Après vous… mais non, je n'en ferai rien…

On marche de plus en plus sur la tête dans ce pays, et les symptômes se précisent et s’accumulent. Le Monde d’hier soir nous titre, et c’est manifestement triste à ses yeux, « Quand on appelle le 115, mieux vaut être Français« . Le 115, c’est le téléphone de détresse sociale, « Au secours je suis dans la panade« , bref sans feu ni lieu. Un numéro que de plus en plus de sans-logis sollicitent, tant cette époque est moche. Et Le Monde nous apprend donc que les hébergements d’urgence sont saturés, que les places manquent, que c’est pour le 115 comme dans l’immobilier locatif à Paris, ou comme les dossiers à Popaul-Emploi, ou les places en prison : ça ne suit pas, on n’y arrive pas.

Et donc, au 115, nous dit Le Monde, manifestement choqué, on privilégie les appels de nos compatriotes. Vous vous rendez compte ? la France, le Pays des Droits de l’Homme venu d’ailleurs ?

Ben oui, on fait ça, chez nous, et c’est, excusez-moi, normal, s’agissant d’une situation de pénurie. Ce qui ne serait pas normal du tout, carrément anormal, ce serait l’inverse. D’ailleurs la très grande majorité des démocraties – ne parlons même pas des régimes autoritaires, où il n’y a rien à discuter – donne la priorité à ses ressortissants, et pas que pour le 115 : pour l’emploi, pour les alloc’s, pour la santé, et j’en oublie. D’aucuns nomment ça la « préférence nationale », et ça a très très mauvaise presse –  surtout auprès des gens qui n’en ont pas besoin.

Evidemment, l’idée, la gentille et joulie idée sous-tendue dans le papier du Monde, c’est qu’il faudrait être équi-charitable : hélas c’est infaisable, quand il s’agit de coups de téléphone, où beaucoup s’expriment difficilement, etc. C’est infaisable, et zut, si être Français ne donne droit qu’à payer sur ce sol des taxes et des impôts, autant se flinguer tout de suite. Ou donner carrément l’exclusivité du 115 aux migrants, ce sera plus clair. On pourrait alors ouvrir un 116,  pour les Français, en situation de pénurie lui aussi, bien entendu – mais là il va y en avoir qui vont hurler à la discrimination.

Tibert