Taxer plus pour gaspiller plus

Un rapport qui a fait très fugacement la page d’accueil du Monde-sur-Toile (pendant quelques heures, puis pffffft, à la trappe), mais qui reste encore ce jour partiellement lisible sur le site de Libé, nous en apprend de bonnes.  On nous y détaille quelques uns des postes de dépenses de la République française pour « bien » fonctionner.

J’ai intitulé ce billet comme vous pouvez le lire (en gros, là, au dessus du texte : le titre… vous voyez, là ? )  parce que, visiblement, si notre cher (très cher) Président n’aime pas augmenter les impôts et le clame bien fort, il adore inventer de nouvelles taxes. Le distinguo est subtil ; si en pinaillant on peut affirmer qu’un impôt n’est pas une taxe, en revanche dans le portefeuille ça fait les mêmes genres de trous, n’est-il pas ?

Ce point étant acquis, je voyais l’autre jour ( on peut le voir quasiment tous les jours, suffit de regarder la télé) le perron de l’Elysée, bâtiment qui comme chacun sait est gardé comme Fort Knox, interdit de passer sur le trottoir devant etc… une quelconque grosse légume descend d’une grosse bagnole pour monter les marches. Inévitablement la caméra cadre les « pots de fleurs » de chaque côté de la grande porte vitrée, à savoir des militaires, gardes républicains en grande tenue d’apparat, sabre au clair et figés façon pingouins. Demandez moi à quoi servent lesdits pingouins : à quoi ? à rien. On pourrait judicieusement les redéployer dans le 9-3 à la circulation, ça serait bigrement plus utile.

Vous allez me dire, ouais, ils ne sont là que pour ces brefs instants… juste le décorum, le prestige, la Grandeur de la France… le reste du temps ils sont à la circulation au carrefour de l’avenue Gabriel, ou ils font reluire les cuivres des casques. Soit, admettons. Mais bon, la Grandeur de la France, n’est-ce pas… tenir notre rang… toutes ces foutaises de mises en scène surannées et de décors grandioses nous coûtent fort cher. On s’en passerait aisément : vous et moi avons-nous un Garde républicain façon pot de fleurs devant notre porte ? on arrive très bien à faire sans. Que l’Elysée fasse donc le test : sans gardes républicains, ça fonctionne aussi bien. Allez hop, à la circulation dans le 9-3, les cuivres, que sais-je, il y a plein de boulot qui attend ailleurs.

Et si vous lisez le rapport – incomplet, nettement plus pauvre que celui du « Monde », mais bon – dont je vous cause dans Libé, vous découvrirez à quoi servent toutes ces nouvelles taxes inventives dont notre Chef nous bombarde. Vous y découvrirez qu’un ministre « coûte en moyenne chaque année 16,72 millions d’euros à la collectivité. Un total qui comprend les frais de personnel, la communication, le loyer théorique, les frais de fonctionnement et le train de vie« . Il y a plein d’autres chiffres tout aussi ébouriffants.

Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de plaider pour que monsieur Fillon fasse du co-voiturage ou prenne un billet « prem’s » en TGV de seconde à la SNCF  quand il va de Paris à, disons, Toulouse. Admettons qu’il ait besoin de sécurité et de ponctualité. Mais zut, quoi, on nous serine « austérité », « soyez courageux » : pendant ce temps le budget du Premier Ministre atteint 3,2 fois celui de la Présidence (lequel est déjà assez croquignolet !).

Forts de plus de députés et de sénateurs que les USA, avec presque 5 fois moins de monde, nous entretenons luxueusement une « armée mexicaine » de parlementaires logés dans des palais. Pour quelle utilité ? ah ça c’est sûr, ça brasse des lois en veux-tu en voilà. Mais comme elles ne sont pas appliquées – sauf les taxes, ne plaisantons pas avec les taxes –  à quoi ça peut-il nous servir ? à râler inutilement au long d’un billet.

Eh bien c’est toujours ça, en attendant une démocratie qui ne vive pas au dessus de nos moyens.

Bébert

PS : ah si,on a plus de détails – édifiants – sur le budget du Premier Ministre. Voyez ce site.