KirchenAustritt, mode d'emploi

Il y a quelque temps j’entendis parler d’une personne qui avait fait expressément la démarche, auprès des autorités religieuses de son pays, de se faire débaptiser. Cela m’avait laissé rêveur et dubitatif : à quoi bon ? si Dieu, quelle qu’en soit la représentation, est une fumisterie, une chimère, une invention de l’homme, quel sens peut bien avoir un baptême ? vaine démarche… mais j’ai ici un autre éclairage à apporter à cette affaire, et, tiens, je vais vous en entretenir, fin du préambule.

La France est un cas à part, avec la séparation de l’Etat et de l’Eglise (catholique, l’église, of course, what else ?), ce depuis 1905. Car en général l’athéisme – ou sa variante “douteuse”, l‘agnosticisme, si vous ne savez pas si Dieu existe, s’il a une grande barbe etc…  et que ce doute ne vous empêche pas de dormir – est mal barré en Europe. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Allemagne on cotise obligatoirement aux églises, suivant sa religion. Selon les Länder, autour de 8 – 9 % du montant des impôts, pas négligeable, donc ! et si ça vous amuse, ou si vous comptez vous installer en Allemagne, lisez ceci : même si arrivé là-bas vous certifiez mordicus être un mécréant, l’église catho de France, sur simple demande de sa correspondante d’outre-Rhin, vous cafte, et leur transmet vos certifs de baptême, mariage… et vous voilà cerné ! Vous pouvez flûter, jurer que votre dernière visite à l’église date de 1972, une seule solution légale : vous faire “décroyantiser” officiellement (le fameux KirchenAustritt, littéralement “sortie de l’église”), comme le type que je vous citais en préambule. C’est carrément aussi laborieux que d’effacer ses traces de Touitteur, Fesse-Bouc ou Gougueul-Plus, et puis quelque part c’est vexant, limite humiliant, on a l’air d’un radin à ne plus vouloir croire…  mais ça ne prête pas à d’autres conséquences matérielles fâcheuses que des démarches auprès d’un certain nombre de bureaux, et de la paperasse.

Echappent heureusement à cet impôt dit “cultuel” les sectes et petites chapelles genre Fritz-le-Messie-Cosmique ; et puis l’Islam, eh oui, pas suffisamment implanté là-bas pour être représentatif et pouvoir lever l’impôt… donc, cher auditeur, chère auditrice et vice-versa, vous échappez, si vous êtes musulman et peu soucieux de financer les imams, leurs pompes et leurs oeuvres, à l’obligation de certifier avoir renié votre religion… remarquez, ça vaut mieux, vu que l’apostasie est très très mal vue chez les musulmans – c’est une litote.

A comparer aux gros yeux ou à la tristesse que manifestera monsieur le curé s’il vous prend l’idée saugrenue d’aller lui demander de vous rayer de ses registres, tout ça pour ne pas payer, radin que vous êtes.

Tibert

Parlez-vous danois ?

Je tire rarement la matière de mes billets des rations de Libé, mais ici ce sera le cas. J’y lis – et non réservé aux seuls abonnés, merci Libé ! – un billet d’un certain Grondhal, où le “o” est barré en biais, ce qui fait à peu près le son “eu”, “Greundhal”. ce monsieur est “écrivain danois”, et titre son article “La gauche candide sur Charlie“. Lisez-moi ça, ça décoiffe, ça rabote la couche de poussière idéologique, bref ça questionne sainement. Petit bémol, j’ai des doutes sur la qualité de la traduction, quelques tournures de phrases donnant l’air de tourner bancal, justement.

Extrait : “A gauche, on considère qu’il n’est pas bien de critiquer ou de se moquer de l’islam et l’on commet une erreur catégorique qu’une culture plus laïque ne commettra pas, à savoir confondre l’homme et la foi, les opinions de cet homme. On présuppose tacitement, d’une manière en fait condescendante, que la foi des musulmans devrait être plus indissociable de leur être que cela ne l’est chez n’importe qui. Ainsi, une attaque des conceptions religieuses doit naturellement être perçue comme une attaque des croyants.”

