Pub'algie

Des fois que la pub’ vous paraîtrait envahissante – impression fausse, sûrement, on n’en a pas encore dans les cages d’escalier et sur les poubelles d’immeubles, mais ça viendra, ça viendra – vous allez pouvoir en bouffer encore plus si vous utilisez les transports ferroviaires : gros marché en vue pour Decaux, ClearChannel, etc. Donc dans les gares (bof, c’est déjà le cas), mais aussi sur les voies, vous allez voir défiler des panneaux-pu des panneaux-bli des panneaux-publi des panneaux publicitaires, jusqu’à la nausée, j’espère. Laissez-vous bercer par le Corail Theoz ou le TER du coin, jetez un regard rêveur par la fenêtre du compartiment, et voyez comme c’est beau, « casse les prix », « y a bon », « allez tous chez… ».

Il y avait ça dans le métro de ma jeunesse (les rames vertes, beige pour la Première), les poinçonneurs, les portillons automatiques) : dans l’obscurité des boyaux défilaient les célèbres « Dubo Dubon Dubonnet », faiblement éclairés par le passage des rames grinçantes. Mais c’était un rythme, un jeu, une attente, et je n’ai pas dû boire plus de deux Dubonnet dans ma vie.
Problème : la vitesse empêchant de lire correctement les textes normalement libellés, il va falloir étirer les lettres, et ce d’autant plus que le train ira vite : là où un panneau immobile ne vous bouffe que 4 mètres de large de votre vue sur la vallée de l’Epte, il faut au moins 12 mètres de large pour les panneaux au droit de portions à grande vitesse ! Adios la vue sur la vallée de l’Epte. Ou bien alors, comme pour les parachutes, il faudra faire des trous-trous dans les panneaux pour vous permettre de voir ce qu’il y a derrière. Vue pointillée, voire pointilliste sur la vallée de l’Epte, merci la SNCF.

Restera à attribuer les espaces non envahis par la pub’ à des annonceurs, pour que vous sachiez à qui vous devez ce moment de tranquillité sans pub’ ! « Ce moment de non-pub’ vous est offert par Schmurz, le leader européen du matelas isopotentiel à nappe de détente alvéolée ». Merci, Schmurz !

Virgule nonante-neuf

Je lis ce matin sur le Fig’net un entrefilet concernant les baisses de prix des « Iphones » de chez LaPomme : premio, les gogos qui se sont précipités pour acheter le bidule en question sont cocus, il eût suffi d’attendre un peu (ce qui confirme ce que mon père disait : quand tu vois tout le monde se précipiter à droite, file à gauche). Bref ils en sont de 200 dollars, et tout ça pour avoir un autre mobile qui fait le même taf que les copains.
Mais, deuxio, et c’est là le propos de ce billet : vous constaterez que tous les prix de chez LaPomme sont des multiples de cent moins un. Par exemple 299, 399, 499, 599… voilà des gens qui sont moins avisés que nos épiciers, nos vendeurs d’électroménager, meubles, quincaillerie… ils nous auraient proposé des 299,99 ou des 499,99 – ce qui, notons-le bien, nous aurait privés de 0,99 unités monétaires. Pas cher, LaPomme !!
Il n’est un secret pour personne que ces prix en 99999 sont dûs à la vieille recette éculée qui veut faire croire qu’on paye, par exemple, « quatre-cents et quelque » quand le prix s’affiche à 499, alors qu’on va payer cinq-cents moins un pouyème ; juste de quoi acheter une bricole à 0,99, ensuite de quoi il nous restera 0,01, juste de quoi shooter dedans sauf que la pièce est trop petite.

C’est dire le mépris dans lequel les experts de la vente tiennent les acheteurs. C’est aussi constater que les prix ne sont que de très loin liés aux coûts réels : la seule vraie question qui hante les marketeux, c’est « combien sont-ils prêts à payer (sous-entendu : ces cons-là?« 

Histoires de bouffe

On est de nouveau « sur » Paris, et pour un bout de temps.

Pourquoi « sur » ?? « à » est incontestablement plus approprié. mais ça se dit, c’est bien, ça le fait, « sur »…

Hier soir donc, resto dans une rue passante, circulante, flânante du quartier Montparnasse, restos, théatres et sex-shops – il n’existe pas de dénomination française (boutiques de cul ? eros-boutiques ? fesse-boutiques ?) pour ces commerces –> donc c’est un concept purement anglo-américain, pas de notre cul-ture !!!

