Tirages de couverture

( Le passe sanitaire… dans les vrais restaus « assis » , c’est jouable, on a le temps, entre la commande et la carafe d’eau sur la table – mais avant d’apporter les amuse-gueules. Mais dans les bars ? « Salut ! tiens, sers-moi un petit sauvignon – Ton QR-Code d’abord, Paulo ! » .  Vous imaginez ? moi pas trop, non plus. A mon humble avis il y aura des trous dans la raquette. La vaccination pour tous, sans nuance, aurait évité ce genre de système usine-à-gaz. Ceci étant, d’autres pays le font sans problème depuis jolie lurette ; aux USA, tout jeunot voulant aller boire un coup se voit demander par le patron ou le videur « Let’s see your ID » ( t’as une preuve que tu es majeur ? ). Il faut croire que c’est une autre culture… )

Mais au fait : l‘amorce d’article du Parigot sur la prochaine traditionnelle « manif du samedi » permet d’ouvrir plein d’hypothèses. D’abord, pourquoi des tas de Français, au lieu de pousser comme d’hab’ leurs caddies dans les allées des supermarchés pour refaire les stocks de cacahouètes goût fumé, de Daïète-Cauque et de pizzas surgelées, vont-ils pousser des hurlements et brandir des pancartes ? bonne question… et puis, tout le monde le dit, c’est un incroyable patchwork de revendications pour des tas de causes, de toutes nuances, unies, peut-être ? par la même curieuse haine de ce jeunot insolent et à rouflaquettes qui dirige le pays (*). Le Parigot pointe la chose : Mélenchon et Le Pen vont évidemment tenter de résoudre l’équation en leur faveur respective, de tirer à eux, chacun pour soi, la couverture des gueulards. Bon courage les amis ! la capacité à synthétiser « à la louche » sera mise à rude épreuve.

Tenez, Méluche est pour la science, si si, il se fait vacciner… Marine ? pas clair ! elle évite de communiquer là-dessus, même si a priori, oui, elle se ferait vacciner – en évitant la technique de l’ARN messager, précisait-elle : trop récent, pas de recul, gnagnagna… Bref, donnons-nous rendez-vous lundi, pour admirer les acrobaties des contorsionnistes, à LFI et au RN. Le match sera serré.

Tibert

(*) Curieux comme certains Français, nombreux, sont indulgents, voire ont un faible pour les présidents « doucement le matin, pas trop vite le soir« , façon Chichi ou Pépère, mais hargneux envers ceux qui s’agitent, prétendent faire bouger les lignes…

Sinistres (et) constats

Il y avait, dans ce village de bord de mer que je connais, aime et fréquente depuis cinquante ans, bien en vue au coin de deux rues, le réputé « Charcutèr » , plébiscité pour ses délicieuses saucisses – saucisses pour mécréants – et pour le duo « ie » terminal absent à son enseigne. C’est de nos jours un salon de coiffure de plus, un parmi six ou sept. Vos saucisses « fabriquées en France » si possible, vous irez donc les acheter, rutilantes et bien roses dans leurs barquettes scellées sous plastique (miam ! ), muni de votre caddie ou d’un panier ad hoc, à quelques encâblures de là – voiture quasiment obligatoire – chez Super-Hue, Lideul, Aldie ou Carrouf-Marquète. En revanche, si vous voulez acheter une propriété plutôt que 60 cm de saucisse, aucun problème : l’embarras du choix ! les agences immobilières ont poussé comme champignons après la pluie en automne.

Idem, hier je cherchais, au port voisin, les retours de petite pêche locale où j’avais l’habitude d’acheter sur place, raides encore, des maquereaux, des plies, des… poissons, ce qu’il y avait dans les casiers. Rien du tout ! je me suis rabattu sur le centre-ville, vers la superbe et opulente poissonnerie où j’allais parfois. C’est devenu une grosse agence immobilière ; il y en a trois autres aux alentours : ça manquait ! Il reste bien encore une petite poissonnerie, mais mal fichue et chère, non merci.

