Les calibres de la crise

On voit de bien belles choses sur les sites Web des quotidiens ; par exemple cette superbe réaction à un court article de Libération, à propos d’un « banal contrôle routier » dans l’Ain qui tourne mal – deux types s’enfuient, ils sont « lourdement armés », course-poursuite, plusieurs bagnoles amochées, une maman et son bébé, plus quatre flics blessés ; et pour finir un des deux malfrats (on peut dire ça) est tué dans la fusillade en s’enfuyant à pied.

Un (une) lecteur(e) : « ben oui, et des affaires comme ça il y en aura de + en +
les gens sont prêts à tout désormais
on ne leur donne aucun espoir dans une société qui exclut toujours plus ….en frustrant de par un modèle de consommation qui s’avère clairement au bout.
Il faut réinventer 1 société plus juste et plus humaine, car là on va au clash.
 »

Ben c’est vrai quoi, avec les laitues à plus d’1 euro, les banques qui ont augmenté leurs taux de prêts, la Bourse qui se traîne, normal qu’on se trimballe avec 2 flingues ou plus, qu’on carambole les barrages de police, qu’on arraisonne une autre bagnole, qu’on emboutisse une caisse qui se trouve – pas de bol – être celle d’une  maman avec son bébé, et qu’on canarde pour s’enfuir en échappant aux constats amiables : c’est la faute au modèle de consommation.

Pénible

Pénible, oui, ce mois de décembre, et chaque année ça revient.

Les éboueurs les pompiers les postiers qui viennent vous tirer un peu de fric, rackett traditionnel, en attendant les étrennes de la concierge. Les pompiers volontaires, soit, c’est une noble cause ; mais les éboueurs ? les postiers ? la concierge ? tous salariés.  Si tous les salariés viennent vous faire la manche, où va-t-on ?

Les embouteillages monstrueux dans les centres commerciaux. Auparavant en semaine c’était jouable, il fallait juste éviter les vendredi soir et samedi, mais avec les 35 heures les RTT les récups’ c’est illusoire : tout juste si en se pointant dès l’ouverture le mardi matin on a une petite chance de ne pas se faire écraser par une armée de caddies.  Et même le dimanche, et allez pourquoi pas la nuit ?

Je boycotte les centres commerciaux en décembre.

Exaspérant le matraquage de pub’, à la radio à la télé dans ma boîte à lettres. Des textes idiots, des images laides, des accroches pitoyables : la « maison du bonheur » parce qu’on aurait une télé Full HD 3 HDMI TNT intégréé son surround ! Le bonheur à 899 euros 95…

Affreuse l’image donnée de cette fête qui devrait être simple et familiale, prétexte désormais à acheter des épluche-légumes lumineux et des coffrets « Le Grand Livre des vis à bois », à se fringuer en pingouins pour les hommes et en Cadillac 1952 pour les femmes. Inepte ce sacrifice rituel et ponctuel de milliers de tonnes d’huitres et de canards préalablement gavés.

Noël c’est privé, c’est chez moi. Marchands de soupe, passez au large.

Divers sons de cloches en forme de glas

Cette histoire se passe au 21ème siècle : GPS, satellites, radars avec prunes automatiques, ADN péremptoire, police scientifique… un poil de nez, que dis-je, un poil de nez !  vous exonère ou vous confond. Une époque fantastique où l’on s’occupe activement de simples scooters volés, avec des résultats brillants. Mais… dans les Combrailles, à l’Ouest de Clermont-Ferrand, rien de nouveau : pire que Gregory dans la Vologne en son temps, c’est un mystère insondable, une énigme à faire sécher Sherlock Holmes lui-même, qui pourtant ne disposait pas des tests ADN : un éleveur « bio » annonce qu’il plie bagages, écoeuré par la haine anonyme, malfaisante et destructrice.

Allons-y d’un petit éclairage sur ce sujet, qui mérite qu’on en dise deux mots, et le Figarôt du matin de nous les dire : « Ecoeuré, l’éleveur bio du Puy-de-Dôme jette l’éponge« . Dame, « on » lui envoie des petits cercueils, « on » menace de violer et tuer sa fille, « on » lui bousille son troupeau, « on » lui brûle sa grange… bref « on » lui est hostile, mais qui « on » ???  damned, sale affaire, comme disait le commissaire Velet à l’adjudant Tifrice.

