C’est ses, ou c’est ces ?

Délicat débat que celui dont je vais vous entretenir ici – mais non je ne vais pas vous entretenir, je ne fais pas le Revenu Universel façon Primaire Socialiste – et qui vous changera agréablement – et moi z’avec – de cette campagne électorale sinistre, oppressante et   manipulée. Il s’agit de la Charte de la Laïcité qui se met en place dans les administrations ouvertes au public, et notamment les CAF, les Caisses d’Allocations Familiales… louable intention de mettre les choses au carré, de couper court à tous errements, on y précise le cadre du comportement des agents. Je vous cite l’article 6 de cette charte :

« Les salariés ne peuvent pas manifester leurs convictions philosophiques, politiques et religieuses. Nul salarié ne peut se prévaloir de ses convictions pour refuser d’accomplir une tâche. »

Voilà… ça paraît clair, non ? exemple, si c’est l’heure de la 3ème prière musulmane et qu’il y a du boulot, on ne déroule pas son petit tapis vers La Mecque, on fait son boulot. Si votre chef, notoirement Front-National alors que vous êtes fervent Benoît-Hamoniste, s’adresse à vous poliment pour vous donner un travail conforme à vos attributions, vous obtempérez au lieu de le traiter de fâchiste… etc etc.

Mais la liste des convictions (« philosophiques, politiques et religieuses« ) est-elle limitative ? en d’autres termes, si l’on a d’autres convictions  que ces trois-là, artistiques, syndicales, diététiques, sportives, que sais-je… on ne peut pas refuser une tâche non plus ?  « Nul salarié ne peut se prévaloir de ses convictions pour refuser d’accomplir une tâche. » Alors à quoi bon énoncer d’abord trois catégories de convictions, si dans la phrase qui suit on traite des convictions de l’agent, et non pas de ces trois seules catégories de convictions ?

C’est ainsi que le directeur de la CAF du Bas-Rhin refuse de diffuser et faire appliquer cette charte – et se fait sanctionner ! :  pour lui, il faut écrire « Nul salarié ne peut se prévaloir de ces convictions « (les trois catégories citées auparavant, et elles seules). Car, dit-il, les convictions syndicales, qu’est-ce que vous faites, par exemple, des convictions syndicales, hein ?

C’est sémantiquement bien vu : soit on traite globalement des convictions personnelles, et alors point besoin d’en donner la liste ; soit on en donne une liste, et alors autant que ça serve à quelque chose : c’est de ces convictions –  ces trois-là seulement – qu’il s’agit. Et toc.

Comme quoi – mais  non, ce n’est pas agresser sexuellement des mouches par voie rectale – on peut traiter d’autre chose que des élections présidentielles ! avouez que ça fait du bien.

Tibert