Politique et sport

On aura bientôt l’inévitable torticolis du printemps : à Roland-Garros (à Paris, forcément) c’est dans cinq semaines ; Wimbledon c’est un mois plus tard, mais on n’y a jamais droit – les droits de rediffusion à la télé, évidemment, histoire de gros sous. Les joueurs de tennis s’inscrivent donc, ces temps-ci… pas moi, hélas, j’ai une douleur persistante derrière les quadriceps droits qui va m’empêcher de défendre mon classement ATP, et puis mon coach me conseille une pause. Mais toutes les vedettes y vont, affaire de standing, de fric… et de sport, tout de même. Ceci dit, les organisateurs de Wimbledon annoncent qu’ils boycotteront les joueurs russes et biélorusses. Vaste sujet ! le sport malgré tout ? la politique sur les courts ? the show must go on ? (le spectacle doit continuer) ?

J’ai, on le sait, pris clairement position contre certaines exclusions, par exemple s’agissant de monsieur Polanski, quand on lui reprochait certains abus sexuels – frappés de prescription, d’ailleurs. Je prétends qu’il faut savoir distinguer l’homme et l’artiste – Céline le collabo et Céline l’écrivain, gnagnagna… – et qu’en l’occurrence l’artiste c’est l’artiste, perçu et reçu en tant que tel : on n’est pas obligé d’approuver ses possibles turpitudes ou errements en tant qu’être humain. Mais ici c’est autre chose : d’abord ces sportifs “artistes” de la raquette sont des hommes et des femmes d’affaires, souvent exilés en Suisse, Monaco… là où les impôts sont miséricordieux aux pauvres gens riches. Et puis c’est une question d’échelle : entre Polanski et Poutine, comme on dit, “y a pas photo” ! L’agression brutale, sanglante, massive envers un pays souverain – accompagnée de mensonges énormes et de répression féroce des protestations – mérite à mes yeux qu’on emploie tous les moyens possibles pour s’y opposer, y compris les bouts de ficelles.

Les ténors du tennis russe et biélorusse ne reçoivent aucun missile sur la trombine, ne risquent pas de mourir en traversant la rue pour aller chercher de l’eau, ni de se faire zigouiller par des soldats abrutis de vodka. Ils pourront réfléchir et se documenter sur les tenants et les aboutissants de cette “guerre” : ils en ont d’ailleurs les moyens, résidant et voyageant hors de la sphère de propagande russe. Ils survivront, eux. Et qui sait ? si Poutine tient vraiment à voir ses champions garder leur rang à l’ATP, peut-être révisera-t-il les plans tordus et obscurs de son “opération spéciale”. On peut rêver, non ?

Tibert

P…, trois heures !?

Monsieur Quatennens, un des proches lieutenants du Lider Maximo Mélenchon, s’est muni hier soir d’une pleine cafetière – dans le Ch’Nord on y met volontiers de la chicorée – pour pouvoir suivre les yeux ouverts, c’était sa dure mission, la totalité du grand match politique Marine-Emmanuel. Réaction : “A 400 000 voix près, on aurait moins bâillé” : eh oui, “si ma tante en avait deux, ce serait mon oncle” , comme on dit. Quel gâchis, n’est-ce-pas ? la légitimité du patron des LFI à ce second tour était pourtant évidente, quasiment de plein droit, c’est monsieur Quatennens qui nous le dit. D’ailleurs son chef a confirmé, c’était bien “un gâchis” . Ah, vous voyez, les mauvais votants… c’est votre faute.

Et puis je ne puis m’empêcher de faire un parallèle entre messieurs Poutine, le Russe, et Kim-Jung-Un, le Coréen du Nord. Hier je lisais que la Russie a réussi un tir de missile intercontinental, un truc exceptionnel, terrifiant paraît-il, le/ la Sarmat, Poutine nous l’assure, de quoi ratatiner d’un seul coup les Amériques et la Patagonie avec. Plus à l’Est, on nous abreuve de photos officielles et calibrées du Bibendum coréen, blouson de cuir et lunettes noires, entouré de sa cour : ils viennent de, ou ils s’apprêtent à balancer dans l’air un nouveau super-engin destructeur et meurtrier. Rien que des hommes en uniforme, généraux âgés, coiffés d’immenses casquettes de l’ère soviétiques, arborant tous des mines extatiques, tous tenant en main leur petit carnet avec le crayon, prêts à noter pieusement – sinon, au trou ! – les importantes et pertinentes remarques du boss. Ces deux-là sont des obsédés du missile, des furieux de la balistique meurtrière, de la Guerre des Mondes, du choc des blocs ; c’est à celui qui aura la plus grosse… menace. On est mal barrés, mes amis.