Bof… encore un épisode de la France Profonde, direz-vous. Le courrier des lecteurs dudit Figarôt, sans surprise, tartine sur « minable », « quelle impuissance », « que fait la police », « les honnêtes gens ne sont pas protégés », « quelle honte ce recul devant la haine… » sauf un ou deux lecteurs, dont l’un commente benoîtement et tout en finesse : « Renseignez-vous : éleveur bio mais militant anarcho-gaucho de la Cimade« .

Ah ? voyons-voir, voyons-voir… effectivement, effectivement, divers sites Web traitent du sujet, plusieurs comités de soutien à cet agriculteur militant, bio et persécuté se sont constitués… pour résumer, cet article de « sardegna.canalblog.com » semble assez fouillé et complet sur l’historique et les protagonistes de cette affaire.

C’est qu’en fait les racines de cette haine et de ces délits ne sont pas seulement de vieux problèmes de convoitise sur le pré à Jules ou les vaches de la Paulette. Il peut y avoir derrière ça de tout autres ressorts : du racisme, des haines politiques. Cet homme, outre qu’il n’est pas des Combrailles (il est de Gap, autant dire d’une autre planète), a une boucle à l’oreille, c’est un « militant anarcho-gaucho » : et voilà, il milite ! à gauche ! et pas seulement aux Jeunes Agriculteurs…

Bref : l’Auvergne vaut mieux que ces mochetés, et on ne comprendrait pas que la Justice ne fasse pas tout son boulot pour trouver les coupables dans cette affaire, qui paraît plus fastoche que le vol d’un scooter. Mais ce ne serait pas la première fois que ça s’évanouirait tranquillement, comme ça, un enterrement en douce, faute d’énergie, par négligence… Il me souvient qu’en Grande Brière, il n’y a pas si longtemps, des faits similaires se sont produits : voyez cet article de l’Express : « Western en Brière« . On avait désigné « les chasseurs ». C’est vague, « les chasseurs », et c’est loin, la Grande Brière.

Voilà : le traitement de l’info, tout nu. Au Figarôt, un compte-rendu archi-schématique et simplet – mais, soyons justes, pas mensonger, et qui caractérise correctement les faits délictueux. Ailleurs, des détails, des éclairages, mais faut fouiller, faut fouiller… pas rester en surface.

La fin du bas-normand

Notre bien-aimé Président se demande et nous demande : pourquoi ne pas remanier les régions, mettre Nantes en Bretagne, la Haute-Loire en Languedoc… et tiens, il prend l’exemple des Normandies, la Basse et la Haute. Car il y a deux régions Normandie(s)… et le p’tit Nicolas de s’interroger à voix haute : « en faut-il deux ? » eh oui, pourquoi deux ? pourquoi pas trois, avec la Moyenne Normandie ?

Une anomalie d’ailleurs, cette dichotomie Haute / Basse Normandie. D’abord parce que c’est la Normandie tout court, colombages pommiers prairies bocages camemberts et cidre doux, ensuite parce que plus rien ne doit être « bas » : La Loire-Inférieure, les Basses-Pyrénées, Basses-Alpes… péjoratif en diable, on a changé tout ça !

Donc, « Basse-Normandie » aurait dû disparaître de notre nomenclature des régions, au profit de… Normandie maritime, ou marine, ou n’importe quoi sauf bas. Et ici l’occasion se présente d’y remédier efficacement et simplement : allez hop, on ficèle tout ça ensemble, les Normands enfin réunifiés, le  mur de Bagnols de l’Orne mis à bas avec ses barbelés et ses champs de mines, les structures régionales fondues en une seule entité, une capitale (Rouen ? Le Havre ? Condé sur Noireau ? Bricquebec ? )

Et c’est là que c’est amusant : les élus Normands des deux bords n’en veulent absolument pas, mais pas du tout, de la réunification de la Normandie. La raison en est simple : une région, c’est UN président de région au lieu de deux, UNe assemblée au lieu de deux… et donc deux fois moins d’élus. Ca défrise, hein ? qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir faire quand ils seront débarqués des instances régionales, les élus de trop ? pas question d’envisager ça.