Grondhal dénonce  un comportement en fait condescendant envers les croyants musulmans ; mais lisez-le, vous vous ferez votre religion ; -)

La fin sonne dur : “Chacun sait que la laïcité est assiégée, mais je me demande si, pour reprendre les mots de Milan Kundera, les intellectuels danois ne risquent pas de finir comme «les brillants alliés de leurs fossoyeurs».

J’en dirai tout autant de mes chers compatriotes, et puis Kundera écrit en fançais, comme chacun sait.

Tibert.

Rien à dire, mais pas que

Aujourd’hui j’ai d’abord, faute d’inspiration, décidé de tartiner sur le paradoxe-bateau, le pont-aux-ânes de la logique : le syllogisme façon “Aujourd’hui je n’écris rien“. Ce qu’en écrivant je n’écris pas rien, j’écris bel et bien quelque chose, etc, vous connaissez. L’astuce c’est qu’il y a là-derrière un accord tacite entre vous, lecteur-lectrice estimé(e) et moi l’écriveur. Cet accord que je vous impose, tant pis pour vous, c’est que momentanément, c’est en quelque sorte une brève ouverture, j’ai le droit d’exprimer – en peu de mots, sinon ça ne vaut pas – que je me refuse à l’exercice qu’on attend de moi. J’annonce la couleur, même en l’absence de couleur. Tenez : “Je me tais“… comment voulez-vous que je vous signifie que je me tais, si je me tais ?  Vous suivez ? disant cela je ne me tais pas, mais pour mieux me taire ensuite, et vous m’en serez reconnaissants, ça commence à faire long.

C’est kif-kif les pages où l’on trouve écrit “cette page est laissée blanche“, et justement elle ne l’est pas, à cause de ce texte idiot, ou “Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien“. Autre illustration de ce syllogisme apparent : le célébrissime constat que la mesure fausse la mesure (en mécanique quantique, notamment, mais aussi en sciences sociales). C’est-à-dire que les instruments de mesure perturbent et faussent les relevés. C’est donc en s’abstenant de mesurer qu’on obtient les mesures les plus justes.

C’est sur ce dernier principe qu’est basée la politique française sur les “statistiques ethniques”. D’aucuns, essentiellement des tenants de La Bonne Pensée façon MRAP, Libé… s’effraient à l’idée de voir ainsi décomptés anonymement, mais comptés tout de même, les Asiatiques comme des Asiatiques, les Noirs comme des Noirs, les chats comme des chats, etc… : ce n’est pas humaniste, pas charitable. Monsieur Hollande ne dit pas autre chose : non aux statistiques ethniques ! mais sa logique est autre : ce n’est pas La Bonne Pensée qui guide ses propos, c’est ” y a qu’à regarder”, en d’autres termes il essaye de nous fourguer en douce la classique démonstration de maths que nous avons tous faite au moins une fois : “il est évident que” (la droite (AB) est perpendiculaire au côté NM du triangle NMP).

Et ça marche ? euh… tenez, les récurrents projets d’introduire de la mixité sociale dans les quartiers…  vous jugez (sans chiffres, donc au doigt mouillé) qu’un quartier est trop dense en Maghrébins ? vous allez tenter d’y introduire des Asiatiques, des Indo-Européens, des… combien ? aucune idée, vous n’avez pas de statistiques. Autre serpent de mer, l’ascenseur social : il fonctionne ou il rouille ? voyons voir… combien de descendants d’immigrés ont atteint l’enseignement supérieur ? hmmm… un certain nombre ? là c’est sûr on a du solide pour avancer !

Voyez-vous, il me vient à l’esprit, entendant Normal-Premier traiter de la non-statistique ethnique comme science sociale, le sketch alcoolisé des regrettés Dac-et-Blanche : le Sarabindranath Duval est assis en tailleur avec son turban, etc… et on lui demande un truc archi-pointu, énoncer le numéro du permis de conduire de la dame, là, au 3ème rang…

Vous pouvez le dire ?

– je peux le dire !

– Vraiment vous pouvez le dire ?

– Oui !

– Il peut le dire !” (triomphal, applaudissement nourris).

Tibert

Et le gagnant est…

Actualité morne, un front républicain qui s’appelle UMPS mais ne veut pas le dire, le doux Doubs qui vote beaucoup FN, des otages assassinés en Syrie occupée par des fêlés tendance gore… le train-train, quoi.

