Penchants pique-niques

Je lisais ça il y a peu dans Le Monde, à propos de Paname : « La Mairie a reçu plus de 6 800 demandes de cafés et de restaurants pour que les espaces ouverts en pleine crise sanitaire deviennent durable (sic, relecture paresseuse !). Celles et ceux inquiets des nuisances se mobilisent aussi » . Notez au passage l’admirable « Celles et ceux » , qui s’impose de nos jours à tout journaleux : génuflexion ostentatoire envers la gent féminine… des fois qu’on oublierait de les surligner ! Rappelons que le neutre (au masculin, pour le moment) englobe tout le monde, LGBT++ indécis inclus ; c’est synthétique, le neutre !

Mais bon… ceci dit, je parcourais il y a quelque temps les rues de la capitale, effaré de voir combien les cafés, tavernes, bistrots, rades, restos, gargotes, sandwicheries, kébabs, pizzerias, fastes-foudes, brasseries, mangeoires… ont grignoté l’espace des trottoirs, voire des chaussées dans certaines rues, dès lors fermées aux bagnoles ! Tenez, en bas de la rue Mouffetard, donc en pente – sinon il n’y aurait pas de « en bas » – avec des trottoirs en fort dévers, des consommateurs assis en biais et penchés sur des tables loin de l’horizontale occupaient quasiment tout le trottoir, obligeant le passant à descendre sur la chaussée, ou à louvoyer soigneusement, lorgnant de près la mousse, le cahoua, le spritz (*) et les tapas sous son nez. Les liquides penchent, les cahouètes roulent, les buveurs soignent leur scoliose en corrigeant la posture sur une fesse… Des tables sont au ras des murs – que moult malotrus compissent, le soir venu -, au ras des portails d’immeubles : surprise pour le Parigot sortant de chez lui sous le nez d’une salade nommée César !

Il est clair, et c’est heureux, que la prolongation de ce genre d’occupation abusive – un peu, bon, d’accord, mais là c’est de l’invasion – ne tiendra pas le coup, le mauvais temps venu ! pluie froid et vent mauvais auront raison de cette mode de bouffer sur le pavé. Sauf à installer des braséros pas écolos du tout, des couvertures sur les genoux et des parapluies… il faudra vraiment y tenir, à sa pizza de plein air ! Au passage, j’ai été assez impressionné par le nombre et la densité de Parigots qui bouffent et boivent ailleurs que chez eux : ça finit par coûter un pognon de dingue, cette manie ; à se demander, aussi, s’ils se trouvent vraiment bien, chez eux….

Tibert

(*) Le spritz, c’est super-tendance ces temps-ci, les Vénitiens ont conquis le monde. C’est cher, aussi, bien que le prix de revient « maison » tourne entre 1,30 et 1,50 euros. Multipliez par 4 ou plutôt 5, assis à la terrasse d’un troquet. Allez, je vous dis tout : 6 cl de crémant brut, Prosecco si possible ; 4 cl de Camp’Harry si vous le voulez viril – et plus rouge – ou Apérolle, couleur très orangée, pour plus de suavité ; 2 cl d’eau minérale gazeuse (une giclée, quoi) ; une rondelle de citron ou d’orange, bio bien entendu (l’orange va mieux). Le tout, soit 12 cl, largement suffisant, et bien frais. Et, achtung ! attenzione ! à consommer con moderación, por favor.

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