Trois petits tours d'entourloupette

J’ai reçu il y a peu et payé aussi sec – « aussi sec » : marrant, pour de l’eau, non ? – la facture d’eau de mon petit bled. J’avais les sous, et cette eau est peu chère, excellente et fraîche, c’est rare… c’est la Communauté de Communes qui nous envoie les avis (archaïque, le système, par courrier, et il faut faire un chèque, le poster ou aller payer chez Mon-Trésor-Public aux heures ouvertes au public, justement, quand on nous rebat les oreilles de modernisation…). Mais bref : on reçoit tout aussi sec une circulaire du maire disant « Ne payez pas l’eau ! il y a une erreur sur les dates, on a bloqué la facturation et ce sera refait plus correctement. N’envoyez pas vos chèques !« . Et vous savez quoi ? on m’a renvoyé mon chèque, c’est une première. J’attends de pied ferme la facture revue et corrigée. Mais ça fait désordre, non ?

Dans le même genre, mais à une échelle nationale, voyez ce ramdam qui a lieu avec la mesure prise sous Sarko I (si Sarko II il y a, ce qui nous pend au nez, eh bien on fera avec faute de mieux – soupir…) concernant la « demi-part des veuves« . Mal nommé, ce truc, qui concerne aussi les veufs et les personnes seules. Sous Sarko I on a voté la disparition progressive de cette faveur, de cette fleur électorale, disparition consommée depuis 2014. Bien… le PS était au courant, ils y étaient, les Sapin, les Valls, les Hollande, au parlement en 2008, ils sont réputés avoir assisté aux débats sans roupiller. Et voili-voilà que les retraités concernés qu’on assaisonne maintenant plein pot sont furieux, et les Régionales c’est bientôt, et aïe aïe aïe ils vont mal voter, les retraités !…  alors, panique à bord, « Si vous n’avez pas encore payé, ne tenez pas compte des avis reçus« . Et bien entendu le Ministre des Impôts fulmine contre Sarko, « c’est sa faute, vous vous rendez compte on en est encore 4 ans après à déminer ses conneries« . A d’autres, cher ami : vos services ont foiré, vous étiez au courant, manque d’anticipation, amateurisme, et panique électoraliste. Pas fameux…

Pour finir, encore des histoires d’impôts… la taxe d’habitation. Un de mes lecteurs habitant une grande métropole du Midi me soumet sa tristesse déçue : il a voté en 2014 pour le nouveau maire, dissident PS, qui promettait-juré-craché qu’il n’augmenterait pas, lui, les impôts  locaux, vu qu’ils étaient déjà à un niveau insupportable, résultat d’embauches massives et irresponsables – électoralistes en fait – de fonctionnaires territoriaux sous l’ancien maire, et d’un endettement périlleux. Et ce pauvre homme de me citer ses chiffres pour la taxe d’habitation:

  • Pour une base de 100 € en novembre 2013,
  • 100,80 € en novembre 2014 (+0,8 %), les élections municipales étant intervenues en Mars. Indolore, 0,8 %, correct.
  • 114,90  € en novembre 2015 : +14,9 % sur 2013, et +13,6 % sur 2014.

Voyez, écrit-il accablé, 13,6 % de hausse des impôts locaux en un an depuis qu’il est élu « stop aux hausses d’impôts », ce monsieur. Et j’ai voté pour lui…

Eh oui, tout le monde peut se tromper. L’homme est faillible, et le politicien, insubmersible.

Tibert

 

Ma mairie, ma médiathèque…

… ma piscine couverte et chauffée, ma salle omnisports, mes ronds-points bien tortueux pour emm… les automobilistes et avec des merdouilles artistiques au milieu, mes collectes d’ordures différenciées facturées au poids avec des bacs « intelligents » , mes lampadaires design, mes abribus itou, mes plantations florales, mes zones « 30 » « pour votre sécurité », mes ralentisseurs hors-normes également « pour votre sécurité », ma Maison du Tourisme, mon bulletin municipal en quadrichromie et à ma gloire, mes… quoi encore, pour me faire  plaisir, laisser mon empreinte, qu’on donne mon nom à une grande artère du centre-ville quand je serai claqué et parqué au fond d’un caveau du cimetière paysager que j’ai fait construire ?

C’est cher ? meuuuh non, c’est la Commune qui paye.

PCC le Maire,

Tibert

Y a de l'écho

La dernière remarque innocente que je formulais au bas de mon pénultième billet – qui fut brièvement l’ultime avant que je ne le ravalâsse au rang précédent en cette occasion présente – a suscité de l’écho. Moi, modeste, vous me connaissez, je faisais juste allusion à la mairie d’un petit village de moyenne montagne qui « se la pète », qui érige à grands frais un magnifique bâtiment dont l’utilité restera longtemps une énigme pour les habitants de la commune. Dans le genre pas franchement évident, pas mal de comm’, un zeste de social, avec une rondelle de sports… bref un machin ruineux qui va encore nous faire grimper l’addition des impôts locaux, comme si c’était le moment. Hélas oui, nos élus ont NOS moyens, ils en usent et abusent.

De l’écho, donc, et comment, chez le Figues à rôts du matin, qui m’emboite le pas avec une fort éloquente photo de l ‘Hôtel de Région du Languedoc-Roussillon à Montpellier, prétentieuse meringue architecturale façon Bofill, qui « se la pète », elle aussi, et va également coûter la peau des fesses, s’il en reste, aux habitants de ladite région. Et je vous fais grâce de la nouvelle mairie de Montpellier, justement, qui alourdit encore la barque. Je résume : à Montpellier, les impôts locaux sont assez abominables, mais quels magnifiques édifices publics, quel prestige pour les Languedociens-Roussillonnais ! ils s’en rengorgent de fierté, les yeux pétillants d’allégresse. Non, je blague, là.

L’article en question du Figues-machin semble assez fouillé et précis ; on notera avec une grimace de dépit que la région Languedoc-Roussillon, comme sa copine la Bourgogne, en toute transparence, ont refusé de communiquer leurs comptes à ce torchon de journal de droite, qui ne leur veut que du mal, vous pensez bien ! Les administrés de ces deux entités devront donc se renseigner auprès de leurs élus, après avoir justifié de leurs bonnes intentions.

Je fais dans le populisme, là, le misérabilisme, je sais. Et je me demande, et je vous  demande : comment contrôler ces mégalos qui nous administrent, qui érigent des monuments à  leur gloire façon Ceaucescu, et reviennent tous les six ans réclamer nos suffrages, pousser, la main sur le coeur, la romance de la saine gestion et des lendemains meilleurs ? il y a des failles sérieuses à la démocratie locale, je le crains.

Tibert