Ça trompe énormément

Circoncision, saison IV : derechef le Conseil de l’Europe vient de pointer du doigt et condamner la forme rituelle de cette pratique sur les enfants (mâles, évidemment), qu’il juge abusive et dangereuse.

Derechef (A nouveau, si vous préférez, mais derechef, ça le fait mieux, il y a du chef là-dedans) Israël, état laïc de chez Laïc ;-), se met en rogne sur cette affaire et dénonce un encouragement aux « tendances racistes de l’Europe ».

Je fais remarquer ici que la circoncision n’est pas raciste pour deux ronds (de prépuce), puisque ces prépuces, tranchés rituellement ou à des fins hypocritement prophylactiques (*), sont sacrifiés sur des autels divers et variés ; et il en est de toutes les couleurs, tels les anneaux olympiques ! Le « racisme » est ici brandi hors de propos, comme souvent  – le « racisme », c’est horrible, forcément horrible –  en dépit des faits et de toute rigueur intellectuelle.

Au fait, allez donc jeter un cil sur le juteux courrier des lecteurs, à la suite de l’article cité… bourré d’a priori(s) ! le jeu c’est d’en débusquer le maximum. Entre autres, on y compare le pénis non mutilé à une trompe d’éléphant… on y apprend aussi que le prépuce « n’a aucune fonction« . C’est bien des remarques de gens qui n’ont jamais eu la possibilité d’utiliser leur prépuce, ou alors ils ont oublié. Non mais dans quel monde vivons nous ?

Tibert

(*) un pénis circoncis est plus facile à laver, certes : pas besoin de retrousser le manche, flemmards que vous êtes. Mais il reste des plis un peu partout, et à l’ère des salles de bains généralisées et des douches quotidiennes, la propreté pénissienne ne pose aucun problème, circoncis ou pas.

Gentils Lupins et vilains buralistes

Un de ces récents soirs (*), à la télé, où l’on nous serine la soupe des infos vespérales – bien prémâchées, les infos, digestes et lisses :  un braquage de plus, le 72.527 ème, c’est un bureau de tabacs dans le Sud-Est : « Le braquage s’est mal terminé… », dit en substance la spiquerine, « …le buraliste a tiré avec un fusil chargé de balles en caoutchouc et blessé un des braqueurs gnagnagna…« …

Qu’est-ce qu’un braquage qui « se termine bien » ? on aimerait avoir des éclaircissements là-dessus, que la spiquerine nous explique comment on s’y prend pour un braquage sans éclaboussures, un braquage « happy end ».

Autre : ce matin, Le Figues’haro nous en sort une autre qu’elle est savoureuse : dans l’Oise, quatre cambrioleurs de jour, cagoulés et gantés, qui trouvent les enfants à la maison… c’était pas prévu au planning… ils improvisent, les ligotent, les parquent à l’étage pendant qu’ils foutent la maison à sac à la recherche du fric supposé. « Ils les ont surveillés tout en fouillant la maison, mais n’ont commis aucune violence physique sur eux. ‘ Ils leur ont même apporté du lait et des biscuits. Il n’y a pas eu de violences physiques proprement dites. Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser ‘, assure le parquet. »

Donc se pointer cagoulé et ganté, agripper et ligoter ce n’est pas de la violence physique ? c’est juste pour de rire, pour jouer aux cow-boys et aux Indiens ? on se fout du monde, là. Le parquet, l’anonyme parquet de l’oise qui nous sort cette connerie, je voudrais voir la trombine du communicateur « Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser» si on lui faisait le même coup.
Le prochain braquage, les mecs, mettez des nez rouges, apportez des mirlitons et des amuse-gueules, et puis surtout faites gaffe à pas traumatiser vos victimes, faut que « ça se termine bien », comme on dit.