Tibert

Un sou mis…

… de côté, pour les jours difficiles à venir, par exemple. Je sais, c’est un jeu de mots laid, je vous l’accorde. Introduction à une interrogation sur le nom du parti dirigé par monsieur Mélenchon : La France Insoumise, avec ce Phi, L-F-I fi, ce φ grec comme totem. Insoumise à qui ? et qui pour prétendre la soumettre ? Sujet de philo au bac : “En quoi la démocratie est-elle soumission” ? Vous avez trois heures. Rappelons-nous aussi que la “soumission” ( Islam, en arabe) fut, il y a sept ans, le titre d’un roman “de politique-fiction”, comme nous le dit Wikipedia, de monsieur Houellebecq : poursuivons donc dans cette veine de politique-fiction… Monsieur Mélenchon, sautant à pieds joints par dessus la Présidentielle – caramba, encore raté ! – nous demande de l’élire Premier Ministre ! ça, c’est vraiment de la politique-fiction, bref des élucubrations oiseuses.

On le sait en effet, le Premier Ministre n’est pas élu – c’est une boutade mélenchonesque – mais nommé par le Président, selon la majorité de gouvernement qu’il (le Président *) pense possible de faire fonctionner, idéalement en harmonie avec lui, au pire en “cohabitation” , paix armée, faute de mieux. Fiction, donc : à supposer qu’une majorité LFI + écolos + PCF + PS (de profundis) + etc… arrive aux Législatives, à supposer que LFI domine le lot – ce n’est plus le “vote utile” , là, c’est chacun pour sa paroisse -, à supposer que la stature du Lider Maximo de φ s’impose à ses alliés, à supposer que le Président ne trouve pas de solution moins pire, alors oui, on aura droit à Mélenchon Premier Ministre. Pour le moment il est virtuellement Président du 9-3, de la Seine-Saint-Denis, médaille en chocolat.

Le fait est, c’est remarquable, qu’ à Villetaneuse il a été élu Président au premier tour, 65 % ! (mais Hollande avait fait mieux, nananè-reu !). Face à ces pourcentages quasi plébiscitaires, et si vous essayez d’analyser le pourquoi, il faudra vous contenter d’hypothèses rustiques. Un indice : l’article du Monde cité plus haut donne la parole à une habitante de ce charmant village : Et puis, c’est le seul à nous comprendre, nous, les musulmans. » Par ailleurs, n’essayez même pas de bâtir quelques données chiffrées sur la composition socio-religio-ethnique de ce patelin : c’est d’abord malpoli, et puis c’est interdit.

Tibert

(*) Le Président. A supposer – continuons à supposer – que la Marine s’impose dimanche prochain, ce sera madame Le Président. La fonction, la fonction ! la fonction de Président, nom masculin, c’est comme ça, comme cervelas ou oxymore. Idem, épacte ou traboule, noms féminins.

Variante : Charybde ou Scylla ?

Sur France-Info, en ce calme matin du lundi de Pâques, je lis en marge d’un courrier des lecteurs : “L’extrême-droite, ce sont des partis qui refusent la vie parlementaire. Être d’extrême-droite, c’est être violent….” . C’est taillé à la serpe, mais globalement pas faux, les partis de ce bord qui ont été aux manettes l’ont montré. Les militants de gauche savent donner de la voix sur ce sujet, hurler à la violence illégitime, et le terme “fachos” sert de fourre-tout commode et de repoussoir. Il est cependant historiquement prouvé que de l’autre bord ce n’est pas mieux… les Bolcheviks ne se sont pas imposés à coups de pétales de fleurs, Staline, Mao et assimilés n’ont pas fait dans la dentelle, Trotski non plus – voir Cronstadt – etc… et ma foi l’extrême a prouvé sa nocivité, ses excès et favorise l’expression de la violence, quel que soit son bord. Exemple, les deux partis trotskistes présents au premier tour (Poutou + Arthaud) prônent clairement la violence comme seul moyen d’un véritable changement. Bref, un partout, la balle au centre, dirais-je.

