Des mots, du sens et des accords (désaccord ? )

J’ai regardé un peu la télé ce jour, une chaine d’informations… il y était question d’un débat qui hier – cette nuit chez nous – a opposé Hillary C. à Donald T aux USA. Peu me chaut ce qu’ils se sont dit, vacheries attendues et discours prévisibles, et puis ma religion est faite ; ceci étant, contemplant l’écran sans trop d’intérêt, je voyais y défiler un bandeau de texte libellé ainsi : « H. Clinton s’est dit favorable à…« . J’ai oublié de quoi il s’agissait – ça concernait sans doute l’action de la Russie en Syrie – mais j’ai en revanche bien vu la faute d’accord… H. Clinton est une femme, nous en sommes tous bien persuadés, et qui donc s’est dite favorable à … mais qui aurait pu  s’être dit que l’affaire était dans le sac, etc.

Bon, tout le monde s’en fout, ça ne changera rien aux élections états-uniennes, je sais. Mais les mots ont du sens, Hillary est une femme, il faut le lui accorder (le participe passé). Pour vous y retrouver, remplacez « dit » par « décrit », ou « affirmé », et vous le verrez tout de suite, l’accord…

Pas d’accord, en revanche, sur les qualificatifs employés par le Ministre de l’Intérieur à l’égard des types qui ont pété une vitre d’une voiture, ont jeté un cocktail Molotov à l’intérieur, puis bloqué les portières pour empêcher les passagers de se sortir du véhicule en  feu. Dans notre langue, c’est une  « tentative de meurtre », voire une « tentative d’assassinat » vu que ça a fichtrement l’air prémédité, le cocktail M. ne s’étant pas trouvé là par hasard, désoeuvré, au bord du trottoir. Que ça se soit passé en un lieu peu touristique – je fais dans la litote, là –  et que les victimes soient des flics ne change rien au vocabulaire. Le vocabulaire, le voici, dans la bouche du ministre :

Ces policiers ont été « confrontés à une bande de sauvageons qui ont agi avec lâcheté », et qui seront « rattrapés ».

Le sauvageon, c’est d’abord un « arbre ou arbuste qui a poussé spontanément dans la nature«  ; le ministre ne fait probablement pas référence à ça, mais au sens figuré : »enfant farouche, qui a grandi dans l’abandon et sans éducation, comme un sauvage« . On se souvient peut-être qu’un Ministre de l’Intérieur antérieur, J-P Chevènement, avait employé ce terme imagé en 1999, parlant de mineurs multirécidivistes.  Ce qui avait d’ailleurs fait des vagues, madame Voynet et d’autres trouvant le terme choquant. Ici j’ignore  comment le ministre actuel sait que les agresseurs « ont grandi dans l’abandon et sans éducation« , vu qu’on ne les a pas encore « rattrapés« , comme quand on jouait dans la cour de récré. Mais quand on aura rattrapé ces sauvageons, qu’on leur colle donc une bonne taloche – et un ferme rappel à la Loi, non mais ! – pour leur apprendre à ne pas assassiner comme ça les gens dans la rue. En plus, brûlé vif, ça fait vachement mal.

Tibert

Et au fond, vous voyez quoi ?

Je lis ce matin, après avoir rapidement zappé les commentaires, exégèses et hyperboles « Cocorico » autour du match de foot d’hier – Onna-gaa-gné ! onna-gaa-gné !  – une amorce, un début, un trognon d’article du Figaro qui donne le début de la parole – mais pour le lire in extenso, c’est payant, ou alors abonnez-vous, rabonnez-vous, qu’y disaient – à monsieur Cambadélis, député socialiste et Grand Chef de son parti. Il déclare « ... au fond, Macron veut faire échouer la gauche« . Et dans sa bouche, je pense que c’est un reproche.

