Ode au bouclier

Yahoo-France me le disait hier, Libé-ration aujourd’hui : les attaques contre le bouclier fiscal fusent de partout, à gauche évidemment – faisons payer les riches ; quand il n’y en aura plus on avisera – qu’à droite, car c’est un thème récurrent d’attaques de la part de la gauche, et puis c’est impopulaire ! et difficile à expliquer.

L’idée de faire plutôt payer les riches que les pauvres tombe sous le sens : paye celui qui peut ! le seul ennui dans cette approche, c’est qu’il faut éviter de tuer la « poule aux oeufs d’or ». A trop ponctionner on épuise le filon, tout comme les chalutiers industriels épuisent le cabillaud – la morue fraîche, pour faire branché – en Mer du Nord. Et la métaphore du cabillaud montre ici ses limites : si le chalutier peut pousser ses recherches de plus en plus loin, quitte à désertifier les océans, le fisc français, lui, ne peut guère aller draguer à l’extérieur de l’hexagone, sauf exception.

En fait la limite de harcèlement du riche est facile à définir, suivant deux catégories : le riche mais néanmoins patriote, et le riche tout court… sachant que le riche patriote peut se découvrir moins patriote qu’on ne le pensait ou qu’il le pensait, si on l’emmerde trop. Mais en principe, le riche patriote en supporte beaucoup, surtout s’il est vraiment très riche. Il en supporte d’autant plus que s’il se démerde bien, il n’a officiellement pas grand-chose, le gros de ses avoirs est ailleurs, ou dans des sociétés à tiroirs, ou à des prête-noms : on l’a deviné, il peut se payer de bons conseillers fiscaux.

Le riche tout court, lui, n’est pas plus patriote que ça ; payer ses impôts en France ne le fait pas rêver, saliver, bander. Etant là où il est, et sachant que tout changement de lieu de vie représente un effort conséquent, des dépenses, des soucis, des sacrifices, des arbitrages parfois difficiles, il reste… il reste si on ne le ponctionne pas au delà d’un certain seuil. Quel seuil ? variable, selon l’épaisseur du cuir, du portefeuille, et le tempérament. Mais en gros, si le harcèlement fiscal lui donne plus de boutons que d’aller s’installer à Lausanne, Bruxelles ou Montreal, il déménage. A sa place, vous en feriez autant. Ah ? justement, vous n’êtes pas à sa place ? et ça vous dirait ?

Bon, un peu de psychologie, rassurons-les, ces pauvres riches craintifs : riche, soyez patriote ! préférez le fisc national ! jetez votre bouclier, il ne vous sera fait aucun mal.

Tibert

2 thoughts on “Ode au bouclier”

  1. le pb avec le bouclier fiscal c’est qu’en cas de harcèlement massif des contribuables par le fisc (l’augmentation des impôts qui nous pend au nez), seuls les très riches ne seraient pas harcelés.

  2. C’est une question d’efficacité économique, comme je tente de l’expliquer. Pas de morale. La morale et la « tonte » des contribuables n’ont pas grand’ chose en commun.

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