Ludique ?

( Je vais quitter un temps la politique, du moins la politique vue de près. Un peu las, c’est dur la politique, et puis il faut que ça décante, que ça mûrisse. Notre Mélenchon d’insoumis, décidément toujours très en verve, demande à madame Borne ( « Aucune légitimité, zéro ! » ) de se soumettre – ce n’est pas le verbe employé mais ça y équivaut – à un vote de confiance (traduisez : de défiance, si possible) des députés… et d’où il cause, lui ? il est député ? non. Quelle légitimité a-t-il ? même pas au niveau d’un Poulidor, bien qu’ayant progressé d’une place. )

Mais le bac de français, j’y suis allé y jeter un cil, alerté par des commentaires ici et là. Commentaire de texte, justement, comme de coutume chaque année, et cette année c’était un extrait d’un roman d’une autrice (une auteure, une écrivaine) vivante ! pas de la conserve, donc, comme le plus souvent. C’est une Sylvie Germain, une Germain donc, à ne pas confondre avec la matheuse Sophie Germain, qui illustra les sciences exactes au 19ème siècle. Je fais une digression sur cette Germain, parfaite autodidacte des maths – elle étudiait à la bougie la nuit, il n’y avait pas de LED ni d’ailleurs d’électricité – et qui pour progresser dans cette science, se mit au latin et au grec ! et entretint une correspondance savante avec monsieur Gauss lui-même, LE Gauss, bref le plus grand. C’était une époque où étudier était considéré comme une promotion… mais passons.

Bref, l’extrait du roman « Jours de colère » de Sylvie Germain sur lequel ont tenté de plancher nos chères petites têtes blondes comportait quelques difficultés – c’est le bac, c’est super sélectif le bac, exigeant !! oh combien ! pas un jeu pour débiles vers 12h 15 à la télé ! – et notamment le mot « ludique » … hélas, ludique fut jugé abscons, abscons étant lui aussi hors de la liste des 800 mots connus et utilisés. Les mots qu’on a utilisés abondamment sur les réseaux-poubelles, une fois l’épreuve terminée, c’était du genre « Nique bien ta race Sylvie Germain à vouloir nous faire cracher des refs à Tarzan » . Un autre : « Jvais te niquer ta grosse mère (…) Tu es qui wsh ???? » . Madame Germain, carrément menacée, y est allée de son petit commentaire personnel, et ma foi j’adhère à son point de vue. Extrait… « C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit » .

Il est assez ahurissant qu’on s’en prenne à Sylvie Germain, qui écrit ce qu’elle veut ! autant insulter tout effort de réflexion, de création… Les fautifs sont ceux qui ont largement surestimé le niveau des potaches, et trouvé pertinent de faire plancher sur ce texte des gosses immatures, incultes et fiers de l’être, les autres étant selon le terme consacré des bouffons. Mais pas de souci, on aura les 89, 5 % de réussite. Voire plus ! c’est dire si le niveau est bon – et progressera encore, en évitant des écueils tels que « ludique » .

Tibert

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