Inversement, et réciproquement !

Mon billet d’hier ranime quelques vieux principes de logique peu en honneur, mais qui pourtant gagneraient à être connus et – surtout – compris.

Propositions inverse et réciproque …

D’abord la proposition : si A, alors B ! Si je suis un homme, je suis mortel. Si je suis plombier, je suis quelqu’un de rare. Si je suis ministre, je suis logé / nourri aux frais du contribuable. Si … bon, vous voyez.
Maintenant, plou difficilé, ma qué !

A -> B      – proposition inverse :      Non(A) -> Non(B)
A -> B      – proposition réciproque : B -> A.

Travaux pratiques : « Quand le bâtiment va, tout va », citais-je, reprenant ce stupide vieil adage.
Réciproquement, ce serait « Quand tout va, le bâtiment va ». Et nous en sommes bien d’accord ! De l’art d’obtenir un truisme en guise de proposition réciproque.
Inversement, ce sera « Quand le bâtiment ne va pas, tout ne va pas » (et non pas « … rien ne va », car pour nier « tout va » il faut et il suffit qu’au moins quelque chose n’aille pas ; que rien n’aille est largement excessif, quoique ce soit assez dans mon état d’esprit actuel !) et là encore, avouons-le, il s’agit d’un truisme, puisque le bâtiment AU MOINS n’allant pas, tout ne va pas, vous suivez ?

Nous avons ainsi démontré deux magnifiques truismes, lapalissades, évidences … grâce à l’utilisation des propositions réciproque et inverse de « Quand le bâtiment va, tout va ».
Ce qui ne justifie pas la proposition de base ! est-elle juste, c’est une autre histoire ! Quand le bâtiment va, tout va-t-il ? Il faudrait d’abord que nous constations que le bâtiment va : on en est loin ! Je citais les plombiers, mais que dire des maçons ? hein, les maçons ? Pourquoi n’y a t’il pas de maçons ?

Plombards

Un parent me confie ses difficultés à trouver un plombier à Paris … il a fini par obtenir un devis surréaliste de presque 800 euros pour un travail qu’il estime – il s’y connait assez bien – à environ 3 heures et 50 euros de fournitures.

Un autre me citait – trop heureux d’avoir pu faire faire ses travaux ! – une importante facture pour un remplacement de vidage de douche, incluant 105 euros de « petites fournitures » (joints, filasse, pâte d’étanchéité) : on peut en acheter, de la pâte à joint à ce tarif-là !

Moi-même, je me souviens avoir été invité par un plombier à citer des personnes pouvant me recommander pour qu’il accepte de me soumettre un devis ; il s’agissait, non d’un robinet défectueux, mais du remplacement de ma chaudière à gaz. Hélas, ne faisant pas partie du Fan Club dudit plombard, j’ai dû aller chercher ailleurs.

Tout ça pour rappeler le vieil adage : « quand le bâtiment va … » ; mais ce que l’adage aurait pu ajouter, c’est que quand le bâtiment est en panne, rien ne va. Et le célèbre M. Bolkestein aurait eu fichtrement raison de vouloir chercher du côté des plombiers polonais. Rayon d’espoir : les néo-européens Roumains z’ou Bulgares seraient-ils portés sur la plomberie ? il y a du blé à faire, et celui-là n’a rien à voir avec les céréaliers.

Place de Grève

Nous voilà revenus au bon vieux temps – pas si loin – où l’échafaud était un lieu d’attraction populaire. Bon, effectivement dans « Casque d’or » Simone Signoret doit louer une fenêtre bien placée pour assister furtivement au raccourcissement de son Reggiani préféré ; ce n’était déjà plus la Place de Grève … mais de nos jours c’est plus facile, un téléphone mobile (un mobile, quoi, voir mon n’article dans les précédents), un petit coup de vidéo, vite sur Internet, et hop le monde entier peut assister à des évènements excitants au plus haut point ! Des centaines de milliers de badauds sont allés voir Saddam se faire tuer. Rhaaa lovely !!

Du pain et des jeux, bien saignants, comme au temps des Romains.

