Savoir, un petit peu

On l’entend souvent, beaucoup, c’est rengaine, au téléphone notamment, mais aussi en face à face. On l’utilise certes moins que la trilogie Merde-Putain-Féchier, ou toute permutation de ces trois termes – il faudra qu’un jour nous nous penchions ensemble, chère lectrice, cher lecteur, chère internaute, cher internaute, sur le sujet des trios obligés – mais on l’entend, et pas plus tard encore que ce matin : « Allo X ? c’est moi (ah bon !)… je t’appelle, je voudrais un petit peu savoir… » ; ou « je voudrais un petit peu vous demander… ». Savoir, un petit peu… vaste programme.

D’abord, ça ne veut rien dire. On sait, ou on ne sait pas. Et puis tant qu’à savoir, quel manque d’ambition, cet « un petit peu » ! pourquoi ne voudrait-on pas savoir beaucoup ? tout, puisqu’on y est, et allez hop , soyons fous. « Je voudrais tout savoir sur… ». Ca aurait une autre gueule.

Cet « un petit peu » c’est « excusez-moi mais… », « pardonnez cette indiscrétion mais… », « vous allez me trouver intrusif mais… ». Donc, on en demande juste « un petit peu », ce sera indolore, ça ne devrait pas prêter à conséquence. On a bien conscience qu’on en demande beaucoup, avec un petit peu.

On peut se demander d’ailleurs si la locution belge « une fois » n’est pas leur « un petit peu ». « Je voudrais savoir, une fois… ». Une fois, pas plus, hein. N’y revenez pas.

Un petit peu… c’est ça… voilà voilà !

Tibert

Dur d'être le fils de

La presse s’en fait des choux gras, et on la comprend ! Mais… mais… comment voulez vous exister quand vous grandissez dans l’ombre du Père ? de la Figure hiératique, du Modèle ?… tenez :

Guy Béart, Emmanuelle itou

Pierre Brasseur, Claude de même

Gérard Depardieu, Guillaume (et d’autres), pareil,

Rocard père et fils (et le St Esprit)

El Hassad, la dynastie syrienne

Bongo, Omar et… (à suivre)

Donc, comment voulez vous que monsieur Sarkosy, Jean, prenne ses marques, lui qui ne peut qu’être le fils de son papa ? déjà qu’il est tenu d’avoir un solide bagage scolaire (deuxième année de Droit, eh oh, vachtement duraille), il lui faut s’excuser d’exister !!

… Que vouliez-vous qu’il fit contre tous ?

Qu’il mourût,
Ou qu’un beau désespoir alors le secourût.

Eh oui, que vouliez-vous qu’il fît ? qu’il rasâsse les murs en s’excusant d’exister ? il a de l’ambition, ce jeune homme, les dents longues, et « il trace sa route », nonobstant ses détracteurs, comme il dit.

En voilà un en tout cas qui ne pourra pas fredonner la complainte du pauvre garçon vacher solitaire dans le Grand Ouest (parisien) : « I’m a poor lonesome cow-boy… »

Tibert

Ah, chiche !

Le PS, gravement, se demande si monsieur Mitterand, Frédéric, mérite bien de porter le nom de son oncle… comment peut-on être parent d’un éminent socialiste et ministre d’un gouvernement UMP ? il est pas normal, ce mec… il doit bien avoir des cases qui lui manquent… d’ailleurs, si le FN le dit, c’est que ça doit être vrai.

Bon, c’est pas tout ça, mais certains, au PS, continuent de penser par eux-mêmes. Et ça produit des trucs pas débiles. Pour une fois, il ne s’agit pas de charger « les riches » de toutes les tares (vous avez remarqué ? c’est toujours la faute aux riches ; je n’aime pas les riches », disait monsieur Hollande), mais de prendre une mesure de simple bon sens.  Tenez : « Le PS relance le débat sur la légalisation du cannabis en France« . En voilà une idée qu’elle est bonne !

On suit une logique particulière, en France  :  le ballon de rouge est moins cher au bistrot du coin que le Vittel-fraise. On nous invite simplement à  « consommer avec modération« . Idem, les cigarettes, le tabac : je peux librement griller 20 paquets de clopes par jour si je veux ; c’est juste une question de budget. On m’informe toutefois gentiment que « Fumer tue ». Certes. Vivre tue, d’ailleurs. En revanche, une fumette entre amis, le soir à la veillée, c’est très grave !  c’est très dangereux ! « pour votre sécurité… », attention ! vous êtes foutu, vous allez bien évidemment de passer aux drogues dures en moins de deux !