Et puis cette nuit je songeais à cette remarque d’une amie mélenchoniste – j’en ai quelques uns, nobody’s perfect – qui me disait préférer, à la limite, que la Marine gagne, plutôt que Manu-les-Rouflaquettes : comme ça, disait-elle, “les gens descendront dans la rue” . En somme, un électro-choc violent plutôt que la morne prolongation du quinquennat. Et c’est là ce qui pourrait constituer, pourquoi pas, une stratégie de subversion, et que d’aucuns seraient susceptibles d’envisager : faire la courte-échelle au RN au second tour, par exemple en appelant à s’abstenir ou à voter blanc, tablant ensuite, pour renverser la table et les institutions, sur la légitime violence des larges masses populaires – comme on disait au PCF dans les années Marchais – indignées de l’arrivée des “fachos” aux manivelles. C’est une crainte infondée ? du fantasme ? souhaitons-le.

Tibert

(*) et les femmes aussi, bien entendu : j’utilise le neutre, moi (le neutre, c’est actuellement au masculin ; on peut changer si vous y tenez, par exemple un système en alternance, mais je tiens au neutre, plus synthétique), et la grammaire de notre belle langue est d’accord avec moi.

Peste ou choléra ?

C’est là la question ! choix tragique, si l’on en croit la pancarte en carton brandie par un jeune manifestant hier, samedi de Pâques, “Macron c’est nul, Le Pen c’est pire” . Eh oui, c’est comme ça, ma pauvre dame ! il me souvient avoir été abattu et mortifié quand Normal-Moi-Président l’a emporté sur Sarkozy II ; les mêmes ne gagnent pas à tous les coups, sinon c’est que c’est truqué, genre Loukachenko ou Maduro, pourcentages staliniens. Le drame, et je les comprends, les déçus du camp Mélenchon, c’est qu’ils avaient un brillant débatteur, un vieux routier de la politique, roublard, rompu aux contorsions de cette discipline, ex-trotskiste, ex-anticlérical, ex-un tas de choses, et voilà que nonobstant des “votes utiles” massifs, et qui ont sapé les résultats des autres concurrents “de gauche” , nonobstant le soutien décisif de madame Royal 😉 et le “bide” bienvenu de l’OPA de madame Taubira, voilà que ça foire encore ! pffft ! et c’était la der des der pour Mélenchon, dans cinq ans il aura 76 ans, vous imaginez le truc… avec un déambulateur…

Eh oui, c’est ça la démocratie. Des tas de salopards, d’ignares, de réacs… grblmmblgrbl… ont voté Macron ou Le Pen, et selon les manifestants d’hier – on en a compté moins de 23.000 en tout sur l’Hexagone, c’est très modeste pour une telle mobilisation – c’est inacceptable ! Eh bien, ces “tas de salopards, d’ignares, de réacs” sont majoritaires, c’est tout. Vous pouvez flûter, il va falloir attendre, les gars. Notez, il va y avoir des Législatives, de quoi envoyer au Palais-Bourbon une marée de députés d’extrême-gauche, une chambre “introuvable” … ou pas, l’avenir nous le dira bientôt. Hurler des slogans de dépit dans les rues le samedi pour exorciser “l’extrême-droite” et “les fachos” n’aura probablement pour seul effet que de conforter les salopards, les ignares, les réacs, bref les électeurs majoritaires, dans leurs choix lamentables.

Tibert

Démocrasse

Enorme scoop, retentissante nouvelle, un coup de tonnerre etc… , monsieur Hollande recommande de voter Macron au second tour. Photo gros plan, avec vue imprenable sur le bouton, là, sur la joue gauche… on se demande quel est l’intérêt de nous infliger pleine page la trombine de l’ex-Moi-Président, qui au moment où l’instantané a été pris, était, si ça se trouve, en train de dire à son voisin de gauche de lui passer le sel. Et d’expliquer les raisons renversantes de cette déclaration-surprise. C’est du journalisme, ça, coco ! Au fait, si ça vous a échappé, monsieur Sarkozy a fait le même choix, pour des raisons autres, mais ça revient au même.

