Sur l'exceptionnalité des Valeurs

Un joli pied de nez de monsieur Lucchini, l’acteur, au Pujadas de service vespéral sur la messe du 20 heures à France 2, et qui l’asticotait, ksss kss, savoir s’il était de gauche, ah non, ah bon ? et pourquoi donc ? : “faut être exceptionnel quand t’es de gauche“, articule Lucchini, ronron façon Bébert (*), l’oeil pétillant derrière ses lunettes, se foutant manifestement de son interlocuteur. Tenez, c’est court et savoureux, profitez-en pendant que c’est là.

Eh oui, être de Gauche c’est extrêmement exigeant, et pour ça il faut mettre SES valeurs supposées au dessus des lois de la République, et s’y tenir, même si on clame urbi et orbi son amour pour la République, même si on est un élu de la République, et qu’on est à l’origine de ces lois ! Le pathos gonflé tel un soufflé sur l’affaire de cette collégienne retournée au Kosovo avec sa famille fait peine à voir : une lycéenne révoltée nous explique que c’est insupportable, révoltant, justement, de voir une chaise vide dans la salle de classe, alors que la veille, elle était occupée : et en cas de gastro-entérite, on fait quoi ? comme dirait l’autre. Une élue Verte nous assure que ça rappelle Les Heures Les Plus Sombres De Notre Histoire – la Shoah, allez hop, la rafle du Veld’Hiv’ – et SaMère, l’ex-Vert du Bordelais, qui, moustache frémissante d’indignation, réclame la démission du Valls… belle exposition de Valeurs. Mais les lois ? mais les nombreux recours et procédures engagés par le père de la gamine, et constamment rejetés ? ils s’en foutent, faut que ça mousse un max.

Fort sagement, le gouvernement, écartelé entre “y a pas faute” (ça serait sa faute)  et “faut être humain” (ils sont de Gauche, tout de même), va nous re-re-faire l’enquête, nous a assuré monsieur Ayrault, savoir si on a loupé un alinéa dans la procédure. Nous voilà rassurés.

Mais rappelons-nous : au dessus des Lois, il y a les Valeurs. Les Valeurs des autres.

Tibert

Bébert, le matou… le matou de Céline, l’écrivain… il avait des références, Louis-Ferdinand : Bébert, affectueux diminutif pour Tibert, Tibert le chat littéraire.

Fronts et sauces républicaines

(Note liminaire : il y aquelques jours, le Fig’N’importe-Quoi titrait en Une : “Nouvelles manifestations contre les retraites“. C’est en fait “Nouvelles manifestations contre la réforme des retraites” qu’il fallait comprendre : en gros, l’inverse de ce qui était développé ensuite, vous comprenez ? parce qu’un titre, faut faire COURT, coco ! on s’en tape si ça veut dire l’inverse, ou rien du tout.

Mais, à nos moutons…qu’est-ce qu’un front républicain ? chers auditeurs, vous le savez comme moi : c’est une initiative qui amène deux formations politiques, qui d’ordinaire se foutent impitoyablement sur la gueule, à se serrer les coudes car la République est en danger, rien que ça. Et il paraît qu’à Brignoles, dans le 8-3, le front-machin, là, eh bien, il a craqué. Il a craqué, disait monsieur Ayrault. Il a craqué, eh oui : il n’a pas pu empêcher le FN de passer. UN élu FN aux cantonales ? la République est en danger.

Il existe en fait (*) plein de fronts du même métal ; fronts moins scintillants que le prestigieux Front Républicain, car la République n’est pas menacée, juste un peu chahutée. “Je te laisse Coulommiers, tu me files Avranches“, “ Tu mets un poil d’écolo dans ton programme et je te rameute mes voix“, etc. Des fronts-tambouille… un front PS-EELV au printemps 2012 a ainsi permis aux écolos-verts, moyennant certaine bucolisation du programme du PS, de faire front avec ledit PS et bénéficier ainsi de sièges bien douillets au gouvernement ou dans les diverses assemblées, malgré des scores électoraux minables, voire calamiteux. Voilà, ça sert à ça, un front normal.