Arrêtons-nous, lecteurs estimés, à cette affirmation : si monsieur Cambadélis signifie par là que la candidature de monsieur Macron va piquer des voix aux suffrages du candidat PS, il a raison ! et ce au même titre que mesdames et messieurs Mélenchon – si du moins le PCF ne lui jette  pas un de ses ténors attendrissants dans les papattes –  X (Poutou ? pas Poutou ?) pour le NPA trotskyste, Arthaud pour Lutte Ouvrière trotskyste, Y pour les trotskystes tendance Machin – j’en oublie toujours une, Z  (Duflot, Jadot ou un autre) pour les Verts ou la chapelle qui se déclare telle, – et si ça se trouve il y en a d’autres, madame Taubira ça la tente bien, et tiens donc, si les « frondeurs » à-gauche-toute du PS façon Filoche, Lienemann, etc… s’y collaient aussi, je ne serais pas autrement étonné.  Résumons : Macron ? oui certes, mais pas que ! car tous ces superbes candidats entre 0,3 %  et 8 % ( celle-là c’est la fourchette optimiste du Mélenchon unifié et consensuel ) vont raboter d’autant les votes pour le PS ; eux aussi, « au fond, ils veulent faire perdre la gauche« , sauf à se ranger tels des godillots derrière le panache rose de, dites un nom au hasard…. voyons voir… quelqu’un du PS, tendance Normal-Premier, par  exemple ?

Eh bien oui que perde la gauche, cette gauche qui n’est plus qu’un appareil, une structure organisée pour sa propre pérennité. Idem pour la droite qui fonctionne de même, et les extrêmes qui vont avec sur les côtés : au diable les extrêmes et les extrêmistes. Car ce pays n’a surtout pas besoin d’apprentis sorciers théorisant leurs délires sociétaux (« une autre politique est  possible« , tiens donc !), les 32 heures,  interdire les licenciements, le droit de vote local à n’importe qui, embaucher massivement des fonctionnaires, nationaliser, le SMIC à 1500 euros et le « revenu d’existence » pour tous, que sais-je encore ? Il n’a surtout pas besoin qu’on finisse de saboter l’Education Nationale, qui fut un outil magnifique mais dont l’ambition aujourd’hui se résume à « apprendre le vivre-ensemble » – et de plus en plus illettrés.

Trois-cent-quarante-huit sénateurs (*), cinq-cent-soixante-dix-sept députés, le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel, plus de mille-deux-cent-quarante-quatre agences gouvernementales pour caser les copains, cinq virgule sept millions de fonctionnaires dont la plupart ne font rien de régalien du tout… et le  pire, c’est qu’ils se cramponnent.

De l’air, de l’air !

Tibert

(*) Tenez, voyez comme c’est beau, le Sénat, et son jardin donc !

 

Je suis pour l’anti contre

Je fus ce matin fort tôt interpellé par un titre de la presse quotidienne nationale (« nationale » = parisienne, la presse provinciale n’étant pas nationale) : « Lundi noir de mobilisation en Pologne contre le projet de loi anti-avortement« . Voilà : avec cette histoire polonaise, nous avons une superbe superposition de deux négations, « anti- » et « contre » ; je dirais même plus, trois négations, car « noir » c’est négatif, et tant pis pour le politiquement correct, Septembre noir, journée noire, broyer du noir, voir tout en noir c’est clairement sombre, négatif. Est-ce à dire qu’ a contrario « un lundi blanc« … ?  peut-être, mais si j’avais à peindre, tel Rimbaud ses voyelles, les jours de la semaine en polychromie, lundi serait noir de noir ! donc de mon point de vue,  « Lundi noir », sans être vraiment un pléonasme, c’est un enfonçage de portes ouvertes.

Mais je me souviens vous avoir entretenus, il fut un temps, des circonlocutions ardues et par là-même confuses qu’engendrent les empilements de négations. Au passage, notons qu’à l’inverse, empiler les affirmations, les termes positifs, c’est juste inutile, voire pesant : « Lundi blanc en Pologne pour soutenir le projet de loi favorisant l’avortement« , ce serait d’abord ahurissant, connaissant les Polonais, et puis à quoi bon soutenir un truc qui roule tout seul ? autant aller bosser…  bref, revenons à nos moutons noirs, de quelle négativité parle-t-on ? ici intervient la MORALE, qui va vous indiquer le négatif et le positif.

