Nuls en géométrie

Oui, nuls, les urbanistes de la ville de Paris : ils nomment « Triangle » un édifice non plan, en 3 dimensions, volumineux même. Quel est le volume d’un Triangle ?

Tenez, extrait du dossier de presse fourgué par les architectes de ce projet pharaonique, c’est le mot idoine :

« Triangle se perçoit tout d’abord à l’échelle métropolitaine de la ville de Paris. Sa forme singulière, celle d’une pyramide irrégulière à base trapézoïdale, contraste avec la perception unique qu’offrirait une tour classique en extrusion simple. »

Voilà donc un trapèze, qui se tire-bouchonne en pyramide, et c’est un triangle. Triangle que les élus de Paris viennent de recaler : à la poubelle le Triangle, pourvoyeur de pléthore de bureaux inutiles, en trop, absurdes… et moche, avec ça, selon certains.

Mauvaise joueuse, mauvaise perdante, madame Hidalgo, madame LE maire – c’est une fonction, pas un métier – compte demander l’annulation de ce vote, qui s’est déroulé il est vrai à bulletins mi-secrets, mi-brandis en l’air, bref dans la confusion. Mais par delà cette affaire, j’ai deux remarques :

– Premio, il serait condamnable de se cramponner vent debout contre des projets architecturaux un peu novateurs pour des raisons purement politiciennes. Madame NKM, le chef – c’est une fonction, pas un métier – de l’opposition à la mairie, s’en défend : accordons lui le bénéfice du doute, et supposons-lui des motivations sensées, au service des Parisiens. Il est  vrai que des projets de bureaux à Paris, c’est stupide, c’est quasiment du sabotage.

– Deuxièmo, entre des rues-musées où le vieux baron Haussmann (alias PMC : Parquets-Moulures-Cheminées) « dans son jus » exerce sa dictature – ah ces parquets bouffés aux vrillettes, effondrés et qui grincent, ces moulures poussiéreuses et fendues, ces cheminées bouffeuses d’espace et totalement inutiles, et les voisins qu’on entend pisser… -, et des foisonnements anarchiques de gratte-ciels genre Hong-Kong, il y aurait place pour des immeubles neufs, aux normes, agréables à habiter, bien insonorisés, peu consommateurs d’énergie, pas trop hauts façon Chinatown dans le XIIIème, pour ne pas bouffer la lumière aux autres, évidemment pourvus d’ascenseurs et de terrasses, avec des hauteurs sous plafonds correctes, bref des immeubles bien fichus, et pas des boursouflures-monuments, des trapèzes-pyramides-triangles matuvus.

Paris foisonne d’immobilier quelconque, piteux, hors d’âge, à abattre, des râclures d’immeubles dans des rues laides ; le XIème arrondissement, par exemple, en regorge. Et des tas de « Haussmann » – il en reste de beaux, tout de même – ne méritent guère que la pioche des démolisseurs. Il y a largement de quoi faire, sans aller chercher des  biroutes pyramidales aux formes tarabiscotées et à la finalité indéchiffrable.

Tibert