Lenteur et sonorité

J’ai eu la faiblesse, il y a quelques jours, d’aller m’asseoir à la terrasse d’un bistrot du centre-ville de M… avec deux amis, pour quelques tapas et une mousse rafraîchissante. J’ai pu y constater… a) qu’à la différence de la plupart des rades voisins, le nôtre ne faisait pas les promotions « Chouettes Moments » (« Heures Heureuses » en anglais). « Ben non, on fait pas » … ah bon… seul, j’aurais changé de crèmerie, et plus vite que ça. b) qu’étant installés sur une placette bordée de trois rues en triangle, le bruit y était effarant ! les balayeuses municipales, de sortie à cet heureux moment de Happy Hours : un boucan de jet au décollage … les motos, avec, forcément, des pots d’échappement jouissifs, homologués au Zimbabwe ou au Surinam… et le ballet incessant des Hubert-Itse, Déliveu-Roues et autres Jeust-It sur leurs scooters hurlants et stridents (*) : des nuées, des escadrilles de mouches à merde.

Rapprochons ce constat de nos centres-villes invivables en plein air et sans casque anti-bruit, avec l’initiative, parisienne mais pas que, de limiter désormais la vitesse à 30 km/h maxi presque partout. C’est d’abord purement théorique, comme toujours en France, vu que la plupart des lois et décrets n’y sont que des StuckPapier, des bouts de papier (tenez, cette statistique effarante : 11 % des conducteurs de bagnoles se servent de leur téléphone au volant ! la loi ? quelle loi ? ). D’autant plus théorique que la vitesse moyenne à Paris est en dessous des 15 km/h. On va évidemment rouspéter, chez les banlieusards notamment, et ils n’auront pas tort : en journée, on se traîne, de toute façon ; mais si ça roule bien, aux heures creuses par exemple, pourquoi se traîner, à une vitesse d’ailleurs pénible à tenir, tant c’est lent ? Mais bref… comprenne qui pourra, et vive l’écologie, qui justifie tout et n’importe quoi.

Ceci dit, le type chargé du dossier, à la mairie de Paris, argue qu’il y aura moins de bruit : c’est faux, évidemment ! on devra rester en seconde, moteur haut dans les tours, au lieu de passer la troisième. Et puis, je l’ai déjà dit, à part devant les juteux radars, personne ne respectera, ne pourra respecter cette limite aberrante. Et le bruit, donc ? Nous le savons tous : le bruit dans les rues, c’est le tiercé motos, scooters thermiques, camions : la voiture ? loin derrière ! Au lieu de sortir des limitations anti-bagnoles « je vous l’avais promis, je vais le faire » , si l’on faisait appliquer, vraies sanctions à l’appui,  les réglementations en vigueur – pourtant très laxistes – sur le bruit ? une ville apaisée, qu’ils disent tous : apaisée, c’est l’antienne obligée. Eh bien, apaisez-nous, puisque vous y tenez tant. On vous attend, cernés par les scooters-mouches à merde et les pots customisés.

Tibert

(*) Notons tout de même, et saluons : il y a des livreurs à vélo – des sportifs ! – ou sur vélos assistés, scooters ou trottinettes électriques. Pourquoi ne pas contraindre les boîtes de service-bouffe-à-domicile à ces types de véhicules silencieux ?