Affaires culturelles, disent-ils…

Une brève de mon Yahoo du matin me dit que (je cite) « Les députés ont décidé, comme le demandait le gouvernement, de ne pas augmenter le prix de la redevance télévision en faveur de l’audiovisuel public. La commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, saisie pour avis du budget « médias », avait adopté le 24 octobre un amendement UMP portant de 116 à 118 euros le prix de la redevance en métropole. »

Ah, c’est donc une « Affaire Culturelle » que le prix de la redevance télé. On est content de l’apprendre. On avait tendance à douter du rôle culturel de la télévison, notamment publique. Au vu des tombereaux de pub’ déversés chaque jour sur lesdites chaînes publiques, et des mirifiques programmes du style « Plus belle la vie » et autres « Sacrée soirée », tout ça ressemble plutôt à certaines stations dites périphériques, où le mot « culturel » fait sortir l’artillerie, pour paraphraser Baldur Von Schirach.

Merci tout de même aux députés (majoritairement UMP, on le sait) de résister à l’avis de la Commission des Affaires Culturelles, nous épargnant ainsi annuellement l’augmentation de 2 euros que proposait le groupe UMP, et transcendant ainsi les raideurs et monolithismes politiques ! c’est-y pas beau, ça ?

Racine, treizième (*)

Comme on le sait trop peu par les temps grognons qui courent, la France compte au moins un sujet de satisfaction : notre recordman du calcul mental, Alexis Lemaire, a battu son propre record d’extraction de la racine treizième d’un nombre (un entier naturel, tout de même) de 200 chiffres significatifs. Extraction faite, comme ça, sans papier, dans sa tête, en moins de 73 secondes ! Cocorico.

Là où le journaleux du Figaro qui nous compte – pardon, nous conte – cette belle histoire, se plante avec cette racine, c’est que je parie un paquet de cacahuètes que le nombre de 200 chiffres « choisi au hasard » n’a pas été choisi au hasard !!! Ou bien alors il faudrait admettre, et démontrer d’ici quelques siècles, la « conjecture de l’AFP » (la dépêche vient de l’AFP) qui énoncerait que « tout entier naturel de 200 chiffres significatifs est la puissance treizième d’un autre entier naturel » ; personnellement j’ai des doutes.

Eh non, certes, enfin, quoi, voyons, bien évidemment, l’ordinateur a été prié de trouver comme point de départ un entier de 200 chiffres qui soit une puissance treizième d’un autre entier !! Sinon Alexis Lemaire aurait eu de grandes chances de se retrouver avec des décimales à ne plus savoir qu’en faire ; et pour peu que le nombre réel en question soit transcendant comme Pi, il serait encore à calculer ses décimales dans 20 ans.
Ceci m’amène, ami lecteur, à formuler deux remarques toutes plus pertinentes les unes que les autres : une, je vais devoir crééer une nouvelle catégorie de billets, ne sachant pas où classer celui-ci. On dira « Sciences« , d’accord ?. Deux, la double compétence, dont au sujet d’laquelle j’vous z’ai causé l’aut’ jour, ne semble pas fonctionner pour les journalistes ; le gars qui a rédigé cette dépêche ne connait visiblement pas grand’chose à la théorie des nombres, ou alors il s’en fout.

(*) Pourquoi cette virgule dans le titre ? hein ? eh bien, j’y tiens, moi. Virgule hautement significative.

Triolet en P : Phishing – Pinard – Pasqua

On les met dans le désordre :

1 – Au secours ! les Beaujolais nouveaux ont débarqué. Marketing d’enfer, monoculture du Gamay levuré et rouleau compresseur annuel des arômes de banane.


2 – M. Pasqua, ci-devant ministre de l’Intérieur, 80 balais, sénateur des Hauts de Seine, a depuis 8 ans, des ennuis avec la Justice, qui lui cherche des poux sur la tête pour une histoire classique de financement de campagne électorale. Je me fous de savoir si oui ou non il a enfreint les lois, cela d’autres s’en occupent, et là n’est pas mon propos. Mais il s’agit de pénibilité du travail : il est de notoriété publique que les agents de conduite SNCF partent en retraite largement plus tôt que les sénateurs ! Il faut donc en déduire, lecteur distingué, que faire sénateur, c’est nettement plus peinard que de faire cheminot ! C’est la pénibilité du travail à l’envers, en somme : au Sénat on se la coule douce, et ça conserve donc au delà des limites courantes. Dussé-je me répéter, je sais, je radote, cette assemblée ne sert à rien, sinon à pomper sur nos impôts.