Mais chic, le Fig’à rôts est là pour nous permettre de nous divertir, de décompresser, bref de jouer à “Plus c.. que moi tu meurs”.

Premier candidat : l’article “Une université américaine ne va plus utiliser les titres “monsieur” ou “madame” pour ne pas heurter d’éventuels étudiant(e)s transgenres”.

Et bien moi si j’étais un des innombrables étudiants transgenres qui peuplent les universités, par exemple transgenre MTF (*), mon plus grand bonheur serait qu’on me dise “madame” ! Alors comment faire ? ils vont m’appeler “hep vous là”, ou “ohé la personne en bermuda vert”, etc. C’est nul, avec tout le mal que je me donne. Le mieux ce serait d’avoir un signe cousu sur la poitrine et dans le dos, genre étoile rose, fuschia, je sais pas, moi…

Deuxième compétiteur : l’article “Le selfie serait-il devenu ringard ?“. Grave, très grave question, au vu de l’importance capitale du selfie. Le selfie c’est le babouin découvrant son reflet dans un miroir, et tout heureux de rencontrer plus c.. et plus moche que lui. Sauf que nous les femmes et les hommes (et les MTF, FTM, nullos etc, ne stigmatisons personne) nous savons immortaliser ça avec notre extension brachiale, l’ail-fône.

A vos bulletins de vote, et ne copiez pas sur la voisine ou le voisin. La pêche du jour a été bonne !

Tibert

(*) MTF : Mâle vers Femelle ;  inversement c’est FTM. Attention ça se lit et on opère de gauche à droite ! et si un MTF a plus tard des regrets, ça donnera un MTFTM (tiens un palindrome…), etc.

Gares-patates

Vous prenez le train ? oui ? le tortillard, TER, Vieux Corail revisité Teoz ou Intercités, que sais-je… ou le TGV ? le tortillard, lui, part de la gare. Dans le centre-ville, pratique, on y va si possible à pied, c’est simple et pas de perte de temps. Le TGV lui aussi part de la gare… de SA gare. Hors Paris, il affectionne les gares-patates, c’est à dire de faire halte au beau milieu des champs de betteraves ou de maïs. C’est de l’ “urbanisme”, retenez ce concept. Pour rejoindre la gare-patates, vous prenez votre bagnole, forcément, vous faites dix, douze, quinze bornes… vous payez le garage-voitures, ça va de soi : Vinci ou Bouygues ou Eiffage a gentiment goudronné un champ voisin et tracé par terre d’étroits espaces bordés de blanc pour 1° vous faire cogner vos portières tellement c’est toujours rikiki, 2° vous fendre de 2, 3… euros, voire plus.

Vous allez donc rouler super-vite en train, vous allez gagner 25 à 40 minutes sur le tortillard s’il en existait encore un, mais vous perdrez 30 minutes à rejoindre votre gare, et le parcmètre, et paf la portière cabossée. Lumineux !

En Lorraine, on n’a pas su choisir entre Metz et Nancy. La gare TGV à Metz ou à Nancy ? la gare au milieu, dans un champ de patates ! sur le territoire de Louvigny, au Sud de Metz et au Nord de Nancy, pas de jaloux. Sauf que Louvigny, il faut y aller en voiture, taxi, minibus… évidemment, il n’y a pas de voie ferrée depuis Metz ou Nancy.

Alors comme c’est une réalisation stupide (une de plus, grinceront certains) le Conseil Régional du coin veut maintenant rattraper le coup mal parti et déplacer la halte-patates à Vandières, à 20 km à l’Ouest de Louvigny. Avantage : il y a une voie ferrée Nord-Sud à Vandières. Ahhh ! on aurait pu y penser avant ? vous avez raison.

