Quoi, le « live » et autres gracieusetés

( On aura perçu, je suppose, que la canicule est là ? oui ? ah bon vous êtes au courant, vous aussi ? et vous avez vu le street pooling ? (*) ah ah c’est marrant ces geysers de flotte foutue en l’air, ah ah y a même des blessés, des fois. Imaginez, si les pompiers ont besoin de brancher leurs tuyaux, c’est cuit ! marrant, non ? on se gondole, LOL etc. Mais, beuuuh… c’est des gamineries… des incivilités, des bricoles, et d’abord ceux qui font ça sont pas majeurs, alors keskon peut faire ? hein ? )

Et puis sur le thème de la délicieuse et grisante glissade de notre langue, puissamment impulsée par le journalisme – les glissades, c’est toujours vers le bas, surtout sans élan, et l’élan, ça manque – je vous recommande les pages du Monde consacrées à la Coupe du monde de foot féminin. Extraits de rosbif juteux et de kwa-kwa :

« Qui live ? Laetitia Béraud, etc etc… »

« Quoi lire en attendant ? Notre guide des équipes…« .

Qui live ? non ce n’est pas celle ou celui qui vit, qui a vu ou qui a vécu, c’est celle ou celui qui commente, en fait. Donc en fait c’est du direct-live – du direct, donc, c’est plus court, moins moche et aussi clair. Vous suivez ?

Et puis, Quoi lire en attendant ? nous avons quoi tout partout, maintenant, ça caractérise toute interrogation : Tuféquoi ? Quoi lire ? tenez, ce vieux ringard de Jean de La Fontaine, Le renard et les grenouilles : « Car que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ? »

Eh oui, bon sang mais c’est bien sûr : Que lire en attendant ? autre chose que des rubriques sports écrites en s’essuyant les pieds sur la langue – ce qui est assez sportif, vous en conviendrez.

Tibert

(*) Moi j’aurais essayé les bains de rue, mais un truc en … ing ça le fait forcément mieux, pas vrai ?