Tibert

(*) Vous entendez comme ça sonne ? c’est pas beau  ?  « récents soirs » : récensoir… sssss… j’adore ces allitérations. Pour qui sont ces serpents qui sifflent gnagnagna…

Repu de vresse

Il y a deux jours, un Ministre du Budget interrogé sur le sentiment de Normal-Premier vis à vis de la polémique sur les Roms : « Le président est au-dessus d’un certain nombre de contingences. Ce qui compte, c’est que la ligne soit tenue« . Certes ! si en d’autres temps monsieur Kadhafi a pu planter sa tente sur les pelouses de Matignon, Moi-Président ne risque guère de voir débouler une quarantaine de caravanes dans la cour de l’Elysée, qu’on y tende des cordes à linge, et qu’on y déglingue la borne à incendie pour s’approvisionner en eau courante et gratuite. Les contingences, c’est pour d’autres.

Hier mardi des « Femen » canadiennes ont surgi à l’assemblée Québecoise, dépoitraillées comme d’hab’, criant des slogans hostiles aux religions – elles entendaient protester contre le crucifix qui orne la salle des débats. Sur leurs nichons était écrit « Crucifix, décâlisse » (crucifix, dégage ! en français de France). Je suis bien aise de constater qu’au Québec les Femen se peinturlurent les têtons en québecois, contrairement à nos Femen  européennes, qui même à Notre-Dame-de-Paris se barbouillent la poitrine et hurlent en anglais, ces connes ! nous pas comprendre.

Remarquez, si on pousse la logique femenesque, il va falloir trouver d’autres jurons orduriers chez nos cousins du Québec : « calice, ciboire, hostie, tabernacle, crisse… » : les linguistes ont du travail.

J’apprends enfin avec satisfaction que le Berlusconi transalpin a du plomb dans l’aile. Il a 77 ans – il ne les fait pas, au vu de son bronzage et si ses cicatrices de lifting ne craquent pas – et devrait enfin sérieusement songer à la retraite. Malgré ses récentes manoeuvres tordues et sa tentative de chantage pour rester dans le jeu politique et se soustraire à son sort judiciaire, il semble qu’il tire, enfin, ses dernières cartouches. Berlu, décâlisse !

Tibert

Pas un chaland en amont, en aval

C’est du Jules Faforgue, ce vers. Tenez, ça s’appelle « Dimanches« , c’est le premier d’une série de 6 poèmes. Le Jules, là, les dimanches et leur vacuité l’ont beaucoup inspiré.

Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve…

Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.

Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles…

Bon, vous lirez le reste, c’est superbe, et Laforgue en général c’est superbe. Tout ça pour vous redire – je l’ai déjà exprimé – que la vacuité du dimanche, c’est à préserver. Le seul jour de la semaine où les bagnoles ne vrombissent pas dès 6 heures, où les camions de livraison foutent la paix, où l’on entend les cloches tinter, où les trottineurs (les joggeurs en franglais ) peuvent se faire suer en survêtement avant d’aller faire la queue à la boulangerie pour se munir de croissants bien au beurre…

Le seul jour de la semaine où les immondes zones de chalandise banlieusardes sont désertes : les hangars cubiques et peinturlurés façon criard des HallesAuxGrolles, des MisterCanapé, des ChefBricolage et leurs parcs à bagnoles enfin vides. Le temps de zoner au fond du lit, d’écouter un bon vieux podcast mis de côté, le temps d’une sieste crapuleuse, de cuisiner un risotto artichauts-crevettes, d’aller aux champignons, ad libitum.

Regardez bien, écoutez bien, goûtez bien l’ennui, la lenteur des dimanches, et puis le spleen du soir  pour ponctuer tout ça : ce sera bientôt mort. Il faut pouvoir faire bouillir la casserole après y avoir mis quelque chose dedans, pouvoir consommer, assurer le ravitaillement, se trouver des godasses, acheter de l’enduit à reboucher en sacs de 5 kilos, tout ce qu’on ne peut pas faire les autres jours. Il va falloir travailler aussi le dimanche.

On fera week-end par roulement… moi le dimanche ce sera mardi, toi jeudi, les bagnoles vrombiront 7 jours sur 7, il n’y aura de parcs à voitures déserts que la nuit – et encore… ! – et on se verra… je sais pas, moi, peut-être en nocturne chez Carrouf’, nous croiserons poétiquement nos caddies au rayon Fruits-et-légumes, qui sait ?

Tibert