Donc hier dimanche, référendum local, eh oui on consulte les citoyens, en Lorraine. Pour ou contre le déplacement du champ-de-patates-sur-rails à Vandières ? CONTRE ! 10 % de votants, 59 % de NON, soit 6 % des inscrits sont contre, les autres étaient à faire leur tiercé. Ce n’est pas beaucoup, vous en conviendrez, mais c’est NON…

Réaction du Conseil Régional : “Les tendances [en faveur du “Non”] sont connues. Nous allons réunir prochainement le Conseil régional, car une interprétation des résultats sera nécessaire”, a expliqué M. Masseret dimanche soir, sans préciser si la construction d’une nouvelle gare aura lieu ou non“. Comprenez : il n’est pas satisfait, monsieur Masseret. Il comptait sur “Oui”, Vandières-Les-Bintje c’était le projet du Conseil Régional, mais voilà son référendum lui pète au nez. Ils vont donc “interpréter les résultats”, formule pudique pour faire dire aux résultats ce qu’on voudra bien leur faire dire.

C’est légal : cette consultation était organisée à titre consultatif, donc si le résultat ne plaît pas on peut s’asseoir dessus. Les choses sont bien faites, tout de même.

Tibert

Très bonne question !

Le “Monde” titre, visiblement navré, sur 2 sondages qui donnent Mme Le Pen en tête d’un premier tour Présidentiel, quels que soient les concurrents sérieux (ouf, au second tour elle se ramasserait dans tous les cas ).  Eh oui, moult navré, Le Monde ! et encore une fois il nous met en garde, attention les sondages c’est à prendre avec des pincettes, etc (surtout s’ils sont désagréables).

Mais le sujet n’est pas là… les commentaires suivant cet article vont bon train, n’est-ce-pas, et l’un d’eux, clairement hostile au parti bleu Marine, énonce ceci :

Le “peuple” n’a pas forcément raison, surtout lorsque son “cœur” penche majoritairement à l’extrême-droite xénophobe. Il serait grand temps de poser la question – qu’il faudra probablement se poser en 2017 : quelles sont les limites de la démocratie ? Faut-il céder au populisme, fut-il majoritaire dans les urnes ?

On constate que le peuple et son coeur (s’il penche à droite-toute, du moins) ont droit à des guillemets, qui ne sont pas de moi. Le propos cité est délibérément provocateur, évidemment, et carrément cynique. Mais passons, et, disons-le, c’est là une excellente interpellation, nous y trouvons un condensé de la problématique démocratique, le pire système à l’exception de tous les autres.

On peut d’ailleurs illustrer cette question avec l’Algérie, lorsqu’à la suite d’un premier tour de Législatives favorable au FIS islamiste à la fin 1991, les autorités ont tout simplement annulé ces élections : le “peuple” avait eu tort, le pays était en danger, et hop la démocratie aux orties – démocratie qui avait trouvé là ses limites. Le débat avait tourné autour du thème “peut-on laisser venir au pouvoir démocratiquement les ennemis de la démocratie ?” ; en d’autres termes, si le loup bouffeur de démocratie montre patte blanche, faut-il lui ouvrir la porte ? et bien évidemment la réponse des démocrates est NON, ils ne vont pas se laisser bouffer. Exemple-type : l’arrivée de Hitler et du NSDAP au pouvoir en Allemagne au début 1933 ; on sait ce qu’Hitler a fait ensuite du Reichstag et de la démocratie.

Mais ici la situation tant redoutée pour 2017 verrait le “coeur” du “peuple” pencher vers l’extrême-droite xénophobe… seraient-ce, seront-ce des ennemis de la démocratie ? des populistes ? vous voyez les présupposés : FN = Droite-extrême = Fascistes, Nazis, et toutes sortes de noms d’oiseaux. A crier “au loup, au loup” à tue-tête, nos élitistes démocrates très éclairés  – nos guides dans la nuit, n’est-ce pas – ne verraient pas d’inconvénient à nous confisquer – pour notre bien, attention – la démocratie.

Ils pourraient prendre des leçons de démocratie chez les Suisses (*), nos très clairvoyants dirigeants qui ne consultent le “peuple” qu’environ tous les 20 ans, et encore avec des questions référendaires biaisées, du genre “Etes-vous favorables aux crêpes bretonnes et à la musique électronique ?” Oui / Non.

Tibert

(*) Populistes, forcément populistes, les Suisses : des référendums fréquents et lisibles, berk.

