La vision, vous dis-je

Il est des sujets incontournables et je m’y plie. Deux sujets, en fait : Premio, jetez donc un regard sur la page Houèbe du Parigot ce matin : la victoire du PSG sur le Barça (c’est du foot) devrait vous paraître comme LA nouvelle du siècle, vu qu’il n’y a que ça… vachement important, le foot. Deuxio, la Saint-Valentin c’était hier soir, et il fallait choisir entre bichonner sa louloute (resp. son mec) : roucoulades et tendres moments,  ou regarder le foot. Comment vous-en êtes-vous sortis ? parce que gros calins ET foot ça fonctionne difficilement. Vous me raconterez ça…

Bon, voilà qui est fait, on peut passer à aut’chose. Tenez, j’ai été intéressé par cet article de Slate (l’ardoise, en français) sur la candidature Macron, le chouchou des sondages. Je vous en conseille vivement la lecture, c’est éclairant. Outre cette manie détestable qu’il a de nous donner du “celles-et-ceux” à tous les coins de phrases – c’est la pieuse génuflexion devant le formalisme ampoulé du Politiquement-Correct – monsieur Macron se fout qu’on lui reproche son flou, ou plutôt son  absence de programme. A quelle sauce compte-t-il nous accommoder ? bah vous verrez bien, il a, lui, la vision ; la vision plutôt que le programme, cette “machine à produire de la trahison ou de la déception” (j’aime beaucoup cette formule). Il est porté, Macron, non seulement par des électeurs très las des lamentables moeurs politiques actuelles, mais par une vision de l’avenir. Et ça, hein, ça le fait, en tout cas pour le moment ça fonctionne.

Et puis, butinant sur ce site Slate, j’y ai trouvé, cerise sur le Forêt-Noire, plusieurs articles assez techniques et crus sur l’urine. Oui, l’urine, sujet de société qui en vaut bien d’autres. Et, tenez, je vous recommande “La petite goutte d’urine qui reste souvent dans le caleçon des hommes“. Article bien tourné et documenté… effectivement, messieurs, nous sommes comme ça, nous avons l’habitude d’agiter vigoureusement  ou mollement le goupillon, une fois l’affaire faite, afin d’en expulser la dernière goutte : ça fonctionne assez mal, d’abord parce qu’on en met partout, urbi et orbi, et puis parce que la dernière goutte, capillarité oblige, reste au bout… et c’est en général le slip qui la récupère. Or il y aurait bien un remède, qui consisterait tout simplement à s’essuyer ! mais s’agissant des urinoirs, ces dispositifs pratiques et rapides que la gent féminine nous envie : a-t-on jamais vu du papier toilette à côté des urinoirs ? et à supposer qu’il y en ait, où le jetterait-on ? il y faudrait des corbeilles à papier idoines. Il reste donc des tas d’obstacles techniques et culturels à abattre ; la partie n’est pas gagnée. Et, tenez, je prends les paris : pas un seul des candidates-et-des-candidats à la Présidentielle ne mettra cette importante avancée sociétale à son programme – surtout pas monsieur Macron, et pour cause !

Tibert.

La zappette du samedi soir

Je m’en voudrais de commenter ce qui se passe depuis que quatre flics du 9-3 ont foiré une interpellation musclée sur un gars qui ne se laissait pas aisément interpeller. Mais ce gars est Noir, et la bavure, si bavure il y a – l’enquête est en cours – prend tout de suite une dimension dantesque ! Je suggère donc que désormais les polices de France et de Navarre n’interpellent que des Caucasiens bien Blancs, : ça n’évitera pas les possibles bavures, nobody’s perfect, mais ça évitera tout débordement.

Mais à part ça, je lis dans le journal que l’émission de Patrick Sébastien, hier soir à  la télé sur France 2, a provoqué de violentes protestations : c’était, paraît-il, de la merde. “Le Grand Burlesque“, ça s’appelle, et l’animateur lui-même, grimé en Donald Trump, y recevait une tarte à la crème sur la margoulette… ha ha ha ça c’est rigolo en effet, on se marre (aux canards… coin coin, Donald, vous suivez ?).