3 – L’excellent site internet http://www.secuser.com m’informe ce matin que des escrocs tentent de tromper les clients du Crédit Lyonnais (banque LCL) en leur racontant une histoire à dormir debout. Ce qui motive ce tiers de billet, c’est la qualité du texte français soumis à notre crédulité, digne d’un automate de traduction !!! Voyez plutôt. Ca commence très fort : « Cher value customer » ; ça poursuit par de superbes « nous faisons des excuses pour n’importe quel dérangement que ceci peut causer vous, et apriciate que votre aide en nous aidant…« . On va sûrement les aider !!!

Tendancieux, disiez-vous ?

Je n’ai jamais pourri la vie des cheminots (des facteurs, des juges…) lorsque mon patron me proposait une réduction de mon salaire au SMIC, le reste en primes « au résultat ». Ni jamais lorsqu’on m’a gentiment expliqué que la Municipalité de Nantes ayant changé, le Président des Transports en Commun ayant changé, le Directeur itou, qui ayant fait débouler sur place ses copains, moi-même je pouvais aller voir ailleurs si le ciel était plus bleu. JAMAIS je n’ai emm… les cheminots etc. Et je ne vois pas au nom de quelle revanche ils voudraient me pourrir la vie. Et ils l’ont fait abondamment déjà, depuis de nombreuses années. Je ne comprends pas cet acharnement à mon égard.

Et un article du Monde qui me fait monter la moutarde au nez : « A Nanterre, les CRS ot délogé des étudiants à coups de matraque ».

Si ce n’est pas de la manip’ d’information, qu’est-ce ??

Cent-cinquante malades de la révolution-tout-de-suite tentent de bloquer une fac de 30.000 personnes, et on devrait les regarder faire benoîtement ? Bon, le Dirlo appelle les flics, il a ses raisons, je ne vois pas pourquoi il y aurait des territoires de la République interdits à la police, si le besoin s’en fait sentir, évidemment.

Le Monde a quelque peu « tordu » les faits, n’est-il pas ? façon de présenter les choses…

De la double compétence

Puisque les facs (Lettres et Sciences humaines, essentiellement, pour 10 % des effectifs, et parmi ces 10 % un tiers de motivés) nous interpellent, à travers leur rejet de la loi sur l’autonomie des universités, eh bien répondons à cette interpellation : dois-je le dire, je me sens personnellement interpellé, si si !

Il est des domaines, notamment l’informatique, où la règle est LA DOUBLE COMPETENCE. Entendons par là (si vous voulez, entendez par un autre bout) que tout zèbre badgé « informaticien » doit pouvoir faire état d’une autre casquette dans un domaine extérieur à sa spécialité : la finance, la productique, la logistique, la robotique, l’ergonomie, la banque, les voyagistes… bref : connaître quelque chose, dans un domaine qui n’a rien à voir avec les ordinateurs, en plus de sa supposée science des ordinateurs.

Il est navrant, chers amis étudiants en histoire de l’Art, en Histoire tout court, en Lettres modernes, en Littérature comparée, en Philosophie, de savoir que vous allez bientôt grossir les rangs des caissiers de supermarchés avec un Bac+5, la maîtrise d’Histoire de l’Art n’étant malheureusement d’aucune utilité dans ce boulot. Certes, il y a des postes d’enseignants ! certes. Pas beaucoup. Mais il y en a, et des postes de conservateurs de Musées, de critiques d’Art, de journalistes… mais pas beaucoup. On peut espérer en accrocher un, va savoir…
On ne peut pas vous demander de « faire » maçon, couvreur, plombier, charpentier, patissier, maquettiste, charcutier, carrossier, menuisier, carreleur, platrier-plaquiste, étalagiste, tourneur-fraiseur, mécanicien diéseliste, pépinièriste, marbrier… vous auriez du boulot demain matin si vous le vouliez, mais ce serait déchoir. Mieux vaut aller pointer à l’ANPE avec Bac+5. Mieux vaut gloser sur Schopenhauer versus Hegel devant un formulaire de demande d’allocation chômage que de bosser sur un travail dit « manuel » gratifiant, utile, apprécié et possiblement bien payé.

