Topologie politique et ligne droite (*)

Monsieur Macron (vous savez qui c’est, oui ?) lance un mouvement, c’est le cas de l’écrire, un mouvement, qui se meut, donc : “En Marche”. La marche ça meut. Ni de droite ni de gauche, paraît-il. Aussitôt, cris effarouchés chez les hommes politiques, quolibets, anathèmes : la Gauche et la Droite existent depuis des temps immémoriaux, c’est gravé dans le comblanchien, et ce n’est pas un petit Macron, même pas élu, qui va changer ça ! On lui presserait le nez gnagnagna, va faire tes classes, morveux etc.

Voyons voir : la Gauche c’est quoi ? la Droite c’est quoi ?  la gauche c’est le partage et la liberté, la droite c’est l’ordre et les traditions… à une interro écrite on sortirait plus ou moins un truc comme ça, avec des inflexions, des bémols et des circonlocutions. La gauche rêveuse et inconséquente, la droite réaliste mais cynique . Attention, n’en déduisez pas que la droite c’est l’égoïsme et la servitude, la gauche le bordel et la négation des racines. Souvenez-vous Giscard (la droite bon chic bon genre mais qui sait joueur de l’accordéon) à Mitterand (la gauche aux canines limées) : “Vous n’avez pas le monopole du coeur !“.  Et toc ! ça c’était envoyé.
Bon, et le Macron, là-dedans ? où c’est-t-y qu’y va aller, alors ? eh bien quand vous n’allez ni de droite ni de gauche… vous allez tout droit. Pas con, hein ? Tout droit, sans chapelles, sans credos ni oeillères ni lunettes roses ni les yeux rivés sur le Dow-Jones, sans catéchismes ni lendemains qui chanteront peut-être un jour, va savoir. Tout droit, les yeux grand ouverts, et pas dans le mur, si possible. Pour que ce pays d’avantages acquis, de chasses gardées et de culte de la complexité  fonctionne mieux. Et, si je puis me permettre un conseil : gare aux croche-pattes !

Tibert

(*) Désolé… je sais :”Ligne droite”, straigth on, gerade aus, ça évoque la droite. C’est-y ma faute si “ligne gauche” n’a jamais réussi à perçer ? la ligne “de gauche”, ça tous les jours, et  à satiété, mais “ligne gauche”, non.

Histoires de mettre

Les Hollandais, dans un référendum assez peu suivi  – 30 % de votants – ont dit non au partenariat de l’UE avec  l’Ukraine. Une initiative permise chez eux, tenez : “Ils (les initiateurs de ce scrutin) ont saisi l’opportunité d’une nouvelle loi néerlandaise sur les initiatives populaires, et ont réuni 480 000 signatures, bien plus que les 300 000 requises”. Donc ils ont dit non… ce qui n’engage à rien du tout, vu que les dirigeants européens vont faire comme si rien ne s’était dit. Voyez comme notre “non” français a été suivi d’effet en 2005 ! on peut flûter… ils s’en foutent, là-haut à Bruxelles, une fois. Elargir, élargir, c’est leur psaume, et tant pis si ça ne ressemble plus à rien.

Le courrier des lecteurs à ce sujet est instructif. Une lectrice attentive relève une expression impropre dans l’article : “avec les attentats, la crise migratoire qui a mis à jour ses profondes divisions, l’Union donne l’image d’une construction politique en panne…“. Non, écrit-elle, c’est “mis au jour, pas mis à jour”. Evidemment elle a raison ; en effet, on met au jour les divisions (on les fait apparaître) ; les mettre à jour ce serait les actualiser, si je puis me permettre ce verbe inélégant mais de sens clair.

Ceci étant, les divisions entre pays européens se trouvent mises à jour... par ce nouveau résultat d’une consultation populaire (populiste, diront certains, vu que les partis nationalistes hollandais, extrême-droite etc, ont plaidé pour le Non et affiché leur satisfaction).

Qu’en penser ? nous avons un Président du Conseil Européen polonais, monsieur Donald Tusk ; ce monsieur “félicitait l’autre jour les progrès faits par le Kosovo pour rejoindre le camps (avec un s, sic)  euro-atlantique”. Que voilà une déclaration éclairante : l’UE va s’élargir à l’OTAN, ou peu s’en faut, si ça continue, arrimée en bon chien-chien atlantiste aux USA. Euro-atlantique… non mais on va où, là ?

