Quand ça ne fonctionne pas, on continue !

Je rebondis malgré mes vieilles ankyloses sur cet édito du Monde, qui pointe la pusillanimité de nos Chefs sur le sujet du cannabis, pour « plusser » (affreux néologisme pour abonder dans le sens de…) les nombreux lecteurs de cet article qui critiquent la co… bref l’obstination stupide dans la politique pénale actuelle du cannabis et dérivés. Certes le gouvernement réfléchit à remplacer cette répression irréaliste et inopérante par des contraventions… certes… c’est moins idiot que le traitement actuel – quasi jamais appliqué, comme tant d’autres – mais c’est terriblement timoré, petit joueur.

Bref : ce gouvernement supposé moderne, actif et incisif se comporte face au problème des drogues dites « douces » comme une assemblée de chaisières. Allez, un peu de courage, que diable !

Quant à défendre le système actuel théoriquement-répressif-mais-en-fait-pas-du-tout, en invoquant l’indispensable maintien de l’économie parallèle du deal qui fait vivre des tas de cités… autant justifier a posteriori la prohibition aux States dans les années 30 par la bonne santé financière des bandes de gangsters et des distilleries clandestines ! ou bien, plus près de chez nous, remettre en route le projet inutile de l’aéroport NDDL : si si c’est utile, ça va faire des tas d’emplois, ça fera tourner le BTP ! c’est bon, ça, coco, tiens, il y a même un adage pour ça : quand le BTP va…

Tibert

 

L’autruche et la fumette

C’est un titre à la Jean De La Fontaine, je sais. Je regardais ces derniers jours un vieux film anglais où deux jeunes tourtereaux désargentés et laborieux se roulent un joint selon les règles de l’art, en chauffant le shit afin de l’émietter, etc… mais bon, je n’insiste pas, vous savez ça.

Vous savez ça, hein ? ben oui, sûrement, et plein de films montrent des gens supposés tirer sur des joints. C’est interdit, notez bien. Interdit d’en fabriquer, d’en vendre, d’en détenir, d’en acheter, d’en consommer. Et, donc, répression oblige, la nouvelle Cheffe de la Région Ile-de-France envisage –  riche idée – de mettre en place des tests salivaires dans les lycées pour dépister les accros à la fumette… tenez, lisez ça !

Les bras m’en tombent. Nous avons des dirigeants hors-sol, décidément, ou ils sont sourds et aveugles – et ils ont le nez bouché. Il est clair que, plutôt que d’officialiser mordicus-scrogneugneu le « mariage pour tous » (pour les homos, en fait, les autres sont peu enthousiastes), LA belle avancée sociétale qu’aurait pu inscrire Normal-Moi à son tableau d’honneur, ç’aurait été la légalisation de la consommation du cannabis et dérivés. On nage dans l’hypocrisie la plus épaisse, là. Et que ce projet de tests salivaires fasse rire dans les bahuts, c’est bien compréhensible : sur quelle planète sont-ils, là-haut ?

Allons, redisons-le : l’alcool est en vente libre, « à consommer avec modération », bien entendu. Le cannabis est très très vilain, lui. Comprenne qui pourra… drôle de pays, tout de même.

Tibert

 

Torrides aveux

On doit être mort de rire dans les cités (« MDR dans les téci », comme il faudrait écrire, à supposer qu’on sache encore écrire dans la culture du SMS, des onomatopées et des gestes obscènes ) : monsieur Valls admet, à reculons, concède, interrrogé sévèrement par l’inquisiteur du matin à la radio : « il m’est arrivé d’avoir fumé, peut-être une fois [du cannabis, NDLR] ». Ceci en écho à une déclaration similaire mais plus courageuse de Barack Obama, qui, lui aussi, oui oui, a fumé étant jeune : « je ne pense pas que le cannabis soit plus dangereux que l’alcool« .

Ainsi donc, vous aussi, garnements ! quelle épouvantable époque qui nous voit gouvernés par d’occasionnels fumeurs de pétards ! entre le furtif Normal Amant de l’aube glauque quittant la rue du Cirque, casqué intégral mais sans la sangle, sur un scooter 3 roues même pas français, et le Premier Flic de France qui a consommé du shit « peut-être une fois« , où chercher des repères, des lignes de conduite ?

Mais trêve de second degré : cette hypocrisie de nos « politiques » est décidément insupportable. Faux-culs car très très soucieux de leur image, cachés derrière leur petit doigt… le vrai, c’est que l’interdiction du cannabis est un anachronisme idiot, quand on peut se bourrer la gueule au gros pif 12°5 ou au Chivas 12 ans d’âge, selon son niveau de compte en banque, ad libitum, et ad bibitum. Un anachronisme, un manque de jugeotte, une perte de rentrées fiscales, un encouragement à l’économie souterraine, et une dangereuse irresponsabilité face aux problèmes de santé publique que ça pose.

Tiens, oserai-je un parallèle hardi ? (je sens que oui…) : le voile pudique, l’aveuglement qui occultent cette économie illégale du cannabis, c’est, toutes proportions gardées, la cécité sélective de nos gouvernants vis-à-vis de cette verrue clinquante et friquée qu’est Monaco : ça doit bien servir à quelque chose, sinon il y a longtemps qu’on y aurait mis fin.

Tibert

Petites et grosses canailles, bis

La découverte d’un vaste réseau familial d’enrichissement illégal via des membres installés au Maroc (producteur de cannabis), à Paris (royaume des consommateurs de cannabis) et à Genève (fief des blanchisseurs de fric) me laisse à penser qu’on a trouvé là le paradigme de l’hypocrisie sociétale qui entoure cette question. Le paradigme : la forme cristallisée de la connerie qui règne sur le problème du cannabis.