De l'art du pipeau

On en reparle, ça revient, trop d’accidents sur la route, en 2014 la mortalité y est repartie à la hausse etc etc (*), vous connaissez la chanson. Répression répression donc – pendant ce temps-là les suicides font 3 fois plus de morts, les accidents domestiques 6 fois plus, le cancer du poumon 9 fois plus. Mais que voulez-vous on ne peut pas mettre un juteux radar derrière chaque escabeau branlant, chaque cutter laissé à la concupiscence d’un bambin…

Donc ça revient : on baisse la dose maxi d’alcool, allez 0,2 gramme pour les jeunes – les vieux seraient plus résistants, voire plus raisonnables, le croirez-vous ? certains ayatollahs voulaient même le zéro gramme, pur et dur ! – bref voilà le système idiot et français qui s’illustre à nouveau : on durcit, on cisèle de nouvelles lois… qu’on ne se donne pas les moyens de faire respecter.  Comme si le vote d’une loi impliquait ipso facto son application !

Tenez, toujours dans le Figues-haro, un son de cloche : une pointure sur ces questions, maitre Jehanne Collard, exprime le même sentiment que moi – ou c’est moi qui abonde dans son sens, comme vous voulez :

On évoque, parmi les mesures annoncées, la baisse du taux légal de l’alcool. Cela ne servira à rien. Quand il y a un accident mortel, les taux d’alcool sont très élevés, bien au-delà du taux légal actuel”.

Eh oui, avant les nouvelles dispositions l’alcoolémie d’un type bourré sur la route excédait la limite d’environ 1 gramme, maintenant ce sera 1,3 gramme, ce qui change tout, vous en conviendrez. Toujours aussi largement bourré.

Je m’égosille, je vous le redis, à vous tous du Palais-Bourbon, du Palais du Luxembourg et des Palais ministériels (que de palais dans cette République !) : quand on sort un décret, une loi, on se donne les moyens de les faire appliquer, on les fait appliquer, on en vérifie l’application – vous constaterez, ce faisant, qu’il est inutile d’avoir des palanquées de lois. Sinon vous passez pour des Charlots, comme d’hab’.

Tibert

(*) nettement mieux que 2012, mais 2014 est un peu moins bon que 2013, cru exceptionnel.

 

Tiens, j'avais pas remarqué

Titre dans “Le Monde” : Le prix du carburant baisse mais pas pour les passagers aériens“.

Extrait, si vous n’avez pas internet 😉 “Le prix du billet d’avion est composé de nombreuses taxes, dont la “YQ”, ou “surcharge carburant”, qui est la plus importante (jusqu’à 70%). Elle est destinée à compenser l’augmentation du prix du pétrole, ainsi que les dépenses de sûreté. 
Depuis le mois de juin 2014, les prix des carburants ont plongé.  Mais pas celui de cette taxe YQ”.

Eh oui, le pétrole brut a plongé de plus de 100 dollars le tonneau à moins de 50…  pas la taxe YQ, la bien nommée.

C’est juste une remarque, hein. N’allez pas en conclure je ne sais quoi de louche, il y a sûrement une explication… téléphonez à Air-France, ils vous diront bien, eux…

Et puis portez vous bien. La santé, surtout… important, la santé.

Tibert

Saint-Jacques flambées au whisky

Je me suis récemment intéressé – une soirée diapos « Retour de pélérinage à Compostelle » m’y incitait – à l’histoire de Jacques, le « patron » de la ville nommée Santiago en Galice. Quel Jacques ? Il y en a des palanquées dans l’histoire des disciples du Christ, dont les deux plus éminents, Jacques « le juste », le cousin de Jésus, mais ce n’est pas lui qui m’intéresse ici ; celui dont je vous cause, c’est Jacques de Zébédée, « Jacques le majeur », un des douze apôtres initiaux. Saint-Jacques, quoi. Soi-disant enterré à Santiago de Compostelle, mais c’est très probablement du flan… Le pélérinage de Compostelle, c’est d’abord une excellente façon de ne pas oublier qu’on a des pieds pour marcher, pas seulement pour aller rejoindre sa bagnole.

Mais bon… il se trouve que l’Espagne a été occupée très longtemps par les Maures, les Sarrasins, etc. Voyez l’Andalousie… et comme  Charles Martel chez nous vers Poitiers en 732, il y a eu des chefs espagnols qui ont combattu ces Maures, et les ont finalement virés, plus tard que par chez nous – ça a pris du temps.

