Fuyez braves gens

On ne se remettra pas du foutoir des grèves novembresques avant un bout de temps, c’est moi qui le pense, et vous le dis. Arpentant la capitale – à mon corps défendant, c’est le cas de le dire – sur mon vieux vélo rouge 12 vitesses Motobécane à guidon course, pneus 700x28C, 30 ans d’âge et toutes ses dents (de pignons), je constate que tous les carrefours sont bouchés (les bagnoles passent au rouge, au vert, peu importe, et bloquent le milieu), que les motos enquillent les sens interdits (hier sous le nez de deux femmes-flics dûment reconnaissables à leurs uniformes, et elles s’en foutaient) , que les piétons ne regardent même pas si une bagnole arrive, que les couloirs de bus servent de parking, de pistes de rodéo… bref c’est le binz.

La télé focalise à mort sur les embarras parisiens : tous crevés, 3 heures de marche à pied, ras le bol… bref seul cela compte, Colbertisme pas mort, le nombril de la France a mal à sa grève, et le reste peut crever.

Je vous le disais il y a deux jours : à Clermont-Ferrand, le tram tout rouge sur ses pneus Michelin, lui, il roule !! Les bus, eux, ils roulent ! Et il y a plein de belles villes de notre beau pays où ça roule ! Alors, vous y tenez donc tant que ça, à votre nombril thrombosé et hors de prix ?

Une histoire belge

La Belgique accapare l’actualité durablement, et la vacuité du gouvernement là-bas fait question. C’est la revanche des Flamands naguère très minoritaires et peu considérés, aujourd’hui plus nombreux, plus riches, plus jeunes, moins chômeurs ; mais la volonté de scission affichée par les plus virulents des Flamingants trouve heureusement une opposition forte et résolue chez de très nombreux Belges des deux bords, et l’on peut s’en réjouir. Personnellement j’apprécie que la Duvel, la Stella Artois et la Jupiler soient Belges plutôt que Flamandes ou Wallonnes, que le Manneken Piss pisse en Belgique et pas en France, que l’exotisme du WaterzoÏ soit à moins de deux heures de route de Paris, que ces gens nous soient si proches et si différents.
Un très intéressant article du Monde d’hier – pas obsolète pour autant, rassurez-vous – nous éclaire sur un aspect fondamental de cette querelle Flamands-Wallons : la réticence historique des francophones à apprendre et parler la langue des Flamands, alors que symétriquement ceux-là pratiquent assez bien notre langue. D’où ce dialogue grinçant : « Vous parlez français ? – Neen« . Si je puis hasarder ici un sentiment, c’est que les sons gutturaux, les râclements de gorge, les roulements de langue propres au flamand et au hollandais me semblent bien difficiles, au moins autant, sinon plus que le fameux « the » des Rosbifs que nous Grenouilles nous acharnons à prononcer « ze », incapables que nous sommes de feutrer quelque peu nos sons. Pourtant, cette expressivité débordante du flamand devrait nous aider ; l’articulation outrée des langues saxonnes, allemand, néerlandais, est largement plus « lisible » à nos oreilles que la bouillie du Rosbif, où les « r » non articulés, les « w » voisins du « r » et enrobés dans le chewing-gum, l’absence de claquement des syllabes produisent une matière sonore difficile à découper auditivement.

Bref, l’apprentissage du néerlandais ou du flamand – les Flamands n’aiment pas qu’on dise qu’ils parlent flamand, c’est en principe du néerlandais – ne semble pas enthousiasmer les Wallons, ni d’ailleurs les Français… soyons francs, on a déjà assez de mal à baragouiner l’Angliche. Un autre constat me semble clairement expliquer cette dissymétrie : voyez les invasions (je n’ai pas écrit « barbares », eh oh !) estivales de voitures badgées « NL » et « B » sur nos belles routes : si l’un de ces joyeux vacanciers vous interpellait avec un « vlaams spreken ? » ça vous défriserait, non ? Vous le prieriez de faire l’effort de causer not’ langue. Et vous auriez raison. Inversement, combien de Français envahissent les Pays-Bas et la Flandre belge pendant les vacances ? très peu, très peu ! Surtout que, les pancartes routières étant salement monolingues en Flandre, on erre lamentablement de rond-point en bretelle d’autoroute, pestant contre ce « Bergen » ou ce « Rijsel » qui ne figurent sur aucune carte.