Cellulaire mais transportable

Question de vocabulaire encore : nous sommes incapables dans notre beau pays de clarté et de rigueur, d’attribuer deux substantifs différents –  substantifs abusifs, d’ailleurs /  car c’est un adjectif « substantivé » / poil au nez – à deux objets aussi peu semblables qu’un ordinateur portatif et un téléphone cellulaire ! « Portable », et débrouillez vous avec ça.

Pour le téléphone, les Italiens ont leur « telefonino » (mignon, non ?), d’autres leur « cellular », et il se trouve encore des « mobiles » ; quant à l’ordinateur c’est « laptop » (horresco referens & vade retro) et « portable » et ??? rien d’autre. De mon temps (allez l’ancien, mangez votre purée) on faisait le distinguo entre « portable » et « transportable », ce dernier étant tout juste transportable, justement, vu son poids. Mais c’est tombé en désuétude, du fait que nous sommes beaucoup plus costauds.

Donc Cellulaire ? fourgon répondit l’écho. Un peu carcéral, n’est-il pas ? Bannissons aussi « portable » qui somme toute va fort bien à l’ordinateur, et vive Mobile, cette drôle de chose sur laquelle des milliers de gens se passent les nerfs dans les transports en commun, soit pour tester la robustesse du clavier, soit pour donner Urbi et t’Orbi leur situation géographique, que leurs voisins de bus ignorent bien évidemment : « t’es où là ?  – là j’suis dans le bus à X … j’arrive ».

Chers z’amis, agissons pour que « mobile » et « portable » soient utilisés à bon escient ; la précision du discours nous en saura gré.

Quads

Dans une cité à Limoges on canarde les quads. Un jeune en meurt.

Il est vrai que les vidéos prises sur les mobiles des « quadeurs » (à pas d’heures) montrent qu’il s’agit d’un rodéo de plusieurs quads plutôt que du trajet innocent de quelqu’un se rendant d’un point A à un point B avec sa très bruyante monture.

Depuis quand durait le rodéo en question, l’histoire ne le dit pas. Pourquoi des jeunes dans les cités font du quad en rond au point d’indisposer (sans s’en douter, hein …) le voisinage, ça c’est un mystère.

Comment un voisin a pété une durite à force d’entendre les rugissements des bécanes, ça on peut facilement se l’imaginer. Le problème c’est que ledit péteur de durite était armé.

Correct ?

Les Anglais, jamais à la bourre, nous précèdent – pas trop loin , rassurez-vous – dans la correction politique vis à vis des minorités potentiellement méchantes. Donc là-bas des tas de municipalités ont « gommé » Christmas pour ne pas choquer … qui ? sûrement pas les Juifs, puisque ceux-ci sont là-bas depuis des décennies, voire des siècles, et n’ont jamais fait un fromage de voir Hanoukah omis par la majorité chrétienne ; non non rassurez-vous ce sont les musulmans qu’il faut ne pas choquer. Et on vous sort des « fêtes de fin d’année », « de la lumière », « d’hiver » … qui ne trompent personne.

Premio : Noël a perdu depuis longtemps son caractère de fête sacrée : tas d’hypocrites, c’est celle des fines gueules et du porte-monnaie – ça dépend de quel côté du comptoir on se trouve.
Deuxio : je demande à ce que le Ramadan soit rebaptisé « jeûne annuel » – y compris en Arabie Sa’aoudite, oui oui, y a pas de raison – pour ne pas me choquer. J’exige que Yom Kippour soit renommé « journée de pardon » , que l’Aït soit changé dare-dare pour faire un peu profil bas (disons : la fête aux moutons » ? ). Non mais … c’est vachement choquant, ces fêtes de pas ma religion !!

Des siècles de traditions ne pèsent pas lourd devant les gesticulations envisageables, peut-être prévisibles, hypothétiques mais va savoir … de quelques fanatiques supposés.

Minable.

Poussières de chapelles, chapelles poussièreuses

Et wouala, la Gôche (la vraie, à ce qu’elle dit) partira encore un’fois à la bataille de l’Elysée 2007 avec 45,7 candidats (y en a un qu’est petit), tous persuadés que c’est chez eux que ça se tient.