Bref je m’interroge : rien ni personne n’oblige qui que ce soit à rester assis inerte et tétanisé, la zappette à la main, devant un écran de télé allumé sur un spectacle affligeant. Il est de notoriété publique que les programmes, le samedi soir spécialement, sont du niveau le plus bas, pitoyables, de purs navets, du genre un épisode de Zorro colorisé, un vieux Derrick de derrière les fagots…  c’est exprès !! c’est fait pour. Pour que le samedi soir vous fassiez autre chose que de vous caler devant votre télé. Je reformule : le samedi soir on vous incite à sortir de chez vous, restau, théâtre, belote coinchée, cinoche, que sais-je ? Dit autrement : le samedi soir, sortez ! Capisci ?

C’est d’ailleurs pour ça que Patrick Sébastien s’est permis des prout-prouts, des grimaces et des guignoleries pitoyables : oui il aime les bon gros calembours et les tartes à la crème, et là il supposait qu’il n’y avait personne d’assez idiot pour visionner ça, ce qui permet de se lâcher, youpee. Bon, c’est un malentendu, quoi, un stupide malentendu, on va pas en faire un fromage.

Tibert

 

Le printemps est trop loin

Le fils de Swika A. nous a téléphoné hier : son père est mort, jeudi 9 février. Pourquoi pas le 10 ou le 8 ? c’est comme ça, un jour de plus ou de moins au fond d’un lit d’hôpital… février est  court mais de toutes façons trop loin du 21 mars, les petits oiseaux, les bourgeons, les premières jupes, tout ça.
Joseph, alias Swi ou Swika : on s’est rencontrés au début des années soixante-dix, et je n’ai jamais vraiment vu son visage, pour la bonne raison qu’il était hirsute de cheveux et barbu comme un djihadiste , sauf que lui était résolument je-m’en-foutiste comme religion. Barbe et cheveux hirsutes et noirs en sa jeunesse, hirsutes et blancs sur le tard. Il avait la coquetterie d’assortir ses fringues à la couleur de sa pilosité : très longtemps je ne l’ai vu que vêtu de velours côtelé noir, mais ces dernières années il portait du lin blanc ou presque.

On ne peut pas dire que Swika se soit jamais soucié de sa santé : il savait lever le coude sans trop calculer la limite, et puis il fumait comme une locomotive, de la Gauloise sans filtre, le paquet bleu avec le casque à oreillettes… à la fin il les roulait, pour réduire les doses. Ces clopes maison, faits de papier OCB et de tabac à rouler, il aimait jadis les assaisonner de résine odorante préalablement chauffée pour l’émietter. Et puis ça circulait, on tirait dessus à tour de rôle…

Le sport,  à pratiquer ou à regarder, était un terme inconnu de lui : comme Churchill, “no sport“, c’était sa devise, son hygiène de vie. Forcément sur le tard il avait un peu épaissi, mais je l’ai quasiment toujours vu mince. Et puis finir avec un cancer des poumons, ça ne fait pas vraiment grossir.

Où pouvait-on trouver-on Swika ? vers la Contrescarpe, très souvent, attablé dan un des rades du coin, devant une mousse… ou draguant au Quartier Latin. Les femmes le passionnaient, et s’il avait – comme les cow-boys sur la crosse en bois de leur flingue – fait une encoche pour chaque coup réussi, il aurait sérieusement entamé son manche !

C’était le Retour à la Nature, le temps du baba-cool, et la nature de Saône-et-Loire nous a beaucoup vus, éclusant des pots de blanc dans les troquets de Cluny, ou rôdant autour des pélerines – féminin de pélerin – de Taizé : Frère Roger nous intéressait beaucoup moins. Nous avions dégotté les meilleurs boui-bouis pour les andouillettes au Mâcon ou les quenelles à la lyonnaise, à la Croisée de Cray, à Bonnay, Salornay ou Cormatin. Nous sillonnions les routes du Clunisois – Swika n’avait pas son permis – dans ma Deudeuche bleue, et les notaires du coin nous ont souvent vus étudiant leurs ventes de baraques plus ou moins en ruine… on cherchait un truc pas trop cher, évidemment, à retaper… avec du terrain, et de la gueule.