Question 1 : buvant 2 verres de vin par jour (c’est juste un exemple), suis-je obligatoirement sur la pente savonneuse du pochetron à 3 bouteilles par jour ? non ? pas obligatoirement ?  donc, si je me fais un petit joint deux fois par semaine, serai-je obligatoirement amené à très court terme à me shooter à l’héroïne 3 fois par jour ?

Question 2 : combien parmi vous avez fumé des joints ? plein de bras se lèvent… combien sont passés aux drogues dures ? pas grand monde… alors ? ce passage soi-disant obligé aux drogues dures : raisonnement fumeux, frileux, abstrait, préjugé ridicule qui nous coûte cher.

Bien évidemment qu’il faut le libéraliser, le cannabis ! on ne sera pas les premiers à le faire. Et imprimer sur les paquets « Fumer tue, donc bien évidemment fumer du cannabis tue ». Et le déconseiller aux femmes enceintes, et réprimer l’ivresse au volant, que ce soit au pinard ou au cannabis.  » Un joint ça va…, etc etc ». Deux avantages immédiats à cette mesure de bon sens :

– le fric : l’Etat va se remplumer (les buralistes aussi) ; voilà une nouvelle taxe toute trouvée ! et même pas besoin d’invoquer le réchauffement climatique. Et les caïds des cités du 9-3 ou d’ailleurs vont devoir trouver autre chose. Bosser ? va savoir… rien n’est impossible… quoique…

– la santé publique : quoi de plus sale, de plus microbogène, que de faire circuler le joint, le chilum ? c’est festif, certes, mais parce que c’est interdit. Autorisé, le joint n’a plus aucune raison de circuler de bouche à bouche dans la complicité, dans le mélange des cultures microbiennes. Ce sera bien plus propre.

Tibert

De trop zélées élues

Non, je ne gloserai pas sur le nonos-Frédéric Mitterand que le FN a déterré et ne veut plus lâcher : n’ajoutons pas à la dérive états-unienne qui veut qu’un homme politique soit d’abord blanc-bleu dan son slip et exempt de toute pensée impure . Notre tradition, qui est sensée, saine, gauloise, considère que la capacité à gouverner n’a aucun rapport avec les goûts et les pratiques en matière de sexualité – la seule exigence, normale, c’est qu’on n’ait pas affaire à un hors la loi ! Exit donc cette polémique truquée, foutons la paix au ministre de la Culture.

Ici j’attire votre attention sur un entrefilet du Figarôt, selon lequel « une élue française » et son fils… ont été gaulés par les flics anglais car à la sortie du ferry vers l’Angleterre on a trouvé dans leur camionnette 16 clandestins vietnamiens planqués derrière des paquets de nouilles et de crevettes. Bien évidemment on a renvoyé lesdits Vietnamiens de l’autre côté du Channel, et la malchanceuse « élue » a un gros ennui sur les bras.

Elue de quoi ? eh bien, je cite, « Mme X, conseillère municipale à Lumigny-Nesles-Ormeaux en Seine et Marne, près de Paris »… voilà ! sachant qu’il y a 36.000 communes en France, et plus de 150.000 conseillers municipaux (« conseillères municipales et conseillers municipaux », diraient connement nos z’habiles z’orateurs), ça fait un gros potentiel de passages clandestins vers la Grande-Bretagne ! du moins si ça se passe sans encombre.

Question : comment le Figarôt a-t-il déterré cette information de conseillère municipale à Trigouillon-Les- Ramures ? c’est une information capitale, ça ? c’est utile à la bonne compréhension du dossier ? les milieux autorisés se perdent en conjectures sur l’activité des (adjointes et des)  adjoints aux maires en Seine et Marne, « près de Paris ».

Tibert

Hommes orchestres

Un classement des « cumulards » les plus cumulards chez les députés… pour les sénateurs, on devra attendre ! voir Le Monde de ce jour.

On y trouve du beau linge, de tous les bords, et, sans surprise, on le savait, le Buster Keaton de la politique de gauche, monsieur Ayrault, le maire de Nantes, l’homme qui ne sourit pas des masses : député de la troisième circonscription de Loire-Atlantique (un bout de Nantes, dont par ailleurs il est maire de tous les bouts (*), et quelques communes limitrophes), et maire de Nantes, donc, et bien évidemment grand chef de la communauté de communes du grand Nantes. Accessoirement président du groupe PS à l’Assemblée Nationale.

Comment fait-il, comment font-ils, les champions des emplois cumulés, ceux de la liste que je vous ai citée  ? on les suppose hyper-actifs, dormant 4 heures par nuit, se ruant sur le boulot comme des morts de faim dès 5 heures du mat’, compulsant leurs dossiers sur leur vélo, car bien évidemment ils vont travailler à vélo, c’est écolo. Et leur secrétaire sur le porte-bagages, prenant des notes.