Tenez : phobie et philie sont négatif / positif, opposés donc, mais dans quel sens ? stop, je vois que vous allez énoncer une ânerie : philie c’est positif, « on aime », phobie négatif ? eh non, ça dépend du préfixe. Questionnez la morale ! le pédophile est un pervers, un prédateur, tandis que le pédophobe… si si ça existe,  j’en connais, est un vieux grincheux qui déteste les gosses, mais après tout ça vaut mieux que l’inverse, pas vrai ? et l’haltérophile ? ni bien ni pas bien, il soulève de la fonte, tout le monde s’en fout ; moi je serais plutôt haltérophobe, par paresse. Dans un autre genre plus kafkaïen, tout négatif, l’hémophilie est affreuse, et l’hémophobie bien gênante !

Revenons à notre lundi noir et polonais : deux-trois négations ça va encore, mais pas plus ! il s’agit en fait pour le gouvernement polonais d’interdire les avortements volontaires et thérapeutiques, et il y a là un non-dit –  mais je vous le dis, c’est dit c’est dit – cela ne supprimera évidemment pas les avortements, mais ça dédouanera les Chefs là-haut de tout conflit moral (!!), et puis surtout ça contentera les catholiques bigots, très nombreux là-bas. Simplement, si ce projet de loi aboutit, les Polonaises décidées à avorter, soit feront appel à l’aiguille à tricoter, la tige de persil, l’injection d’air ou de savon liquide… toutes opérations clandestines et surtout très risquées, soit prendront le large pour aller faire ça moyennant finances et dans des conditions sanitaires correctes en Allemagne, au Danemark ou aux Galapagos… mais pas en Pologne !

Alors reformulons  : la loi en projet en Pologne n’est pas « anti-avortement » : contrairement à un tissu anti-tâches, qui lui ne se tâche pas, sinon on va rouspéter chez le vendeur, elle n’empêchera pas les avortements, tout le monde le sait bien ; elle veut juste les rendre plus difficiles, plus risqués et plus chers. Ce qui est anti-tâches en revanche, c’est la vertueuse initiative du gouvernement polonais. Ce qui illustre bien l’aphorisme oh combien vrai du regretté Léo Ferré-Graine-d’Ananar : « Ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres« .

Tibert

PS – J’apprends avec joie le sauvetage du site Alstom de Belfort, le gouvernement ayant décidé d’acheter urgemment (avec nos sous) quinze TGV pour rouler comme des trains Corail : bonne idée ! qui peut le plus peut  le moins etc etc… Dans le même esprit, si l’usine Aubade à Saint-Savin vient à capoter, mettre la clé sous la porte, je suggère que nos gouvernants achètent pour renflouer ce fleuron national un nombre significatif de dessous féminins, petites culottes, soutien-gorges, guêpières etc.

Deux balles et un gros mensonge

Une « alerte » du Monde me dilate assez la rate ce soir, et je ne résiste pas à la joie de vous permettre de dilater la vôtre itou. Tenez :

« Près de 10 % des électeurs de gauche se disent prêts à voter à la primaire de la droite. Ils expliquent au « Monde » pourquoi. Une majorité d’entre eux veulent apporter leur soutien à Alain Juppé, face à l’inquiétude de devoir choisir entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. »

Tout d’abord c’est mal formulé : les électeurs de gauche, que je sache, ne se poseront pas la question de choisir entre Sarkozy et Le Pen : comme Chirac en 2002, ils éliront très certainement et massivement, la mort dans l’âme,  « le moins pire », comme on dit à Québec. Je reformule donc : « Près de 10 %  (…)  à la primaire de la droite : une majorité d’entre eux veulent apporter leur soutien à Alain Juppé, afin d’éliminer l’hypothèse terrible où ils devraient voter Sarkozy au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen. »

Mais c’est grandiose, ça ! ça veut dire que le 20 novembre 2016 et possiblement le 27,  des milliers d’électeurs bien ancrés à gauche vont, la corde au cou et la tête couverte de cendre, se présenter aux simili-bureaux de vote  de la Droite, donner les deux euros du mensonge – ceux qui on leur carte d’adhérents LR, MODEM… ne paieront pas, c’est la moindre des choses – et signer un papier comme quoi ils adhèrent, évidemment qu’ils adhèrent !  aux valeurs de la Droite et du Centre. Ensuite ils pourront voter, les féministes pour NKM, les durs de durs pour Copé, les prudents pour Juppé, les autres pour n’importe qui sauf Sarkozy.

