Les laids tags et les cons crops

On me signale ici (le Parigot) que dans le Berry, à Crézancy-en-Sancerre dans le 1-8 plus précisément, des individus subreptices ont profité d’une récente nuit pour ravager un vaste champ planté d’orge (l’orge, on sancerre notamment pour faire du malt, pour la bière, le whisky etc… bref c’est une céréale très utile). Ils ont dessiné, en écrasant ou sectionnant les pousses d’orge, d’immenses cercles concentriques ou sécants (les lignes droites, ce sont les traces des roues d’un tracteur, on n’a pas encore inventé les tracteurs volants). Naturellement les pousses écrasées sont foutues… évidemment on va invoquer des extra-terrestres, de petits hommes verts, des machins runiques, des symboles abscons. Abscons mon cul, comme dirait Zazie : l’action de saccageurs de plantations.

Le Parigot nous apprend que ce sont des trucs anglais, forcément, ça se nomme en anglais, what else ? des crop circles (des « coupes circulaires », exactement pareil, mais en français). Accessoirement il existe un terme berrichon : ce seraient des agrogrammes (« écritures agricoles », du grec agro, paysan, et gramme, petit poids) : ça ne correspond pas du tout, un agrogramme n’est pas nécessairement circulaire, bien évidemment ; on peut écrire n’importe quoi sur un champ, et pas que des ronds, « bande d’abrutis » par exemple, si on a la patience. Le tout est de disposer d’une vue en hauteur sur le champ pour pouvoir en jouir, lire et faire lire le message…

Parlons clair : le crop-machin (cercle, triangle, ovale ou toute autre saccage géométrique de plantations) est à l’agriculture ce qu’est le tag aux murs urbains : une lèpre. Si d’aucuns dans les beaux quartiers et les milieux bien introduits trouvent ça beau, qu’ils se fassent donc faire des tags dans les cours intérieures de leurs immeubles, des crop circles sur les pelouses de leurs résidences solognotes, lubéronaises ou normandes ! La laideur et les dégradations à titre privé ? tant qu’ils voudront.

Tibert

Des tours et détours

On ne va pas gloser sur les oeufs (un ? plusieurs ? ) que J-L Mélenchon a morflés à Marseille où il faisait son numéro de tribun (il y excelle, allons, il a au moins ça pour lui) : c’est dans le journal, on l’a brocardé à l’oeuf, et il a l’air fâché sur la photo, ça lui a visiblement déplu. Et justement, il me souvient aussi, il y a de ça quelques années, avoir reçu un oeuf bien dégoulinant pile-poil sur la chemise, au niveau du sternum ; c’était dans le quartier du Panier, à Marseille, des minots que ça amusait, qui trouvaient ça drôle… et rien dans le journal le lendemain ! Bref le lancer d’oeufs sur les estrangers est une spécialité marseillaise, au même titre que la bouillabaisse et le pastaga.

Mais revenons-y, à cette fine technique du lancer d’oeuf, que j’ai pu admirer à mes dépens : les minots (entre sept et dix ans) envoient l’un d’eux m’apostropher dans un langage abscons, en me montrant le sol ou l’horizon ou… bref moi comme un con, d’abord je ne comprends rien à ce qu’il barjaque, je mouline dans ma tête ce qu’il a bien voulu dire ?? et puis je regarde vers ce qu’il semble me montrer. C’est ainsi que le lanceur d’oeuf peut tranquillement se rapprocher à trois-quatre mètres de moi, pas plus, et me flinguer efficacement : je ne l’ai pas vu approcher, j’avais la tête ailleurs.

La Gazette de Montpellier raconte un truc du même acabit, mais moins innocent : à l’arrêt du tram à la gare, des pickpockets opèrent (on est prévenus par haut-parleurs, d’ailleurs, c’est gentil, et puis ça coûte moins cher que de faire patrouiller des flics). Une famille monte dans le tram, après que le père a acheté une carte de transport au distributeur, montrant ainsi où il range son larfeuille : dans la poche droite de son pantalon. Une jeune nana monte très près de lui… un peu avant que les portes se ferment – à la gare les montées-descentes sont assez longues – une autre nana, sur le quai, interpelle le monsieur : est-ce bien la direction de… (opposée à celle de la rame). Que fait-on dans ce cas ? on manifeste que mais non pas du tout, on fait des gestes destinés à détromper la malheureuse, on lui indique du doigt le quai opposé, bref on gesticule en regardant partout sauf là où ça se passe à ce moment précis : dans la poche du pantalon préalablement repérée, où une main féminine experte est plongée, pas du tout pour ce à quoi vous pensez, mais aux fins d’en extraire le portefeuille. La même technique : qu’on ait la tête ailleurs…