Patron calin, aux petits soins, blagueur, complice… on n’était pas plus de 6 ou 7 clients. Plus tard, plein de monde, jusqu’à des 22 heures et plus, service interminable, plats à peine chauds, communs, indifférenciés, de la ragougnasse de porc ou de chevreau avec du riz et des fayots sans aucun intérêt : de la bouffe.

Entretemps, déménagement pour une table à l’abri des clopeurs, car les clopeurs sont entrés en action, et la belle salle est pour eux ; les non-fumeurs ont droit à l’arrière-salle.

On n’a pris qu’un apéro et quelques amuse-gueules, un plat, un pichet d’un demi-litre de Chinon pour quatre, pas de cafés, pas de dessert : 27 euros par tête de pipe. On a mangé très médiocrement, et dans des conditions très ordinaires, voire désagréables.

Bref, je vous pose la question : d’accord on est à Paris, petites femmes, le fameux métro, les grands magasins, la Tour Eiffel.. mais est-ce une raison pour se faire escroquer comme ça, et en plus trouver ça chouette ?

PS : Dans l’addition figurait 1 litre d’eau minérale en provenance de la région de St Etienne, de marque fort connue : 7 euros, alors que mon super-marché voisin me fait le litre et-quart ou et-demi à 2 euros maxi. Un euro soixante-quinze le « demi » d’eau minérale. Elle doit être livrée par Chronopost, ma parole.

Le CD en fête, et mon porte-monnaie en berne

Le CD a 25 ans, eh oui ça ne nous rajeunit pas. Fêtons donc dignement cette petite galette, taxée indûment chez nous (achetez vos CD vierges à l’étranger si vous pouvez, c’est à des prix plus raisonnables pour des bouts de plastique métallisé) ; mais poussons encore un vigoureux coup de gueule contre l’arnaque qui consiste à vendre des 18, 20, 23 euros un truc qui a déjà été vendu en vinyle, re-mastérisé, amorti depuis des lustres, bref un truc qui devrait se vendre, auteurs et interprètes une fois payés, au grand maxi 7 à 8 euros, et je suis généreux.

Il est donc bien évident que le plus honnête de nos citoyens rechigne à raquer, parfaitement conscient qu’on l’arnaque. Donc, messieurs-dames de l’édition phonographique, ne vous en prenez qu’à vous-mêmes si moult copies illicites circulent : c’est humain, et c’est quelque part un juste retour des choses : le coup de l’arroseur arrosé, en quelque sorte.

Allo Paul ? où t'es ?

Quand je suis en voyage outre frontières, je crains un certain nombre de calamités, le joint de culasse sur l’autobahn, la bouffe locale – dans certains pays, seulement, soyons honnêtes… et les appels téléphoniques – sur mon MOBILE, pas mon portable, car je ne téléphone pas avec mon ordinateur.

Mon mobile sonne, donc, disons dans une rue de Bologne, Italie : 1 euro !! je prends l’appel : 1 euro la minute. Ah c’était une erreur : ça fera 2 euros. Pour rien, sauf que ça fait 2 euros pour les opérateurs de téléphonie mobile.

Savez-vous que, chaque fois que je passe la frontière, Orange, mon opérateur national, me gave de messages du style : votre messagerie est accessible sur le XXX, appelez le YYYY pour avoir la vitesse du vent à La Baule… des nigleries, quoi – eh bien, malgré tout, c’est gratuit !! si, si, Orange me balance de la pub’ non souhaitée par pelletées, mais a l’élégance de ne pas me le facturer quand je suis à l’étranger. Ils sont bons, tout de même.

Mais mais mais : l’info, c’est que ça va enfin se moraliser un peu. Lisez ceci dans le Monde ; on va désormais, incessamment sous peu, pouvoir recevoir des appels erronés ou inutiles en Grèce ou en Croatie pour 0,25 euros seulement !!

Allons, l’Europe a du bon, merci Bruxelles, une fois.

On attend les chiffres

Bonne nouvelle, si j’ose dire, le Monde nous annonce que « … les cours pétroliers sont repartis à la hausse après la publication de chiffres hebdomadaires des stocks américains, montrant une nette contraction des réserves de brut. »

Eh oui, depuis que Jean-Marc Sylvestre and Co (en direct de la Bourse, of course) sont familiers de nos radios périphériques, nos boursicoteurs z’avertis attendent toujours, anxieux, « les chiffres du déficit américain » – ou les statistiques du chômage aux USA, la production de clarinettes au second semestre aux Etats-Unis, les résultats du Super-Bowl – pour déterminer leur stratégie du jour.