Baraques en ruine : ce fut d’abord la Chagueurne, ou une orthographe patoisante de ce genre. Lieu isolé, quelques pans de murs plus ou moins écroulés, une cave effondrée, la végétation qui envahissait tout. Nous y avons campé dans ma canadienne pour nous imprégner de l’atmosphère des lieux, et au matin – Swika dormait encore, évidemment – j’ai inauguré les travaux, dégageant une allée entre les bâtiments à  grands coups de goyotte, cette machette locale à long manche. Beau début… et on en est restés là.

Et puis tant d’autres ruines ou lieux inhabitables et magiques, des sites pour refaire le monde : la Pierre-Badot qui dominait les collines du Mâconnais chères à Lamartine, Saint-Martin-la-Patrouille, la Lochère… la musique qui me vient aux oreilles à évoquer ces lieux et ces temps c’est Satie, les Danses de Travers, moment unique dans la nuit froide et claire, chez Tatasse le potier de Jalogny.

Plus tard, toujours créatif, Swika a fabriqué des métiers à tisser, des canapés, importé des laines, vendu des chaînes hi-fi, et puis il s’est mis à la plomberie… c’est pourtant peu bucolique, la plomberie. Rien de tout ça n’a fonctionné, mais rien ne l’accrochait vraiment. L’oiseau sur la branche, en somme.

Voilà, comme on dit maintenant quand on ne sait plus quoi dire. Adieu donc Swika.  On ne l’a pas refait, le Monde, d’autres que nous ont persévéré dans les pots de blanc et l’élevage de chèvres dans le Clunisois. Et la musique qui me vient aujourd’hui c’est Ma jeunesse fout l’camp, comme chantait Françoise Hardy.

Tibert, avec un crêpe noir

Du divorce comme moteur

Tout d’abord, notre Bayrou national, le crypto-groupie du PS, tombeur de Sarkozy en 2012  (pas lui tout seul, mais lui et l’anaphore, n’oublions pas l’anaphore !) menace de récidiver : retenez-moi ou je me lance et je pique 3-4 pour-cents à Macron ou Fillon. C’est qu’effectivement il y a encore dans ce pays quelques groupies pour un tel personnage, qui incarne hélas un Centre falot et aussi enthousiasmant  qu’une bordure de trottoir. Heureusement pour ce pays c’est la dernière fois qu’il peut se permettre de jouer cette partition : en 2022 il aura 70 ans. Allez, François (encore un François !), un dernier tour ?

Mais bon… je m’amusais tout à l’heure de lire dans le Figaro du matin tôt cette déclaration de M. Dupont-Aignan, candidat “souverainiste” :  sa femme est son assistante parlementaire depuis fort longtemps, vingt ans – en toute légalité, attention ! et il le justifie : sinon, ils auraient divorcé. Pensez, elle en aurait eu marre, madame Dupont-Aignan, de voir  son député de mari rentrer à point d’heure des séances harassantes à l’Assemblée ; et puis s’il s’était adjoint une assistante un peu sexy, ça aurait pu faire problème, voyez ce que je veux dire. Non, pour l’efficacité, et surtout pour la paix des ménages, le parlementaire a tout intérêt à embaucher son conjoint, et monsieur Fillon l’a bien compris, comme tant d’autres.

Sauf que, sauf que… si l’épouse du parlementaire (ou l’époux de la parlementaire, gaffe à ne pas froisser les féministes) est aussi parlementaire, on fait quoi ?, comme on croasse maintenant (que fait-on ? en français daté). Eh bien, ça se résout fastoche : on ne se marie évidemment pas ! on vit à la colle, et l’on déclare deux domiciles. Tout bénéfice : 1- ça évite de divorcer ; 2 – on peut embaucher deux assistants parlementaires de sa famille ; 3- si par malheur le patrimoine total du couple  tombait sous le coup de l’ISF,  ça divise les sommes par deux, ça permet d’y échapper ! Le Mariage Pour Tous (pour “toutes et tous”, attention !) ? superbe avancée sociétale  !  enfin, pas pour les couples de politiciens.

