Vanités

( Un titre rigolo de Ouest-France, ce matin : « Que se passe-t-il si la flamme olympique s’éteint ? On vous répond » . Je vais vous le dire, moi : on la rallume ! discrètement si possible, le porteur ou la porteuse fait par exemple semblant d’avoir envie de faire pipi, se trouve un petit coin. Avec une dotation comprenant de base un briquet, du papier journal, une boîte d’allumettes, un chalumeau de poche, un kit bâtonnet de bois durci- brindilles sèches-2 silex, alors avec ça si la flamme ne redémarre pas, c’est à pleurer. A ce propos, tout ce cirque autour d’une bougie, ces cérémonies, le retour vers la France en 3-mâts grand luxe, les chorégraphies de pom-pom girls athéniennes, c’est assez navrant ; le ridicule ne tue pas, décidément. Ces mascarades sont affligeantes, vivement qu’on passe à autre chose : il y a bien longtemps que le sport « olympique » est sorti de l’amateurisme naïf de Pierre de Coubertin. )

Et puis d’aucuns dissertent gravement sur la pertinence ou pas d’autoriser la pub pour les livres à la télé. Là aussi on en est à débattre du sexe des anges : ça existe déjà, la pub pour les livres, à la télé. Pas des spots « Soyez le trois-millionnième lecteur de Fantômas chez les Wisigoths, on se l’arrache » ou « Madame Michu, si je vous propose d’échanger ces 3 polars très moyens contre votre magnifique Du raisiné dans la choucroute ? – ah non non, pas question, je le garde » . Mais de la brosse à reluire, quand on reçoit l’écrivain MachinTruc à propos de son dernier opus, ça se fait, ça, et souvent. C’est d’ailleurs du même tonneau que lorsqu’une paire d’acteurs connus vient causer de la sortie de leur dernier film… si ce n’est pas de la pub, ça y ressemble bigrement. Mais bref… il s’agit de se demander si ladite pub pour les livres va inciter à lire plus, et plus éclectique, ou au contraire rétrécir le champ à quelques grosses pointures rentables, qui gagnent déjà très bien leur vie, et leur éditeur avec.

Eh bien, tout ça est assez vain. Chez Carrouf’ ou autres hypermégastores, on ne trouve déjà que la grosse cavalerie des best-sellers ; chez les libraires dignes de ce nom, seuls les lecteurs invétérés s’obstineront à fourrager dans les rayons : les grosses promotions, ils s’en fichent, voire les fuient, alors la pub… Cependant que le gros de la troupe ne modifiera en rien ses choix : on ne lit plus ! Chacun concourt à l’abrutissement collectif, les yeux rivés sur l’écran lumineux 6 pouces-2/5 niché au creux de la paume, à la recherche compulsive des derniers gags rigolos ou des récentes préconisations commerciales d’une influençeuse spécialiste du recalibrage des sourcils ou des piercings du nombril. Tout un symbole de notre époque, le piercing du nombril.

Tibert

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