Il est donc fort réconfortant pour le quidam français qui arrive devant une pompe à essence – à fioul, d’ailleurs, le plus souvent – et découvre, écoeuré, que ça a encore augmenté, il est réconfortant, donc, de savoir que c’est pour une bonne raison ! Un type, là-bas, à Minneapolis ou à Dallas, a fait des additions, comme ça parce qu’il s’ennuyait ferme en attendant son bus, et voilà qu’il découvre, en cumulant les réserves de brut ici et là (c’est dans tous les journaux, vous savez ça) , que la somme obtenue est plus petite que ce à quoi il s’attendait ! Damned, by Jove, dit-il, et il fonce sur la première cabine téléphonique, introduit un quarter et beugle « operator, pass me the New York Herald Tribune, vite mon petit, please » : et hop, la nouvelle fait le tour de la terre, les stocks de brut aux USA se sont nettement contractés !!! panique à bord.

La mécanique est simple : soit les stocks se contractent (la demande est forte, les prix du pétrole vont grimper) soit ils augmentent (la demande est faible, l’OPEP hausse donc ses tarifs, et le pétrole va être plus cher) : la seule petite chance que notre gas-oil reste abordable à la pompe, c’est que les stocks ne bougent surtout pas !!! Pas bouger, les stocks aux USA. Au pied.

Alors, les mecs, là-bas, aux States, faites votre boulot, merde quoi, et surveillez-moi ces stocks un peu plus sérieusement. On a vraiment affaire à une bande de bras cassés, ma parole.

A contre-courant

Mon defunt pere avait deux maximes a la bouche, qu’il ressortait assez souvent :

– la premiere consistait a citer Pascal (Blaise, l’inventeur du limacon avec une cedille) a propos du malheur de l’homme ayant son origine dans son incapacite a rester seul et tranquille chez lui.

– la deuxieme recommandait, lorsqu’on voyait tout le monde se ruer dans une direction, de se diriger resolument a l’oppose.

Ces deux recommandations sont sages, et certes bien des voyages pour rien, des week-ends mornes se terminant invariablement par la queue au peage de St Arnoux en Yvelines, des files d’attente pour se faire dedicacer le dernier Nothomb, des desillusions sur le tome 27 d’Haripoteur, helas etrangement semblable aux precedents, des cohues penibles sur les planches de Deauville, des emeutes pour tenter d’apercevoir un bout de l’oreille du dernier pipeule qui se re-re-marie  seraient evites, pour le plus grand benefice de la planete et des gaz a effet de serre.

Mais ces deux preceptes sont helas contradictoires, et de suivre l’un contraint a violer l’autre. Soit, voyant les hordes hurlantes se ruer sur les vitrines le premier jour des soldes, je decide de rester tranquille chez moi, soit je pars acheter resolument des articles dans un magasin qui ne solde rien, ainsi assure de ne pas me faire pietiner. Angoissante incertitude, d’autant plus que se profile, derriere le raz-de-maree Haripoteur, la deferlante du dernier « iMachin » de chez Apple, dont tout le monde va croire indispensable l’achat hic et nunc, dusse-t-on se faire laminer et tailler en pieces.

Fromage télécom'

On peut lire dans la presse du matin (chagrin, comme d’hab’) que la société Geonumbers, qui se faisait fort de faire contourner les numéros surtaxés (15 ct la minute, 34 ct, etc…) jette l’éponge, soumise qu’elle est à l’amicale pression de certains de ses « amis ».

L’article énonce entre autres ceci : « Seulement, depuis la libéralisation du secteur des télécoms, le marché des numéros spéciaux n’est soumis à aucune réglementation. De fait « la plupart des entreprises françaises ont remplacé leur numéro traditionnel par des numéros surtaxés » (…) «Imposer un numéro surtaxé pour une simple communication sans valeur ajoutée est un abus, voire une escroquerie » « 

Certes ! Il y a par exemple ma succursale bancaire, qui est au bout de ma rue, donc 300 m à pied, et quand je veux lui téléphoner c’est 15 ct la minute, avec Vivaldi en zizique d’attente pour arrondir les angles et l’addition. Donc j’y vais à pied, ça fait du bien à mon portefeuille, et puis le gouvernement me recommande « pour votre santé » de marcher au moins 45 minutes par jour, pas surtaxées, celles-là. alors… et d’ailleurs si ma banque est en étage, c’est encore mieux pour mon coeur.
Tout ça pour  pousser un grand coup de gueule (ça soulage) contre ces pratiques de rapine au téléphone. Oui, ce sont de petites sommes, certes, mais c’est quand même de l’arnaque. Et not’ gouvernement devrait moraliser ce marigot, car ça grenouille pas mal dans ces télécom’s, et ça sent mauvais, les marigots.