Tibert

Et puis les sachets de ketchup au restau

On avait des films, autrefois… le soir à la télé, des “César et Nathalie“, des “Touchez pas au grizzly“… c’est fini tout ça, maintenant c’est genre la troisième rediffusion de l’épisode Quatre de la saison Deux des “Boeufs de labour“. Bref on a de moins en moins envie de mettre la main sur la zappette pour allumer l’étrange lucarne, contempler d’un oeil bovin des bouts d’intrigues filandreuses et dénuées du moindre intérêt.

Eh bien c’est pareil pour le Coin-coin-déchaîné : avant il vous sortait le mercredi un bon gros scandale bien mastoc – ou un plus petit -, aujourd’hui dans la série “La perfide Pénélope” on détaille les indemnités de licenciement de la dame en question ; mercredi prochain ce seront les fraudes au ticket-restaurant – il semblerait qu’elle ait payé des trucs avec au GéantSuperDiscount, qu’elle avait pas le droit – et la semaine suivante on vous contera et on comptera les rouleaux de PQ chourés dans les toilettes des musées. Pensez, les caméras des véçés ont tout enregistré, c’est bien au chaud pour le ressortir au moment adéquat, saison Deux, épisode Trois.

Moi je sais pas, mais ça serait de l’acharnement que ça me ferait le même effet. Le but de la manoeuvre, visiblement, c’est de jeter le bébé avec l’eau du bain : le programme avec celui qui le porte. C’est bien dommage, et le Coin-coin déchaîné joue un sale coup là,  parce que le programme, lui, mériterait qu’on en cause, au lieu de vouloir l’enterrer froidement sous des horions qui ne lui sont pas destinés (quoique…).

Tibert

Rien sauf Marcel

Aujourd’hui ? rien, je fais la pause. Je pose le stylo du dactylographe pour faire la pause, vous suivez ?  je le pose même pas, je l’empoigne pas ! j’en ai marre et je déprime, de voir où les scandales, ou pseudo-scandales, goupillés et opportunément brandis (dégoupillés, en fait) au bon moment nous ont menés : le désarroi, et un boulevard pour la Marine. Bravo les gars.

Non, zut, je me mets en roue libre aujourd’hui, je reste à zoner en pyjama. Allez bon, je vais juste vous dire un truc, histoire de pas rester sur ce vieux paradoxe usé, “j’écris rien”… tout en l’écrivant. Rien, sauf Marcel, donc. Oui, pourquoi la tempête qui balaye le Sud aujourd’hui se nomme-t-elle – ou plutôt pourquoi l’a-t-on nommée, elle demandait rien, elle – Marcel ? parce que des prénoms obsolètes et totalement ringards, ça ne manque pas, depuis Roger, Yacinthe, Désiré, jusqu’à Amédée, Prosper et Raymond… (ah non Raymond c’est réservé au monsieur qui vit avec la chanteuse, là, Carla Bruni… “Mon Raymond“). Bon, on évite Raymond. Je disais donc… ah oui : “Marcel est rentré sur le territoire gnagnagna” nous annonce ce matin Météo-France, comme si Marcel y était auparavant entré une première fois… c’est grave des erreurs comme ça. Où ça il est déjà venu ici, Marcel ? hein ? ils auraient pu écrire “Marcel a pénétré sur le territoire“, ça leur aurait forcément évité “repénétré“, ils savent compter, tout de même. Sans aller jusqu’à “Marcel a pénétré le territoire“, ça franchement non.

Bon, on va pas passer la journée là-dessus… allez, faut se secouer, résister à la mornitude. Je vais m’habiller et aller faire un tour, maintenant que la tempête a molli. Le temps d’enfiler mon marcel.