Tibert

Pile, je perds ; face, tu gagnes

Tout’ ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air : vous connaissez la chanson, et ma foi pourquoi pas, si l’on aime les voyages et qu’on n’est pas claustrophobe (…phobe : “qui craint”, pas “qui déteste”) . Une hôtesse de l’air qui s’en irait, joyeuse, convoyer par exemple des voyageurs vers Téhéran, en Iran.  Une hôtesse de l’air pas bâchée dans l’avion : elle est en uniforme. Même musulmane et même si Air France a démissionné et ne sert jamais-jamais de porc dans ses plateaux-repas, elle se doit en effet de respecter la neutralité confessionnelle devant son “public”.  Mais, dès le pied posé sur le sol iranien, hop, elle se coiffe d’un foulard ! parce que c’est comme ça, en Iran les femmes se mettent un foulard sur la tête, c’est la loi islamique iranienne et sinon c’est tout plein de gros ennuis ! songez, si elle affolait les mâles ? ces mêmes mâles dont je vous causais dans un récent billet, totalement dépourvus de surmoi, ils ont des couilles donc pas de surmoi, c’est physique. D’ailleurs un mâle qui voit une femme sans foulard en déduit forcément que c’est une pute, what else ?

Bon, après débat – les hôtesses de l’air laïques, féministes, athées, chrétiennes, boudhistes, shintoïstes, juives, animistes etc… renâclaient à cette obligation, et on les comprend – la compagnie Air-France n’enverra à Téhéran que des hommes – là, pas de problème, même sans chapeau ils ne provoquent pas d’émeute, les femmes contrôlent mieux leurs pulsions – ou des femmes volontaires pour cette ligne, et consentantes à cette obligation de voilage. C’est un arrangement de bon sens…

… de bon sens ?? tenez, en Suisse, il paraît que dans un bled du doux nom de Therwil, du côté de Bâle, deux élèves mâles musulmans ont été dispensés de serrer la main de leur professeur femme. Je cite l’article : ” Les deux jeunes hommes ont expliqué que la professeure n’étant ni leur femme ni un membre de leur famille, il leur était interdit par la religion de la toucher. Des cas similaires auraient été signalés… etc etc...”.

Vous voyez le truc ? ça ressemble furieusement à ce que j’écris dans mon titre.

Tibert

En attendant la fin

Si vous lisez LeMondeSurToileadblok déconnecté, soupir… – notamment les réactions au projet de Loi-Travail alias “El Khomri”, vous lisez des trucs du genre “J’ai pas voté Hollande pour ça” (c’est un syndiqué FSU, Mélenchoniste du premier tour et rallié à Hollande au deuxième qui le dit) : en effet, poursuit ce de-gauche-déçu-de-la-gauche, à part le mariage homo, qu’est-ce qui a été réalisé des promesses de Normal-en-Chef ?  hein ?

Je le rejoins presque, à une virgule près, le Mélenchoniste déçu : moi non plus “j’ai pas voté Hollande, pour ça“.

La mesure-phare du Président, le mariage homo, étant passée pour marquer l’Histoire de la Gauche, j’attendais qu’il s’en prenne, le Chef, à ces abominables raideurs qui nous tuent ; qu’il entreprenne enfin de moderniser ce pays et lui donner de la fierté d’exister.

Toujours plus complexes et alambiquées, nos lois s’entassent, illisibles.

Simplifier le mille-feuilles administratif, réduire drastiquement le nombre ubuesque d’élus ? ce que ça donne, des Nouvelles Régions moins nombreuses – taillées au lance-pierre ou au jeu de fléchettes – mais les vieux départements sont toujours là, et les 36.000 communes, et les cantons, et les arrondissements, et… encore plus d’élus !

Et on a maintenant un pays ingouvernable, vu que le PS a sa propre opposition, virulente, couteau-entre-les-dents, qui met des bâtons dans les roues du scooter de Normal. Ingouvernable : il y en a qui du coup dissoudraient l’Assemblée, mais à treize mois de l’élection… à quoi bon ? allez, plus que treize mois d’ingouvernabilité.

Et puis cette loi El-Khomri est inepte. Rapiéçages… reprises et ravaudages, là où ce pays a besoin d’une refonte juste et simplificatrice du Code du Travail, ce pavé. Nos syndicats sont scandaleusement petits – sauf chez les fonctionnaires, et pour cause ! – mais sur-représentatifs, les fonctionnaires ne sont pas concernés par le projet, on en est à la troisième mouture sous la dictée de l’UNEF, de la CGT, de la CFDT, de FO, des groupuscules : à quoi ça rime ? stop au massacre, halte au feu, on perd son temps.