Le front “républicain”, lui, l’estampillé, sert en clair à empêcher le FN –  qui tourne régulièrement autour de 16-18 % des préférences des Français – de figurer dans les diverses instances représentatives : ce sont des 16-18 % pas valables, contrairement aux scores des micro-partis façon EELV ou NPA, qui sont, eux, des 2-4 % valables. Et pourquoi pas valable ? parce que, clament les autres, le FN, lui, n’est pas républicain ; extrême-droite, fasciste, un tas de noms d’oiseaux, mais pas républicain. Populiste, disait il y a peu madame Hidalgo : populiste DONC pas républicain. On appréciera la logique simple et implacable, s’agissant de deux “mots-valises” dont on peut faire des pages et des pages d’interprétations.

(Au fait, dans la même interviouve, Madame Hidalgo avançait que le FN n’avait “ jamais joué dans l’espace républicain“. C’est évidemment un gros mensonge : le FN a bien eu un groupe à l’Assemblée dans les années 1986, avec 35 élus (grâce à monsieur Mitterand et la “proportionnelle”, qu’on se dépêcha vite de remballer, c’est trop dangereux).

Bref : le “front républicain” est un faux-nez, un euphémisme pour “front anti-FN” ; madame Le Pen le nomme front “UMPS”, et c’est ma foi un raccourci qui se vérifie bien. Si le FN “joue si peu dans l’espace républicain”, c’est que, justement, le système uninominal à deux tours + le “front républicain” ont jusqu’ici à peu près réussi à l’empêcher de “jouer dans l’espace républicain”, où s’ébattent tous les partis auto-proclamés républicains. “Républicains”, ah ça oui, avec leurs cumulards même-pas-honte, leurs professionnels recuits de la politique, leurs vieillards indéboulonnables et cramponnés à leur hochet, leurs intègres Ministres du Budget, etc. Elle peut dormir sur ses deux oreilles, la République, tant que le Front Républicain fonctionne.

Tibert

(*) “en fait“, c’est l’actuelle tarte à la crème du langage parlé. En fait ça n’est pertinent que dans 10 % des cas, mais les “en fait” (pas les amphèt’s), ça meuble, ça permet de temporiser, ça importance le discours, ça le fait mieux, en fait.

Un Monde de beau linge

Quand par malchance on n’a pas accès au Houèbe, on achète le journal en papier, pour ne pas louper, par exemple, les palpitants épisodes de la juste lutte des taxis parisiens contre l’intérêt général des Parisiens, qui semble archi-secondaire. Mais passons. Donc, le journal… le journal du vendredi soir, le Moonde (daté du samedi), c’est vendu  avec supplément obligatoire, un magnifique magazine papier glacé, joulies photos et articles soignés. Le Moonde du vendredi soir coûte 3,50 euros avec tous ses suppléments, le magazine et divers feuillets ; soit 1,70 euro de plus que d’hab’. Pour ce prix on a droit à du rédactionnel, et du solide, non ?

Rédactionnel solide… il y en a, c’est vrai, sur la jeunesse de Téhéran, sur la parano des Parisiens qui bossent à St-Denis (93). Et deux-trois portraits estimables sur des gens intéressants. Voilààh… et puis, et puis, un article de 4 pages, très élogieux, sur la maison Arnys à Paris dans les quartiers huppés, qui habille un tas d’hommes célèbres ou riches, ou les deux. Et, le croirez-vous, on nous apprend que Normal-Moi en personne y est venu voir, mais a renoncé à s’y faire confectionner ses costards, c’est trop cher pour lui ! à partir de 6.000 euros la bête, on le comprend, ça fait cher le bout de tissu. Mais show-bizz, politiciens, écrivains, hommes d’affaires… ils sont légion à se presser chez Arnys, que du beau linge parisien – les socialistes sociaux et les UMP libéraux s’y cotoient avec civilité. Bref : Arnys, si vous êtes pété de thunes et affectionnez de vous vêtir bien bourge, bonne adresse. Moi j’appelle ça du “publi-reportage”, mais j’ai mauvais esprit.