Tibert

 

 

Mon blog, Made for partaging

D’abord, juste un moment de piété hagiographique envers le désormais officiel-officiel du PS, Benoît H. Certains mal embouchés brocardent ses très modestes références scolaires : après le Bac’, une licence d’Histoire, et rien de plus… pffft c’est pas glorieux, clament-ils. Et  Le Monde de dégonfler avec zèle cette désobligeante rumeur, je cite texto : “Les engagements syndicaux et politiques précoces de Benoît Hamon ne lui ont effectivement pas laissé le temps de faire de longues études, puisqu’il s’est contenté d’une licence d’histoire à l’université de Bretagne-Occidentale à Brest avant d’entrer en politique comme assistant parlementaire du député PS Pierre Brana“.

Comme quoi, l’Histoire et l’hagiographie ça va bien ensemble 😉 Mais creusons… “entré en politique”, Benoît, comme on entre en religion, ce qui n’est pas faux ! né en 1967, il doit avoir eu sa licence (Bac+3) à 20 ans ou 21 ans sauf parcours hors-norme, soit en 87 ou 88. Il est dit (voir Wiki) qu’il s’engage en politique à 19 ans, soit en 86 (les manifs contre la loi Devaquet). Et il est embauché comme assistant parlementaire en 1991… en fait de 88 à 91 il avait tout à fait le temps de se faire une petite Maîtrise d’Histoire – soit deux années après la Licence – voire plus. Mais c’est que ses engagements syndicaux et politiques précoces l’ont vachement accaparé ! faire de la politique ou étudier, il fallait choisir. Admettez qu’il a pas mal choisi, joué les bons chevaux, Benoît : Rocardien, Aubryste et tout et tout.

Mais bon, on ne va pas passer la journée là-dessus. Je voulais surtout réagir à l’annonce des initiatives parigotes pour avoir les J.O. de 2024… enfin de lointains et futurs J.O., si nous sommes encore là !  Outre que ça va nous coûter un bras en pure perte et mettre un bazar noir dans la région parisienne qui n’en a vraiment pas besoin, on en est réduits à regarder nos édiles lécher les bottes des anglophones, sous prétexte que leur langue est comprise partout. Ce qui revient à renoncer, nous, à défendre et populariser la nôtre, qui est largement aussi belle, et tellement mieux articulée ! “Made for sharing” disent-ils… nous voilà encore débinés – humiliés, quasiment – malgré nous et par des gens qui sont censés nous représenter. Ils ne seraient donc pas foutus, les étrangers, de goûter le charme d’un “Venez partager”, “Paris pour le partage” ou similaire, éventuellement sous-titré en petit et en Rosbif juste en dessous (*)  ? ils utilisent nos rendez-vous, nos cul-de sac, nos ménages à trois, nos c’est la vie, nos et voilà, et ils seraient réfractaires à un ou deux mots de plus ? et le mot de Cambronne, ils connaissent ? au diable les J.O., en french in ze text.

Tibert

P-S : j’oubliais ! un article du Fig’haro qui fait débat, qui se discute, mais qui pose de vraies bonnes questions sans trop y répondre, d’ailleurs ; tenez, si vous voulez y jeter un cil, c’est ici. II cause de l’affaire Fillon, bien évidemment.

(*) ça se fait tous les jours – dans l’autre sens, évidemment – dans des milliers  de pubs de chez nous anglicisantes à souhait. Tenez, le slogan Nissan, par exemple, Innovation that excites, en anglais ça a tellement plus d’allure un Qashqai (avec la traduction en dessous : c’est obligatoire en principe, sauf pour le slogan des J.O. !).

Bancal + bancal (bancaux ?)

Il est difficile, ces temps-ci, de traiter de la reproduction des bigorneaux dans les mers du Sud. Non que ce sujet soit rébarbatif, bien au contraire, mais la Cité ne bruit que de l’Affaire (Le Monde, allez hop, en énumère cinq !) et, en toute objectivité, les différents supports médiatiques, radio, papier, télé, internet… sont tous à souffler sur le brulôt, à enfoncer François et Pénélope à qui mieux-mieux, que ç’en est indécent. Plus un espace pour les bigorneaux… tout ce ramdam m’évoque…  vous avez assisté à une chasse à courre, quand la meute des Beagles hurlants assaille le cervidé acculé ? moi non plus, c’est assez fermé comme milieu, la chasse à courre. Mais au cinéma, tenez, ce lien… pas beau à voir, hein ?

