Habemus, habemus, bon OK, et puis ?

Je n’ai absolument pas envie, malgré vos sollicitations, de tartiner à l’instar de 98,6 % des blogueurs de la Planète sur l’élection du pape : reportez-vous à vos quotidiens et périodiques habituels. Ils vous en baveront, eux, de la copie sirupeuse sur la fumée blanche, ils vous feront du micro-trottoir « tranche de vie » devant la Basilique Saint-Pierre, de la foule en liesse, des Argentins ravis etc.

Au passage, remarquez bien qu’on va encore se coltiner un François, un de plus. Normal-premier l’an dernier, et maintenant celui-là… on ne pourrait pas nous proposer d’autres prénoms ? ça devient lassant, vraiment.

Non, je voulais juste pointer un truc : il se dit que François-tout-court va dare-dare rendre visite au précédent, là, Benoît, celui qui s’est rangé des papamobiles pour jouer du piano et regarder passer les nuages au dessus des jardins de Castelgandolfo, habemus cumulo-nimbus. Et ça, ce serait un scoop ? une grande première ?

Evidemment, réfléchissez deux secondes : quand le nouveau pape arrivait, le précédent était TOUJOURS mort ! ils risquaient pas de se serrer la cuiller ! mais entre « managers », en revanche, c’est super-normal, ça se fait, je veux ! le Benoît-Huit-et-Huit-font-Seize a tenu les manivelles pendant 8 ans, et donc le nouveau PDG va prendre les consignes, c’est banal… tenez, quand Normal-Moi a remplacé le Petit Nicolas, il est allé aussi sec le voir et ils se sont passé les manettes, les dossiers… la prise de courant du bureau qui a un faux contact, le code nucléaire, les bons restos dans le coin, tout ça… Nico a vidé ses poches, refilé ses jetons de machine à café, récupéré la photo de sa femme sur le bureau et son peigne dans le tiroir en dessous, rendu son mobile de service, son bip de parking, sa carte de cantine… ils se sont tapé sur l’épaule, tchao, bonne retraite, bon boulot, marche à l’ombre, à plus.

Là c’est devenu pareil – avant ça ne l’était pas. Avant, le pape bossait le nez dans le guidon de la papamobile, embrassant face contre terre les innombrables tarmacs d’ici ou là, bénissant les foules jusqu’à ce que mort s’ensuive.  Mais avec la démission du Benoît, l’Eglise romaine est entrée dans l’ère des « dirigeants » cooptés. Plus besoin de rester à la barre jusqu’au K.O. technique, on peut négocier son parachute doré et castelgandolfien, se casser quand on en a ras la mitre ; on revend ses indulgences et salut la compagnie.

Inversement, et en contrepartie, c’est bien normal, c’est devenu un saint-Siège éjectable, le trône de Saint-Pierre. Les exemples de PDG virés à coups de pompes dans le cul par les actionnaires majoritaires sont légions ! donc, François prend les commandes, OK mais pour combien de temps ? moi à sa place j’aurais négocié mon parachute doré, et comment ! avec des fresques de Michel-Ange pour décorer la toile par en dessous, quand elle s’ouvre au dessus de Castelgandolfo.

Tibert