Pour la petite histoire et le happy end, la Gazette conte que le monsieur, ce con, s’est trompé, et a confirmé étourdiment la bonne direction – donc la mauvaise, en fait – en opinant simplement du bonnet, et sans bouger les bras : il a pu sentir la main subreptice s’introduire dans son futal, a compris la manip… bref la faiseuse de poches a pris, bredouille, ses jambes à son cou, et court encore.

Moralité : amusez-les, occupez-leur la tête, pendant ce temps c’est là que les sales coups se font. Monsieur Mélenchon, quand vous gesticulez à la tribune, quand les minots approchent avec des oeufs dans les poches, ce n’est pas pour soutenir la France Insoumise, ni pour saboter votre meeting : c’est juste pour se marrer et se payer un Parigot-têt’de veau. Arrêtez de faire la gueule (il y excelle, allons, il a au moins ça pour lui) : avouez que c’est rigolo !

Tibert

Si vous voulez des billes…

Eh oui, chers auditeurs, nous causions il y a peu des effectifs trop souvent excessifs, incontrôlés – et coûteux ! – des fonctionnaires des collectivités territoriales : disons qu’à effectif global inchangé – si vraiment c’est trop dur de faire la cure d’allègement nécessaire à la Fonction Publique Territoriale, si ce malheureux pays n’est pas modernisable – il y aurait salement intérêt à faire migrer ces bataillons de mains souvent oisives vers la fonction publique hospitalière, où là en revanche ça fait défaut… mais il y faudrait de la formation ! et tout gratte-papier municipal spécialiste chevronné de la photocopieuse, du congé de maladie et des looongues pauses-café n’est pas susceptible de devenir une compétente aide-soignante surmenée !

Bref, passons à autre chose : Le Parigot tartine sur l’affaire Ferrand – pugnace, Le Parigot ! aussi teigne que pour monsieur Fillon, et ma foi c’est assez équilibré dans la férocité journalistique – et j’y relève quelque approximation, tenez : « Par ailleurs, LR (Les Républicains, NDLR) veut savoir si les deux autres offres de location proposées étaient «réellement moins-disantes», comme l’affirme le ministre : Mme Doucen pouvait avoir eu préalablement connaissance des prix proposés par les deux autres propriétaires ayant répondu à l’appel d’offres « . Expliquons : madame Doucen est la compagne (non encore Pacsée, ça viendra trois ans plus tard) de monsieur Ferrand… elle aurait effectivement pu jeter discrètement un oeil aux offres concurrentes faites à la boîte dirigée par son compagnon – ça s’est vu ailleurs – et du coup savoir pile-poil à quel prix un peu mieux placé elle pouvait être sûre d’avoir l’affaire : en tant que « moins-disante », et « mieux-disante » itou. C’est là que Le Parigot est confus – ou c’est la citation des LR qui est erronée : on retient en général l’offre la « moins-disante » (la moins chère) ; on peut aussi justifier – par des considérations qualitatives souvent spécieuses – le choix d’une offre plus chère mais plus sexy, qualifiée alors de « mieux-disante ». Ici le ministre affirme que l’offre de la SCI de sa compagne était bien « la moins-disante ». Rappelons que cette SCI sera créée plus tard et enregistrée fin mars 2011, alors que la mutuelle de R. Ferrand a signé l’affaire en janvier de la même année… l’affaire, c’était un local acheté par R. Ferrand lui-même en décembre 2010 (*).

Résumons-nous : rien d’illégal, qu’ils disaient. Ouais, rmrhhhhmm… on verra ça peut-être un jour, si la Justice daigne y jeter un cil. Pour tout supplément d’informations, citons cette page Wiki qui (kikiki) ma foi me semble claire et assez complète sur ce sujet.

Tibert

(*) A la décharge du ministre, si effectivement le local en vue était l’affaire du siècle, si ça urgeait de le retenir, on peut comprendre qu’il l’ait acheté sur ses propres deniers, afin d’en faire profiter sa boîte… quelle vista ! quel esprit d’initiative ! gâché ensuite par un montage financier bizarre, curieux et pour tout dire clairement défavorable à la mutuelle au final.