Un des chroniqueurs de BFM, hier soir, insistait sur un aspect peu fouillé de cette affaire : les bidouilles imputées à tort ou pas au ménage Fillon remontent à 1988, ça fait un bail, et il y a eu paraît-il de multiples épisodes, et et l’on sort ça maintenant, à 3 mois de la Présidentielle, quand le susnommé est sous les feux des projecteurs ? mais quand il était Premier Ministre il y a 6 ans de ça, c’était sans importance, ces supposés errements ? ça ne méritait pas une enquête du “Canard empêché” ?  ou alors quoi ? et si c’était Juppé qui était sorti de la Primaire, on avait aussi le panier de casseroles tout prêt au chaud pour lui ?

Bref : on a clairement attendu de savoir qui devait s’y coller pour la Droite et le Centre, avant de le flinguer en plein vol, si je puis dire. En technique guerrière, ça s’appelle une embuscade. Bien exécutée, d’ailleurs, félicitations au préparateur. Alors, on peut faire plein de scénarios, envisager de ré-embaucher Juppé, trouver des doublures de dernière minute, décider de se cramponner au choix établi… on va voir comment ça évolue.

Mais faisons ce constat : 66 % de 4,2 millions de votants ont choisi Fillon, soit 2,8 millions d’électeurs. Pour sa bonne bouille, ou pour son programme ? les deux mon colonel, mais le programme – assez radical, “clivant” comme on dit maintenant – a certainement pesé. Alors, QUI pour porter ce programme, ce programme précisément, pas une version pour Bisounours, si la personne qui l’a porté est “empêchée” d’aller au bout de sa démarche ? 2,8 millions d’électeurs en désarroi… un programme sans candidat… bancal, terriblement bancal.

D’un autre bord, on reproche au petit prodige du milieu-gauche, Macron, de n’avoir pas de programme… un candidat sans programme, en quelque sorte. Bancal aussi, indéniablement. Mécaniquement, un candidat sans programme + un programme sans candidat, ça colle, ça devrait le faire, non ? hélas non, j’en ai bien peur.

Tibert

 

Fronde et contorsionnisme

Je me réjouissais, hier, de la visite protocolaire que le vainqueur de la BAP – la Belle Alliance Populaire – Benoît “Burn-out” Hamon a rendue au locataire actuel de Matignon, monsieur Cazeneuve. Il n’y allait pas pour serrer poliment la cuiller au Premier Ministre es-qualité et lui bouffer ses petits fours en lapant sa tasse de Darjeeling, non, il allait rencontrer ce Premier ministre qui est aussi membre du PS. Lui signifier que dorénavant c’était lui le légitime…

Eh bien tout en touillant son Lapsang-Souchong, le Cazeneuve lui a suavement sorti que “La gauche ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat“. Eh oui, il en est, lui, Cazeneuve, du bilan du quinquennat, et comment, les deux pieds dedans, avec Normal-1er, Valls, Ayrault, Taubira etc, et voilà un de ceux qui leur ont pourri la vie depuis des mois, un des “frondeurs”, voilà qu’il vient lui piétiner ses plates-bandes et marquer son –  futur – territoire ! Ces empêcheurs de gouverner peinard  qui piaillent avec véhémence et constance que ça ne va pas assez à gauche, là… qui obligent à sortir la Grosse-Bertha 49.3 à tout bout de champ…

Ainsi le voilà prévenu notre Benoît H. : pas question de s’essuyer les godasses sur les réalisations de l’ère hollandaise : il faudra les assumer, s’abstenir de les brocarder, voire les encenser, ou bien se couper de plein de gens utiles et qui ont toujours le bras assez long. Voilà qui donnera lieu à de douloureuses contorsions, de difficiles dosages dans l’éreintement laudatif, et vice-versa. Ce sera réjouissant à voir.