Tendancieux, disiez-vous ?

Je n’ai jamais pourri la vie des cheminots (des facteurs, des juges…) lorsque mon patron me proposait une réduction de mon salaire au SMIC, le reste en primes « au résultat ». Ni jamais lorsqu’on m’a gentiment expliqué que la Municipalité de Nantes ayant changé, le Président des Transports en Commun ayant changé, le Directeur itou, qui ayant fait débouler sur place ses copains, moi-même je pouvais aller voir ailleurs si le ciel était plus bleu. JAMAIS je n’ai emm… les cheminots etc. Et je ne vois pas au nom de quelle revanche ils voudraient me pourrir la vie. Et ils l’ont fait abondamment déjà, depuis de nombreuses années. Je ne comprends pas cet acharnement à mon égard.

Et un article du Monde qui me fait monter la moutarde au nez : « A Nanterre, les CRS ot délogé des étudiants à coups de matraque ».

Si ce n’est pas de la manip’ d’information, qu’est-ce ??

Cent-cinquante malades de la révolution-tout-de-suite tentent de bloquer une fac de 30.000 personnes, et on devrait les regarder faire benoîtement ? Bon, le Dirlo appelle les flics, il a ses raisons, je ne vois pas pourquoi il y aurait des territoires de la République interdits à la police, si le besoin s’en fait sentir, évidemment.

Le Monde a quelque peu « tordu » les faits, n’est-il pas ? façon de présenter les choses…

Facs en pagaille, gauchos sur les rails

Lisez cette analyse des Présidents d’Universités, rapportée dans Le Monde : c’est clair, non ?

On va donc retrouver sur les quais de gare, non pour prendre un train mais pour tenter de f… la merde, ces agitateurs professionnels intermittents de facs, qui présentement papillonnent d’AG en AG pour y imposer leurs élucubrations révolutionnaires, au mépris de toute démocratie.

Comme proposait l’un d’eux il y a quelques jours : « on vote tout de suite, on discute après ? » ça résume assez bien leur façon de concevoir la discussion.

L'art du surf

« La plate-forme de revendications de la coordination nationale, c’est l’abrogation de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités mais aussi la plate-forme des salariés: refus de la réforme des régimes spéciaux de retraite, suppression de 22.000 fonctionnaires, etc. »

J’ai cité in extenso cet extrait d’une intervention d’un ponte de la FSE (Fédération Syndicale Etudiante), Corentin Hetzel (ce qui me renvoie aux superbes éditions de Jules Verne que je dévorais des yeux quand j’étais minot, mais passons). Bien évidemment si les activistes étudiants, nihilistes anars libertaires trotzkystes etc… dotés de leurs faux nez de syndicalistes essayent de démarrer un mouvement maintenant, c’est bicôse la grève de mercredi. C’est la technique du surf, trouver la vague qui vous portera.

Ce qui me tue là-dedans, c’est :

– de constater qu’à 20-22 ans on pense déjà à la « retraite des régimes spéciaux ». C’est spécial, comme préoccupation. Moi à cet âge je m’en battais l’oeil, voire plus.

-de constater qu’on puisse être aussi déviant et faux dans son discours que les vieux syndicalistes blanchis sous les banderoles de Bastille-République : « la plate-forme des salariés » !! manque pas d’air. Eût-il dit « la plate-forme des salariés du secteur public« , on aurait pu comprendre… mais mister Hetzel sait pourtant bien tout le mal que « les salariés » (les autres), pensent des régimes spéciaux de retraite !

– de constater que c’est comme d’hab’ les Lettres-Sciences z’humaines qui font du schprounz dans les facs : faut-il le dire encore une fois, wouane-maur-taïme ? Y a pas de débouchés dans ces filières ! Ou plutôt si, débouché sur le chômage, droit devant. C’est pourtant simple à comprendre. Il faudra qu’on se fasse un billet là-dessus un jour. Il est donc très logique, compréhensible, que ça rouscaille dans les facs de Lettres et similaire… mais pas pour la défense des « régimes spéciaux de retraite« , les gars, là c’est trop gros, faudra trouver autre chose.