Tout ça est assez réjouissant, donne un éclairage cocasse sur les forces en présence, et le Roi de l’Anaphore « Moi-Président gnagnagna… » devrait percevoir, lui qui affectionne la blague à froid comme je l’aime, tout l’humour de cette information : « Notre idée de la France » (*) comme dit son slogan, c’est une France de gauche qui pense à sauver les meubles.

Tibert

(*) Quel slogan crétin : quelle idée ? où elle est, l’idée ?

Ires en l’air

Je lis ce soir dans un des canards-sur-Toile que la compagnie aérienne Grand-Bretonne  British Airways va changer son offre de bouffe à bord de ses vols court et moyen-courrier : au lieu du petit en-cas « gratuit » (c’est-à-dire inclus dan le prix du billet) distribué  à tout le monde en 3ème classe – sachet de chips, mini-bretzels, mini sandwich, mini  quelque-chose etc  mais surtout jamais de porc – accompagné d’un coup de café ou d’eau minérale pour faire descendre tout ça, on va proposer, en payant cette fois,  à ceux qui veulent bien, des trucs mieux fichus, plus élaborés, tortillas, fish and chips, osso bucco con linguini al pommodoro (non, je blague, là, la sauce tomate ça craint). Il paraît que les passagers préfèrent ça… que c’est pour eux… moi, je pense que tout bêtement, au lieu de dépenser sèchement 2,5 euros fois 120 passagers, on va facturer 10 euros fois 19 ou 24 ou 14 passagers pour des plateaux qui reviennent à 6 euros, ce qui change tout, vous en conviendrez. D’autant plus que le prix du billet de 3ème classe ne va très certainement pas baisser des 2,5 euros du mini-casse-croûte supprimé, ne vous fatiguez pas à vérifier, radins que vous êtes ; et puis vous ne le verrez même pas – mais eux, à British Airways, si.

Mais pas que ! car ce matin à la radio ils (c’est toujours « ils », jamais « on », « ils » c’est « on » au pluriel) disaient que les vols sur Air France devenaient de plus en plus chahutés, agressions, rouspétances, pugilats, et une hôtesse chiffrait à +18 % l’augmentation des conflits  à bord. En combien de temps, les 18 %  ? ce n’est pas dit.  Tenez, le gars devant vous incline trop son dossier et ça vous gêne : vous êtes presbyte, déjà que vous devez plier le cou en arrière pour garder la distance de vision et la bonne inclinaison des lunettes progressives, maintenant vous n’arrivez plus à regarder « confortablement » votre film sur l’écran de 15 cm (oh pardon, 6 pouces, faites excuse) qui est, justement, fixé sur le dossier du type devant. Alors vous balancez de grands coups de tatane dans le socle du fauteuil de devant, ou de grands coups de poings dans le dossier, bref vous manifestez votre mauvaise humeur. Et le gars devant, forcément, ça l’énerve, etc etc.

Ou bien le gros balèze à côté de vous a squatté l’accoudoir large de 4,3 cm : il est à lui, l’accoudoir commun ! il s’y étale. Alors vous poussez méchamment votre coude pour repousser l’ennemi, et ça va mal finir, parce que lui, il est plus enveloppé que vous, et donc il a droit à plus de place, vu ? Et, tenez, on annonce que bientôt il y aura le wifi – payant, ça va de soi – à bord des vols AF-KLM (une anagramme chouette, tiens : KLAMF) : qui est-ce qui va vouloir envoyer illico séance tenante à ses potes son selfie avec l’hôtesse qui est canon ? ou avec le copilote, dans le cockpit… remue-ménage dans l’avion, avec en plus le chariot à boissons qui bloque le passage pour aller pisser… énervement… engueulades…

Tout ça c’est simple, c’est parce que maintenant les avions sont bondés ras la gueule, ne cherchez pas ailleurs. Il fut un temps béni où un remplissage à 60-70 % c’était boucoup, on pouvait assez souvent confisquer le siège voisin, prendre ses aises… maintenant bernique, c’est plein de chez Plein, tout le temps ; il s’y mettent à 3-4-5 compagnies pour bourrer les avions… déjà que ça bouchonne aux comptoirs d’enregistrement, aux contrôles de sécurité, de police, aux passerelles… la cohue, les hordes, quoi. Pareil que des vols charters Nantes-Ibiza en Juillet, sauf que ce ne sont pas des charters.

Tibert