Et puis, feuilletant le magazine, j’ai été frappé par le nombre de pleines pages de pub’ pour les fringues et chaussures masculines, et pas du Tatu ni du Kiabu, non : que de la belle griffe, vous pensez bien. J’ai donc consciencieusement établi la liste exhaustive de ces pubs grand format trouvées au fil des pages, outre la maison Arnys et deux quasi “publi-reportages” sous couvert de belles photos (“ Henri-Charles Dugenou porte ici une cravate Cecicela de chez Schmoldu, une veste cachemire-soie griffée MonLapin, chaussures Crokno de chez HypeShoe“, vous voyez le genre) : j’ai dénombré 27 marques qui souhaitent vous fourguer, via le magazine du Moonde, des vêtements ou des chaussures.

Ralph Lauren – Saint Laurent – Giorgio Armani – Gucci – Ermenegildo Zegna – Bottega Veneta (ah là c’est une femme !) – Canali – Brioni – Kenzo – Carven – Lanvin – Hugo Boss – Paul Smith – US.Polo Assn – Strellson – Cerutti – Peuterey – Marc O’Polo – Tommy Hilfiger – Woolrich – De Fursac – IKKS – Levi’s – Aigle – Geox – American Vintage – Dior.

Voilà. Notez, ce n’est pas tout, on a aussi Rolex, Bell & Ross, VW, Nespresso, Hyundai, Samsung, Toshiba, Renault, Novotel, Lindt, Rivages du Monde, qui, eux, ne vendent pas de fringues. Et, ah oui j’oubliais : Sotheby’s. C’est pour vendre une gentille gentilhommière à Menton (06), mise à prix 22 millions. Sur le papier ça a l’air pas mal.

Mais quelle est donc la cible du Moonde-magazine du vendredi soir ? c’est Vogue-hommes, ma parole ; le Fig’Magazine n’est pas loin non plus. Parisiens illustres, Parisiens branchés, vêtez-vous cher, vêtez-vous riche.

Poudrage de cacao sur le Tiramisu : une pub pleine page pour le “Musée du Monde”, des cahiers à se procurer semaine après semaine, sur des thèmes de beaux tableaux de grands peintres. Le prix du cahier : 5,99 euros. Là, sur ce sournois centime manquant de prix vicieux qui ne veut pas avouer ses 6 euros, on rejoint, naturellement, la grande famille des vendeurs de chaussettes sur les tréteaux des marchés.

Tibert

La i-Catastrophe, ou mon i-chéri

Il en est parfois des textes comme de ces mots qu’on prononce dans le calme feutré d’un cabinet, allongé et tournant le dos à une silhouette supposée attentive et flottante, bien que carrée dans un fauteuil : ils font sens.

Tenez : le Figues’areu areu, encore lui, nous régale d’un scoop réchauffé sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny : il y aurait bien eu des dépouilleurs d’accidentés, des chacals de déraillement, des vautours de scène de désolation, contrairement aux dénégations officielles “dormez braves gens, tout est calme, la situation est sous contrôle“. Des salopards ont volé des effets épars sur les voies, ou sur les cadavres, allez hop,  pas de sentimentalisme.

Et volé quoi ? “Il s’agit de vols de téléphones portables, d’iPhone, d’appareils électroniques ou encore de bagages“, écrit le journaleux. Voilà qui est extrêmement vague (des bagages…) et extrêmement précis : des iPhone ! (et aussi des téléphones mobiles, ou cellulaires, bref des “portables”, selon la désignation courante et ambigüe).

Des IPhone et des téléphones portables… qu’est-ce qu’un iPhone ? un téléphone portable. Mais pas n’importe quel téléphone portable, pas de ces Samvung de mes deux ou de ces Suny à la noix : non, des iPhone, excusez du peu. Des montres et des Ronex, des bagnoles et des Portsch, des foulards et des carrés Herpès.

Ils ont volé des iPhone… La Marque A La Pomme. C’est épouvantable.

Tibert

PS : ça s’appelle en termes de journalisme du “publi-reportage”, ou de la “publi-information”. Combien ça rapporte au canard qui passe ainsi la brosse à reluire à la maison MaPomme ? ça vous ne le saurez pas.