Enjeu……. fou !

Ce contrepet pour introduire un billet sur la réforme des régimes spéciaux de retraite : Le Monde résume fort bien la question pendante ; il s’agit d’un symbole très fort. Ou bien le pays – notre pays, on n’en a pas de rechange – se décide enfin à enterrer les vieux schémas fatigués et plombants de « tous fonctionnaires » et de service public idéalisé et chouchouté – alors que le « privé » (privé… de retraite rapide et juteuse) fait largement aussi bien, sans  grèves chroniques et pour moins cher, dès lors qu’on lui assigne des objectifs corrects et contrôlés. Ou bien on reste dans notre ornière.
Et ça il ne le faut pas : les Français ont voté à une majorité confortable pour que ça change ; eh bien que ça change ! et que les minorités (syndicales) « de blocage » (le terme est pertinent) – aient l’honnêteté d’admettre que « Egalité » dans une devise ça se traduit dans le concret. On nous dit « c’est une grève pour tous, pour que tout le monde bénéficie d’une retraite meilleure » – qu’on ne nous prenne pas pour des pommes :

– Premio quand maître Balladur a passé le « privé » à 40 annuités on n’a pas entendu moufter les syndicats du Public, ils s’en tapaient, du « privé ». Fraternité mon cul, comme disait Zazie.
– Deuxio, c’est un fait, on vit plus vieux et les temps sont plus durs : eh bien, qu’on partage le pain plus sec équitablement. Ceci ne veut pas dire qu’on doit se laisser tondre : mais qu’on se fasse tondre ou pas, que ce soit dans l’Egalité. Et donc la Fraternité.

Des pêcheurs et des tickets

Deux brèves (qui valent une longue *, je sais, je sais) :

– El Presidente Nicolas s’est rendu face aux « pêcheurs en colère » : ça a rouscaillé, ça a gueulé, mais quelle que soit l’issue du décompte de points, en voilà un qui n’a pas peur d’aller au charbon, et ça fait du bien de voir un homme politique « descendre de son cheval pour sentir les fleurs« , comme disait un autre Président nettement plus rondouillard, et doté d’une verrue sur le menton – les initiés l’auront reconnu. Que les fleurs en l’occurence sentent le poisson, voilà qui n’en donne que plus de mérite à cette initiative. N’étant pas un groupie du Petit Nicolas, je dois dire que, là, il me bluffe, comme on dit.

– J’ai acheté, nettement plus cher, les nouveaux « tickets + » de la RATP : je pensais naïvement que pour bien plus cher, on pouvait désormais, enfin, prendre des correspondances entre le métro et les bus : ah que nenni !! Cette possibilité, qui existe quasiment partout, à Nantes, Clermont, Lille, bref partout sauf à Paris, on ne l’a toujours pas. On nous dit que les correspondances entre bus sont possibles désormais, mais ça ma pôv’ dame ça n’est que la réparation d’une injustice ! Donc, ça continue comme avant, il me faut toujours, si je veux aller des Gobelins à … Gentilly, disons, soit me farcir le métro pas du tout simple, disons carrément merdique (2 correspondances), soit payer 2 tickets, un pour un bout de conduite en bus 27, un autre pour le RER ligne A. Merci la RATP : marketing débile ! et donc vive le vélo. Le « ticket + », c’est juste « + cher ».

(*) Le proverbe est sage, qui énonce : « Mieux vaut une brève qui frétille qu’une longue qui roupille » ! nos grand-mères le savaient bien.

Bienheureux car franquistes

(Ne pas confondre avec « bienheureux cars franquistes », qui pourrait intituler un billet sur les autocars espagnols ) – Il s’agit ici de la béatification massive, par charrettes (489 bienheureux, tout de même, joli score) de religieux espagnols partisans des insurgés anti-républicains, j’ai nommé le parti de la Calotte et du général Franco.

Je cite l’article de yahoo : « Plusieurs milliers de religieux et religieuses espagnols, selon les historiens, ont été tués par des sympathisants républicains, où le courant anticlérical était puissant, avant et pendant la guerre civile (1936-1939) qui fit plus de 500.000 morts dans les deux camps.

