Présumé, dites-vous ?

Gros débat hier soir, comme à l’issue des votations de quelque importance. Messieurs Badinter, Joffrin, Roufio, Giesbert, et j’en oublie, se coupaient la parole et s’invectivaient comme aux plus beaux jours. Raison de tout ce tohu-bohu : DSK, what else ?

Mais venons-en à notre propos : monsieur Badinter insiste lourdement sur la présomption d’innocence qui doit bénéficier à tout inculpé ; monsieur Joffrin le prend alors à la gorge (au figuré, hein, pas de sang) :  oui certes la présomption d’innoncence, soit, bien entendu, mais cher monsieur vous n’avez pas eu UN MOT,  PAS UN (c’est faux, j’étais là à l’écoute) pour la victime.

Mon sang n’a fait qu’un tour. Mon sang de bon sens. Car voilà, limpide, le noeud de la contradiction : on parle de la victime… donc il y a un agresseur ? pas d’agresseur, pas de victime, ou bien elle s’est cognée contre un réverbère dans l’obscurité . Mais si l’agresseur est présumé innocent, c’est qu’il n’a supposément rien fait de répréhensible ? vous suivez ? donc il n’y a pas de victime ! C’est tragiquement absurde.

Mais à voir parader les flics New-Yorkais avec leur prise menottée dans le dos : le DSK de notre coeur, l’air sinistre, arborant sa tête des jours les plus noirs – on peut le comprendre – on se demande où elle peut bien se planquer, la présomption d’innocence ? ça ressemble furieusement aux jeux du cirque, à la mise au pilori. Et supposez que tout ça soit un montage : qui va défaire les images ? quel journal de la Grosse Pomme présentera ses excuses pour avoir mis en Une la parade du « présumé innocent » menotté et encadré par les flics ?

Ah zut, j’oubliais : je n’ai pas dit UN MOT, pas un, pas un mot de compassion pour la victime ! disons-en donc un : il faut plaindre la plaignante, car si ses dires sont avérés, elle a effectivement passé un sale quart d’heure entre les pattes d’un type franchement condamnable, et ce n’est pas fini, car elle va devoir affronter les soupçons, et les avocats du prévenu, qui vont la cuisiner durement. La plaignante : la « présumée victime ».

Tibert

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