Ça trompe énormément

Circoncision, saison IV : derechef le Conseil de l’Europe vient de pointer du doigt et condamner la forme rituelle de cette pratique sur les enfants (mâles, évidemment), qu’il juge abusive et dangereuse.

Derechef (A nouveau, si vous préférez, mais derechef, ça le fait mieux, il y a du chef là-dedans) Israël, état laïc de chez Laïc ;-), se met en rogne sur cette affaire et dénonce un encouragement aux « tendances racistes de l’Europe ».

Je fais remarquer ici que la circoncision n’est pas raciste pour deux ronds (de prépuce), puisque ces prépuces, tranchés rituellement ou à des fins hypocritement prophylactiques (*), sont sacrifiés sur des autels divers et variés ; et il en est de toutes les couleurs, tels les anneaux olympiques ! Le « racisme » est ici brandi hors de propos, comme souvent  – le “racisme”, c’est horrible, forcément horrible –  en dépit des faits et de toute rigueur intellectuelle.

Au fait, allez donc jeter un cil sur le juteux courrier des lecteurs, à la suite de l’article cité… bourré d’a priori(s) ! le jeu c’est d’en débusquer le maximum. Entre autres, on y compare le pénis non mutilé à une trompe d’éléphant… on y apprend aussi que le prépuce “n’a aucune fonction“. C’est bien des remarques de gens qui n’ont jamais eu la possibilité d’utiliser leur prépuce, ou alors ils ont oublié. Non mais dans quel monde vivons nous ?

Tibert

(*) un pénis circoncis est plus facile à laver, certes : pas besoin de retrousser le manche, flemmards que vous êtes. Mais il reste des plis un peu partout, et à l’ère des salles de bains généralisées et des douches quotidiennes, la propreté pénissienne ne pose aucun problème, circoncis ou pas.

Gentils Lupins et vilains buralistes

Un de ces récents soirs (*), à la télé, où l’on nous serine la soupe des infos vespérales – bien prémâchées, les infos, digestes et lisses :  un braquage de plus, le 72.527 ème, c’est un bureau de tabacs dans le Sud-Est : “Le braquage s’est mal terminé…”, dit en substance la spiquerine, “…le buraliste a tiré avec un fusil chargé de balles en caoutchouc et blessé un des braqueurs gnagnagna…“…

Qu’est-ce qu’un braquage qui “se termine bien” ? on aimerait avoir des éclaircissements là-dessus, que la spiquerine nous explique comment on s’y prend pour un braquage sans éclaboussures, un braquage “happy end”.

Autre : ce matin, Le Figues’haro nous en sort une autre qu’elle est savoureuse : dans l’Oise, quatre cambrioleurs de jour, cagoulés et gantés, qui trouvent les enfants à la maison… c’était pas prévu au planning… ils improvisent, les ligotent, les parquent à l’étage pendant qu’ils foutent la maison à sac à la recherche du fric supposé. “Ils les ont surveillés tout en fouillant la maison, mais n’ont commis aucune violence physique sur eux. ‘ Ils leur ont même apporté du lait et des biscuits. Il n’y a pas eu de violences physiques proprement dites. Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser ‘, assure le parquet.”

Donc se pointer cagoulé et ganté, agripper et ligoter ce n’est pas de la violence physique ? c’est juste pour de rire, pour jouer aux cow-boys et aux Indiens ? on se fout du monde, là. Le parquet, l’anonyme parquet de l’oise qui nous sort cette connerie, je voudrais voir la trombine du communicateur “Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser» si on lui faisait le même coup.
Le prochain braquage, les mecs, mettez des nez rouges, apportez des mirlitons et des amuse-gueules, et puis surtout faites gaffe à pas traumatiser vos victimes, faut que “ça se termine bien”, comme on dit.

