Qui chauffe le Pôle

Vous aimez « liker » ? J’en connais qui se cognent aux réverbères, les yeux rivés sur leur petit écran, les doigts pianotant fiévreusement sur la vitre du bidule chéri, le sourire extatique aux lèvres : la rue n’existe plus, ils causent sur Fesse-bouc… j’ai une copine, appelons-la Paulette, elle « actualise son profil » Fesse-bouc quatre fois par jour. Et que je t’ajoute une photo, et que je te remets un lien vers une page web, et que je te sors Urbi et Orbi une phrase creuse… elle y passe sa journée, c’est sa vie, ce machin, on se demande quand elle trouve le temps de bouffer. Grand bien lui fasse, direz-vous, après tout si elle y trouve son compte, si ça l’occupe, pendant qu’elle fait ça elle emmerde personne (*). Sauf que si, justement !

Sauf que ces fondus du Fesse-bouc font fondre la calotte glaciaire et fuir les ours blancs. Ce n’est pas de leur faute, notez, c’est la maison Fesse-bouc qui,  pour économiser l’énergie et réduire ses frais, a installé ses grosses bécanes informatiques au Pôle Nord, enfin, pas bien loin : au Nord de la Suède, près du Cercle Polaire, à Lulea. Electricité très bon marché, et surtout, refroidissement pas gratoche mais presque : l’air froid-froid ambiant est aspiré et utilisé directement pour réfrigérer les milliers de serveurs informatiques qui vous permettent de dialoguer dans le vide, de populariser vos pensées creuses, de répandre vos images sans intérêt et votre vacuité existentielle.

Et l’air polaire, lui, sort évidemment réchauffé de cette superbe installation de Lulea, mais ça tout le monde s’en fout. Réchauffé pour tiédir le Cercle Polaire, cuire la banquise et faire fondre les icebergs. « Le réchauffement climatique il est là« , mes amis, comme on dit dans le poste : ce ne sont pas les gaz à effet de serre – qui soit dit en passant nous coûtent la peau des fesses en taxes écologiques, c’est la planète Fesse-bouc et ses monceaux quotidiens de niaiseries oiseuses. Qu’on taxe donc Fesse-bouc : un euro la pensée stupide, la photo inutile envoyée aux « amis ». Moi je vous le dis, ça va se calmer, ça va cogiter avant d’envoyer des âneries sur la Toile. Et ça sera bon pour la planète. A tous points de vue.

Tibert

(*) Enfin, si quand même. Moi par politesse je l’ai conservée dans ma liste des « amis » avec plein de guillemets : eh bien N fois par jour la maison Fesse-Bouc me notifie, driiiiing,  que Paulette a diffusé sur son site une nouvelle niglerie. Pensez si je me précipite toutes affaires cessantes !

Des histoires de blonds

Nous avons Marine la  blonde ; les Ricains ont leur blond-jaune vif gominé Trump (Donald !! comment peut-on se prénommer Donald ? coin-coin-coin, le canard de Mickey, et sa Daisy…) et maintenant voilà le blond en épis hirsutes Boris Johnson, l’ex-maire de Londres, le Brutus de César-Cameron, qui lui a planté un couteau Brexit dans le dos. Le voilà donc ce blond supplémentaire, il ne lui manque que la gomina Trumpienne pour ressembler, physiquement et presque programmatiquement, à son pendant états-unien : mêmes analyses dégagées à la tronçonneuse, mêmes anathèmes putassiers, mêmes vieilles rengaines populistes. Et ça marche !

Et ça marche, sauf qu’à présent, déconsidéré, mis hors-jeu  et muni du couteau qu’il planta dans le dos de l’imprudent Cameron – monsieur Cameron : quelle idée d’aller faire un référendum sur un thème aussi diviseur, et sans argumentation solide ! –  Boris le blond se trouve maintenant comme la poule qui le trouve, ce couteau : qu’est-ce qu’il va bien pouvoir en faire ?

Tibert