Modernisez, modernisez, mais douuuuuucement, ne nous bousculez pas. On est trop bien, là.

Futurismes

Futuriste, cet article du Monde d’hier ( pas trop obsolète donc) ; n’ayant ni le temps ni la disponibilité d’esprit de fournir par moi-même un billet ce matin, je vous invite vivement à lire ça.

Pour moi, « Le couple voiture-hypermarché va disparaître » est un article de citadin pur et dur, un article de Parigot, pour tout dire.

Que les villes vivent cette évolution, c’est bien possible, et bigrement intéressant à lire.

Mais je formulerai deux constats ici, et m’en tiendrai là, je n’ai pas le temps de développer plus :

– l’habitat des villes est – globalement, sauf bien entendu quelques havres dorés ou cachés – un ramassis de clapiers inconfortables, exigus et indignes de nos moyens techniques modernes. Vivre de sorte qu’on entende, nolens volens, son voisin pisser et qu’on assiste, impuissant, à ses engueulades avec sa femme correspond ni plus moins à un environnement concentrationnaire. Si donc j’avais à noter les industriels du bâtiment et les urbanistes, je dirais : copies à revoir ! Il faudra faire des efforts pour nous donner envie d’habiter les villes.

– La voiture est ni plus ni moins, en ces temps et compte tenu de la structure de vie des campagnes, indispensable et vitale. Vitale, sauf à vivre avec un siècle de retard, comme nos arrière-grands-parents donc, qui prenaient leur journée pour aller « au docteur ». Les écolos-vélos qui ricanent n’ont qu’à monter la côte de Combre avec leur bécane et leur cabas rempli de victuailles sur le porte-bagages : ils comprendront ce que j’exprime ici.

Odieux visuel

Odieux débat sur l’audiovisuel public, ces temps-ci : les personnels de France Télévision, comme on dit, se battent, disent-ils, pour la survie, la qualité blahblahblah. Bon, soit… il est bien évident que la télé à coups de « Star Ac’  » et de « Koh-Lanta » ou « Vis ma vie », c’est direct poubelle. On est bien d’accord.

Mais la télé à coups de « Fort Boyard », « Amour Gloire et Beauté », « Magnum », « Inspecteur Derrick », « Dallas » (si, si, Dallas respire encore), « Tout le monde veut prendre sa place », plus des tonnes de pub’, le tout sur France Télévision, ce n’est pas mieux. Et quand il faut payer une redevance pour ces rognures de télé, ces « divertissements » poussifs, ces râclures de fonds de stocks Hollywoodiens, on trouve que les personnels de France Télévision se foutent de nous.

Donc, on est bien d’accord : couper la ressource pub’ pour le « service public » c’est lui couper les vivres, quelque part, refiler la manne publicitaire à TF1 et M6 notamment ( miam miam) et donc nous priver de toute possibilité de voir de la télé de qualité sur A2 FR3 etc. Encore faudrait-il que ledit service public se montre à la hauteur. On en est loin. On a du mal à adhérer.

Allez, autre chose, plus léger, pas méchant, anecdotique, sans conséquence : cette annonce de LIDL sur le Web : le concept de lecture pliable est en effet intéressant. Mais pourquoi pas ? métonymie, métonymie… on dit effectivement, par exemple, « je range ma lecture ». Et l’on plie son « Sud-Ouest » ou son « Nouvel Obs ». Et l’on range itou ses lunettes LIDL à 2,99 euros (pas 3 euros, hein, 2 et quelque !) achetées tout exprès pour cette presse pliable.   lecture pliable

Encore du vrac

La hantise du billétiste matinal c’est la panne sèche, l’aridité de l’écran blanc, le trou de sujet. Et pourquoi faut-il qu’écrivant cela j’aligne trois images, 1 panne sèche, 2 aridité etc, 3 trou de sujet ? parce que ça fait plus jouli, parce que si je ne donne que deux images c’est boîteux – sauf à y insérer un « et », pour rendre à ma phrase un balancement correct ( toujours ça de rempli pour ma rédac’ ).

Tout comme en musique, allons-y sur le parallèle écriture textuelle / écriture musicale : la reprise d’une phrase mélodique une note en dessous, puis encore une note en dessous… jusqu’à ce qu’on trouve la sortie. Exemple, le très connu refrain des « Feuilles mortes », que même Lionel le Pénible Disponible connaît, l’ayant  occasionnellement entonné : (chantez en lisant, vous verrez, c’est évident) :

C’est une chanson

Qui nous ressemble

Toi qui m’aimais,

Moi qui t’aimais…

Vous voyez, ici c’est même quatre fois la même phrase musicale, en décalage d’une note en dessous chaque fois. Trop fort, Vladimir Kosma !

Bon, mais je vais vous entretenir d’autre chose, en trois images, comme dans mon début de billet ; ça balance mieux comme ça.

1 – Le nouveau Président du Sénat est lancé dans une entreprise de réduction des frais de cet organisme inutile et fort coûteux, et s’efforce de communiquer sur le sujet… j’ai une meilleure idée : par ces temps de débine, au lieu de virer les postiers et de fermer les bureaux PTT dans nos campagnes profondes, qu’on affecte donc les Sénateurs à la distribution du courrier : ils serviront au moins à quelque chose, et retrouveront la forme, du moins ceux qui feront leurs tournées à vélo.

2 – Je le disais bien, ou plutôt l’écrivais bien : « Les Français préférent les prix bas aux promotions ponctuelles« , je ne l’invente pas, voyez ce lien. Donc, ras le bol des « semaine anniversaire », des « 3 jours de prix fous », des « prix coûtant sur les épluche-légumes » et autres niaiseries : des prix tirés et corrects tous les jours, point. Et ça permettra à des milliers de marquéteux,  devenus inutiles, de se reconvertir, euh, disons dans les PTT, il paraît qu’on va manquer de postiers dans les campagnes.

3 – Là où je crêche, le téléphone mobile est limite inutilisable : Orange c’est faible faible, Bouygues, dehors sur la route à 30 mètres à la rigueur, SFR faut monter sur un arbre, en hiver c’est dur. Donc comme mon pauvre cellulaire ne capte presque que pouic et s’épuise à la tâche, je souhaite en changer. Justement, celui de ma louloute capte nettement mieux, mais il est vieux et à moitié cassé. Que faire ? me faire offrir pour Noël un nouveau mobile, doté, lui,  d’une bonne sensibilité… et alors ? et alors NULLE PART n’existe une mesure, une notion de sensibilité des mobiles. Ah ça pour la couleur rose, les aptitudes à jouer du MP3, les musiques d’appel, le dessin du boîtier… tout ce que vous voulez, mais aucun renseignement sur la sensibilité. A croire que nous sommes tous citadins, et tous à moins de 300 mètres d’un relais de téléphonie, en plaine, et à vue.

C’est une bouteille à la mer, ce paragraphe 3 ; mais si quelqu’un dans l’assistance détient des informations pertinentes sur la hiérarchie des marques de mobiles quant à la capacité à capter dans des conditions défavorables, qu’il se manifeste et parle sans crainte, il aura droit à toute mon attention, voire à ma reconnaissance.

Discrimination sexiste, toujours

La langue est bizarre, on le découvre tous les jours, du genre des mots affecté au petit bonheur – quoi de plus féminin qu’un corsage, un vagin ? – à l’usage des adjectifs composites, tels rectiligne et isochrone… rectiligne et curviligne font la paire, et recti- (droit) fait pendant à curvi- (courbe) ; mais son voisin iso- (égal) se trouve, lui, orphelin, a perdu son frère ennemi, erre seul dans la langue. Où est passé « inégal-chrone » ?? où es-tu, an-iso-chrone ? anisochrone est hélas inusité, et isochrone, tout comme isobare, isocèle, isocline, iso… etc, sont seuls au monde. Pauvres iso(s)… y z’au…raient pu y remédier, tout de même.