Mais alors, me direz-vous (si vous y tenez, hein, moi je dis ça, c’est à vous de voir) à quoi bon maintenir des facs de Lettres et de Sciences Humaines, sachant qu’elles ne débouchent sur presque aucun métier ?

Eh bien, la réponse est simple : les Lettres, ce n’est pas un métier (sauf pour ceux qui transmettent le flambeau), c’est l’esprit. La culture. L’anti-connerie. Le sens de la nuance. La sagesse. Les Lettres, l’Histoire, c’est l’anti-obscurantisme, la nécessité de penser librement, la possibilité de juger, de penser. Pas une filière de métiers, mais un substrat anti-crasse.

Et mon propos, tout nébuleux qu’il soit, s’articule là : que les carrossiers aient droit aussi à Schopenhauer, que les charcutiers découvrent la concision du style dans La guerre des Gaules, que les maçons puissent disserter  sur la couleur chez Matisse ? pourquoi pas ? et inversement, que les spécialistes de la Fronde ou de la Régence se forment simultanément à la conduite d’engins de terrassement ou à la photographie de mode. Double casquette, donc.
En résumé, ou plutôt en caricature : la fusion des facs de Lettres et des LEP !!! un métier utile + la Littérature, l’Histoire, la Philosophie. Ou inversement. Voilà qui modifierait considérablement le paysage et les états d’esprit, en bien pour tout le monde.
C’est confus, juste une idée, mais je vous la soumets.

Facs en pagaille, gauchos sur les rails

Lisez cette analyse des Présidents d’Universités, rapportée dans Le Monde : c’est clair, non ?

On va donc retrouver sur les quais de gare, non pour prendre un train mais pour tenter de f… la merde, ces agitateurs professionnels intermittents de facs, qui présentement papillonnent d’AG en AG pour y imposer leurs élucubrations révolutionnaires, au mépris de toute démocratie.

Comme proposait l’un d’eux il y a quelques jours : « on vote tout de suite, on discute après ? » ça résume assez bien leur façon de concevoir la discussion.

L'art du surf

« La plate-forme de revendications de la coordination nationale, c’est l’abrogation de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités mais aussi la plate-forme des salariés: refus de la réforme des régimes spéciaux de retraite, suppression de 22.000 fonctionnaires, etc. »

J’ai cité in extenso cet extrait d’une intervention d’un ponte de la FSE (Fédération Syndicale Etudiante), Corentin Hetzel (ce qui me renvoie aux superbes éditions de Jules Verne que je dévorais des yeux quand j’étais minot, mais passons). Bien évidemment si les activistes étudiants, nihilistes anars libertaires trotzkystes etc… dotés de leurs faux nez de syndicalistes essayent de démarrer un mouvement maintenant, c’est bicôse la grève de mercredi. C’est la technique du surf, trouver la vague qui vous portera.

Ce qui me tue là-dedans, c’est :

– de constater qu’à 20-22 ans on pense déjà à la « retraite des régimes spéciaux ». C’est spécial, comme préoccupation. Moi à cet âge je m’en battais l’oeil, voire plus.

-de constater qu’on puisse être aussi déviant et faux dans son discours que les vieux syndicalistes blanchis sous les banderoles de Bastille-République : « la plate-forme des salariés » !! manque pas d’air. Eût-il dit « la plate-forme des salariés du secteur public« , on aurait pu comprendre… mais mister Hetzel sait pourtant bien tout le mal que « les salariés » (les autres), pensent des régimes spéciaux de retraite !

– de constater que c’est comme d’hab’ les Lettres-Sciences z’humaines qui font du schprounz dans les facs : faut-il le dire encore une fois, wouane-maur-taïme ? Y a pas de débouchés dans ces filières ! Ou plutôt si, débouché sur le chômage, droit devant. C’est pourtant simple à comprendre. Il faudra qu’on se fasse un billet là-dessus un jour. Il est donc très logique, compréhensible, que ça rouscaille dans les facs de Lettres et similaire… mais pas pour la défense des « régimes spéciaux de retraite« , les gars, là c’est trop gros, faudra trouver autre chose.

Enjeu……. fou !