On sait tout le bien que je pense des cumuls de mandats, ou comment se moquer du suffrage universel. Mais il est une réponse, LA réponse, que tous les « cumulards » reprennent à l’envi, faute de trouver de meilleurs arguments : il paraît que leur mandat « local » (maire, en l’occurrence) « nourrit » leur vie parlementaire, leur permet, quand ils sont à l’Assemblée, de garder les pieds sur terre, de ne pas être déconnectés du terrain.

Suggestion à tous les patrons : mesdames-messieurs, pour « nourrir » votre pratique de direction d’entreprise, vous devriez y travailler également comme balayeur, tourneur-fraiseur, comptable, magasinier, DRH, que sais-je… si si, ça vous permettra de garder les pieds sur terre. C’est idiot ? ah bon. Et en plus c’est interdit ? ah oui. C’est le bon sens même : c’est idiot, et qui plus est, c’est interdit ! mais député-maire, sénateur-maire, ça ça se fait.Et ça se fera tant que ça ne sera pas interdit.

Tibert

(*) il y a donc forcément un bout de Nantes doublement cher au coeur de monsieur Ayrault, qui en est le maire ET le député ! de quoi faire des jaloux.

Mauvaise foi, ânerie, ou les deux

Titre de L’Hibernation ce mâtin matin : « Service public ou société anonyme » (article commis par une Catherine Maussion). Il s’agit de la Poste, on l’aura compris.

Et ça se trouve dans la rubrique « Economie » ! zéro pointé en économie. Ou bien elle croit nous faire avaler ce sophisme à deux balles ?

Un service public, c’est une entreprise dont le domaine d’activité est au service du public (pas une entreprise au service de ses salariés, nuance !), quel que soit son statut juridique.

Une Société Anonyme, c’est une entreprise régie par un statut juridique précis, quel que soit son domaine d’activité, fabriquer des roudoudous, laver des carrosseries, élaborer des scénarios de cinéma, distribuer du courrier…

Moralité : il est farpaitement possible de trouver une Société Anonyme faisant du Service Public, avec toutes les majuscules qui vont bien : il suffit que la puissance publique lui confie ce travail, moyennant un cahier des charges, un coût défini, bref quelques modalités et détails d’encadrement. Ca s’appelle un « contrat ». Ah bon ?

Et donc, pourquoi notre bon gouvernement ne pourrait-il pas, comme des milliers d’entreprises, SOUS-TRAITER, confier une de ses tâches – un service public, par exemple – à une société anonyme ? exemple, pourquoi faut-il des ouvriers d’Etat, des fonctionnaires (*), pour tailler les massifs de rosiers du Sénat ? si l’on suit cette logique, il faudrait aussi des fonctionnaires au Sénat pour tailler euh… voyons voir…

Bref, je vous l’assure, on peut trier du courrier et le distribuer sans avoir l’Etat pour patron. Et, au vu des performances actuelles de la Poste, des colis qui se perdent (pas pour tout le monde), des lettres qui mettent 6 jours à faire 150 km, on pourrait peut-être même échapper à la tant redoutée dégradation de la qualité du service.

Tibert

(*) tenez, je vous raconte pas des salades : extrait des concours de la fonction publique…

Mécanicien de l’atelier des jardins du Sénat
+ de détails

Fonctions: A en charge le parc de machines et de matériel des jardins et des serres du Sénat.
Type de concours: ouvert à tous (fonctionnaires ou non) Plus d'infos ?
Niveau d’étude: categorie B Plus d'infos ?
Filière: Espaces verts – environnement
Date limite de retrait des dossiers: 05/11/2009

Nuit blanche et paisible

On nous annonce que Paris organise cette nuit du 3 au 4 octobre une nouvelle « Nuit blanche ». N’étaient les aménagements d’horaires et de moyens mis en oeuvre par la RATP, et les inévitables « installations » fumeuses, sculptures absconses et pets artistiques saupoudrés ici et là dans le paysage parisien, on pourrait dire : Encore une nuit blanche ? ! Ma voisine du dessus, mon voisin d’en dessous, le chien d’à côté, les motos aux pots trafiqués en toute illégalité et toute impunité, s’occupent de me faire passer de nombreuses nuits blanches. Pas besoin d’en rajouter… merci toutefois au maire socialiste de Paris pour cette initiative branchouille et bruyante : tant qu’à ne pas pouvoir dormir, autant qu’il y ait une bonne raison.

Pendant ce temps, loin de Réaumur-Sébastopol, au dessus des champs, quelque part au milieu de l’Auvergne, les vaches rêvent sous les noyers, une chouette hulule, presque rien ne bouge. Ici aussi la nuit est blanche : on peut admirer plein d’étoiles, et c’est la pleine lune, superbe !