Et rectifier, hein ?  encore un qui est tout seul, lui aussi. Curvifier est aux abonnés absents. Et pourquoi ne pourrait-on pas curvifier une structure rectiligne ? hein ? tout ça fait la part belle au droit, au tout droit, et, écrivons-le, n’ayons pas peur de le coucher sur le clavier du portable, à la morale victorienne, au « straight« , comme on dirait outre Manche, et même nettement plus loin – vous pouvez continuer à nager – outre-Atlantique.

« Straight« … justement, j’y viens !  car la cerise sur le gâteau, celle que je voulais poser, vermillonne et visiblement bourrée d’additifs, au sommet de ce billet, là d’où je vous écris (tôt sous la neige, ravitaillé par les corbeaux), ce sont les deux composites violemment sexistes, carrément réac’ : hétéroclite et hétérodoxe. Où sont passés homoclite et homodoxe ? hein ? disparus corps et biens, probablement victimes d’une expédition anti-homos.

L'épaisseur du trait

L’épaisseur du trait de la démocratie, s’entend.

Ayant pas mal glosé sur les caténaires (donc, féminines, les caténaires), sur la langue et le Beaujolais nouveau, sur la difficulté de faire entrer un déménagement de 220 m2 dans un 150 m2, sur le dicton « neige en novembre, gla-gla-gla en décembre », il faut bien sortir de l’impasse, et donc sortir idem un billet salvateur sur l’impasse du PS. Trouver une issue à l’impasse, qui dès lors n’en sera plus une.

Ben oui, moi aussi j’ai le droit d’en traiter, de l’impasse du PS.

Mme Royal était donc allée attendre et fêter sa supposée victoire dans un resto chic du 7ème arrondissement (de Paris, sous-entendu) ; c’était évidemment moins dur que sous une tente Quechua « clic-clac » au bord du canal St Martin. Et patatras, Mme Aubry pétait tous les compteurs les plus optimistes dans le ch’Nord… bien évidemment, c’est là qu’elle crêche, donc c’était fastoche. Et ladite Mme Aubry virait en tête au virage des tribunes, et l’emportait d’un poil. Un poil de duvet : 42 voix sur 230 000, soit 1,8 pour 10 000 : allez, à la grosse, 2 petits militants pour 10 000. Un souffle, une paille, une erreur de mesure.

Du temps où j’usais mes fonds de culotte sur les bancs des cours de physique, on m’enseignait la bonne gestion des ordres de grandeur, et la notion d’approximation. Et une élection où l’on compte à la main des bouts de papier, 230 000 bouts de papier, dans des coins sombres, sur des tables tâchées de Beaujolais nouveau, couvertes de cendres de cigarettes, avec des préposés au comptage pas forcément clairs dans leur tête, je dirais, au pif, que sur 1 000 bulletins, il y a bien 1 chance de se planter. Entre 999 et 1 001 bulletins, quoi. Et si l’on recompte, ça devient 1 sur 2 000 : entre 999,5 et 1 001,5.

Bon, vous suivez toujours, où je vous réveille ? donc, on compte les tas de Royal, et les tas d’Aubry. et l’on se plante un peu. Dans quel sens ? ah là c’est aléatoire. Allez savoir, ma pauvre dame. Mais ce qui est remarquable, ici, c’est que les élections, ce n’est pas comme au foot, c’est comme au tennis. Eh oui: au foot, si le score est 4-2, et que vous invalidez le dernier but du vainqueur, ça fait 3-2, pas 3-3 : ça ne donne pas le but à l’adversaire pour autant ! Aux élections, en revanche, si un bulletin passe de la pile Aubry à la pile Royal, c’est moins 1 pour Aubry, et +1 pour Royal. Donc, faites basculer 21 bulletins de la pile Aubry à la pile Royal, et c’est l’égalité farpaite ! Basculez-en 22, et Royal gagne. D’un millipoil, mais elle gagne.

Bref : à 21 voix hésitantes près, à 21 croix dans la mauvaise case (il faisait sombre dans l’isoloir), Royal a loupé le coche. Soit moins de 1 sur 10 000. Comparez avec mes savants calculs d’erreur : 1/2 voix d’erreur sur 1 000. Et donc, on est largement dans le doute quant à la fiabilité du résultat.