Ceci étant, le soir des annonces du premier tour, des émeutes et des saccages ont été à déplorer à Rennes : d’aucuns ont mal supporté que leur champion, le Lider Maximo des LFI, se soit vu privé de second tour : c’est que la démocratie est scandaleuse, le “pire système” ( à l’exception de tous les autres, selon Churchill), qui permet à des cons bornés – en langage châtié, les larges masses travailleuses trompées et manipulées par le Grand Capital et la Bourgeoisie – d’imposer leurs choix rétrogrades et révoltants, quand les militants lucides et résolus aspirent à, et oeuvrent pour un autre monde ; “un autre monde est possible” , camarades. (*)

Idem la Sorbonne est occupée, comme au bon vieux temps, par des déçus, avec le slogan Ni Macron ni Le Pen : alors qui ? il faut urgemment changer la constitution, instaurer des coefficients correcteurs (+ 30 % si l’on est d’extrême-gauche, par exemple), remonter les notes à l’oral, Mélenchon y excelle ! Blague à part, c’est tout simplement du déni de démocratie. Un meilleur système consisterait à ne laisser voter que les individus conscients, éduqués, intelligents et responsables : reste à les sélectionner, et donc, bon courage !

Pour finir d’enfoncer des portes ouvertes, le président de l’université strasbourgeoise déclare doctement, dans l’article cité plus haut : “Emmanuel Macron est quand même le seul candidat à pouvoir faire barrage à Marine Le Pen” : c’est bien vu ! et inversement…

Tibert

(*) En italique, pour suggérer que c’est du second degré. Mais vous l’aviez deviné.

Referenda et salons de thé

( Tandis que des Français étaient collés à leur télé, leur tablette, leur ordi… à suivre le feuilleton “Elections, Acte 1” , des cambrioleurs en rupture de stock de tronçonneuses en profitaient pour se refaire gratis. Le magasin ainsi dépouillé en est environ à sa douzième visite discourtoise ; à ce stade on ne compte plus… une idée : que le propriétaire lésé et nerveusement très atteint – on le comprend – se reconvertisse en salon de thé ou crêperie bretonne : les malfrats – sans doute un peu toujours les mêmes, ils ont maintenant leurs repères – sont indifférents aux stocks de Lapsang-Souchong, de Darjeeling ou de blé noir, qui se revendent mal, “tombés du camion” , chez leurs clients habituels, arboriculteurs ou forestiers. Ils iront dévaliser ailleurs ; d’autres gendarmeries, qui sait ? se taperont les paperasses et les enquêtes ardues à venir. Bon, s’il s’agissait du vol du scooter du fils d’une huile de la République, l’affaire serait résolue en quelques jours ; on a bien entendu une idée assez précise du profil des indélicats, on sait où chercher… Mais bof, hein, il n’y a pas mort d’homme, et puis l’assurance paiera. )

Mais autre chose : Macronious, grande nouvelle, envisagerait même un référendum ! sur l’âge de la retraite… mais non, il n’y est pas hostile ! du moins en attendant d’être élu, si vraiment ça coince… interroger les Français, mais pourquoi pas ? On sait pourtant que la boîte à référendums (referenda, en latin, allez, un peu de pédanterie) a été égarée, le couvercle est rouillé, ou bien on a perdu la clé, depuis le dernier qui date de… 2005 : dix-sept ans, donc, et puis on se souvient comme le “Non” d’alors, à 54 % , avait été peu clair, inaudible en fait, sûrement un malentendu, et les décideurs en avaient déduit que c’était probablement “Oui”.

Avant l’élection, donc, monsieur Macron est tout à fait disposé à organiser un référendum. On verra ce qu’il en adviendra… tandis que madame Le Pen ne voit que ça, le référendum, cette solution “populiste” – si si, les Suisses sont terriblement populistes, on leur demande leur avis, enfin quelle idée ! – car elle se sait coincée : à supposer qu’on l’élise, et pour pouvoir agir comme ses électeurs le lui demandent, elle devra faire légalement – donc par référendum, what else ? – péter les barrages des très sourcilleux Conseils d’Etat et Constitutionnel, ces gardiens de la pureté des textes – quelle que soit la mocheté du réel.

Tibert

PS – Tiens, juste pour illustrer : Le Monde pousse les hauts cris, on (madame Le Pen) veut violer l’Etat de Droit avec son projet de référendum. Donc poser une question aux Français, à tous les Français, et non à leurs subrogés théoriques, c’est affreux ? le problème est bien là : on (nous, les Français), on s’égosille, on peut flûter, mais on n’est pas légitimes à s’exprimer… alors qui a peur du référendum ? et que penser de l’adjectif “illibéraux” que Le Monde attribue aux régimes polonais et hongrois ? illibéraux, ou non démocratiques ? le libéralisme n’est pas la démocratie ; c’en est une version laxiste – chez nous, carrément laisser-faire, derrière le rideau de fumée du respect des textes, pieuse fiction.