Après leur défaite, 50.000 Républicains ont été exécutés par les forces nationalistes et des dizaines de milliers d’autres ont été incarcérés. L’Eglise catholique a été un des piliers du régime franquiste jusqu’à sa disparition en 1975. »

On n’en est pas à compter les points de part et d’autre ; cette guerre atroce a produit des atrocités, on le sait. Mais qu’à travers cette cérémonie cousue de fil blanc, le papam Benoit 16 fasse l’apologie du franquisme, 30 ans après la mort du premier responsable de cette boucherie, ce dictateur, et sachant ce que l’on sait sur la nature de son régime, c’est dire si c’est un papam de choc !! Et qui plus est, le voilà, tout miel, qui appelle à la réconciliation !! Sûr que ça va aider.

1,6 millions aux orties

Il y a une morale en politique, si si !! Le « Nouveau Centre », alias les anciens UDF, centristes de droite désireux de ne pas perdre leur gamelle, donc ralliés au Petit Nicolas (avec Baïerou c’est pain sec et lendemains incertains) ne sont pas bien nombreux, et donc, comme la loi est ainsi faite, il faut être 20, ils n’ont pas le quorum à eux tout seuls pour toucher les sous alloués – 1,6 millions d’Euros par an tout de même – aux groupes suffisamment fournis.
Qu’à cela ne tienne !! On leur avait préparé un p’tit arrangement aux p’tits zognons : à partir de 15, ça devait pouvoir être bon.

Manoeuvre louche et éventée, heureusement – comme d’hab’ il manquait des députés, ils étaient à la buvette, ou à passer un coup de bigo, ou chez le coiffeur, ou ils faisaient la grasse matinée (c’était le matin) sans mot d’excuse, ou ils étaient à la chasse, bref ils ne faisaient pas le boulot pour lequel nous les payons, et donc comme il en manquait plus à droite… la bidouille a capoté ! Bien fait. Si cette escroquerie n’est pas enterrée, elle est quand même sérieusement compromise.

Comme le faisait justement valoir le père Baïerou, cela revenait à valider des dispositions rétroactivement, chose  que la loi française bannit absolument, et heureusement !!

Des gamelles et des bidons

Il paraît que le baril de pétrole (il n’y en a qu’un, c’est LE BARIL de pétrole) a crevé les plafonds, c’est la cata etc, l’essence à briquet au prix du Cognac Napoléon, bref c’est le tocsin. Quatre-vingt-cinq dollars LE baril.

Bon, qui peut me dire combien ça fait de litres, un baril ? Je fais les questions et les réponses, ça fait 42 gallons. Eh oui encore une saleté d’unité de mesure anglo-américaine, pour clarifier les choses. Le gallon faisant 3,785 litres, le baril fait un chouïa de moins que 159 litres.

Le rapport produit raffiné / brut est de l’ordre de 0,8, donc ça fait 127 litres de produit utilisable par baril.

L’euro étant à 1,4 dollars à la grosse, on paye 60,7 euros les 127 litres ; donc le prix d’un litre d’essence avant expédition et conditionnnement : 0,48 euros.

Du temps où le baril était « raisonnable », disons 60 dollars, il y a un an, mais avec 1 euro à 1,23 dollar, ça donnait 0,38 euros le litre.

Ca coûte donc, au cul des puits, 10 centimes d’euro de plus qu’il y a un an par litre de pétrole raffiné.

Moralité ? pas de moralité là-dedans, ce n’est sûrement pas moral. Surtout pas la TVA et la TIPP, impôts indirects donc injustes comme c’est pas possible. Et surtout la TVA, car + 10 centimes par litre hors TVA, ça fait + 2 centimes de TVA ! Or, qui peut expliquer le supplément de valeur dans un litre aujourd’hui par rapport à l’année d’avant ? hein ? où est-il, le rab’ de valeur ? il n’y en a pas, il y a du rab’ de coût, soit, mais du rab’ de valeur, bernique ! Il n’est pas plus valeureux, le pétrole.
La TVA, c’est quand même une vraie saleté. Et c’est, on le sait tous, de loin ce qui rapporte le plus à nos maîtres. Dire qu’il y en a qui parlaient, sans rire, de mettre en place une TVA sociale : c’est-y pas l’aveu tout cru que la TVA, c’est tout sauf social ?