Expédiez donc les affaires courantes, monsieur le Président, c’est à peu près tout ce qui vous reste.

Tibert

Pudiques et chic ?

Les H & M, Uniqlo, Marks & Spencer etc, toutes marques de fringues fabriquées on ne sait pas trop où et payées à coups de lance-pierre dans des pays lointains, se sont avisées que les femmes juives-pieuses (très petit pourcentage) ou musulmanes observantes – soumises vestimentairement à leurs mâles – font un assez joli et volumineux marché. Songeons qu’il y a 4,5 millions de musulmans chez nous selon les statistiques ethniques hélas interdites (chuuut, je vous cite le chiffre off-the-records de la ministre des Droits des Femmes). Bref ces marques se lancent dans la mode “pudique”, y a du blé à faire, et qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de l’image et de la place sociale des femmes, du moment que ça se vend. Tenez, un des multiples articles qui en traitent, et si vous y tenez, voyez la moisson de réponses sur un moteur de recherche pour “mode pudique“, il y a même des sites islamiques qui vous vantent la chose.

“Pudique”, la mode en question  :  ce qui par opposition place les autres créations en position d’impudeur. Femmes impudiques, celles qui osent montrer peu ou prou leurs jambes, leurs bras, leur cou, leur chevelure, leur décolleté, les courbes de leur corps, suscitant aussi sec chez les mâles – ce sont des mâles, le Créateur les a faits comme ça, ils n’y peuvent rien, c’est plus fort qu’eux – d’embarrassantes et volumineuses turgescences dans leurs pantalons… douloureuses, invalidantes et irrépressibles bandaisons… qui dira la détresse du mâle qui bande de voir et ne peut toucher, s’approprier ?

Bref tout ça pour dire, premio, que la ministre des droits des femmes a raison de se rebiffer contre ces “modes” arriéristes ; deuxiémo, que ces marchands de fringues, tous installés dans des pays où les femmes ont conquis leur dignité et leurs droits, ont droit à mon mépris. Mercanti !

Tibert

Tu vas la lire, ma pub, saleté ?!

(Parenthèse liminaire : Mme Cosse, la très récente ministre du logement, projette de faire étendre les encadrements de loyers à de nouvelles grands villes… en voilà une qu’a tout compris, et qui ne travaille pas avec des oeillères idéologiques  😉 mais bon, si tout va bien, acceptons-en l’augure, dans quinze mois maximum elle aura fini de nuire, de plomber encore un peu plus le marché du logement. Fin de la parenthèse).

Mais, revenons à mon sujet : depuis une semaine, c’est l’épidémie, pas un canard-sur-Toile (sauf Libé, allez, Libé est sympa, nonobstant son contenu consternant) qui soit lisible sans ennuis au pluriel. Il faut, me disent-ils tous, que je désactive mon bloqueur de pub, car, paraît-il, il doivent pouvoir m’infliger leurs placards de pub, c’est de ça qu’ils vivent : des placards de pub. Or, ils ont constaté, justement, navrés, que j’utilisais un bloqueur de pub.

Il est vrai que j’utilise ce truc, ce petit module additif à mon “butineur”, mon esquif sur la Toile, bref mon navigateur-Internet : un “adblock”. C’est fou comme on navigue mieux avec un adblock, disparues toutes ces tartines colorées, criardes, répétitives de placards (des tartines de placards ! n’importe quoi…) qui envahissent l’écran, tout ça pour me vanter une bagnole, un séjour sous les palmiers, des fringues des godasses des chemises du parfum des grolles des costards des voitures des montres, etc etc. Pourquoi ? d’abord ces panneaux de pub plombent et ralentissent gravement l’affichage des pages, et moi justement mon accès Internet est poussif, car campagnard ; forcément, je n’intéresse pas les opérateurs de réseaux. Et puis j’ai une aversion non feinte pur la pub, c’est lourd, pénible, fatigant, contre-productif.

Donc, le Parigot refuse d’afficher ses pages, le Figaro se met à flouter les textes, Le Monde me culpabilise : ils me demandent instamment de désactiver mon bloqueur de pub ! eh bien, je vais vous dire, je l’ai désactivé pour eux. J’ai cédé – aaahhh se disent-ils, les annonceurs obstinés et invasifs, on a gagné. Oui, ils ont gagné de me faire ch… un peu plus encore : disposition d’esprit particulièrement favorable aux  achats impulsifs, vous pensez bien.