Faut faire comme on dit

( Ce matin, ne cherchez pas d’informations sur l’Ukraine : il n’y en a pas, ou alors tout au fond du placard à gauche, derrière les balais et les serpillières. L’Ukraine ? céhoùça ? On aura sans doute loupé le soutien indéfectible du patriarche orthodoxe de Russie à Poutine et à ses infectes initiatives : le papam François se montre nettement plus mou dans le sens opposé ! allez, un peu de gniaque, François ! )

Car en effet (*) c’était soirée électorale, et ma foi le suspense fut nul, on savait le résultat avant de le lire, sauf à constater qu’à arriver troisième on est troisième, d’un pouïème ou plus largement : fallait arriver deuxième ! et madame Royal en est donc pour ses frais avec son appel au “vote utile” , et plus si affinités (une ambassade aux Galapagos ? la présidence d’une Commission Théodule ?). Pour pousser l’analyse, disons que le PS est en miettes – dire que monsieur Hamon, pourtant plutôt bas de gamme, a fait il y a cinq ans trois fois mieux que madame Hidalgo hier… au fait, à Paris elle a néanmoins amélioré sa moyenne : 2,17 % des votants, la maire de Paris, 25 % de mieux que sur la France entière : un plébiscite !

Ceci étant, la droite “classique” n’est pas en meilleure forme. Outre que madame Pécresse s’est révélée affligeante à l’oral – un Mélenchon, reconnaissons-le, y excelle), outre que les abonnés au LR ont fait un mauvais calcul en privilégiant la femme plutôt que le meilleur candidat, la droite classique a fait la preuve, depuis des lustres, de son inefficacité aux manettes, et ça a fini par se savoir. Des moulinets, des phrases percutantes, des effets de manches, mais dans les faits, pas grand-chose. Alors, à quoi bon s’entêter à la soutenir ? même les anciens – Sarkozy, en l’occurrence – sont restés en retrait, d’autres ont rallié les LREM. Voilà comment on se retrouve au niveau des écolos, même pas remboursé de ses frais de campagne.

Moralité : quand on annonce quelque chose, il faut s’y atteler, ou au moins faire semblant. Macronious a soigneusement évité, lui, de parler de sécurité et d’immigration, misant toute sa très mince campagne sur le Pouvoir d’Achat : eh bien voilà, personne n’attendra donc rien de lui sur les sombres problèmes de sécurité et d’immigration.

Tibert

(*) Désastreux pléonasme, “car en effet” , à proscrire, donc. Je rectifie : “En effet c’était soirée…” . On se sent tout de suite mieux, car “car” eût été maladroit, amputé de son argument introductif.

Au fait, “Introduc’tif” , ça ferait une chouette enseigne de coiffeur, non ? (Créa’tif, Infini’tif, etc…). En prononçant un peu maladroitement, on entendrait presque “Un trouduc’tif” , mais je n’aurai pas le mauvais goût d’insister.

Compétents de plein droit

( Je l’ai lu ce matin sur Le Parigot, mais un Houèbe-maître trop zélé l’a effacé : des bonnes volontés citoyennes ont fait du nettoyage des espaces publics, hier à Paris… bravo les petits ! et belle récolte de masques souillés, de mégots, de canettes, de plastiques divers et variés. La nature sera un peu plus propre pendant quelques heures, le temps que les négligents y re-jettent leurs déchets malotrus. Citation de mémoire d’un courageux nettoyeur : “Ouais c’est bien, mais il reste encore beaucoup à faire pour éduquer les gens...” . Objection votre Honneur, il ne “reste” pas beaucoup à faire, car on a renoncé, on a baissé les bras, on a démissionné à éduquer. Il faut constater tristement qu’on est face à deux types de populations, celle qui peu ou prou se soucie de respecter les règles de la vie en société, et celle qui n’en a rien à cirer, bien au contraire, avec doigt d’honneur pour ponctuer la chose. Pas de masque dans le métro, mégots par terre, emballages idem, pieds sur le siège d’en face, téléphone à voix haute n’importe où, crachats dans la rue, et je vous en passe : il suffit d’observer. Et sans espoir que ça change. (*))