Tibert

(*) Vous entendez comme ça sonne ? c’est pas beau  ?  “récents soirs” : récensoir… sssss… j’adore ces allitérations. Pour qui sont ces serpents qui sifflent gnagnagna…

Repu de vresse

Il y a deux jours, un Ministre du Budget interrogé sur le sentiment de Normal-Premier vis à vis de la polémique sur les Roms : “Le président est au-dessus d’un certain nombre de contingences. Ce qui compte, c’est que la ligne soit tenue“. Certes ! si en d’autres temps monsieur Kadhafi a pu planter sa tente sur les pelouses de Matignon, Moi-Président ne risque guère de voir débouler une quarantaine de caravanes dans la cour de l’Elysée, qu’on y tende des cordes à linge, et qu’on y déglingue la borne à incendie pour s’approvisionner en eau courante et gratuite. Les contingences, c’est pour d’autres.

Hier mardi des “Femen” canadiennes ont surgi à l’assemblée Québecoise, dépoitraillées comme d’hab’, criant des slogans hostiles aux religions – elles entendaient protester contre le crucifix qui orne la salle des débats. Sur leurs nichons était écrit “Crucifix, décâlisse” (crucifix, dégage ! en français de France). Je suis bien aise de constater qu’au Québec les Femen se peinturlurent les têtons en québecois, contrairement à nos Femen  européennes, qui même à Notre-Dame-de-Paris se barbouillent la poitrine et hurlent en anglais, ces connes ! nous pas comprendre.

Remarquez, si on pousse la logique femenesque, il va falloir trouver d’autres jurons orduriers chez nos cousins du Québec : “calice, ciboire, hostie, tabernacle, crisse…” : les linguistes ont du travail.

J’apprends enfin avec satisfaction que le Berlusconi transalpin a du plomb dans l’aile. Il a 77 ans – il ne les fait pas, au vu de son bronzage et si ses cicatrices de lifting ne craquent pas – et devrait enfin sérieusement songer à la retraite. Malgré ses récentes manoeuvres tordues et sa tentative de chantage pour rester dans le jeu politique et se soustraire à son sort judiciaire, il semble qu’il tire, enfin, ses dernières cartouches. Berlu, décâlisse !

Tibert

Pas un chaland en amont, en aval

C’est du Jules Faforgue, ce vers. Tenez, ça s’appelle “Dimanches“, c’est le premier d’une série de 6 poèmes. Le Jules, là, les dimanches et leur vacuité l’ont beaucoup inspiré.

Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve…

Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.

Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles…

Bon, vous lirez le reste, c’est superbe, et Laforgue en général c’est superbe. Tout ça pour vous redire – je l’ai déjà exprimé – que la vacuité du dimanche, c’est à préserver. Le seul jour de la semaine où les bagnoles ne vrombissent pas dès 6 heures, où les camions de livraison foutent la paix, où l’on entend les cloches tinter, où les trottineurs (les joggeurs en franglais ) peuvent se faire suer en survêtement avant d’aller faire la queue à la boulangerie pour se munir de croissants bien au beurre…

Le seul jour de la semaine où les immondes zones de chalandise banlieusardes sont désertes : les hangars cubiques et peinturlurés façon criard des HallesAuxGrolles, des MisterCanapé, des ChefBricolage et leurs parcs à bagnoles enfin vides. Le temps de zoner au fond du lit, d’écouter un bon vieux podcast mis de côté, le temps d’une sieste crapuleuse, de cuisiner un risotto artichauts-crevettes, d’aller aux champignons, ad libitum.

Regardez bien, écoutez bien, goûtez bien l’ennui, la lenteur des dimanches, et puis le spleen du soir  pour ponctuer tout ça : ce sera bientôt mort. Il faut pouvoir faire bouillir la casserole après y avoir mis quelque chose dedans, pouvoir consommer, assurer le ravitaillement, se trouver des godasses, acheter de l’enduit à reboucher en sacs de 5 kilos, tout ce qu’on ne peut pas faire les autres jours. Il va falloir travailler aussi le dimanche.

On fera week-end par roulement… moi le dimanche ce sera mardi, toi jeudi, les bagnoles vrombiront 7 jours sur 7, il n’y aura de parcs à voitures déserts que la nuit – et encore… ! – et on se verra… je sais pas, moi, peut-être en nocturne chez Carrouf’, nous croiserons poétiquement nos caddies au rayon Fruits-et-légumes, qui sait ?