Tibert

Bretons ? oui mais non

Chers z’auditeurs, (“chères auditrices et chers auditeurs“, diraient les hommes-et-femmes politiques), ce que j’écrivais à propos de la “demande” d’aéroport Grand-nantais de la part des Bretons était bigrement vrai, et se confirme haut et fort. Tenez, lisez cette amorce d’article du Monde-Sur-Toile (si vous êtes abonnés (abonnées ou abonnés), veinards (veinardes et veinards), vous le lirez in extenso. Les Bretons (les Bretonnes et les Bretons) le veulent, eux, leur aéroport nantais à NDDL, Notre-Dame etc etc, à vingt-cinq bornes de Nantes. L’aéroport “du grand-Ouest”, qu’ils (qu’elles et ils) le nomment, et comme chacun (chacune et chacun, pfff, ça devient épuisant le langage politico-correct, j’arrête) sait, Nantes est bretonne, Nantes “Naoned”, le château des Ducs, Anne de Bretagne, Gilles Servat, Fougères et Clisson, etc.

Oups ! chers auditeurs, on me fait signe en régie que, non, Nantes n’est pas en Bretagne. Deux régions en effet ont échappé aux charcutages idiots des Nouvelles Régions :  la Bretagne et les Pays-de-Loire. Nantes, stupidement, reste donc dans cette immuable immobilisme régional “paysdeloirain” de par la volonté absconse (manips politicardes, très probablement) de nos Maîtres Vénérés. Et donc, si Pays-de-Loire il y a, les Vendéens, eux, par exemple, citoyens paysdeloirains s’il en est, n’ont aucune envie que l’aéroport nantais déménage à perpette au nord du fleuve. Que les Bretons ostracistes se fassent, sans Nantes, leur GAB à eux, leur Grand Aéroport vraiment Breton 100 %  pur Breizh à Rennes, Lannion, Brest, Quimper, Morlaix, Quimperlé, Vannes, Redon, Plonevez-du-Faou, Plufur, Le Faoüet, Lézardrieux, que sais-je. Faut avoir un peu de cohérence, tout’d’même ; faut assumer ses choix. Et,  kenavo !

Tibert.

Pourquoi ne peut-on pas s'épiler les sourcils ?

J’ai appris un truc en lisant un article (gratuit in extenso, profitez-en, ça ne durera pas) dans Le Monde-Sur-Toile. On y relate la conversion à l’Islam d’une jeune femme “caucasienne”. Elle raconte, Marine (c’est son prénom d’article) que le port du voile, le non-porc à table, l’abstinence d’alcool et de sorties en boîte, le non-vernis à ongles, les cinq prières par jour… pas de problème, mais que la non-épilation des sourcils, ça ça l’a perturbée.

Pourquoi elle ne peut pas s’épiler les sourcils ? Marine explique : “Chaque partie de notre corps a une fonction bien précise, en l’occurrence les sourcils sont une barrière naturelle qui protège les yeux des poussières (*)“. Interdiction d’altérer les fonctions du corps… moi je veux bien, mais quid des cheveux ? ils ont une fonction naturelle bien précise, non ? couvrir la tête, protéger du froid, des matraques, faire jouli, etc… alors pourquoi mettre un voile par dessus ? je perçois mal la logique.

Et, tenez, je vais vous dire, je vais généraliser : je perçois mal la logique qui voudrait qu’un Super-être super-puissant ait créé tout ça, la Terre et la Voie Lactée, la galaxie Gamma-42B12 à six-cent-douze années-lumière de chez moi, Bételgeuse et les Trous noirs, la dilatation de l’espace-temps, l’eau qui gèle à zéro degré Celsius pile-poil (**) et le boson de Higgs, aux seules fins de… de quoi, au fait ? un jour d’ennui, ce super-héros s’est dit, tiens si je créais l’univers, pour voir si j’ai pas perdu la main ?

Et s’il est capable, Qui que ce soit (Qui ? ils ne sont pas d’accord, les religieux : c’est Lui, non c’est Lui, non t’as tout faux c’est Lui, d’abord y a que le Mien qu’est le bon, non c’est le Mien, etc, bref c’est assez cacophonique, attendons qu’ils accordent leurs violons…), s’Il est capable, donc, de créer des galaxies de taille ééééénorme à Pétaouchnock aussi bien que des punaises de lit carrément dévastatrices juste sous nos fesses, qu’est-ce qu’Il en a à cirer qu’on s’épile les sourcils ou pas ? qu’est-ce que ça peut Lui foutre ? Il est tatillon, sourcilleux à ce point là ?  Bref j’ai des doutes ; à mon avis Il a un problème d’Ego. Tenez, rien que de devoir lui répéter tous les jours ad nauseam qu’Il est grand, qu’Il est bon, qu’Il est puissant, c’est gonflant, à la fin. Il a des doutes ?