Peine perdue probablement, car monsieur H. occupe une position assez inconfortable : il doublonne clairement à gauche avec le Mélenchon… il pourrait bien essayer de fusionner avec, mais vous n’y pensez pas, ça froisse les ego. Et puis il fera la danse du ventre pour se gagner les Verts, mais même si ça se fait ça ne fera pas lourd de suffrages. De l’autre côté les sociaux-démocrates, ceux qui doutent de la société du Rien-Foutre-En-France et du Revenu Universel d’Existence, ceux-là, qui sont nombreux, ont au moins une carte à jouer, et en dehors de la BAP, eh eh. Tenez, lisez donc ce que dit monsieur Bergé, le mécène indéfectible de la gauche, lui qui avait jusqu’ici la foi d’un charbonnier aveugle et sourd pour le PS.

Tout ça pour vous dire, ça promet d’être cocasse. Nous aurons de savoureux moments à vivre d’ici le mois de Mai.

Tibert

La Trabant made in Rust Belt

Je vous ai causé dans un vieux billet ancien de l’augmentation irrépressible de la longueur des shorts de nos footballeurs – du temps de Raymond Kopa ou de Roger Piantoni on pouvait apercevoir le slip, et plus si affinités quand ils levaient la jambe –  alors que bientôt on pourra serrer le short dans les chaussettes. Je ne vous cause même pas des basketteurs dans leurs chemises de nuit trop larges, et, tiens, des handballeurs qui font pareil : je voyais hier une vieille photo noir-et-blanc du handball des années 70, c’était aussi des shorts bien courts, pas comme maintenant, où l’on ne risque pas d’entrevoir la couleur d’un slip. Dame, c’est qu’on est devenus pudiques !

A cette époque les rois de la spécialité – maintenant ce sont les Français, cocorico ! – c’étaient les Roumains et les Allemands de l’Est. Ah la RDA ! ses athlètes improbables et imbattables, surtout les femmes, sa sécurité de l’emploi en béton : tous fonctionnaires, tous locataires… et ses Trabant ! la délicieuse Trabant, fumante odorante et pétaradante, rare aussi, et qu’il fallait savoir attendre des mois, des années, mais faite en autarcie et avec fierté, 100 % allemande de l’Est, de la DDR – mais non, pas la Date des Dernières Règles.

Bon, alors c’est la séquence nostalgie ? ben non, c’est le retour en boomerang. Tenez, prenez monsieur Trump, bien actuel, lui… eh bien il va refaire aux “States” la RDA, au socialisme près tout de même, grosse différence. Car il en a marre, monsieur Trump, de voir partout chez lui des bagnoles allemandes, coréennes, japonaises, et il va falloir désormais qu’on construise aux USA des autos états-uniennes, scrogneugneu, conçues par des ingénieurs autochtones, avec des techniques locales, de l’acier du coin, produit in the United States of America, et pourquoi pas dans les hauts-fourneaux renaissants de la “Rust Belt”, ces vieilles cités industrieuses qui pourrissent lentement faute de boulot. On va donc sans doute revoir et l’on pourra  s’esbaudir devant ces trucs immenses, ces paquebots de la route pachydermiques et rutilants de chromes partout, les Cadillac et les Buick pleines de protubérances, les Studebaker en forme d’ailes de raie. Le repli sur soi trumpien – ou trumpesque ? – va permettre enfin de produire les Trabant états-uniennes voulues par Donald, et de faire un pied de nez nationaliste “America First” aux Merco, aux Audee, aux Béhèm et autres Totoyota. Avec le retour des bons gros vieux V8 culbutés sous les capots.

Il y aura même un grand mur, The Wall pour surpasser Die Mauer. Ajoutons-y l’amitié indéfectible avec la Russie… manquera plus que la barbichette de Walter Ulbricht, mais Casque D’Or a d’autres arguments pileux.

Tibert