Retour sur une nana phore

Tenez, fautes d’orthographe et de syntaxe rectifiées (manière de vous régaler d’un ablatif absolu), je vous livre un commentaire de lecteur, perle trouvée dans un article du Monde intitulé « Au PS, les militants s’en vont » :

« …eh bien moi je vais adhérer et j’en suis fier. Je pense que le PS est en voie de devenir un rempart contre le FN et ses idées. Et contrairement à la grosse majorité de vos lecteurs,  je pense que François Hollande est mille fois plus honnête que Sarkozy par exemple. Il a fait des erreurs, mais il a essayé de réformer et de garder un peu de social. Quand on gouverne on n’est pas seul, il y a la mondialisation« .

Eh oui, pauvre brave et honnête homme ! il fait ce qu’il peut, mais il peut peu… et la mondialisation, peuchère !

Mais revenons là où tout a commencé, en Avril 2012, avec l’anaphore fondatrice du quinquennat : « Moi Président de la République, je… blablabla… moi, Président de etc etc… » : c’est là qu’il a gagné. Comment se fait-ce ?

J’y pensais cette nuit, me disant que c’était bien évidemment un texte très préparé, mûri, peaufiné. Une anaphore de cette taille, ça ne se sort pas comme  ça… et je la comparais rien de moins qu’à cette autre, célèbrissime, tirée de « L’aiglon » d’Edmond Rostang. C’est l’Aiglon qui parle : « Je ne suis pas prisonnier, mais… » … « je suis un Pas-prisonnier-mais« . Célébrissime, il faut nuancer, sur mon moteur de recherche j’ai eu peine à en trouver UNE référence ; Rostang est passé à la trappe…

Mais bon… j’ignore qui a écrit le superbe texte anaphoresque (…rique ?) pour Normal-Moi, qui en était « la plume » ; ce que je vois très bien, en revanche, c’est  le nom du répétiteur – de la répétitrice, en fait. Supposons : si cette actrice assez connue et révélée au grand public des tabloïds au détour d’une fin de nuit à scooter, casque non bouclé, donnait déjà, au printemps 2012, des leçons de diction, des indications de gestuelle, de postures, de phrasé ? hein ? J’imagine assez bien, dans son « gueuloir » à la Flaubert, fenêtres closes, elle attentive, en retrait, lui calé sur sa chaise, attablé face à un mannequin au nez chaussé de Ray-Ban et lardé d’aiguilles à tricoter, lançant ses phrases et ses effets de manchettes : « … moi Président de la République, je… moi, gnagnagna… « , et puis se retournant, soucieux, interrogatif : ça allait la voix ? j’étais mieux, là ?

Voilà, ça a dû  se passer comme ça. Mais les tabloïds n’y étaient pas, forcément. Au printemps 2012, rue du Cirque, sans doute. C’est là que le destin du pays s’est ficelé. Grand moment.

Tibert

 

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