Légalité de la pensée

Vous connaissez l’aérodromophobie ? non ? la peur des avions… c’est le cas pour plein de gens, qui peuvent suivre des stages pour pouvoir ensuite prendre l’air sans tomber en pâmoison. On leur montre que l’air est un fluide résistant à partir d’une certaine vitesse, fiable, que les statistiques d’accidents aériens sont plus rassurantes que celles des chutes de pots de fleurs sur le trottoir, etc… On peut donc soigner ça, ou pas, si ça ne prête pas à conséquence – par exemple si l’on ne prend jamais l’avion. Il ne viendrait à personne l’idée saugrenue de sanctionner les aérodromophobes ; pas plus que les agoraphobes, qui appréhendent la foule, les arachnophobes, que la proximité des araignées émeut, etc… ce sont des sentiments, n’est-ce-pas, rien de plus. Parfois d’ailleurs ce sont des peurs, des préventions, des sentiments parfaitement fondés. Qu’on craigne le bruit excessif – la zizique à fond la caisse et qui fait vibrer la peau du ventre, outre qu’elle rend sourd -, la manipulation des tronçonneuses, etc… ça se comprend tout seul !

Et puis, si je n’aime pas les rollmops ou les loukoums, c’est personnel, n’est-ce-pas, c’est moi, et basta. Je n’empêche personne d’y toucher.

Mais il y aurait des « phobies » non seulement dommageables, critiquables, mais illégales ! si si ! délictueuses, carrément. Comment un sentiment peut-il être illégal ? Tenez, ça existe. A la mairie de Paris, on a franchi le pas. Des affiches dans les rues vantaient un bouquin polémique sur ce qu’on peut appeler le phénomène Trans : livre présenté, je cite, comme une « enquête sur les dérives de l’identité transgenre » qui « s’infiltre dans toutes les sphères de la société ». Bon, ce livre est peut-être excessif, partial, voire passible de poursuites, s’il est avéré qu’il incite à la violence ou à la haine… Les affiches, je ne sais pas, mais leur contenu ne me paraît pas tomber sous le coup d’accusations de ce type. Mais, bref, la mairie de Paris a demandé à l’afficheur, JC Deux-Côts, de retirer les affiches. Voyez l’argumentaire des protestataires ; je cite ici Le Monde.

  • Une drag-queen (…) a dénoncé mardi soir une « publicité ouvertement transphobe ».
  • « La transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville », a acquiescé Emmanuel Grégoire, important adjoint au Maire.

La première partie de cette dernière citation est effarante. Si je comprends bien, une crainte, une appréhension, une prévention contre, serait un délit ! Curieuse lecture de la Loi… vous n’appréciez pas (ne kiffez pas) les drag-queens ? l’évocation des chirurgies de réassignation de genre vous incommode ? en taule, infect délinquant transphobe !

Tibert

4 thoughts on “Légalité de la pensée”

    1. Si la « gyno… » en question s’appelle Hidalgo, on pourrait effectivement estimer que j’éprouve de la « phobie » à son endroit. Non de la crainte, mais de la prévention à son égard, ça peut se dire. Ceci étant, ôtez-moi d’un doute affreux : serait-ce là aussi un délit ? On doit l’aimer ?

  1. Le terme « phobie » est complètement dévoyé aujourd’hui.
    Phobie est un terme de psy qui veut dire « peur irrationnelle de quelque chose ». C’est un symptôme.
    Punir les phobies, serait donc punir les personnes parce qu’elles sont malades. C’est insensé !
    Quant à appeler « phobie » la peur de certaines religions, c’est tout simplement une faute de français, car c’est une peur rationnelle.
    Quant à Hidalgo…

    1. On est bien d’accord sur l’utilisation perverse de « phobie ». Qui justifie tous les amalgames approximatifs et / ou malsains.

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