Bref il se trouve que le Saint-Jacques de Zébédée et de Compostelle, là, serait apparu – il était mort et enterré depuis environ sept siècles – au cours d’une bataille, en l’an 834 à Clavijo, bataille où il se chargea lui-même de sabrer moult Maures, retourna le cours des choses et donna miraculeusement, on peut le supposer, la victoire aux Espagnols.

C’était Saint-Jacques le matamore : le mata-Maures (matar : tuer). Vous vous rendez compte ?

Et comment se fait-ce que ce terme, matamore, soit d’usage licite ? C’est clairement un terme insultant dont la Loi devrait proscrire et punir l’usage, ce me semble. Quant à se rendre à Compostelle, à pied, à cheval ou à bicyclette pour y honorer Santiago le matamore, franchement, c’est politiquement malvenu, on devrait déconseiller, pour ne pas heurter certaines sensibilités. D’ailleurs Poitiers, chez nous, c’est limite.

Au fait, en pianotant « Saint-Jacques » sur mon moteur de recherche favori – non ce n’est pas Gougueul – je ne tombe pas sur Zébédée et le matamore, je tombe invariablement sur des recettes de cuisine. Je vous recommande, c’est délicieux, comme indiqué dans le titre, juste farinées, avec un soupçon de crème fraîche pour lier. Ce qu’il faut, c’est du liant.

Tibert

Phobos et misos sont dans un bateau

Intéressant retour aux racines, grecques en l’occurrence, de certains termes très galvaudés, je vous cause ici d’une contribution d’Olivier Rolin dans le Monde d’il y a 48 heures – hélas ce lien, cher lecteur, vous conduira, si vous n’êtes pas abonné, à un court début suivi d’une injonction à raquer 2 euros pour acheter ledit document in extenso.

Titre du papier : « Ce que phobie veut dire ». Et O.R. de développer la thèse suivante : phobos, c’est la crainte, à la différence de misos, le ressentiment, la haine (voyez votre vieux dico Bailly grec-français). Et de développer conséquemment sur islamophobie : « Si ce mot a un sens, ce n’est donc pas celui de « haine des musulmans », qui serait déplorable en effet, mais celui de « crainte de l’islam ». Alors, ce serait une grande faute d’avoir peur de l’islam ? » Et O.R. justifie cette crainte par de nombreux faits récents, de Boko Haram à Daech, des égorgements aux massacres dans les écoles au Pakistan, etc. Il est vrai qu’il y a du choix dans l’horreur.

La fin de cet intéressante intervention manie le paradoxe : « Je voudrais bien savoir si les juifs de France n’ont pas peur de l’islam. Moi, en tout cas, j’ai peur d’un certain islam. Mais je n’ai pas peur de le dire ».

Olivier Rolin n’a donc pas peur, c’est sa conclusion, de dire qu’il a peur d’un certain islam – c’est de l’islamophobie au pied de la lettre grecque. Mes bien chers auditeurs, vous êtes vernis : si ce texte est hélas réservé aux abonnés, les commentaires – passionnants – sont en lecture libre : c’est un débat riche et plein d’enseignements. Je voudrais juste mettre l’accent sur certaines critiques violentes et récurrentes : O.R. fut maoïste dans les années 66-72… et on lui reproche en somme d’avoir là renié ses idées (ses idéaux), façon limpide de lui signifier que sa “peur d’un certain Islam” est bigrement à droite, voire, horreur et putréfaction, extrêmement à droite !

Quel dogmatisme ! Quelle étroitesse de vue ! En somme, il aurait dû, O.R., rester cramponné à son Petit Livre Rouge 40 ans plus tard, vouer sa vie au Grand Timonier quoi qu’il advienne, indifférent au monde qui bouge ? Et la réalité, les gars, les faits, nom d’une pipe !

Les faits, et l’analyse lucide des faits, les amis ? Ça vous dit quelque chose, la lucidité ? De luciditas, bas latin… voyez votre vieux Gaffiot. Hélas, la lucidité serait-elle de droite ?

Tibert