La morue, et le Reste !

Savoir mettre un nom sur ce qui nous tourmente, c’est déjà aller mieux. Et ça fait du bien de découvrir dans Le Monde du soir et du petit matin que le mec qui a hanté mes déplacements en train pendant des années – tiens encore une grève à la SNCF, je vais devoir prendre ma voiture, et il ne me reste que 5 points sur mon permis, ah non je ne pourrai pas rentrer vendredi soir, eh merde encore une grève, et mon billet pour Taragon-le-Haut que… bref le gus qui me les brisait menues s’appelle Le Reste. Enfin, un des gus, parce que les z’autonomes, les SUD-Rail et j’en passe, tous d’accord pour empêcher l’ « usager » de voyager, bien qu’ils soient censés de par leur métier le lui permettre, notamment quand il a payé son billet.

Eh bien ce type parle du service minimum, et il n’est pas d’accord, bien entendu, on ne va quand même pas lui casser son unique moyen d’expression : empêcher l’ « usager » de voyager.

« USAGER » : nous sommes des usagers. Pour mon coiffeur, que je paye, pour le boulanger, l’hôtelier, le bistrot… bref pour toute transaction commerciale, je suis un CLIENT. Mais quand je paye pour utiliser un train, je ne suis qu’un USAGER !! ce qui justifie qu’on contrarie mes plans quand on veut et comme on veut ; priver le client de ce qu’il a acheté, c’est du vol, mais priver l’USAGER de ce qu’il a acheté, c’est du syndicalisme.

Allez, un truc plus léger pour vous détendre. Le même canard (cherchez l’article) nous entretient de la pêche à la morue en Pologne. Ils en pêchent trop, les Polonais. Bref, ce qui est curieux, c’est que le CABILLAUD, poisson des mers froides, de la famille des Gadidés, en voie d’extinction, et tant pis pour les Portugais, une fois attrapé, tué, éviscéré, mis à plat, salé et / ou séché, ça devient de la MORUE. La transsubstantiation du cabillaud, si vous voulez. Donc, « pêcher la morue », c’est idiot ! Tout ce boulot pour rejeter le poisson salé à la mer et essayer de l’attraper ensuite, ça va encore plus saler l’eau de mer !!

C’est peut-être pour ça que la Mer Morte est si salée : on a dû y pêcher de la morue il y a fort longtemps, et maintenant c’est devenu trop salé. Ah évidemment si on y avait pêché de la morue fraîche (comme on dit dans les restos chics pour cacher que c’est du cabillaud), ça aurait préservé l’environnement. Mais pourquoi diable pêcher le cabillaud dans la Mer Morte ? c’est une mer chaude, ça ! En principe il n’aurait pas dû y avoir de cabillaud ; normalement il n’y a que des touristes.

Cipistes clystés

L’excellent Monde du « Bastille Day » d’hier nous apprend plein de choses sur les vélos qui viennent d’être mis en location à Paname. Belle initiative certes, quoique la cohabitation des bus, des bicyclettes et des motos -cherchez l’intrus –  dans les mêmes couloirs de circulation soit assez difficile ! Mais ce qui inspire ce billet, c’est que les abonnés à l’année de ce service Vélib’ (29 euros) seront munis d’une puce à radiofréquence !! donc pistables, pistés, suivis, tels l’ours Melissa dans les Pyrénées, qui ne peut pas aller pisser sans que ça se sache.

Il suffira ensuite d’enregistrer la séquence temporelle des feux de croisement, la comparer avec la progression des puces radiofréquence, et hop on pourra savoir que le détenteur de la carte Vélib’ numéro 69712 a grillé le feu rouge au croisement du Bd Arago et de la rue de la Glacière à 17h34 le jeudi 18 juillet ! Et crac dedans, une prune.

Bon je sais, je paranoïe, je force le trait. Mais techniquement c’est faisable. Et aussi de savoir que le détenteur de la carte 47266 et la détentrice de la carte 12654 ont fait un bout de chemin ensemble dans la descente de l’avenue des Gobelins. Le fruit du hasard ? ça m’étonnerait ! La vitesse moyenne de 47266 était jusqu’alors de 15,62 km/h, tandis que 12654 roulait à 11,32 km/h : vous voyez bien que c’est louche, 47266 a manifestement ralenti. Tirez-moi ça au clair !