Celzéceux et tout’zétous, etc

Je reçois un canard électronique « bio » d’une coopérative de consommateurs de l’Hérault… extraits : « vous avez répondu présent·e·s » ; « Elles et ils ont 3 missions » ; « beaucoup se sont improvisé·e·s, peintres, électricien·ne·s, menuisiers, informaticien·ne·s« … : voilà où l’on va, et notez bien qu’hélas il n’existe pas encore de menuisières, mais on devine que le rédacteur (ou la rédactrice ?) de la gazette en question a dû mûrement peser la chose avant de renoncer.

Bref ça devient de plus en plus con – adjectif qui fait référence à une partie – de genre mâle – spécifique du corps de la femme, allez comprendre. J’ai ouï dans la même veine monsieur le Président Macron hier soir, cerné par trois journalistes myopes et au ras des pâquerettes, obnubilés par les grossièretés supposées proférées par icelui (« foutre le bordel… »). Ils ont en vain tenté de lui faire honte de son langage de charretier (langage « familier« , répliquait-il) : il n’a rien lâché là-dessus, et tant mieux, il a eu raison. Mais parallèlement il nous a éblouis de sa sûreté dans ces formules virtuoses, « celles et ceux« , « les Françaises et les Français« , « toutes et tous« , et j’en passe, il n’en loupait pas une : confondant ! il rejoint ainsi haut la main l’éditorialiste de la gazette bio de l’Hérault (c’est pareil au masculin et au féminin, éditorialiste, nananè-re !). Gageons que les Françaises (et les Français, alors ?) sont ravi-e-s de se voir ainsi mis-e-s littéralement en avant, cité-e-s systématiquement les premièr-e-s (c’est d’un chiant, ces simagrées scripturales !) : c’est que ça change tout ! et notamment la grammaire, mais la grammaire, bof…

Tibert, sans Tiberte, eh oui.

PS – On me dit : « Et Weinstein ?? et le harcèlement ? et « BalanceTonPorc » ? oh eh… doucement ! Une prochaine fois.

 

One thought on “Celzéceux et tout’zétous, etc”

  1. … Ce qu’il y a d’amusant – enfin, pas tant que ça… – dans la mentalité française, c’est que depuis 1789 (où diantre a-t-on fourré la guillotine, maintenant qu’elle pourrait se refaire une belle carrière ?), la « Révolution » n’est plus, le plus souvent, qu’une question de termes… ou de terminologie. Enfin, je dis 1789, mais 68 n’était pas mal non plus. L’avantage de faire la révolution DANS et AVEC les mots, c’est que ça fait nettement moins de dégâts… et puis, les mots ça se récupère ; les pavés dans la gueule d’un flic, plus difficilement. Les paroles passent et les écrits s’évaporent : miracle du Net, qui grave tout sur des supports plus immatériels que le vent…
    Revenons donc à notre sujet : aurons-nous suffisamment rendu hommage à nos très chères compagnes en transposant en des féminins douteux des termes qui désignent une fonction et non un sexe particulier ? J’en doute.
    Heureusement, la plupart d’entre elles s’en tapent complètement ; c’est le job qui les intéresse, pas le titre ! Mais nous vivons plus que jamais l’époque du blabla souverain ; ce que le grand Jacques avait appelé il y a fort longtemps déjà « la parlotte » ou un autre poète encore, Léo, « … du vent… et des bijoux. »
    Parler est encore le meilleur moyen d’éviter d’agir : on appelle ça « noyer le poisson » ; le constat ne date pas d’hier !

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