Ah, en revanche… si après avoir acheté une maison, un appartement, et avant d’acheter le prochain, vous désirez bouffer, vous restaurer d’un kebab, un hambourgeois, une galette garnie, un wrap, une barquette de frites, aucun problème, le choix est de plus en plus riche. Les délicieuses petites villes de bord de mer, Les Vacances de Monsieur Hulot ? alignements d’agences immobilières, de salons de coiffure, d’esthéticiennes, de relaxothérapies, de fleuristes, de foirfouyes à produits chinois. Et puis des traiteurs asiatiques, des pâtissiers-confiseurs, des gargotes. Et là-bas au loin, une fois passés les panneaux « 30 » les bardées de ralentisseurs les chicanes les placards de pub, des supérettes aux néons permanents et à la zizique « yaourt » américaine. Pour des citrons en provenance d’Afrique du Sud, des aulx arrivés d’Argentine ; pour y tourner en rond en poussant des caddies.

Et les autochtones ? bof, il y en a de moins en moins. Ils sont vieux.

Tibert

Aujourd’hui ? rien

C’est l’étiage. Les basses-eaux étales. Le jusant en fin de course. Rien à se mettre sous la dent du chroniqueur, sauf si l’on est accro aux exploits sportifs, évidemment. Mais pour ça, voyez vos canards habituels, ils essayent de faire mousser le truc, une médaille par ci, trois déceptions par là. Bon… les samedis bien noirs de chez Noir sur les routes, forcément, sinon la France ne serait plus la France ; le temps ? aff-freux ! comme de juste ; les prix (gaz, électricité, etc…) qui grimpent comme par enchantement quand on a la tête ailleurs. Que du très banal, quoi, en ce début Août.

Mais bref… hier, je suis allé me balader au bord d’une petite plage, je ne vous dirai pas z’où. Air vif et frais, basse mer (fraîche, elle aussi !), peu de soleil… peu de baigneurs ! vacanciers dispersés, pas du tout le genre bronzette à point et serviettes à touche-touche sur le sable. Et en retrait d’une levée de galets, trois bistrots alignés, aux terrasses bien remplies. Clairement, on est mieux avec un chandail à bavasser et siroter une mousse qu’à se geler les cacahouètes cent-cinquante mètres plus loin dans son maillot de bain. Devant un des rades, mais largement audible des trois, un couple guitariste-chanteuse avec un ampli… concert à la plage ! la nana module gentiment du blues ou similaire ; le guitariste accompagne, accords bien connus, classiques du genre. Les textes ? de l’anglais, du moins on peut le supposer, à tendre l’oreille : c’est du yaourt. Tout le monde semble se foutre, d’ailleurs, des textes en question. Que Germaine (appelons-la Germaine) chante en Rosbif « Allez tous vous faire mettre »  ou « Ah si je pouvais me gratter le dos » , aucune importance. A la limite, elle articulerait « lala, lalala… » , ça ferait pareil. Des textes ? quels textes ? (*)

Et, pensais-je, outre que de ces chansons on n’avait que la partie musicale, de quel droit ces deux musicos venaient-ils casser les claouis aux buveurs des terrasses ? si j’aime le calme, le silence, juste le bourdonnement des conversations aux tables voisines, je dois aller voir ailleurs ? Il se trouve que si l’on peut voir ailleurs, justement, ou toucher autre chose, on ne peut ni renifler, ni écouter ailleurs. L’odorat et l’ouïe sont comme ça, et donc nous imposer du blues – très-très moyen, le blues – là où nous sommes, c’est intrusif. Je proteste !

Au fait… j’ai lu il y a peu que l’on a installé, ici et là dans quelques rues, des radars à bruit ; juste à titre expérimental pour le moment. Le but : identifier et sanctionner les « mouches à merde » , mobs trafiquées-débridées, les motos à pots customisés, les caissons de basses à donf‘-vitres ouvertes, bref tous les amoureux des décibels déchirants. Une lueur d’espoir dans cette sombre actualité…

Tibert

(*) Une chanson c’est un texte lié à une musique, et vice-versa. Une belle chanson ? un bon texte enveloppé d’une bonne musique : les deux, mon capitaine. Un art mineur, disait Gainsbourg, qui en était un maître. Mineur, oui, mais bipède.