Tout ça pour dire qu’en toute apparence arithmétique, mais au mépris de la bonne gestion des marges d’erreur, le FAR a gagné, d’un poil de cul. Le FAR : le Front Anti Royal. Ca ne fait pas un programme, un salmigondis de programmes Hamon-Aubry-Delanoé-Fabius-Lang-Hollande et tutti quanti, mais ça fait un barrage. C’est un programme, ça, un barrage ? Non, mais Royal n’a pas gagné, nananè-re.

Spaghetti sous les caténaires

… et j’écris « caténaires » au féminin, comme vous pouvez le constater ! non mais. Car si je mets caténaires au pluriel, ce n’est pas par ignorance du genre, pour éviter donc d’avoir à choisir entre « le caténaire » ou « la caténaire« , mais parce qu’en général les voies SNCF vont par deux, sauf les voies uniques ; il y a ainsi deux caténaires au dessus des voies. CQFD.

Oui, des spaghetti sans S, car c’est déjà un pluriel : mot italien, masculin, lo spaghetto, gli spaghetti … quoi de plus mâle en effet qu’un spaghetto, mais c’est insuffisant pour se nourrir, un’ spaghetto ; il en faut en général plusieurs, dei spaghetti – et sous les caténaires ! d’où ce double pluriel. Il eût été radin, voire malsain d’écrire « spaghetto sous la caténaire ».

Et pourquoi ce titre ? parce que la SNCF va confier ses voitures-bars à une société italienne ! « Fini, les affreux sandwichs au thon mous et glacés », claironne l’article dont au sujet duquel je vous cause – et remarquons au passage ce « fini » singulier, au lieu de « finis« , s’agissant de sandwiches au pluriel !! audacieux.

Oui donc, nous pourrons sous peu nous taper, dit l’article, ‘du «pain focaccia aux tomates mozzarella» à 5 €’ : fantastique, mais quand aurons-nous des spaghetti ? avec de la sauce bolognaise pour s’en mettre partout et sur les genoux du vosin quand il y a un cahot ? j’y tiens, moi, à mes spaghetti sur Clermont-Ferrand – Moulins en Corail Theoz.

Ceci étant, notons que l’article sus-cité pousse un peu quant aux baisses de prix « de 20 à 30% moins cher » : un café à 2,10 au lieu de 2,40, c’est 30 centimes de moins, soit 14 %, pas plus. Par ailleurs, quant les cafetiers vous fourguent une dose de 20 gr. de cahoua, acheté 6 euros le kilo, soit 12 centimes plus le sucre, à 1,50 euros au comptoir, ils se mettent une jolie marge dans la poche – avant 2002, c’était 5 francs. Donc 2,10 euros, ce n’est pas spécialement bon marché !!

Et terminons ce vaste tour d’horizon – sans omettre le match à 50,0002 contre 49,999 entre Martine et Ségo, ah quelle empoignade ! quel suspense au bout de la nuit ! – avec la baisse annoncée du prix du sandwich jambon-beurre : « de 4,10 à 3,50 €« . Petit calcul. Soit un tiers de baguette de pain à 1 euro , donc 34 centimes ; une feuille de laitue, grand luxe, disons 5 centimes, il y a bien 20 feuilles dans une laitue à 1 euro, une tranche de jambon SNCF à 14 euros le kilo, soit pour 60 grammes, je suis généreux, 0,84 euros, et disons 10 grammes de beurre, soit 12 centimes, à ce prix-là c’est de l’extra-fin : total 1,35 euros pour un magnifique sandwich frais, craquant, goûteux. Vendu 3,50. Bon, c’est juste un exemple, mais vous voyez…

Moralité, soyez  prévoyants : avant de prendre le train, faites vous cuire des spaghetti al dente et al pommodoro, mettez-les dans un récipient plastique étanche, emportez une fourchette plastique pour les entortiller autour, et mangez-les dans le train. Froids, les spaghetti, c’est infect, mais pas cher, et en plus ça ne mange pas de pain.