Tibert

IQ, ail-cul, haïku

Court poème, donc.

Parcourant un forum sur la Toile, forum sur la reproduction des bigorneaux dans les mers du Sud, très technique – je vous en épargne la teneur, absconse et ennuyeuse – j’ai trouvé cette maxime, ma foi, profonde, au point que je m’en suis emparé, et l’ai mise en musique, arrangée à ma sauce – pour autant que la musique se mette en sauce. C’est, je pense, une pensée utile.

Tibert

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Que la Faucheuse en robe noire

Et sa serpette

Ne trouvent, nous visitant,

Que des reliefs de fêtes,

Dans nos armoires,

Que du vent.

Les poêles et les zoutes

On annonce, de source bien informée, que les poêles, et plus généralement tous les ustensiles enduits de revêtement anti-adhésif (téflon etc) contiennent un produit nocif pour la qualité et la fertilité du sperme. Pas du sperme d’otarie, ni de gnou, puisque ni les otaries ni les gnous n’utilisent de poêles anti-adhésives : ils ne mangent pas de crêpes. Non ! il s’agit du sperme humain. C’est bien plus grave.

Deux conclusions s’imposent immédiatement, devant cette remarquable découverte scientifique :

– la méthode contraceptive qui consiste à bouffer des crêpes, cuites à dessein dans une poêle anti-adhésive, devrait recueillir de nombreux suffrages, surtout si lesdites crêpes sont fourrées à la crème de marrons. Outre qu’il est plaisant que les crêpes n’attachent pas, et qu’on puisse ainsi les faire sauter, c’est nettement moins pénible que d’enfiler un préservatif, surtout dans le noir et en se trompant de sens.

– Personnellement ça m’est égal : la fertilité de mon sperme est une question obsolète.

Longue vie, donc, aux poêles anti-adhésives !

Tibert

Arithmétique du suicide

En dix-huit mois, vingt-quatre suicides de salariés chez France Télécom, « FT », la vieille boîte, les deux « TT » des PTT, l’ « opérateur historique » – et abusif – qui s’est longtemps vécu incontournable, et se retrouve en proie à la vie normale d’une entreprise normale : n’existant plus de par une volonté supérieure, étatique, il ne lui est plus possible d’invoquer un monopole disparu ; il lui faut survivre, se mesurer à la concurrence… bref : bosser.

Référons nous aux statistiques des suicides en France : pour 100.000 salariés, FT a donc eu droit, si l’on peut dire, à 16 suicides par an, soit 16 pour 100.000. Comparant ce taux aux statistiques nationales, soit 16,2 pour 100.000 habitants, on devra constater que – macabre décimale – si l’on néglige le 0,2 suicidé de moins, le taux de suicides chez FT reflète fidèlement celui de notre beau pays, toutes populations confondues.

Bien évidemment, ce qui fait ici problème, ce sont les motifs, pas les chiffres. Les 16 suicides annuels et globaux de nos concitoyens se réclament de mille et une bonnes raisons, les maux d’amour, le fric, le fisc, la maladie, l’ennui, l’alcool, les phases de la lune, et n’oublions pas les suicides avec deux balles dans la nuque… tandis que chez FT, c’est le boulot, le boulot, le boulot.

Qu’a-t-il donc de si délétère, ce boulot ? on accuse la règle de mobilité de trois ans. Vous bossez trois ans à un  poste, et hop, virez, trouvez autre chose ! trois ans vous vous encroûtez, trois ans on tourne en rond, allez allez du balai, de l’air, changez. Les militaires connaissent bien, et pratiquent depuis jolie lurette cette hygiène du « trois ans » : se suicident-ils plus qu’ailleurs ? J’ai pu moi-même constater que l’immobilité à un poste est démotivante, pénible, source de sclérose. Oui, il faut bouger dans sa carrière, c’est sain, tonique et enrichissant. Tous les trois ans ? pas forcément… mais il faut penser à bouger, et le faire.

On devra cependant constater qu’ici le jeu est biaisé, les dés pipés. Chez FT, on a du mal, on a de vieilles habitudes : pas bouger, surtout pas bouger. La contrainte jusqu’à présent imposée de changer régulièrement de postes, à effectifs constants, n’entraînerait en principe qu’un simple exercice de permutations…  le hic, c’est qu’on supprime des postes ! et là, ça ressemble furieusement au jeu des chaises musicales. Personne, évidemment, n’a envie de se retrouver comme un gland, debout, inutile, de trop, sans chaise – et sans  bureau – quand la zizique s’arrête.

Tibert