On ignore si l’élue Verte – verte comme la couleur des feuilles de cannabis – du 13ème arrondisssement de Paris, membre de cette « famille », a démissionné, va démissionner, a démenti ou va démentir avoir démissionné. On ignore également si les 400.000 euros en liquide trouvés chez elle derrière le pot de crème de nuit sont venus chez elle à pied, n’y sont pas venus mais si, mais non, mais si, s’ils se trouvaient là à l’insu de son plein gré, si c’était pour faire les courses au Franprix du coin. Ce qu’on sait et qu’on voit c’est que le microcosme Rose-Vert est en émoi, ciel ! mon Dieu ! c’est affreux ! abasourdis, meurtris, tout ça : on les plaint (*).

On comprend mieux ainsi pourquoi on s’obstine en haut lieu à maintenir le cannabis dans la classe des drogues dures, cocaïne, crack, héroïne, amphétamines et j’en passe : l’illégalité permet certes aux petits malins, guetteurs, dealers, fourmis approvisionneuses, de se faire des fins de mois confortables ; mais elle permet aussi et surtout aux gros malins de se faire des couilles en or.

Qu’on en finisse avec ce cache-cache : le cannabis est dangereux, c’est évident, oui, certes, j’en suis bien d’accord. Pas plus, et plutôt moins que l’alcool, pas beaucoup plus que le tabac, du même tonneau que les anxiolytiques que l’on prescrit à tours de bras en France (sans parler du tandem anxio-alcool, waouhh !). Mais le cannabis est la cause d’une grande confusion dans la répression anti-drogue, complique inutilement le travail de la police, encombre inutilement les tribunaux. Qu’on réprime donc plus efficacement la vente et l’usage des drogues dures, et qu’on organise le marché légal du cannabis – avec les mêmes contraintes et les mêmes préventions que pour l’alcool, bien évidemment. Ce sera au gouvernement de se faire des couilles en or, mais ça il a l’habitude, et puis c’est plutôt une bonne nouvelle, ce sera autant qu’il n’ira pas chercher dans nos poches (on peut toujours rêver…).

Tibert

(*) Il y a pourtant des Verts, et même des Roses lucides, ça existe, tenez, le Ministre de l’Educ’Nat’, par exemple, et qui ont compris pourquoi le cannabis doit être légalisé, au moins en ce qui concerne la consommation personnelle.

Ah, chiche !

Le PS, gravement, se demande si monsieur Mitterand, Frédéric, mérite bien de porter le nom de son oncle… comment peut-on être parent d’un éminent socialiste et ministre d’un gouvernement UMP ? il est pas normal, ce mec… il doit bien avoir des cases qui lui manquent… d’ailleurs, si le FN le dit, c’est que ça doit être vrai.

Bon, c’est pas tout ça, mais certains, au PS, continuent de penser par eux-mêmes. Et ça produit des trucs pas débiles. Pour une fois, il ne s’agit pas de charger « les riches » de toutes les tares (vous avez remarqué ? c’est toujours la faute aux riches ; je n’aime pas les riches », disait monsieur Hollande), mais de prendre une mesure de simple bon sens.  Tenez : « Le PS relance le débat sur la légalisation du cannabis en France« . En voilà une idée qu’elle est bonne !

On suit une logique particulière, en France  :  le ballon de rouge est moins cher au bistrot du coin que le Vittel-fraise. On nous invite simplement à  « consommer avec modération« . Idem, les cigarettes, le tabac : je peux librement griller 20 paquets de clopes par jour si je veux ; c’est juste une question de budget. On m’informe toutefois gentiment que « Fumer tue ». Certes. Vivre tue, d’ailleurs. En revanche, une fumette entre amis, le soir à la veillée, c’est très grave !  c’est très dangereux ! « pour votre sécurité… », attention ! vous êtes foutu, vous allez bien évidemment de passer aux drogues dures en moins de deux !

Question 1 : buvant 2 verres de vin par jour (c’est juste un exemple), suis-je obligatoirement sur la pente savonneuse du pochetron à 3 bouteilles par jour ? non ? pas obligatoirement ?  donc, si je me fais un petit joint deux fois par semaine, serai-je obligatoirement amené à très court terme à me shooter à l’héroïne 3 fois par jour ?

Question 2 : combien parmi vous avez fumé des joints ? plein de bras se lèvent… combien sont passés aux drogues dures ? pas grand monde… alors ? ce passage soi-disant obligé aux drogues dures : raisonnement fumeux, frileux, abstrait, préjugé ridicule qui nous coûte cher.

Bien évidemment qu’il faut le libéraliser, le cannabis ! on ne sera pas les premiers à le faire. Et imprimer sur les paquets « Fumer tue, donc bien évidemment fumer du cannabis tue ». Et le déconseiller aux femmes enceintes, et réprimer l’ivresse au volant, que ce soit au pinard ou au cannabis.  » Un joint ça va…, etc etc ». Deux avantages immédiats à cette mesure de bon sens :

– le fric : l’Etat va se remplumer (les buralistes aussi) ; voilà une nouvelle taxe toute trouvée ! et même pas besoin d’invoquer le réchauffement climatique. Et les caïds des cités du 9-3 ou d’ailleurs vont devoir trouver autre chose. Bosser ? va savoir… rien n’est impossible… quoique…

– la santé publique : quoi de plus sale, de plus microbogène, que de faire circuler le joint, le chilum ? c’est festif, certes, mais parce que c’est interdit. Autorisé, le joint n’a plus aucune raison de circuler de bouche à bouche dans la complicité, dans le mélange des cultures microbiennes. Ce sera bien plus propre.

Tibert