Vue de dos, avec clochettes

« Nous avons un pape », Abbé Mousse Papame, comme on dit à Rome, et ce papam-là nous fait des figures osées. Voyez un peu ! Il tourne le dos à ses z’ouailles, pas moins ; d’aucuns pourraient même avancer qu’il leur montre ses fesses, mais c’est sous un drôle de déguisement. Et L’enfant de choeur qui lui soulève sa belle robe blanche en agitant sa clochette ajoute au caractère incongru de la chose. Qu’a-t-il donc vu sous la robe blanche pour manifester ainsi son émotion ?

Ce que relisant le lendemain, je pense utile de tempérer, nuancer ; bref, adoucir le trait. Je fus un de ces enfants de choeur – défroque rouge bourrée de boutons sur le devant et surplis blanc – qui balançaient des volutes d’encens et agitaient la clochette à l’instant de l’acmé, déplaçaient le saint bouquin sur l’autel de gauche à droite et inversement – ballet réglé par d’obscurs ressorts, et bien entendu finissaient la burette de vin blanc, quand il en restait. L’officiant nous tournait le dos et baragouinait en latin, langue que nous entendions, non miraculeusement comme les apôtres instruits par l’Esprit Saint, les veinards, mais tout bonnement à force de rabâcher RosaRosamme, à coups de pied au cul, en somme.

Eh bien je regrette cette liturgie, qui me semble plus propice au sacré, au mystère, au magique, que les face-à-faces vulgaires en français de nos jours. Et tant pis pour les chants débiles et maigrelets – il n’y a guère que les femmes qui chantent, effrayées par leur propre voix, et quelques timides mâles – qui nous tartinent des « Par les verts pâturages » et des « Tu nous invites à la fête youplala » : les hymnes en latin, les chants grégoriens, ça vous avait une autre gueule.

Donc, soyons justes : ce pape est rétro, réac’, c’est bien clair. Ceci étant, il nous réaffirme ce qui doit paraître de la religion, le mystérieux, le transcendental, l’interdit. Voilà une religion qui ressemble à quelque chose !! On interdit les capotes, c’est criminel, mais quelque part c’est divin… surhumain donc !

Et puis, qu’on puisse se foutre de la gueule du pape, c’est aussi un signe que ça ne se passe pas si mal : il est des religions dont il est rigoureusement interdit – ou suicidaire – de se foutre, soit qu’un passé douloureux rende toute critique suspecte, soit que tout simplement ce soit une question de vie ou de mort. Donc, nuançons… et le simple fait d’écrire « Abbé Mousse Papam » c’est reconnaître que notre civilisation a un pape… désolé pour les Protestants, mais hein, vous aussi ! rien que pour en dire pis que pendre, tout comme moi.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *