Aujourd’hui ? rien

C’est l’étiage. Les basses-eaux étales. Le jusant en fin de course. Rien à se mettre sous la dent du chroniqueur, sauf si l’on est accro aux exploits sportifs, évidemment. Mais pour ça, voyez vos canards habituels, ils essayent de faire mousser le truc, une médaille par ci, trois déceptions par là. Bon… les samedis bien noirs de chez Noir sur les routes, forcément, sinon la France ne serait plus la France ; le temps ? aff-freux ! comme de juste ; les prix (gaz, électricité, etc…) qui grimpent comme par enchantement quand on a la tête ailleurs. Que du très banal, quoi, en ce début Août.

Mais bref… hier, je suis allé me balader au bord d’une petite plage, je ne vous dirai pas z’où. Air vif et frais, basse mer (fraîche, elle aussi !), peu de soleil… peu de baigneurs ! vacanciers dispersés, pas du tout le genre bronzette à point et serviettes à touche-touche sur le sable. Et en retrait d’une levée de galets, trois bistrots alignés, aux terrasses bien remplies. Clairement, on est mieux avec un chandail à bavasser et siroter une mousse qu’à se geler les cacahouètes cent-cinquante mètres plus loin dans son maillot de bain. Devant un des rades, mais largement audible des trois, un couple guitariste-chanteuse avec un ampli… concert à la plage ! la nana module gentiment du blues ou similaire ; le guitariste accompagne, accords bien connus, classiques du genre. Les textes ? de l’anglais, du moins on peut le supposer, à tendre l’oreille : c’est du yaourt. Tout le monde semble se foutre, d’ailleurs, des textes en question. Que Germaine (appelons-la Germaine) chante en Rosbif « Allez tous vous faire mettre »  ou « Ah si je pouvais me gratter le dos » , aucune importance. A la limite, elle articulerait « lala, lalala… » , ça ferait pareil. Des textes ? quels textes ? (*)

Et, pensais-je, outre que de ces chansons on n’avait que la partie musicale, de quel droit ces deux musicos venaient-ils casser les claouis aux buveurs des terrasses ? si j’aime le calme, le silence, juste le bourdonnement des conversations aux tables voisines, je dois aller voir ailleurs ? Il se trouve que si l’on peut voir ailleurs, justement, ou toucher autre chose, on ne peut ni renifler, ni écouter ailleurs. L’odorat et l’ouïe sont comme ça, et donc nous imposer du blues – très-très moyen, le blues – là où nous sommes, c’est intrusif. Je proteste !

Au fait… j’ai lu il y a peu que l’on a installé, ici et là dans quelques rues, des radars à bruit ; juste à titre expérimental pour le moment. Le but : identifier et sanctionner les « mouches à merde » , mobs trafiquées-débridées, les motos à pots customisés, les caissons de basses à donf‘-vitres ouvertes, bref tous les amoureux des décibels déchirants. Une lueur d’espoir dans cette sombre actualité…

Tibert

(*) Une chanson c’est un texte lié à une musique, et vice-versa. Une belle chanson ? un bon texte enveloppé d’une bonne musique : les deux, mon capitaine. Un art mineur, disait Gainsbourg, qui en était un maître. Mineur, oui, mais bipède.

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