Capitalisme financiarisé, dit-il

A quoi sert sert un blog ? par exemple, ça permet à son auteur de se défouler devant son petit ordinateur, régler ses comptes, jouer à Zorro.

Il peut ainsi, l’auteur du blog, en avoir assez vite sa claque de régler ses comptes, vu que c’est comme de tenter de vider la mer dans un trou sur la plage avec un seau en plastique décoré de Mickeys… on ne perçoit pas clairement l’évolution du chantier.

L’auteur du blog susnommé, mézigue donc, alias Bibi,  (Bibi-Coco-de-Saint-Malo plus exactement) a cependant, parfois, le sentiment de ne pas hurler totalement en vain. Et tiens, justement, un ex-Premier Ministre un peu atypique apporte de l’eau à mon moulin, ou, pour filer la métaphore amorcée plus haut, vient aussi vider son seau Mickey dans mon trou sur la plage. Il s’agit de monsieur Rocard, vous vous en doutiez !

Des ex-Premiers Ministres, il y en a des tas, la France en compte des palanquées, mais des atypiques, pas beaucoup, un ou deux, dont monsieur Rocard. Et ici, dans l’article du canard que j’ai eu la bonté de vous indiquer plus haut, monsieur Rocard dit des choses que je trouve fort pertinentes, et lui au moins les dit  clairement, ce qui n’est pas toujours mon cas.

Je ne résiste pas au plaisir de citer un large extrait de son article : « Il y a du souci à se faire, je suis désolé de ne pas savoir m’en cacher. En trente ans, c’est une révolution intracapitaliste qui s’est faite, et pour le pire. Le motif de ce changement majeur est tout simple : dans le monde bancaire, c’est une avidité démesurée, une orientation viscérale vers la recherche de la fortune, qui explique aussi bien l’extension vertigineuse des produits dérivés que les invraisemblables niveaux de rémunération, comme la tendance évidente à la tricherie et à l’immoralité à l’œuvre dans les subprimes et les titrisations de créances douteuses. »

Je goûte fort la tournure « Il y a du souci à se faire, je suis désolé de ne pas savoir m’en cacher » : ah qu’en termes galants ! quelle élégance ! il est désolé, et en fait il voudrait bien savoir s’en cacher, il voudrait bien pouvoir nous rassurer, nous endormir de propos lénifiants, tout baigne, les amis, dormez braves gens… il est navré de devoir nous annoncer la cruelle réalité : il y a du souci à se faire !!

Bon, je vous ai assez fait l’article : à vous de jouer, de jouir, dirais-je, de jouir de la lecture de ce billet rocardien assez remarquable de clarté, pas taillé dans le bois habituel de la langue politicienne.

Tibert