Mais autre chose : le Monde, hier, nous régalait d’un article sur le vote des artistes aux Présidentielles. J’écris artistes sans guillemets car, admettons, écrivains, acteurs, cinéastes… ce sont des artistes ! Mais là où ça me grattouille, c’est le message sous-jacent : ils comptent, ils imposent, ils importent, ces artistes, de par leurs choix électoraux. Madame Carole Bouquet, mazette ! a choisi Macron ; madame Romane Bohringer, fichtre ! en tient pour Mélenchon, et monsieur Laurent Binet, waou ! même choix. Cependant que madame Valérie Donzelli a choisi Hidalgo. J’estime diversement ces personnes en tant qu’artistes, de “bof” à “magnifique” – appréciations toutes personnelles – mais je vais vous dire : la compétence de madame Donzelli (c’est tombé sur elle au hasard, c’est idem pour les autres) en matière de choix politique pour la France me laisse de marbre : on peut citer des tonnes d’artistes plus nuls politiquement les uns que les autres. Tenez, Gropius, D’Annunzio, Aragon… Bref, que le grandissime metteur en scène Dugenou, cet immense artiste, veuille voter pour le candidat Machintruc est pour moi aussi important, voire moins, que le cours du tourteau de soja sur la place boursière de Minneapolis.

Tibert

(*) Vieil adage cynique qui tient lieu de principe moral : c’est le plus gêné qui nettoie.

Plans orientés

( Il semble que Sputnik et “RT” (Russia Today, en français 😉 ) ne soient plus très bien vus, par chez nous, et on le comprend. Mais voyez un peu… J’ai butiné sur le Houèbe, partant d’un article de Ouest-France qui détaillait le plan (raté) de monsieur Poutine et de ses inspirateurs ; et je suis tombé sur un truc en accès libre et sans garde-fous. Accrochez-vous, les infos qui sont distillées là à gros traits épais sont effarantes, renversantes. On croit à un bobard, mais non, c’est du premier degré ! Ou comment d’aucuns avaient, sous couvert de soi-disant dénazification – mot qui revient comme un mantra – planifié la refonte politico-géographique de l’Est de l’Europe “à leurs bottes” . Le reste des infos qui y sont dispensées est à l’avenant… )

Mais, autre chose : C’est peut-être passé inaperçu, mais le gouvernement a dissous, le 30 mars dernier, après avoir sévi contre des groupes étiquetés extrême-droite, un groupe violent lyonnais “antifasciste” (c’est du moins le credo annoncé ), le GALE. On dissout les groupes violents, c’est normal – sans trop se faire d’illusions sur l’apparition d’un clone deux rues plus loin, sous un autre sigle – et le bon sens veut que, quel que soit le côté politique où ça se situe, on sévisse contre ces énergumènes. Bien… mais pas du tout ! tenez, sur Le Monde, on revient sur cette dissolution, donnant la parole aux avocats de ce groupe, qui veulent faire invalider la sanction. Un des avocats s’inquiète, c’est très grave ce qui se passe, dit-il, car “Le GALE a pour objet la dénonciation des discours et des violences d’extrême droite qui gangrènent notre pays, et il est réduit au silence. Le groupe a énoncé des critiques, certes fortes et marquées, en particulier contre l’usage de la force publique…” Ah… des critiques “fortes et marquées” ( on est dans la litote, là…) … contre “l’usage de la force publique” (contre les flics, donc, qui y vont vraiment trop fort contre des gens pourtant “de gauche” , donc fondés à cogner ! ).

Bref : on retrouve là l’effarant sophisme selon lequel la violence “de gauche” serait légitime, normale, puisqu’elle s’exprime – c’est du moins son argument – contre celle de droite ! Eh non, l’expression pacifique d’opinions désagréables, rebutantes, voire nauséabondes (*), est encore permise dans ce beau pays, et ne justifie pas qu’on fasse usage de la violence pour s’y opposer. Tenez, monsieur Mélenchon répète en boucle qu’un “autre monde ( à sa sauce, NDLR) est possible” : eh bien, même si l’on a de fortes craintes concernant cet avenir radieux – glauque à n’en pas douter – on le laisse flûter ; on ne va pas lui caillasser sa permanence ! C’est la démocratie, que voulez-vous…

Tibert

(*) Un bémol : à l’exception des incitations à la haine raciale, à la violence, loi Gayssot, etc. Il y a forcément des bémols, sinon où irait-on ?