Politique et sport

On aura bientôt l’inévitable torticolis du printemps : à Roland-Garros (à Paris, forcément) c’est dans cinq semaines ; Wimbledon c’est un mois plus tard, mais on n’y a jamais droit – les droits de rediffusion à la télé, évidemment, histoire de gros sous. Les joueurs de tennis s’inscrivent donc, ces temps-ci… pas moi, hélas, j’ai une douleur persistante derrière les quadriceps droits qui va m’empêcher de défendre mon classement ATP, et puis mon coach me conseille une pause. Mais toutes les vedettes y vont, affaire de standing, de fric… et de sport, tout de même. Ceci dit, les organisateurs de Wimbledon annoncent qu’ils boycotteront les joueurs russes et biélorusses. Vaste sujet ! le sport malgré tout ? la politique sur les courts ? the show must go on ? (le spectacle doit continuer) ?

J’ai, on le sait, pris clairement position contre certaines exclusions, par exemple s’agissant de monsieur Polanski, quand on lui reprochait certains abus sexuels – frappés de prescription, d’ailleurs. Je prétends qu’il faut savoir distinguer l’homme et l’artiste – Céline le collabo et Céline l’écrivain, gnagnagna… – et qu’en l’occurrence l’artiste c’est l’artiste, perçu et reçu en tant que tel : on n’est pas obligé d’approuver ses possibles turpitudes ou errements en tant qu’être humain. Mais ici c’est autre chose : d’abord ces sportifs « artistes » de la raquette sont des hommes et des femmes d’affaires, souvent exilés en Suisse, Monaco… là où les impôts sont miséricordieux aux pauvres gens riches. Et puis c’est une question d’échelle : entre Polanski et Poutine, comme on dit, « y a pas photo » ! L’agression brutale, sanglante, massive envers un pays souverain – accompagnée de mensonges énormes et de répression féroce des protestations – mérite à mes yeux qu’on emploie tous les moyens possibles pour s’y opposer, y compris les bouts de ficelles.

Les ténors du tennis russe et biélorusse ne reçoivent aucun missile sur la trombine, ne risquent pas de mourir en traversant la rue pour aller chercher de l’eau, ni de se faire zigouiller par des soldats abrutis de vodka. Ils pourront réfléchir et se documenter sur les tenants et les aboutissants de cette « guerre » : ils en ont d’ailleurs les moyens, résidant et voyageant hors de la sphère de propagande russe. Ils survivront, eux. Et qui sait ? si Poutine tient vraiment à voir ses champions garder leur rang à l’ATP, peut-être révisera-t-il les plans tordus et obscurs de son « opération spéciale ». On peut rêver, non ?

Tibert

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