Tibert, sceptique

(*) Mal conçus, les sourcils, de ce point de vue : je me prends souvent des poussières dans l’oeil dans les descentes en faisant du vélo.

(**) Vous avez remarqué ? l’eau gèle à 0°C EXACTEMENT, pas 17,99 °C pendant les soldes, non : Zéro pile. Confondant, non ? ça peut pas être un hasard, c’est forcément la volonté de Dieu.

 

On nivelle, on arase, on égalise

“Le Monde-sur-Toile” se soucie énormément de la réduction des inégalités à l’école. Tenez, à la rubrique “Education” de l’onglet Société de ce jour,  quatre (quatre ! ) articles contigus et convergents, beau tir groupé :

– Pour une école sans exclusion.
– Le lien très fort entre difficulté en lecture et difficulté sociale s’est aggravé.
– Notre système scolaire est terriblement inégalitaire.
– La suppression partielle des notes réduirait les inégalités entre élèves.

On en est bien d’accord, l’intelligence innée, la fourniture de base en neurones, ne suffit pas à épanouir, éveiller les capacités intellectuelles des gosses ; les sollicitations du milieu ambiant sont essentielles, et mieux valent pour un gamin de sept-huit ans les lectures, les jeux créatifs, les dialogues au vocabulaire riche que les Bisounours ou les Simpson en boucle à la télé, agrémentés d’une palette de 800 mots maximum. Tous trucs de milieux aisés et instruits (enfin, c’est la thèse sous-jacente…).

Certes… mais les bibliothèques municipales sont gratuites, la télé n’est pas obligatoire, on joue souvent beaucoup mieux avec trois bouts de ficelle et un couvercle de boîte à cirage qu’avec ces ignobles monstres-supermen de plastique multicolore des boutiques laides des centres commerciaux hideux.

Le dernier titre me remplit d’aise : supprimer (en partie) les notes réduirait les inégalités entre élèves ! de l’art d’enfoncer les portes ouvertes. En somme, si l’on ne note plus les élèves, il n’y a plus de hiérarchie, d’inégalité… pas con du tout. Voilà qui va grandement stimuler l’émulation et l’envie de progresser.

Tibert

Moi, mon adrénaline et ma liberté

Le Figaro nous surprend le matin au saut du plumard. Non qu’une journaleuse chroniqueuse de fashion ou de make-up ou de dress-code en fasse des tonnes dans le Rosbif aujourd’hui ; non, il s’agit de graf, de graffiti, de grapheurs, d’une plongée dans les motivations, les délices, les jouissances du graf. Le Figaro donne la parole à des grapheurs célèbres…
Vous descendez de chez vous et pour la quatorzième fois vous constatez que le portail de votre immeuble a morflé une coulée de bombe à peinture en forme de zébra cabalistique ? c’est qu’un salopard s’est encore soulagé sur cette porte, pensez-vous, et de maudire le laxisme de nos gouvernants qui permet que les villes, nos villes, soient devenues hideuses en plus d’être sales. Vous avez tout faux : ce graffito , cette chiure sur la porte, a permis à un artiste nocturne et furtif de jouir, et c’est l’essentiel – pour lui. Vous, il s’en fout. Ecoutez : «Quand je descends dans la rue pour taguer, ce que je veux ressentir d’abord, c’est la pulsion de liberté. Le reste est secondaire.»
Secondaire, votre liberté à vous et le respect de votre environnement. Secondaires, les frais de remise en état de la porte. Secondaire, la laideur. Je veux jouir, disent les grapheurs. Moi. Ma sensation de liberté, ma montée d’adrénaline. Moi.

Griotte sur le gâteau de l’article figaresque : un grapheur illustre se retrouve “chez Trintignant” (l’acteur, pas le coureur automobile), place des Vosges à Paris… et son fils de lui dire, genre “viens chez moi, j’habite chez une copine” : “ah c’est toi Machin ? tu peux rester ici aussi longtemps que tu veux“. L’article ne précise pas, mais on l’imagine bien, c’est une belle histoire, que Machin a pu, en retour, enjoliver de son illustre barbouille en boîte la porte cochère de l’immeuble en question. Les tags sur les portes cochères de la Place des Vosges, outre l’exquise montée d’adrénaline, ça fait jouli ; d’aucuns en sont notoirement amateurs, d’ailleurs.

Tibert