Maâme Buffet ira faire du PCF à la télé, Besancenot f’ra son p’tit laïus habile – il est bon débatteur – sur l’alternative, Arlette nous ressortira du congélo un « travayeurs-travayeuses » un peu plus défraîchi (elle aussi), y aura Voynet qui en bonne anésesthésiste nous endormira, les trotskystes enkystés dans la Fonction Publique enverront leur Grand Dirigeant, et encore un ou deux zèbres pour faire bonne mesure, qui auront miraculeusement trouvé leurs 500 signatures … tout ça pour un magnifique 0,47 % des voix, ou 1,2 %. Si encore ils atteignaient le seuil de rentabilité, on pourrait se dire que c’est pour le fric, mais même pas.
EFFICACE ! on vous le dit. Ces gens-là ont envie que ça change, ça fait peur.

Lire la Loi

Cette nuit encore je repense aux affolantes ratures de Flaubert sur ses manuscrits ; je me demande ce que nous aurions perdu si Gustave avait disposé d’un traitement de texte … Madame Bovary, impeccable dès le travail de conception ! Quelle perte ! Nous n’aurions jamais su l’immense travail effectué. Et de dériver vers une méditation sur la Loi, sur – justement – cet immense travail.

Nous sommes -dans le monde occidental, ailleurs je ne sais pas – parmi les champions des textes de lois (décrets, arrêtés …) :

– quand une loi ne fonctionne pas, au lieu de se poser la question du pourquoi et de se donner les moyens de l’appliquer, on en fait une autre.

– si la Droite prend le pouvoir, elle se dépèche de mettre en place de nouvelles lois pour faire pièce aux lois passées par la Gauche précédemment, et vice-versa,

– on ne se demande que très peu si l’on va avoir les moyens d’appliquer une nouvelle loi ; c’est un problème subalterne, la loi est la loi, et basta. Donc on sort une loi, et bon vent. Par exemple cette superbe loi sur la distance minimale de 2 secondes entre deux automobiles qui se suivent : qui peut appliquer ça ? (*)
Et puis, donc, le Journal Officiel publie des lois, décrets, arrêtés …

Donc notre paysage de lois ressemble à une forêt de lois ? que nenni, il a plutôt l’aspect de ces forêts au lendemain de la tempête du siècle (fin 1999). Ce n’est pas du texte sur ordinateur, ce sont les affolantes ratures de Flaubert (qui, lui au moins, s’efforçait d’être clair au fil de ses retouches).

D’abord la bardée de « Vu … vu … vu …  » (ça rappelle aux anciens bidasses l’inénarrable « vu l’arbre en boule ») :

Vu la loi no 83-634 du 13 juillet 1983 modifiée portant droits et obligations des fonctionnaires, ensemble la
loi no 84-16 du 11 janvier 1984 modifiée portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de
l’Etat ;
Vu le décret no 48-1108 du 10 juillet 1948 portant classement hiérarchique des grades et emplois des
personnels civils et militaires de l’Etat relevant du régime général des retraites, ensemble les textes qui l’ont
complété ou modifié ;
Vu le décret no 2006-1635 du 19 décembre 2006 portant statut d’emploi de directeur de l’académie de Paris ;
Vu l’avis du Conseil supérieur de la fonction publique de l’Etat en date du 28 février 2006,

(je vous le fait court, il peut y en avoir des palanquées)

Puis on y va sur l’énoncé :

Art. 1er. − A l’article 2 de l’arrêté du 7 octobre 2002 susvisé, les mots : « payeur général du Trésor » sont
remplacés par les mots : « comptable assignataire ».

Vous croyez que quelqu’un aurait l’idée de reprendre, modifier, ressortir une nouvelle mouture propre de l’arrêté 2 « susvisé » (ouaf ouaf) du 7 octobre 2002 en y remplaçant le machin qui ne va plus ? trop facile ! à vous de vous éreinter à retrouver ce que disait ce fameux arrêté 2, et de voir ce que ça donne maintenant !

Encore là je ne vous livre qu’un exemple ultra-simple : parfois c’est dantesque ! et je ne parle pas des modifications en cascade, car l’arrêté 2 en question pourrait lui-même faire référence à un arrêté antérieur (possiblement susvisé) qui lui-même …

Voilà c’est ça la Loi en France, lapidairement : indémerdable. On n’y voit que ce qui surnage ; les profondeurs des strates successives, ajouts, ratures, lois z’obsolètes mais jamais z’abrogées … sont le domaine des juristes, constitutionnalistes, toutes vieilles barbes talmudiques habiles à retrouver l’alinéa qui tue, enfoui sous des centaines de textes postérieurs mais non contradictoires.

Mais … NUL N’EST CENSE IGNORER LA LOI.

(*) tout de même, ça permet aux agents de la Force Publique qui veulent vous coincer coûte que coûte de vous trouver un poil dans le nez : « vous rouliez à moins de 2 secondes de la voiture précédente » ! Crac dedans.

Hollande pète un joint

Les propositions de notre Premier Secrétaire (PS en raccourci) rapportées hier dans Le Monde (entre autres) en matière d’impôts laissent pantois. On repique aux années Marchais-Fiterman-Mauroy dans les débuts du quatorzennat de Mitterand. On découvre que ces gens-là n’ont qu’un vieux bouquin de recettes de la Sociale à la place de la matière grise ; que les constats aveuglants -largement étayés par de multiples recoupements – sur la sur-pressuration des Français par l’impôt et la très mauvaise utilisation des deniers publics de notre pays (un Etat nul en économie ménagère) sont gaiement passés à la trappe. Et Hollande de proposer d’en remettre une louche !!!

Après la CSG (déductible et non-déductible*, eh oh, vach’tement technique, on est des bons aux Finances), le RDS, le ??? tiens, disons le DIAP (Dernier Impôt Avant le Prochain).
Bon. Si c’est un appel du pied pour inciter les tenants de la gauche « anti-libérale » (Voynet – Gluckman – Besancenot – Bové – Laguiller – Buffet – et j’en oublie-) à voter PS, c’est une mauvaise blague ; si c’est le programme de Mme Royal, je doute de son bon sens. Ou alors c’est son compagnon qui lui glisse des peaux de bananes sous les pieds ?? Il manoeuvre pour qu’elle reste à la maison « pour garder les gosses », selon la délicieuse formule amicale de l’ex-plus jeune premier ministre de France ?

(*) CSG non-déductible, ou l’impôt récursif – le moyen de nous faire payer des impôts sur des sommes qui nous ont été soustraites : malin, non ?

Prendre et apprendre

Entendu tôt ce matin sur Europe 1 : l’EDHEC de Nice démarre un amphi de « e-learning » (prononcer i-leurnine’gue) ; allez encore un anglicisme, on n’en est plus à ça près.

Mais au fait, que dirait-on en français, proprement ? « e-machin » = machin via les techniques modernes de communication – entendez la Toile, les z’ordinateurs. Bon, comment le traduire ce « e- » ? c’est effectivement très court, et quasiment une marque de fabrique. Bon, quelle lettre de l’alphabet français (ce qui exclut le w, importé tardivement) permettrait de traduire « e- » ? Yé né sais pas. Une proposition : « i- » : i comme innovation, comme immatériel, comme indicible ! Et, cerise sur le gâteau, ça se prononce comme l’engliche « e-« .
Autre question : « learning » : l’action d’apprendre, substantif associé au verbe apprendre. En français, comment cela se goupille-t-il ? tendre –> tension ; fendre –> ??? (tiens il n’y a pas d’action de fendre ? la fendaison ne se fait guère, bien que la pendaison, oui ) ; vendre –> vente ; prendre –> préhension ou prise … bref ces verbes en « endre » ont des substantifs assez variés ; pas de formation bien claire. Et « prendre » est carrément irrégulier, de même que tous ses dérivés (sur- app- com- entre- …). Donc Entreprise, Surprise, Compréhension, app??? ben appréhension !! et rien d’autre, car apprise ne va pas du tout. Appréhension !! ouaf ouaf ; j’appréhende ce mot.
Donc le « e-learning » se dit en français : « i-appréhension ». Braves gens, je perçois mieux pourquoi notre langue bat de l’aile.