Ce contrepet pour introduire un billet sur la réforme des régimes spéciaux de retraite : Le Monde résume fort bien la question pendante ; il s’agit d’un symbole très fort. Ou bien le pays – notre pays, on n’en a pas de rechange – se décide enfin à enterrer les vieux schémas fatigués et plombants de « tous fonctionnaires » et de service public idéalisé et chouchouté – alors que le « privé » (privé… de retraite rapide et juteuse) fait largement aussi bien, sans  grèves chroniques et pour moins cher, dès lors qu’on lui assigne des objectifs corrects et contrôlés. Ou bien on reste dans notre ornière.
Et ça il ne le faut pas : les Français ont voté à une majorité confortable pour que ça change ; eh bien que ça change ! et que les minorités (syndicales) « de blocage » (le terme est pertinent) – aient l’honnêteté d’admettre que « Egalité » dans une devise ça se traduit dans le concret. On nous dit « c’est une grève pour tous, pour que tout le monde bénéficie d’une retraite meilleure » – qu’on ne nous prenne pas pour des pommes :

– Premio quand maître Balladur a passé le « privé » à 40 annuités on n’a pas entendu moufter les syndicats du Public, ils s’en tapaient, du « privé ». Fraternité mon cul, comme disait Zazie.
– Deuxio, c’est un fait, on vit plus vieux et les temps sont plus durs : eh bien, qu’on partage le pain plus sec équitablement. Ceci ne veut pas dire qu’on doit se laisser tondre : mais qu’on se fasse tondre ou pas, que ce soit dans l’Egalité. Et donc la Fraternité.

L'effet pot de yaourt

Je visite des appartements ; des gros des petits des moches des beaux des toujours trop chers, « rav.stud.p.app, hsp 3,10… » ; et je suis confondu, oui confondu, c’est le mot idoine, par le constat que nos architectes, depuis les années 60, et avec une obstination – un entêtement – coupable, nous rapprochent le plafond du plancher, comme si les meubles étaient plus courts sur papattes, des bassets de meubles, et nous z’avec, par la même occasion. Les études médicales proclament pourtant fort clairement que nous grandissons, nous grandissons ; et c’est bien évident, nos gamins nous dépassent dès 14-15 ans, les 1m80 sont courants… ben les bâtisseurs nous font des plafonds à 2,50m, et démerdez-vous avec ça.

Comprenne qui pourra – on a oublié d’être cons, donc on sait bien qu’il s’agit de faire un max de fric, le seul truc qui vaille en ce bas monde, donc on empile le plus possible de clampins sur une hauteur donnée ; tassez vous donc un peu braves gens ! Mais il y a de quoi s’inquiéter : début 20ème, c’était moins de 1,70 m la hauteur standard du Français moyen, et 2,75 au moins celle des plafonds. Début 21ème, c’est respectivement 1,80 et 2,50 : calculez, on nous a ratiboisé notre espace vital vertical de 35 cm au moins.

Certes, il y a des bénéfices secondaires, comme on dit, et les marchands d’escabeaux peuvent mettre la clé sous la porte, on peut changer les ampoules et enlever les toiles d’araignées sans rehausse. Mais les pantoufles de l’occupant du dessus sont diablement proches…

On a glosé en son temps sur la hausse tendancielle du fond des pots de yaourt, tandis que le niveau du produit baissait concomitamment, si bien qu’à la limite… voilà, c’est ça, l’appartement aujourd’hui, c’est le pot de yaourt. En revanche, le prix des produits laitiers, comme vous avez pu le constater, n’a pas fini de grimper, lui.

Desperate scénaristes

Les nouvelles du jour ne sont pas bonnes ! Voyez cette dépêche, alarmante ! On va bientôt manquer d’épisodes pour notre grand feuilleton sur les femmes au foyer désespérées. Et c’est précisément ce qui désespère les femmes au foyer ! Les scénaristes américains étant en grève dure dure, sans prévision de reprise du boulot à court terme, je suggère à Hollywood-Burbank et tutti quanti de délocaliser fissa leurs équipes de scénaristes de ce côté-ci de l’Atlantique : faute de quoi les femmes au foyer vont devoir se mettre à la lecture, et ça ce n’est pas pensable.

Nos gratteurs de quiproquos et autres maris sous le plumard vont bien trouver une suite à cette soupe (pardon, à cette soap) ; suffit par exemple de faire faire une petite escapade à nos héroïnes en France, ou en Italie, et on retrouvera aussi sec des ambiances, des lieux, des situations propres à susciter, réveiller, exalter l’imagination de nos scribouillards.

On aura donc peut-être enfin des épisodes de « Femmes au Foyer Désespérées » se déroulant à La Motte-Beuvron ou Craponne-sur-Arzon. C’est ça coco la mondialisation.