne se discute pas. Statut différent, bon.

Mais madame Lebranchu entretient soigneusement la confusion – et pour cause – entre Service Public et Fonction Publique, c’est à dire : est-il vraiment  nécessaire de faire appel à des fonctionnaires pour faire fonctionner un Service Public ?

Par exemple : pour tenir un bureau de poste ? certes pas. Répartir le courrier et le distribuer, vendre des timbres, c’est à la portée de tout un chacun, ce n’est pas régalien du tout – mais c’est un Service Public, et très utile, de plus. Mais pas besoin de fonctionnaires. D’ailleurs l’Etat salarie des tas de « contractuels », qui font exactement le même boulot : c’est donc que ça peut tourner comme ça… deux critères simples :

– un contractuel peut-il faire ce  travail ? si oui, pas besoin du statut de fonctionnaire.

– y a-t-il dans le « privé » des métiers identiques ? (jardiniers, enseignants, infirmières…) ? si oui, pas besoin du statut de fonctionnaire.

Mais voyons les arguments de la Défense : madame Lebranchu justifie les deux Droits du Travail au pays de l’Egalité, et la dévolution de tâches pas du tout du tout régaliennes à des fonctionnaires, car ils ont une déontologie, figurez-vous ! s’ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs – je pensais que c’était le cas pour tout citoyen normal – et c’est pour ça qu’on ne changera surtout rien au régime des fonctionnaires, et qu’ils sont priés –  et ont intérêt – de continuer à voter PS : la tétralogie probité, impartialité, réserve et laïcité.

Et le discours de madame L. , qui cite les 4 saintes vertus de la fonction publique, nous amène à retourner le propos : a contrario donc, le salarié lambda qui n’est pas touché par la grâce de la déontologie et du fonctionnariat est dépourvu de ces quatre qualités, ou d’au moins l’une de ces quatre, c’est logique… il  faudrait alors qu’on m’explique en quoi le boulot d’une infirmière de clinique privée est différent de celui d’une infirmière d’hôpital. Remarquez, comme dans le Privé il n’y a pas de devoir, pas de règles de déontologie, l’infirmière « privée » pique normalement dans l’armoire à pharmacie (surtout les produits du Tableau « B », évidemment), pique Pierre en faisant exprès de lui faire mal tandis qu’elle chouchoute Paul qui lui a refilé un bifton, chante à tue-tête que le malade de la 23 a une chaude-pisse, et récite son chapelet pendant ses heures de travail.

Vous l’avez perçu, le placotage de madame Lebranchu est selon moi un hymne à la gloire des idées les plus éculées sur les tâches de l’Etat, une ode à l’immobilisme hollandien. Fonctionnaires, mes amis, dormez tranquilles, tout est calme.

Tibert