Ires en l’air

Je lis ce soir dans un des canards-sur-Toile que la compagnie aérienne Grand-Bretonne  British Airways va changer son offre de bouffe à bord de ses vols court et moyen-courrier : au lieu du petit en-cas « gratuit » (c’est-à-dire inclus dan le prix du billet) distribué  à tout le monde en 3ème classe – sachet de chips, mini-bretzels, mini sandwich, mini  quelque-chose etc  mais surtout jamais de porc – accompagné d’un coup de café ou d’eau minérale pour faire descendre tout ça, on va proposer, en payant cette fois,  à ceux qui veulent bien, des trucs mieux fichus, plus élaborés, tortillas, fish and chips, osso bucco con linguini al pommodoro (non, je blague, là, la sauce tomate ça craint). Il paraît que les passagers préfèrent ça… que c’est pour eux… moi, je pense que tout bêtement, au lieu de dépenser sèchement 2,5 euros fois 120 passagers, on va facturer 10 euros fois 19 ou 24 ou 14 passagers pour des plateaux qui reviennent à 6 euros, ce qui change tout, vous en conviendrez. D’autant plus que le prix du billet de 3ème classe ne va très certainement pas baisser des 2,5 euros du mini-casse-croûte supprimé, ne vous fatiguez pas à vérifier, radins que vous êtes ; et puis vous ne le verrez même pas – mais eux, à British Airways, si.

Mais pas que ! car ce matin à la radio ils (c’est toujours « ils », jamais « on », « ils » c’est « on » au pluriel) disaient que les vols sur Air France devenaient de plus en plus chahutés, agressions, rouspétances, pugilats, et une hôtesse chiffrait à +18 % l’augmentation des conflits  à bord. En combien de temps, les 18 %  ? ce n’est pas dit.  Tenez, le gars devant vous incline trop son dossier et ça vous gêne : vous êtes presbyte, déjà que vous devez plier le cou en arrière pour garder la distance de vision et la bonne inclinaison des lunettes progressives, maintenant vous n’arrivez plus à regarder « confortablement » votre film sur l’écran de 15 cm (oh pardon, 6 pouces, faites excuse) qui est, justement, fixé sur le dossier du type devant. Alors vous balancez de grands coups de tatane dans le socle du fauteuil de devant, ou de grands coups de poings dans le dossier, bref vous manifestez votre mauvaise humeur. Et le gars devant, forcément, ça l’énerve, etc etc.

Ou bien le gros balèze à côté de vous a squatté l’accoudoir large de 4,3 cm : il est à lui, l’accoudoir commun ! il s’y étale. Alors vous poussez méchamment votre coude pour repousser l’ennemi, et ça va mal finir, parce que lui, il est plus enveloppé que vous, et donc il a droit à plus de place, vu ? Et, tenez, on annonce que bientôt il y aura le wifi – payant, ça va de soi – à bord des vols AF-KLM (une anagramme chouette, tiens : KLAMF) : qui est-ce qui va vouloir envoyer illico séance tenante à ses potes son selfie avec l’hôtesse qui est canon ? ou avec le copilote, dans le cockpit… remue-ménage dans l’avion, avec en plus le chariot à boissons qui bloque le passage pour aller pisser… énervement… engueulades…

Tout ça c’est simple, c’est parce que maintenant les avions sont bondés ras la gueule, ne cherchez pas ailleurs. Il fut un temps béni où un remplissage à 60-70 % c’était boucoup, on pouvait assez souvent confisquer le siège voisin, prendre ses aises… maintenant bernique, c’est plein de chez Plein, tout le temps ; il s’y mettent à 3-4-5 compagnies pour bourrer les avions… déjà que ça bouchonne aux comptoirs d’enregistrement, aux contrôles de sécurité, de police, aux passerelles… la cohue, les hordes, quoi. Pareil que des vols charters Nantes-Ibiza en Juillet, sauf que ce ne sont pas des charters.

Tibert