Tibert

Sac de noeuds-noeuds

Je relis les livraisons journaleuses obsolètes qui le méritent, certains jours de désoeuvrement, savez-vous. Ce matin tôt, donc, c’est un bon vieux Libé épais et fourni, celui de samedi-dimanche dernier (avec une grosse accroche en Une sur le terme  islamophobie, auquel est consacré tout un cahier). Surtitre en page 10 :

Nombre de sites dénonçant les actes anti-islamophobes sont l’oeuvre de personnages controversés“.

Oulà oulà…

Voyons voir, voyons voir…. reprenons.

Un islamophobe, ça n’aime pas les Musulmans.

Un anti-islamophobe, ça combat ceux qui… (voir plus haut) : en gros c’est donc favorable aux Musulmans, vous suivez ?

Soit un islamophobe… disons un gars qui va partout se moquant, par exemple, des femmes voilées dans la rue. Les pointant bêtement du doigt en s’esclaffant. Un islamophobe assez rustique, disons-le. Appelons-le Albert.

Un anti-islamophobe, c’est donc quelqu’un qui combat Albert. Un acte anti-islamo-gnagnagna, c’est par exemple un grand coup de latte dans les chevilles d’Albert l’islamo-chose.

Dénoncer les actes anti-islamophobes, c’est protester contre les violences envers Albert : “Garnements, pourquoi vous en prendre à ce pauvre Albert, qui pourtant ne fait qu’être islamophobe“.

Il paraît donc qu’il y a des sites Houèb qui sont spécialisés là-dedans : dans la dénonciation des actes anti-islamophobes – entre autres dans la défense d’Albert, pour terminer sur notre exemple. C’est ce que titre Libé. Et ce seraient des sites tenus par des personnages controversés, mais bon, ça on s’en moque, restons concentrés sur notre noeud logique.

Sites cités par Libé  : Islametinfo, Islamotion, Al-Kanz, Saphirnews (“proche des Frères Musulmans”, dixit Libé). Que des sites favorables à l’Islam, très clairement. Qui sont paradoxalement, toujours suivant le titre, engagés dans la défense des islamophobes.

Résumons-nous : Libé titre exactement le contraire de ce qu’il développe dans l’article. On s’est pris les pieds dans le tapis, à Libé. Vous suivez toujours ? vous êtes bien bons.

Tibert (pcc Kurt Gödel)

Touit-touit rien pu dire

Un article bien tendancieux, façon Noël Mamère l’amer me fait bondir, tant c’est faux, trafiqué, bourré d‘a priori, d’antiphrases, de supposées évidences, de racolage de gôche : vous vous ferez une idée, c’est dans Rue-89. Infect, quoi.

Bon, je vais pas laisser passer ça, je clique donc, irrité, indigné, sur l’icône Touitteur en bas de l’article pour balancer un commentaire bien senti accompagnant l’adresse de la page Wouhèb où niche la tribune mamèresque. Vous en déduisez immédiatement que l’ai un compte Touitteur, bravo, vous suivez.

Et donc la petite fenêtre Touitteur habituelle apparaît, et m’affiche l’habituel cadre où je suis fondé à inscrire 140 caractères, pas un de plus – à la suite de l’adresse de l’article incriminé, évidemment (et mon identifiant-mot de passe, gnagnagna)…

…ma parole, le compteur de signes m’indique – 11 : j’ai déjà dépassé et j’ai rien écrit ! C’est ignoble : on ne peut pas commenter, on en a déjà trop dit, rien qu’avec l’adresse http://blogs.rue89.com/chez-noel-mamere/2013/09/23/bijoutier-de-nice-la-france-peur-et-nous-sommes-tous-des-assassins-en-puissance-231199 : je suis sûr qu’il l’a fait exprès, Samère. Il aurait mis un titre plus court, j’aurais pu lui voler dans les plumes ; mais là, macache. j’en suis réduit à protester sur mon blog – heureusement que c’est moi qui fixe les limites, c’est MON blog.

Tibert